Camille ne pouvait pas aussi mal tomber, pas que du paradis, mais de l’endroit ou il avait atterri. D’un côté c’était mieux que ça soit un démon qui l’est trouvé, si cela avait été un humain, il aurait perdu la tête en voyant un être céleste. Cela faisait des années que les anges n’étaient pas descendus sur terre et les hommes les avaient presque oubliés. L’apprentie se serait sûrement fait disséquer vivant par les scientifiques, car un homme avec des ailes ce n’était pas monnaie courante.
Ne prenant pas au mot le démon, il tenta de se redresser, mais une décharge de douleur le pétrifia. Étouffant un gémissement de douleur dans l’oreille, il se cala bien vite. Il fallait qu’il se soigne avec ses capacités régénérantes. Chaque ange avait un pouvoir qui lui était propre, la guérison était celle de Camille, mais au paradis il n’en avait pas vraiment eu besoin et cela était considéré comme un pouvoir totalement inutile. Il ne savait donc pas vraiment comment l’utiliser, redressant la tête pour tenter de voir ses ailes brisées, vu l’angle de l’une d’elles et l’os apparent c’était assez sérieux. Il ne pouvait pas se soigner si les os n’étaient pas l’un en face de l’autre.
Il enfouit son visage à nouveau dans le cousin, hurlant a plain poumon sa rage étouffer par la mousse de celui-ci. Il regarda son autre aile, les blessures semblaient superficielles, ça ne devrait pas être compliqué à soigner. Il tendit le bras, fermant les yeux pour se concentrer et tenter les soins. Il n’y arrivait pas, il ne comprenait pas vraiment comment s’y prendre. Au moins le démon n’était pas là a lui dire ce qu’il devait faire ou non.
Au bout de plusieurs veines tentatives l’odeur de la cuisine lui parvient, une odeur qu’il ne connaissait absolument pas. Au paradis, les anges ne mangeaient pas, car l’endroit dégageait une énergie qui supprimait le sommeil et la faim. Mais une fois sur terre, l’aspect plus terrestre de leur ancienne vie revenait, la fatigue, la faim et tous les besoins primaires. Le démon arriva posant un plateau contenant deux bols, avec dedans des sortes de long vers blanchâtre.
- Tu ne m’as toujours pas dit ton nom, demande avec une voix douce Kol’.
- Tu n’as pas besoin de le savoir, tu en ferais quoi de toute manière ?
- Je t’appellerais par ton nom et pas ‘hey l’ange’, ou l’homme poulet !
- L’homme poulet ? Mais vas et… commence à vouloir jurer l’ange entre ses dents, je m’appelle Camille.
- Enchanter Camille tu as faim ?
L’apprentie ne savait pas s’il avait faim ou non. Il ne connaissait pas cette sensation à vrai dire, et pour lui la douleur de son estomac était juste un effet de la chute. Mais la curiosité de celui-ci était bien trop grande pour qu’il ne la satisfasse pas, fixant les deux bols en louchant.
- Je vais t’aider à t’asseoir sans que tu ne te fasses mal, propose le démon.
- OK…
Ce fut la chose la plus compliquée qu’il n’ait jamais faite de son existence. Son aile brisée lui faisant presque tourner de la tête, tellement la douleur était insupportable. Finalement il réussit à prendre une position assise sans être trop gêné. Kol’ lui tendit un bol avec des baguettes, tout ce qu’il eut comme réponse c’est un ange qui le regarde avec des yeux interrogateurs. Il lui montra alors comment manger, et celui-ci limita, et très vite le côté trop parfait de l’ange disparut quand celui-ci commença à se goinfrer comme un morfal.
- Mais vous ne mangez pas là-haut ou quoi ? s’interroge le démon.
- Non pourquoi ? C’est la première fois que je goutte de la nourriture humaine, tu crois que je peux en avoir d’autres ?
Pour le coup il lui tendit son bol et l’ange engloutit son repas en deux secondes. Concluant cela avec un sourire des plus satisfait qui lui donnait un air niait à souhait. Avant qu’il ne se retourne vers son aile la plus abîmer, en soupirant, il va falloir qu’il lui demande de l’aide.
- Il… Tu pourrais me la remettre droite ? Demande Camille d’une voix blanche.
- Quoi ? Mais tu vas avoir mal !
- Oui, mais j’ai le pouvoir de me soigner tant qu’elle est comme ça je ne peux pas me soigner.
L’ange voyait bien que le démon était perplexe, mais finalement il accepta de le faire. Il se plaça du côté de son aile, une main de chaque côté de la blessure, sans trop serré pour ne pas lui faire plus de mal.
- Je compte jusqu’à trois, prévient Kol’, un deux…
Il ne dit pas trois et d’un coup sec lui remit les os en place, Camille poussa un hurlement tellement puissant que le démon plaqua ses mains sur les oreilles, limite prise de nausées. Mais une lumière blanche recouvrit ses ailes et en quelque seconde la plais causé par l’os se referma. Le démon regarda avec les yeux écarquillés avant de se mettre à glousser.
- Pourquoi tu n’as pas fait ça plus tôt ? glousse-t-il.
- Je ne sais pas trop comment fonctionne mon pouvoir, au paradis je ne l’utilise pas vraiment.
Le démon de mis a pouffé discrètement ce qui eu le don d’énerver Camille. Il replia ses ailes en gémissant douloureusement avant de les faire disparaître avec sa capacité naturelle.
- Pourquoi tu ne te guéris pas entièrement ? Demande le démon.
- Mais parce que je ne sais pas comment faire zut ! Arrête de te moquer de moi, je ne suis qu’un apprenti pas un archange, hurla Camille.
Sous le coup de la colère, il balança le coussin à la tête du démon, avant de se diriger vers la terrasse en ouvrant la porte à la volée. Une grande terrasse qui donnait sur la ville et surtout sur la vie de celle-ci. Les yeux de Camille se remplir d’étoile, il courut vert la barrière pour pouvoir s’y pencher et regarder la rue animée. Il y avait des humains, des lumières artificielles qui brillaient comme des astres, et encore il était très tard dans la nuit et la rue n’était pas aussi animée qu’elle ne devrait l’être, car la plupart des magasins étaient fermés.
Il était tout exciter comme un enfant dans un magasin de jouets. Il observa la rue quelque instant, fasciné. Sauf que la fatigue le prenait en plus des courbatures, il ne comprenait pas cette sensation non plus. Le démon l’avait laissé tranquille dehors pour qu’il prenne un peu l’air, il se mit à bailler a s’en décrocher la mâchoire. Il n’était pas tout à fait guéri et avait encore très mal partout. Il revient dans la chambre, le démon avait retiré le plateau avec les bols et refait le lit. Il le rejoint dans le salon, regardant autour de lui avec curiosité la décoration était modeste, mais bien a l’image de son propriétaire. Il ne comprenait pas qu’un démon puisse vivre dans une maison humaine.
- Tu vis ici ? Demande Camille toujours en regardant partout.
- Oui, tu es chez moi.
- Tu vis ici depuis longtemps, chez les humains je veux dire, demande toujours avec une curiosité non caché l’ange.
- Quatre-vingts ans.
L’ange écarquilla les yeux tout comme sa bouche qui semblait se décrocher. Sauf que Camille se ravisa reprenant conscience que c’était un démon et qu’il était aveuglé par sa curiosité du monde des humains. Secouant la tête, un peu trop fort pour se remettre les idées en place, il se sentit vaciller s’essayant sur la première chaise à côté de lui. Il inspira un bon coup histoire de rependre contenance.
- Il faut que je retourne là-haut, murmure-t-il.
- Comment ? Avec des ailes dans cet état, tu n’arriverais même pas à voler jusqu’au toit de l’immeuble. Passe la nuit ici on verra demain.
- Mais pourquoi tu m’aides toi un démon ? Tu devrais haïr les anges autant qu’on hait les démons !
Kol’ haussât les épaules et ne répondit pas, terminant sa vaisselle avant de s’approcher de lui et de se pincer le nez en remuant la main. Changeant totalement de conversation.
- Bon tu pus, tu prends une douche peut-être ? Tu es tombé dans une flaque d’eau juste à côté d’une poubelle. Je te prête des fringues le temps que les tiennes soient propres et sèche.
- Une douche, interroger Camille en fronçant des sourcils.
Le démon lui fit signe de le suivre, lui montrant alors la salle de bain et sortant quelque vêtement propre de son armoire pour les lui donner, avant de le pousser dedans. Camille regarda la pièce avec de grands yeux, il ne connaissait pas ce genre de lieu et ne savais pas comment prendre une douche. Il posa ses vêtements propres sur un meuble avant de regarder les vasques. Il y en avait deux avec un grand miroir qui le reflétait. Il s’approcha, il n’était clairement pas en bon état. Il avait quelque griffure sur la figure et ses cheveux était sales tout comme ses vêtements, qui heureusement n’avait aucun dommage eux.
Camille regarda ce qu’il supposât être la douche avant d’essayer d’en comprendre le fonctionnement. Sauf qu’il déclenchât le jet, le mouillant tout habiller ce qui le fit râle encore une fois. Il sortit de la douche, décidant de retirer ses vêtements, c’est vrai qu’il puait, une odeur indescriptible, sûrement semblable à celle des enfers. Enfin nu, il se regarda à nouveau dans la glace, il était couvert de bleu, des griffures un peu partout, sa chute ne l’avait aucunement épargné. Mais en se retournant, pour regarder son dos, il remarqua une marque étrange. Il n’arrivait pas à voir ce que c’était, elle était bien placée entre ses deux omoplates.
Il haussa les épaules avant de filer sous la douche, apprécie alors la chose. L’eau chaude lui faisait du bien détendait ses muscles endoloris. Loin du paradis il se retrouvait face à la réalité, un ange n’était pas invincible et indestructible. Il pouvait avoir mal, avoir faim, avoir envie de dormir comme maintenant et surtout, il pouvait avoir le mal du pays. Avant de tomber, il allait recevoir une punition pour avoir commis une erreur, que penserait Gabriel en ne le retrouvant pas. Il penserait qu’il a fui, qu’il a tenté d’échapper à son jugement. Quelqu’un l’avait poussé, ça il en était certain, mais pourquoi ?
Une fois propre il n’enfila aucun des vêtements que lui avait donné le démon, il avait l’impression qu’ils allaient lui faire mal. Juste passé la serviette pour s’essuyer fut un grand défi pour lui qui avait l’impression de s’arracher la peau. Revenant dans la chambre puis le salon, il s’approcha du démon, toujours dans le plus simple des appareils. Les anges n’étaient pas vraiment pudiques, la nudité était même monnaie courant pour certain. Ce n’est pas pour cela qu’il était sous la tentation, après tout Adam et Eve étaient aussi tous les deux nus dans le jardin d’éden.
- Kol’, j’ai une marque dans le dos, ça brûle un peu tu peux me dire ce que c’est ?
Il se tourna pour le lui montrer, offrant ainsi la vue sur son fessier. Le corps de Camille aurait pu être parfait s’il n’était pas recouvert de bleu. Dans son dos, une grande marque rouge s’y trouvait. Une marque d’une main, les doigts écartés en forme de brûlure vive juste entre ses deux ailes. Ce que Camille ne savait pas, c’était justement à cause de cette marque qu’il n’avait pas pu déployer ses ailes correctement et avait chuté comme une pierre. Quelqu’un avait tenté de l’éliminer.