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Bonjour !

Je me baladais sur internet (un de mes grands défauts, je le reconnais), quand j’ai vu ce programme d’échange. J’ai hésité entre envoyer et recevoir une lettre, mais je venais de m’acheter un papier à lettres magnifique et j’ai pensé que c’était une bonne façon de l’utiliser !

Donc, je m’appelle Maël, j’ai quinze ans et je suis en seconde dans un lycée publique près de Nantes. Je dis “près” parce que je ne pense pas que tu connaisses mon tout petit village ; alors, quand on habite dans un coin perdu, on dit toujours la grande ville la plus proche. Ça fait partie des règles non écrites mais que tout le monde applique !

Bref. J’aimerais bien en savoir un peu plus sur toi (ou sur vous, d’ailleurs, parce que je ne sais pas à qui je m’adresse, peut-être que vous êtes une personne âgée, je suis désolé).

Je ne sais pas quoi dire de plus, j’espère pouvoir te/vous écrire de nouveau très vite.

A bientôt (peut-être),

Maël.

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         Maël fit glisser l’enveloppe dans la fente de la boite aux lettres, puis se recula, un sourire satisfait sur les lèvres. Oh, combien de ses camarades de cours auraient pensé, en le voyant, que c’était débile, ringard et inutile ? Maël, lui, pensait qu’il pouvait peut-être, par ce simple geste, illuminer la vie d’une personne isolée, et ça lui réchauffait le cœur. Il était comme ça, tout doux et bienveillant.

         Il rentra chez lui d’un pas rêveur, son esprit s’affolant à imaginer des scénarios plus extraordinaires les uns que les autres. Et si sa lettre atterrissaient chez un.e survivant.e de la guerre, ou d’un attentat ? C’était des sujets qui l’intéressaient beaucoup, malgré leur profonde violence, qui contrastait avec la délicatesse du caractère du jeune garçon. Et si, par cette lettre dans cette boite jaune, il rencontrait l’amour de sa vie ? Un ou une meilleur.e ami.e ? Des personnes qui lui permettraient de réaliser ses rêves ? Et si une célébrité s’était inscrite sur ce programme, et que l’adresse aléatoire donnée par l’algorithme était la sienne ?

         Oh, il n’ignorait pas qu’il y avait une chance infime, voire inexistante que l’un de ces évènements se passe, et que la lettre arriverait sûrement chez quelqu’un de “banal”. Il ne pensait pas que les gens étaient banals, loin de là : pour lui, chaque personne était unique. Par ce mot, il entendait une personne à laquelle il n’avait pas songé. Mais cela lui faisait du bien, de rêver, ça lui donnait comme des ailes pour s’échapper de cette réalité triste et morne.

Il n’avait pas beaucoup d’amis, Maël, pas du tout même. On se moquait de lui, de son côté décalé qui le définissait entièrement. Et ses parents, ils les adoraient ; mais parfois, à essayer de trop bien faire, ils étaient encore plus à côté de la plaque que lui.

         Mais Maël s’en fichait des autres, de leurs avis et de leurs paroles blessantes ; sa vie, même décalée, lui convenait.