1. Prophétique

Par BAEZA

 

  • Un jour, mes frères et mes sœurs, vous déciderez une fois pour toute de votre genre, et vous n’en changerez plus, et lorsque vous aurez également choisi votre couleur de peau, vous les garderez, tous les deux, pour le reste de votre existence. Annonça fébrilement le robot Prophétique devant l’assemblée silencieuse des fidèles.

 

Il poursuivit :

 

  • Un jour, vous retrouverez une seule et unique identité, et l’histoire de l’humanité reprendra son cours, comme il en a été ainsi aux temps légendaires.

 

  • Amen. Répondirent les fidèles en chœur.

 

  • Et le monde se repeuplera de beaux enfants, et vos corps, enfin rendus aux affres du vieillissement, laisseront la place à de nouvelles générations.

 

Jimina se pencha à l’oreille d’Eliottin :

 

  • Non mais quel rabat-joie ce robot-prêcheur !

 

  • Eh oui, Prophétique s’exprime toujours dans le même registre. Je me demande pourquoi nous l’écoutons encore. Lui répondit Eliottin.

 

  • Il n’a qu’à les faire lui, les beaux enfants ! J’en ai assez entendu pour aujourd’hui. On s’en va ?

 

  • Allez !

 

Eliotin assis au bord du banc de bois, au milieu de l’église, se releva le premier. Il voulut être le plus discret possible, mais la planche craqua sous son poids.

 

Prophétique, interrompu par le bruit alors qu’il allait reprendre son sermon, releva la tête pour constater qu’à nouveau des fidèles quittaient l’église au milieu de son discours.

 

Jimina se leva à son tour lentement en faisant, elle aussi, craquer le banc.

 

Tous deux se dirigèrent à pas légers vers la porte du bâtiment religieux.

 

Une fois sortis, Jimina lança :

 

  • Je n’en peux plus de ces sornettes ! N’avons nous rien de mieux à faire que d’écouter ces sermons ?

 

  • Heureusement que de nos jours, la religion n’est plus que théorique. Imagines-tu que nous puissions vivre de cette manière ?

 

  • N’avoir qu’une seule couleur de peau ? Vivre toute sa vie sous le même sexe ? Et avoir à repeupler la terre jusqu’à la saturation de ses ressources, comme aux bons vieux temps légendaires, lorsque les gens s’entretuaient du fait de leurs différences ? Non merci, très peu pour moi. Je crois que j’ai beaucoup de mal à supporter les religions, même théoriques … Bon, essayons maintenant d’oublier ces inepties, et voyons s’il n’y pas autre chose de plus intéressant au programme aujourd’hui ?

 

  • Je crois que Pneumatique surveille les baignades ce matin, veux-tu que nous allions nous baigner ? Proposa Eliottin.

 

  • Oui, c’est une bonne idée ; ça nous permettra d’oublier ce sermon.

 

Les deux amis déployèrent leurs ailes translucides et s’envolèrent en direction du lac.

 

 

 

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Stefan_G
Posté le 05/11/2024
Donc, tout est inversé : la religion dit désormais la vérité et les réalités biologiques. Et les personnages ont tout oublié. Il semble qu'ils n'aient pas d'Histoire passée ? Ou alors ils ne sont pas terriens ?
Par ailleurs le "Pneumatique", c'est une référence à Huxley ?
BAEZA
Posté le 05/11/2024
Bonjour Stefan_G, je te remercie pour ton message. C'est sympa de recevoir un commentaire. Alors bon, c'est un récit, mais ça ne veut pas dire qu'il est parfait. Il y a du vrai dans ce que tu dis, notamment concernant le passé et l'origine. Si tu es curieux d'en savoir plus (ce qui m'enchanterait), je peux poster la suite. Je connais un peu Huxley (surtout son excellent Meilleur des Mondes), mais pas son "Pneumatique", si tu veux m'en dire plus. Ici, c'est une invention personnelle, dans un monde en -tique, chaque robot a un nom en relation avec sa fonction. À te lire.
Stefan_G
Posté le 05/11/2024
Je suis effectivement curieux, s'il y a une suite. J'aime bien les récits de mondes différents.
Dans Le Meilleur des Mondes, les femmes sont qualifiées de "pneumatiques" lorsqu'elles sont attirantes, séduisantes. C'est la traduction littérale de l'original "pneumatic".
Intéressant cette histoire de robots !
BAEZA
Posté le 05/11/2024
Hello Stefan_G, merci pour ta réponse; je ne connaissais pas ce qualificatif Huxleyien. J'ai publié le chapitre suivant, si tu as envie de la lire. Tu me diras ce que tu en as pensé. Je te remercie pour ton assiduité. À très bientôt !
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