💍 13. Ces promesses que l'on ne saurait tenir 💍

Récemment, il y avait une rumeur bien folle qui courait en ville et qui s’arrêtait dans l’oreille de qui voulait bien l’entendre : «Par trois fois, on aurait vue le Duc de Varsox faire une halte chez la jeune Joséphine Conquérant. La famille venant de connaître un horrible drame, peut-être se dernier cherchait-il, de leur faire part de sa bonté ? Mais ce qui était curieux c’est le fait que plusieurs personnes les auraient vue ensemble passer, ma foi, une après-midi tout à fait délicieuse près des quais». Voilà quelque chose qui eut au moins le don d’amuser deux hommes en particulier : Ledit Duc ainsi que le jeune Conquérant tout juste revenu de la frontière.

- Donc voilà que je te laisse quelques temps seule et tu t’amuses à fricoter avec un Duc ? Cela me surprends venant de toi ma chère sœur. Je pensais que tu étais plus du genre à les envoyer paître ? s’amuse Bartolomé en finissant son café tout en dévisageant son aînée à la recherche du moindre tic.

- Combien de fois allons-nous avoir ce genre de conversation ? Son Excellence et moi-même n’entretenons guère ce genre de relation à laquelle tu te plais de nous imaginer, soupire Joséphine en ne relevant même pas son nez du livre de comptes qu’elle a apporté avec elle à table

- Tu m’en diras tant... Néanmoins, je suis bien curieux de savoir quelle genre de relation vous entretenez justement. Éclaire donc ma chandelle afin que je ne cesse de prêter attention à ces ragots courant à ton sujet.

- Nous sommes...amis, si je puis dire.

- Amis ? N’est-ce pas toi, il n’y a pas si longtemps que cela qui m’assurait n’avoir aucune relation avec cet homme et que c’était juste une...quelle terme as-tu utilisé déjà ? Ah oui ! «Connaissance». Décidément, les choses vont bien vite, il faut que je garde l’oeil ouvert si je veux pouvoir te suivre.

- Pourquoi est-ce que je ressens subitement l’envie de te donner une bonne correction comme à l’époque où nous étions enfants, dis-moi ?

Referment subitement le livre qu’elle pose sur la table, la jeune femme lève les yeux vers son frère qui lui adresse son plus beau sourire.

- Peux-tu attendre ce soir que nous rentrions avant d’abîmer mon fabuleux visage ? Cela serait dommage que ce dernier soit marqué, lui demande-t-il alors en finissant le contenu de sa tasse

- Sortons-nous ? Je ne suis pas au courant.

- As-tu oublié ? Je t’ai fais part en début de semaine de l’invitation que le Ministre des Affaires Etrangères nous as envoyé.

- Ah, cette affaire-là, répondit-il avec dépit, J’avais cru comprendre que l’invitation t’étais destiné.

- Certes, mais je suis cordialement invité à venir avec les membres de ma famille. Apparemment, Son Altesse Royale la Princesse Sophia sera présente pour inaugurer la nouvelle Galerie des Lumières.

- Les travaux sont-ils terminés ? J’ai ouïe dire que cela avait été un tel chantier pour correspondre aux attentes de la Reine.

- Effectivement, personne n’a été ménagé. Donc ne crois-tu pas que cela vaille le coup d’oeil ? Et puis, nous pourrions faire d’une pierre deux coups en sortant Ambre et Thomas. Ils deviennent intenables en tournant en rond dans la maison.

- Tu comprends mieux ce que je vis à présent avec eux braîllant constamment. Autant Thomas enchaîne les bêtises autant Ambre ne cesse de me demander quand est-ce qu’elle pourra sortir.

- Il est vrai que tu lui as interdit ses derniers goûters. La connaissant, cela a dû grandement l’ennuyer.

- A t’entendre je suis sa geôlière alors que tout ce que je veux c’est la protéger de tous ces nobles mal intentionnés. Que crois-tu qu’il se serait passé si je l’avais autorisée à sortir à peine père enterré ? Ils se seraient jetés sur elle et je...

- Joséphine. Ambre va avoir bientôt quinze ans. Elle a été préparée à ce genre de choses. Aie confiance en elle.

- Ce n’est pas un problème de confiance, c’est un problème de...

- C’est une jeune et très belle jeune fille, je sais. Et très honnêtement, je ne pardonnerais jamais à quiconque ose lui faire du mal, mais nous sommes tous appelés à évoluer dans cette société, à y trouver notre place. Toi et moi avons trouvés les nôtres, laissons les deux petits faire leurs propres expériences. Certes, ils se tromperont, feront des erreurs et se feront mal, mais c’est ainsi qu’on apprends. Pas en restant enfermés dans une bulle bienveillante et protectrice. Toi, plus que n’importe qui, le sait.

Bartolomé a raison et Joséphine le sait. Un jour ou l’autre, elle va devoir cesser d’avoir la mainmise sur la vie de ses cadets et les laisser voler de leurs propres ailes quitte à ce qu’ils doivent s’écraser au sol. Malheureusement, Bartolomé n’a pas la moindre idée de ce que doit endurer une femme dans cette société. Les remarques, les attentes, les jugements, les espoirs...Toutes ces choses qui pèsent sur les épaules d’une jeune fille et qui peut, en un rien de temps, la briser si ces dernières ne sont pas suffisamment solides pour supporter le tout. Elle ne veut pas de ça pour sa sœur.

- Très bien. Tu marques un point. Nous sortirons. Dis à Ninon d’aider Ambre à se préparer et occupe-toi de Thomas également.

- Et toi ?

- Crois-moi, j’arrive à un âge où enfiler une robe toute seule est le cadet de mes préoccupations. Je saurais me débrouiller je pense.

Joséphine aurait donné n’importe quoi pour éviter cet événement. Tous les nobles de la capitale seront présents y comprit des gens qu’elle ne porte pas dans son cœur comme Tina Reed ou le Comte Detina. En outre, c’est une inauguration, mais il y aura forcément de quoi se divertir avec de la musique, des danses et rien que d’y penser ses pieds en souffrent déjà. Alors, pour se changer les idées, elle rappela à ses cadets les consignes de sécurité : Interdiction de quitter le bâtiment, toujours prévenir où est-ce que l’on est et avec qui, ne pas accepter d’assiettes ou de verres de la part d’étrangers. Mais ce n’était sans compter sur la jeune Ambre, excitée, qui passa le plus clair de son temps à regarder la voiture s’approcher tout doucement du bâtiment illuminé plutôt qu’à écouter les paroles de son aînée.

Descendant de la voiture, la fratrie s’engouffre dans le hall du bâtiment aux enluminures et dorures sans pareils. Il n’y avait nul doute, cet endroit méritait à présent son nom de «Galerie des Lumières» tant tout semblait briller tandis que le plafond ouvrait sur une incroyable vue d’un ciel étoilé.

- Ah Lieutenant Conquérant ! Quel plaisir de vous voir vous joindre à nous ! s’exclame une voix en se dégageant de la foule présentement rassemblée et en totale admiration.

- Monsieur le Ministre, souffle Bartolomé en le saluant

- Est-ce là votre famille ? J’ai entendu la nouvelle pour votre père, vous m’en voyez navré.

- C’est fort aimable à vous. Voici ma sœur, Joséphine.

- Oh ! La future Baronne ? Quelle joie, oui quelle joie !

Le Ministre, un homme d’un certain âge à la moustache proéminente, s’empresse de prendre la main de Joséphine et de la secouer de haut en bas. Cette dernière ne put s’empêcher de rire discrètement en regardant son frère.

- Quelle fierté cela doit être pour vous d’avoir un frère tel que celui-ci ! Un brillant avenir s’offre à lui. D’ailleurs, Lieutenant, j’espère que nous pourrons profiter de la soirée pour nous entretenir et discuter de votre promotion à venir ?

«Promotion» ? Joséphine a-t-elle bien entendu ? Surprise par la nouvelle et par le fait que son frère ne lui ait rien dit, ce dernier ressent soudainement un regard pesant sur son dos. Effectivement, il s’était discrètement privé de lui annoncer que dans quelques temps et suivant son nouveau statut, ce dernier allait devoir s’absenter plus longtemps et pour un avant-poste différent, plus éloigné encore. Alors ne voulant en rajouter à la peine de son aînée, il avait tout simplement omis de lui en parler.

- Je vous retrouve dans la salle principale ! On dit que Son Altesse Royale arrivera sous peu. Il ne me tarde de vous voir !

- Et moi donc, Monsieur.

Se distant du groupe, Joséphine se retourne alors vivement vers son frère.

- Avant que tu ne dises quoique ce soit, sache que je comptais t’en parler, se justifie-t-il en lui coupant l’herbe sous le pied.

- Et quand exactement planifiais-tu de le faire ? Avant de partir ou une fois partis pour je ne sais quel endroit ?

- Ne sois pas comme ça, Joséphine.

- Je suis contente pour toi, ne te méprends pas. Je suis vraiment très contente pour toi, mais tu sais que je déteste quand on me cache des choses. Je n’ai pas envie que cela devienne une habitude dans notre famille, alors ne commence pas, s’il te plaît.

- Tu es pourtant la première à avoir ton jardin secret, il me semble. Tu es celle qui ne dit rien le plus souvent.

- Et avec raison ! J’essaye de tenir des promesses.

- Des promesses faites à des morts, Joséphine ! Qu’est-ce qui est le plus important maintenant ? Ceux qui ne sont plus là ou ceux qui sont toujours à tes côtés ? s’énerve-t-il soudainement, C’est ce qui m’énerve tant chez toi. Toujours dans ton rôle de «grande sœur», à tout prendre sur toi et à ne rien dire, mais vois-tu, ce n’est pas très sain comme comportement.

Ce n’est pas la première fois qu’elle entends ce genre de réflexion et cela s’approcherait même de ce que Ninon ou bien le Duc lui aurait déjà dit. Manquait-elle à ce point dans son rôle ou était-elle tout bonnement incapable de combler les attentes que chacun avait vis à vis d’elle ? Pourquoi personne ne semblait être en mesure de voir ses efforts et son acharnement pour cette famille ? Pas un «merci» de dit, rien. Juste des reproches et toujours des reproches alors qu’elle essaye de se démener, s’arrachant bec et ongle pour défendre le peu de choses que la vie ne lui a pas encore prit.

Mais cela ne saurait tarder.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Alison CXC
Posté le 28/02/2021
J'étais tellement à fond que je n'ai pas vu le chapitre passé c'est fou ! J'aurais voulu que ce dernier dure encore et encore :D Je te l'ai déjà dit précédemment mais j'apprécie vraiment les interactions avec Bart ! Il apporte une espèce de "contre-poids" au caractère de Joséphine tout en n'étant pas dans l'affrontement ! C'est vraiment une relation que j'aime suivre et que j'aimerais voir évoluer sur le long terme malgré les futures absences justifiées de ce personnage :)

Tu sais que j'ai une passion pour les personnages secondaires et je pense avoir trouvé le mien (petite pensée pour Ambre qui a tout de même une place dans mon petit coeur) ;D
ManonSeguin
Posté le 28/02/2021
:D Je connais ton amour pour les personnages secondaires et ça me fait plaisir et me pousse à les travailler au maximum justement (notamment Bart, faut que j'en tire un max dans ses premières apparitions avant son absence)

J'ai hâte de te présenter tous ceux qui viendront ensuite, mais je te laisse découvrir ça petit à petit :) C'est mieux
Alison CXC
Posté le 07/03/2021
Tu veux dire qu'il y aura d'autres personnages secondaires ? :D
ManonSeguin
Posté le 07/03/2021
Oh mais oui ! Dans le chapitre 17 tu vas faire la connaissance d'une nouvelle personne :)
HarleyAWarren
Posté le 14/02/2021
Eh bien, d'abord, on a "connaissance", ensuite on a "ami" et on sait ce qui se passe ensuite :D

C'est finalement un cadeau un peu empoisonné, cette promotion. Au début, quand j'ai lu que Bartholomé allait être promu, je me suis dit "Chouette, c'est bien pour lui, ça", mais c'est vrai que ça laisse Joséphine encore plus seule face à ses problèmes. Enfin, on sait tous que c'est une grande fille et qu'elle assure, mais c'est bien aussi d'avoir des gens sur qui compter D:
ManonSeguin
Posté le 14/02/2021
Ah bah mine de rien, mine de crayon, les choses avancent ! Qui sait ce qu'ils pourraient devenir O:) L'avenir est plein de surprises !

Et honnêtement je me suis taté à garder Bartolomé auprès de Joséphine mais il a ses aventures à vivre et sa soeur à les siennes, parfois ces dernières convergent et parfois divergent :) Mais ils sauront se retrouver
Vous lisez