Je ne retrouve Xander que le lendemain matin, aux aurores, dans notre chambre à l'auberge. La veille, à mon retour d'expédition chez les géantes, il était introuvable. Sans doute à la Vaste Taverne ou en quête de son fameux ingrédient secret. À moins que son ingrédient secret ne se trouve à la taverne…
Je le soupçonne de bouder car je ne lui ai pas proposé de nous accompagner, Madame Germaine et moi.
— Tu as quelque chose de prévu avec ton amie ? me questionne-t-il.
— Non, rien de particulier. Et toi ? Tu prévois de revenir à la taverne ?
— D'y revenir ? J’y suis pas allé depuis que je t’y ai emmenée. Depuis que j’ai endormi les géants par inadvertance. Depuis que… Bref, j’y suis pas allé.
— Ah...
J'ai du mal à avoir confiance en ses dires. Son ton détaché ne me convainc pas. Pire, il baisse même les yeux en me répondant.
— Tu me crois pas ? s'offusque-t-il.
— Bien sûr que si. Je te crois. Je n'ai jamais dit que tu mentais. Enfin... pas consciemment. Uniquement par omission, quand tu oublies de me dire que la ville est peuplée de géants.
Xander émet un petit rire amusé :
— Tu es quand même assez rancunière.
— Et toi, plutôt fourbe !
J’ai répliqué, un peu malgré moi, pour me défendre face à cette petite attaque verbale. L'accuser de fourberie n'a pas été l'idée la plus riche que j'ai eue. Désormais, il croise les bras en affichant une grimace bien prononcée. Il est un peu plus âgé que moi d’une dizaine d’années. Mais, il se comporte comme un petit garçon. Ses survêtements lui donnent des airs d'adolescent. Heureusement que je sais qu'il peut avoir de bons jours. Il a un caractère assez insupportable. Il faut dire aussi que je l'ai un peu piqué au vif.
— Pardon, Xander... Je n'aurai pas dû sous-entendre que tu mentais ou que tu faisais preuve de fourberie. Vraiment... Je crois que je me défoule sur toi et ce n'est pas bien. Excuse-moi…
Mon ami semble un peu pris au dépourvu. Je manque de m'effondrer. Les larmes menacent de couler.
— Mais... Véra... Que se passe-t-il ? Quelque chose tourne pas bien ? J'ai raté quelque chose… ?
J'enfouis mon visage dans mes mains tellement la honte me gagne.
Je suis restée très évasive sur mes conversations avec Madame Germaine. Ma discussion avec l'Onrikar du Vaste Conseil. Ma visite à la Vaste École. L'invitation des géantes. De peur qu'il se sente exclu de mes aventures. Mais aussi, parce que je n'ai pas envie de revivre mes désillusions. Sauf que si je souhaite que Xander m'accompagne comme le veut la prédiction de Madame Brillance, je ne peux pas le tenir à l'écart. D'autant plus que je lui reproche à moitié de ne rien me dire sur ses activités. J'agis exactement comme lui. Je refuse de me comporter en parfaite hypocrite.
— J'ai eu l'occasion de parler avec Ornikar, le membre du Vaste Conseil... Et... je dois me rendre à l'évidence. Il n'est pas l'homme qui m'est destiné.
— C'était une évidence de taille, commente-t-il en luttant pour ne pas se montrer amusé par son petit jeu de mots.
Je m'efforce de ne pas me vexer de son trait d'humour. Je sais qu'il veut bien faire. Sans doute, souhaite-t-il m'aider à détendre l’atmosphère, dédramatiser, relativiser. Pour l'instant, je peine à en arriver là :
— Je me sens tellement idiote de croire en l'amour. De croire à la prédiction d'une voyante un peu... originale.
— Croire en l'amour, c'est pas idiot. Croire les dires d'une voyante... comment dire... disons que je suis davantage perplexe sur le sujet, avoue mon ancien patron.
— Pour tout te dire, je suis dubitative moi aussi. Je commence à me dire que j'ai pris cette prédiction comme un prétexte pour fuir notre ville. Le pire, c'est que je t'ai entraîné avec moi dans cette vaine aventure... J'embête tout le monde avec Ornikar alors que je ne sais même pas si je le recherche vraiment. N'est-ce pas plutôt moi que je recherche dans ce voyage ? Pour fuir ma mère ?
Xander se contente d'acquiescer la moindre de mes paroles. Je sais qu'il m'écoute. Je ne doute pas de sa gentillesse à mon égard. Il aime juste jouer avec les mots et, parfois, avec mes nerfs.
— Je dois t'avouer, Véra, que je ne m'attendais pas à une telle réflexion. C'est très intéressant ce que tu dis là... Et, je pense, oui... Je pense que tu dois te poser la question pour Ornikar.
Il marque une pause.
— Une chose est sûre : tu apprendras des choses sur toi-même. Sur ton père aussi, apparemment.. J'apprends toujours à me connaître un peu plus à chacun de mes voyages. On relativise sur certaines choses. Certains paysages peuvent servir de déclic aux dilemmes qui nous habitent. Les gens qui croisent notre route nous enrichissent de leurs connaissances, de leurs coutumes, de leurs expériences.
— C'est quelque chose que j'ai déjà remarqué avec Madame Germaine, Arthur, Madame Romane, Ornikar, les géantes... Leur détermination, leur empathie, leur dévouement... C'est à la fois touchant et inspirant.
Une envie irrépressible me prend d’évoquer mon père. Je n’ai pas pu partager avec lui les dernières révélations le concernant :
— Pour être totalement honnête, j’apprends aussi que les gens connaissaient bien mon père. Il s’intéressait beaucoup à la justice majusculiste. Il a encouragé les géantes à prendre leur indépendance. Il… Il avait même prévu de laisser le choix à ma mère de partir en expédition en famille ou de tout arrêter pour rester avec nous. Mais… Mais… C’était avant qu’il fasse un détour près de ce maudit volcan…
Xander peine à déglutir. Je crois qu’il n’était pas prêt à ce flot de rebondissements.
— Tu sembles avoir vécu des moments assez… intenses, constate-t-il. Ton père… Tu dois en être si fier. C’est incroyable tout ce qu’il semble avoir accompli !
Je lui raconte comment je me suis rapprochée de la gérante de l'auberge, les confidences que je lui ai faites. Je garde pour moi les confidences de Madame Germaine sur Arthur, craignant de trahir la confiance de mon amie. Je décris mes impressions sur l'enseigneuse que j'ai accompagnée en sortie scolaire, mes impressions sur le Tribunal de Vaste Instance.
— J'ignorais que tu avais vécu autant de choses...
Je crains de déceler de l’amertume dans sa voix. La culpabilité me ronge à nouveau :
— Je m'excuse de t'avoir tenu à l'écart de tout cela. Ce... Ce n'est pas contre toi... Je me suis rapprochée tout naturellement de Madame Germaine. Le reste s'est déroulé tellement vite. Tout s'est enchaîné... Si je t'ai blessé, je te demande pardon.
Xander pouffe de rire. Il rit sans pouvoir s'arrêter.
Je pensais qu'il allait me faire culpabiliser, qu'il allait se fâcher. Je me suis trompée.
— Je t'en veux absolument pas, voyons !
Il ravale sa salive :
— Bon, certes… Peut-être un peu au début. Mais après, j'en ai profité pour régler une affaire ou deux.
— Tu as trouvé l'ingrédient secret de tes cookies ?
Je saisis l’occasion de lui poser la question.
— J'ai réglé une affaire ou deux, répète-t-il avec malice.
Il ne m'en dira pas davantage.
Nous avons le droit à notre petit jardin secret. Mieux vaut sans doute que je ne connaisse pas cet ingrédient. Je risque de me lancer dans des recettes de cookies faits maison et ne plus me rendre au magasin. Son chiffre d'affaires s'en ressentirait. Je délaisserai les confitures. Les bescherellois habitués aux marchés me bouderaient fort. Les conséquences seraient terribles pour ma ville natale…
— Sur une échelle de zéro à dix, à quel point ça compte pour toi de trouver ton Ornikar ? me sonde mon ami.
— Mmmh... Bonne question. Je dirai... euh... quatre ? Oui, quatre. Avant Madame Brillance, je t'aurai répondu un, ou deux. Sauf que la prédiction m'a fait me projeter dans mon avenir amoureux. J'ai aimé les images que j'ai vues défiler devant moi. Je me suis vue heureuse. Comme mon père et ma mère étaient heureux avant. Je me suis vue loin de ma mère et de sa sévérité. Donc oui, quatre.
Je surprends son air satisfait à peine dissimulé.
— Tu vois... Le bonheur, c'est quelque chose d'important. Mais, attention, il y a pas que l’amour qui rend heureux. C’est pour ça que tu te situes à quatre, et pas plus. Si, toi, tu penses que l'amour peut te rendre heureuse, tu dois continuer tes recherches. Sinon, le bonheur se trouve ailleurs. Le bonheur se trouve à plein d’endroits différents.
Nous échangeons un regard complice.
— C'est pour m'aider ou pour m'éloigner de l'ingrédient secret des cookies que nous parlons encore de mes états d'âme ?
— Pour t'aider, dit-il en riant.
Je le fixe d'un gentil regard noir empreint de reproches.
— Essentiellement pour t'aider, corrige-t-il.
— Dans ce cas, je te remercie, Xander. Et, promis, je n’insisterai pas pour connaître la composition de tes prochains cookies. Je respecte ton secret professionnel.
Je le prends dans mes bras. Il se laisse faire, à ma grande surprise. C'est tout de même lui qui met un terme à notre étreinte.
— Alors, Véra, on continue de traquer ton Ornikar ?
— On peut continuer.
Xander se gratte le menton. Il se plonge dans une profonde réflexion qui me donne l'impression qu'il a quitté notre chambre. Son esprit semble loin, très loin.
— Tu sais, commence-t-il. Je…
Cette phrase en suspens me fait sursauter. Je me suis habituée au silence.
— Je suis pas sûr qu'il y ait d'autres Ornikar à la Vaste Majuscule...
— D'après Madame Germaine, les enseigneuses de la Vaste École et les géantes, il n'y en aurait qu'un seul en ville.
Je réfléchis à mon tour, fixant les murs de la chambre peints d'un vert sauge très apaisant.
— Tu m'as bien dit, une fois, que tu connaissais plusieurs Ornikar ?
— J'ai dit ça, oui. C'est vrai.
Je me réjouis de cette nouvelle.
La tristesse est encore là quand je pense à l'Ornikar géant. Mais, mon cœur se réchauffe à l'idée de rencontrer d'autres potentiels prétendants. Des Ornikar peut-être plus compatibles avec moi.
— Ce qui veut dire que… Véra... Il est venu le temps de... quitter la ville, tu crois pas ?
Cette nouvelle me provoque un pincement au cœur.
Je me suis attachée à la Vaste Majuscule. Même les secousses ne me font plus perdre l'équilibre. Les géants et géantes ont encore tant à m'apprendre. Et, paradoxalement, j'ai déjà tellement appris.
La suite du voyage m’inquiète beaucoup. Repartir, c’est accepter de plonger à nouveau dans l’inconnu, de quitter un lieu familier et sécurisant :
— Nous irions où ?
— Nous pouvons aller à la Virgule Sucrée. Ce n'est pas très loin... C'est à côté. Il faut juste traverser toute la forêt.
J'ai mes petites habitudes en ville. Seconder Madame Germaine dans son ménage. Discuter en sa charmante compagnie. En apprendre davantage sur l'Histoire de la ville, de ses habitants, sur mon père. J’ai appris tant d’éléments importants sur mon passé, mon avenir… Si je dois partir, je sais que je garderai d'excellents souvenirs de cette première étape.
— Moi aussi, cette ville va me manquer, me confie Xander.
— La taverne te manquera ?
Je me surprends à le taquiner, sans avoir peur de le voir bouder.
— Pour tout te dire, oui. Mais pas que la taverne non plus.
Rares sont les fois où j'ai pu me sentir aussi complice avec lui. Je dois dire que j'apprécie ces petits moments entre nous. Je me rends compte que j'apprends aussi à le connaître, autrement qu'en pleine gérance de son magasin de cookies.
— Connaissant les géants, quand nous allons annoncer notre départ, ils voudront nous organiser une petite fête, m'apprend-il.
— Vu leur éternelle politesse et leur sens de l'hospitalité, cela ne m'étonne pas d'eux. Je risque d'être tellement émue... J’ai peur de me donner en spectacle… Ce serait malpoli de refuser, n'est-ce pas ?
Je pose la question alors que je connais déjà la réponse.
— Ce serait très malpoli, confirme Xander.
Malgré moi, je lâche un soupir de désespoir.
— Si besoin, prépare-toi quelques mouchoirs sur lesquels recueillir tes larmes, me conseille mon ami.
— Tu insinues que je pleure souvent ?
En guise de première réponse, il se racle la gorge :
— Disons que... tu es plus émotive que moi.
Je ne peux pas le contredire. Mon émotivité n'a de secrets pour personne. Je sais que beaucoup de larmes vont être versées en disant au revoir à tous ces géants. Ils vont tous et toutes tellement me manquer.
C'est effrayant de s'imaginer dans une nouvelle ville, d’être plongée dans un univers inconnu.
Excitant aussi car, dans l'inconnu, tout reste possible.
***
Aidée des encouragements de Xander, il m'a fallu trois jours, coûtant trois pièces par nuitée, pour annoncer notre départ à Madame Germaine.
J'ai eu peur de sa réaction, peur de la blesser, peur qu'elle se sente seule après mon départ.
Nous nous trouvons dans le hall de la Vaste Auberge.
Après une bonne vingtaine de bafouillements, j'ai pu lui faire comprendre que j'avais quelque chose d'important à lui dire.
Je me suis découragée à plusieurs reprises. J'ai changé de sujet et évoqué Tristan l'explorateur, mon père. Comment il m'a donné envie de voyager depuis mon plus jeune âge. J'ai insisté sur l'importance des périples pour lui. Peut-être pour préparer le terrain avant ma terrible annonce.
— Comme vous le savez, la Vaste Majuscule est la première ville que je visite. La première fois que je sors de Bescherelle-sur-Mer. Ce qui fait que... la ville... vous... tous... vous aurez une place toute particulière dans mon cœur.
Madame Germaine s'affole. Ses traits se crispent. Son regard ne parvient pas à masquer son étonnement :
— Vous... Vous partez ?
Je fonds en sanglots avant de pouvoir lui répondre.
Je sais que je la déçois, que je lui fais du mal. La culpabilité prend le dessus. Je me sens tellement égoïste, cruelle...
— Pardonnez mon ton un peu sec, ma chère Véra. C'est que... Je savais que ce jour finirait par arriver. Je ne pensais pas que cela arriverait aussi tôt. Le temps passe si vite en bonne compagnie…
Mes sanglots redoublent d'intensité.
J'aurai dû anticiper davantage mon départ. Lui rappeler que je n'étais que de passage à la Vaste Majuscule. J'ai déjà laissé Selvina en plein chagrin à Bescherelle-sur-Mer. Je ne veux pas que mon voyage se résume à faire pleurer les personnes que j’aime.
— Mais, poursuit mon amie, je sais que nous resterons en contact. Le lien qui s'est créé entre nous peut être entretenu par lettres, par exemple. Les messagers font de l'excellent travail chez nous. J'ai confiance en eux. Ce sera l'occasion de reprendre une correspondance épistolaire régulière. C'est un exercice d'écriture qui me plaît beaucoup.
— Madame Germaine, souhaitez-vous que je vous écrive durant la suite de mon voyage dans le Livre ? Je n'ai jamais eu recours aux messagers.
L’idée me plaît. Cela apaise mon sentiment de culpabilité :
— C'est avec plaisir que je communiquerai avec vous, Madame Germaine. Je vous considère comme une grande amie, vous savez... Je ne pensais pas créer de liens d'amitié aussi forts en arrivant ici.
Je sais que mon discours l'a émue. Elle reste figée, déterminée à ne rien laisser paraître de ses émotions :
— Dire que vous m'avez surprise en compagnie de mon cher Arthur... Vous savez, en toute honnêteté, après cet épisode, je n'aurai jamais pensé que nous puissions être amies, toutes les deux. Et en même temps, c’était tellement évident que nous allions nous rapprocher.
Sa confession me surprend au début. Puis, je finis par comprendre ce qui la pousse à penser cela lors de nos premiers échanges.
— Il est vrai que c'était très... gênant. Vous-savez-où, vous-savez-quand, quand j’ai surpris vous-savez-quoi.
— Je ne laisse jamais personne me voir de la sorte. Je ne me confie jamais autant. Vous êtes une privilégiée, mademoiselle Véra. Sachez-le !
Sur ce point, elle ne m'apprend rien. Je la connais suffisamment pour l'avoir compris toute seule.
Ma surprise repose sur le fait qu'elle puisse l'admettre à voix haute. Je me dis qu'en me côtoyant, moi qui suis très émotive, je lui ai peut-être appris à exprimer ses émotions sans honte ni peur d'un quelconque jugement. Si j'ai pu lui apporter au moins cela, pour apaiser son quotidien, j'en suis ravie.
Peut-être qu’un jour, elle se sentira suffisamment en confiance pour chanter à nouveau.
— Et vous partez quand ? s'interroge la gérante de la Vaste Auberge.
— Xander est parti discuter avec le Vaste Conseil pour voir s'il est possible d'organiser notre fête d'au revoir ce soir.
— Ce soir...
— Oui… Je suis désolée de vous mettre devant le fait accompli. Mais, si je ne pars pas maintenant, je crains de ne jamais le faire. Et... détrompez-vous, je sais que je me plairai bien ici. Sauf que je ne trouverai pas mon Ornikar et j'aurai toujours cette interrogation dans un coin de mon esprit. Je me dois de percer ce mystère.
Madame Germaine m'adresse un regard compatissant :
— Ne vous épuisez pas à vous justifier... Je comprends, vous savez.
Face à mon soulagement, que j'exprime un peu trop bruyamment, Madame Germaine s'interrompt. Elle me fixe à nouveau du regard avant de reprendre :
— Vous n'avez pas à vous excuser ou à culpabiliser pour moi. Vous m'avez été d'une grande aide. Avec Arthur, notamment. Je ne sais pas vraiment où nous allons, lui et moi. Je sais que j'apprécie sa compagnie. Que j'ai envie de profiter de nos bons moments aussi longtemps que possible. Si cela n'avait tenu qu'à moi, j'aurais mis un terme à notre relation, il y a bien longtemps. Par peur. Par fierté.
Elle met un point d’honneur à se tenir bien droite. Se livrer ainsi ne lui semble pas facile :
— Vous m'avez donné le courage de m'accrocher au bonheur. Après toutes les tragédies qui ont frappé mon existence. Et oui, vous laisserez un vide après votre départ... Mais comme je vous l’ai dit, nous trouverons le moyen de rester en contact, d'influencer positivement nos vies respectives. C'est tout à fait naturel que vous vouliez voir du pays, rechercher le bonheur. Vous êtes jeune. Toutes ces choses sont de votre âge. Je ne peux que vous souhaiter le meilleur, mademoiselle Véra.
C'est la plus belle déclaration d'amitié que l'on m'ait faite.
Des larmes coulent silencieusement le long de mes joues. Je ne trouve aucune réponse digne de la sienne. Je me contente de la remercier avant d'être interrompue par l'arrivée de Xander :
— Les géants sont d'accord pour fêter notre départ ce soir.
Cela rend réel la suite de mes recherches concernant mon âme sœur.
Xander parle de se rendre à la Virgule Sucrée. J’ignore ce qui m’attend là-bas. J'ai lu peu de choses à ce sujet. Qui plus est, la Vaste Majuscule m'a appris à ne pas me fier entièrement aux livres de la bibliothèque de Bescherelle-sur-Mer.
— Les géants sont tout de même très enthousiastes, précise Xander. «Géants avoir sens de fête» a même dit Ornikar. J'ai d'ailleurs senti une pointe de tristesse dans sa voix. Il m'a dit qu'il nous appréciait beaucoup.
Je me rends compte que la fête de ce soir symbolise vraiment mon départ. Nous partirons probablement demain matin, à l'aube. D'ici là, je suis loin d'en avoir fini avec les grandes déclarations. Les moments remplis d'émotion. Les adieux déchirants.
Ce soir, je sais que mes mouchoirs vont encore être mis à rude épreuve.
J'aime la sensibilité qui se détache de ce chapitre, commz d'habitude!
Mes remarques/interrogations:
On retrouve Xander, ce qui est normal. Peut être une mention ou deux de son existence dans les chapitres d'avant ne feraient pas de mal?
Dans le même genre, Arthur. Germaine dit que Véra l'a aidé à son propos mais je ne vois pas pourquoi (ai je raté un truc?), je trouve ça intéressant, peut être pourrais tu rajouter un dialogue dans ce sens dans un chapitre précédent.
Sinon, 4 ? Seulement 4 sur 10? Disons que pour moi, Véra ne peut pas tout quitter qur une motivation de 4 sur 10! 6 est le minimum au moment où elle part, et ensuite ça peut pas vraiment redescendre en dessous de 5 (dans ma tête hein, c'est pas un avis absolu).
Pour finir, j'ai noté un petit tic d'écriture -> "un peu" revient plusieurs fois. Je l'avais vu une fois dans un autre chapitre, et là ça l'est revenu.
Contrairement à Véra j'ai hâte de repartir, mais la perspective d'une fête m'enchante !
A bientôôôôt !
Pour la note, je devrais peut-être préciser que la quête de l'Ornikar est à 4 sur 10, et peut-être son envie d'explorer au minimum à 6. C'est vrai que tu n'as pas tort sur ce coup-là.
Je plaide totalement coupable pour le tic "un peu". C'est fort probable que ça vienne de moi et que je l'ai développé ces derniers temps. Zut, ça se retranscrit dans mes écrits...
Moi le premier, je suis si attaché à la Vaste Majuscule que la perspective de m'en aller m'embête beaucoup. Dans l'écriture, j'étais arrivé dans la ville sans rien créer, niveau personnages. Madame Germaine, Arthur, l'enseigneuse, les géantes, j'ai tout inventé sur le tas, en totale impro. Et je m'y suis énormément attaché. C'est affreux de devoir se séparer des personnages, en vrai ! :(
A bientôt !