20- Hypnotique

Notes de l’auteur : ATTENTION, avis aux âmes sensibles passant par ici; il y a une scène violente (meurtre) dans ce chapitre,
Pour accompagner ce texte, je mettrais bien en fond musical une chanson du groupe "Dead Can Dance" en particulier Yulunga
J'espère que vous passerez un bon moment!

— Repense à cette nuit-là, à tes ressentis, commença Philippe en fixant Maïwenn d’un regard intense. Que vois-tu ?

La jeune femme eut soudainement la sensation d’être happée, comme si elle ne pouvait plus bouger, plus rien faire, si ce n’est revivre la nuit du meurtre.

— Je suis sur mon parking car j’ai l’impression de ne pas avoir fermé ma voiture à clé. Bien sûr, je l’avais fait.

— Continue. Tu ne te rendras même pas compte que je suis dans ton souvenir, précisa Philippe d’une voix monotone mais douce. Tout va se débloquer, comme un voile qui se lève. N’aie pas peur.

— J’entends un bruit dans la ruelle derrière moi, alors je m’approche, intriguée. Là, je distingue difficilement un homme. Il me dit qu’il a besoin d’aide et je le porte sous un lampadaire qui vacille. Il y a plein de sang, il a été agressé.

— Regarde le lampadaire, que vois-tu ? demanda Philippe.

— Il vacille.

— Regarde mieux, insista son hôte.

— Il vacille toujours.

— Continue. Vacille-t-il encore ? En es-tu sure ?

— Oui. Non. Attends… Il devient flou, je, je ne sais pas ce qui se passe… Il ne vacille plus.

Philippe regarda Mathias d’un air grave puis reprit :

— Très bien. Rien ne peut t'arriver maintenant, tu es sereine...Que vois-tu à présent?

— Oh, c’est pas vrai ! cria Maïwenn.

— Que vois-tu ? répéta-t-il.

Mathias semblait tout à coup très attentif au comportement de la jeune femme.

— Je… J’en ai plein mes vêtements, c’est affreux. J’ai son sang sur moi. Mes mains et mes habits en sont couverts. Je veux appeler les secours, mais l’homme m’en empêche. Il veut me donner d’abord une chevalière et dit qu’il faut que je la donne à l’enquêteur. Puis, il y a des bruits de pas près de nous. Il me dit que ce sont ses agresseurs et que je dois m’enfuir.

Maïwenn s’agitait de plus en plus sur le canapé, à tel point que Mathias approcha son fauteuil un peu plus, au cas où.

— Crois-tu qu’il faille poursuivre, c’est peut-être trop pour elle, s’inquiéta-t-il.

— Veux-tu poursuivre, demanda Philippe, tu es en sécurité ici, tu le sais.

— Je veux savoir, répondit-elle alors. Je vais partir, mais deux silhouettes arrivent en courant à l’opposé de nous dans la ruelle. Je suis tétanisée. Lorsque j’arrive à bouger mes jambes, il est trop tard. Un des deux hommes cagoulés m’attrape. Il me plaque au sol et me colle une gifle puis met sa main sur ma bouche pour m’empêcher de crier. Je me débats, en vain. Il m’oblige à me relever et me menace d’un couteau. Je supplie l’homme de me laisser partir, mais il ne dit rien.

Maïwenn avait alors du mal à reprendre son souffle :

— L’autre homme s’approche du blessé. Il enlève sa cagoule et je le vois.

Elle s’interrompit.

— Peux-tu le décrire ? interrogea Philippe.

— Bon sang ! c’est l’homme qui hante mes rêves, celui qui me dit que je suis folle. ..Il sort un couteau lui aussi, mais il est différent. J’ai trop peur pour le regarder en détail, mais même dans la pénombre, je peux voir qu’il est brillant, comme argenté. Il lui tranche la gorge. Il vient de tuer l’homme blessé. Je tourne la tête, car c’est insoutenable, j’ai envie de vomir.

Maïwenn fit une pause. Des larmes coulaient le long de ses joues, mais elle était calme.

— Que font-ils ensuite, intervint soudainement Mathias, masquant avec peine sa rage.

— Il dit à celui qui me tient de me tuer, mais l’autre fait non de la tête. Il me lâche pour aller lui parler. J’ai tellement peur que je n’arrive pas à m’enfuir ni même à les entendre. Celui qui n’a plus de cagoule s’approche de moi. Je ne hurle même pas. Il pose ses mains sur mes tempes et j’ai mal à la tête, j’ai tellement mal. Puis il y a un bruit. Je crois que ce sont des voisins qui rentrent de soirée. Il dit qu’il n’a pas le temps de tout effacer, mais que cela devrait suffire et ils s’en vont avec le corps. Je rentre chez moi, mets une machine à laver en route et file sous la douche pour enfin m’endormir, finit la jeune femme, sonnée, mais presque comme soulagée d'enfin savoir.

Philippe et Mathias quant à eux demeuraient silencieux, un peu abasourdis par ce qu’elle venait de leur raconter.

Après quelques secondes Philippe coupa l’enregistrement et sortit la jeune fille de son état d’hypnose.

— Et bien maintenant je pense que nous savons ce qui est arrivé à Victor, lâcha Mathias.

— Maïwenn, comment te sens-tu ? s’inquiéta Philippe.

La jeune femme ne répondit rien. Elle ne bougea pas non plus.

— Je crois qu’elle est en état de choc. Mathias, va chercher une couverture dans ma chambre.

Le Guide s’exécuta. Philippe s’assit alors au côté de Maïwenn.

— Tu as traversé plus de choses en peu de temps que la plupart des gens en toute une vie et je comprends ton choc. J’en suis désolé. Pourtant, rien n’est fini et tu vas devoir être encore courageuse pour affronter ce qui est à venir.

— J’aimerais tout oublier, vous pouvez faire cela ? balbutia-telle.

— Je le voudrais tellement, mais non. Tu es forte, je le sais. Tu vas y arriver. Écoute moi bien attentivement...Tu ...seras ...forte, murmura-t-il. En plus, Mathias serait perdu sans ton aide, finit Philippe, la faisant ainsi sourire.

L’intéressé réapparut dans le salon et couvrit la jeune femme d’une couverture pendant que leur hôte lui préparait un café.

— Ca va aller ? s’inquiéta l’enquêteur.

— Ai-je le choix ? répondit Maïwenn.

— Pas vraiment, concéda le jeune homme en lui frottant le dos.

Ils restèrent encore une heure afin d’être certain que Maïwenn ait retrouvé ses esprits puis, ils prirent congé de Philippe qui leur promit des résultats de test rapides.

 

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Den ar vilin
Posté le 30/07/2024
Salut, me revoilà ! Ton écriture n'a pas changé : toujours très agréable et l'histoire est intéressante. Le personnage de Mathias est très attachant, il est intéressant de le voir évoluer au côté de Maïwenn. J'ai hâte de voir la suite.
Portequigrince
Posté le 02/08/2024
Bonjour,
Contente que tu sois là! Oui c'est un peu chien et chat mais il va bien falloir qu'ils s'entendent car ils n'ont pas fini de vivre des aventures!
A bientôt j'espère
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