💍 21. Duel 💍

- Répète après moi : C’est une entreprise dangereuse ! s’écrit Bartolomé à l’égard de sa sœur aînée tandis que cette dernière s’agiter devant lui.

A peine rentré, le jeune lieutenant vient d’apprendre à l’instant que son aînée s’est une nouvelle fois lancée dans la plus folle et la plus absurde des entreprises. Joséphine n’a aucune connaissance de la mer ou tout du moins cela reste succin alors pourquoi diable embarquerait-elle sur un navire, entourée d’hommes, pendant plusieurs jours voir semaines ? Avait-elle perdue la raison ? S’était-elle cognée la tête ou leur sortie dans la matinée l’avait-elle retournée ? Il devait forcément y avoir une explication logique pour que sa soeur se comporte en démente déterminée. Pourtant, Bartolomé ne connaissait que trop bien Joséphine pour savoir qu’une fois lancée, il était presque impossible de l’arrêter. La jeune femme allait bien souvent jusqu’au bout de ses idées, peu importe ce que ça devait lui en coûter. Bonne ou mauvaise, Joséphine aimait les expériences.

- Je n’ai pour le moment pas très envie d’aborder ce sujet-là avec toi, lui répondit-elle en le poussant tandis qu’elle attrape une malle pour la poser sur son lit.

- Je ne cherche pas à te décourager, loin de là, je te dis seulement que ce n’est pas le moment pour toi d’entreprendre ce genre de chose. Tu as autre chose à gérer. En outre et je te le rappel, je n’avais qu’une permission de deux semaines, il va me falloir retourner à mon poste.

A l’entente de ces mots, la jeune femme s’arrête brusquement et se retourne vers son cadet qui ne cache en rien son inquiétude. Il existait entre eux, et ce, malgré toutes les années passées, une sorte de communication silencieuse. Ils pouvaient se comprendre par des regards, des sourires, diverses mimiques sans qu’un mot ne sorte. Ils pouvaient se dire tant de choses en se regardant seulement et à cet instant précis, Joséphine comprit. Elle comprit que Bartolomé s’inquiétait et probablement avec raison. Elle-même en avait conscience. Se lancer ainsi dans un monde qui lui est pour l’instant inconnu, entourée de visages peu familiers, elle allait probablement regretter son choix que de monter à bord. Mais avait-elle le choix ? Pouvait-elle se permettre de perdre l’intégralité de son équipage ? Les hommes qui s’apprêtaient à voguer avec elle, à ses côtés, plaçaient en elle leurs espoirs. Sans elle, sans l’entreprise familial, des familles entières, des hommes se retrouveraient sans un sou du jour au lendemain et ça, elle ne pouvait le permettre. En tant que Baronne, elle avait dorénavant une responsabilité vers ces gens qui étaient les «siens». Même si pour cela, il lui fallait traverser un enfer pavé d’eau et de mauvaises intentions.

- Tu as confiance en moi ? lui demande alors Joséphine en s’approchant de lui de sorte à se planter à quelques centimètres, mains sur les hanches

- Ce n’est pas une question de confiance et tu le sais bien. Ce n’est pas de toi dont je doute, Joséphine, mais de tous ces hommes avec qui tu vas être. Dois-je te rappeler ton statut ? Ton sexe ? Ton âge ?

- J’aimerais parfois que l’on cesse de me limiter à mon sexe ou à mon âge.

- J’essaye de te mettre en garde. Les hommes sont des animaux.

- Donc que proposes-tu que je fasse ? Que je revienne sur ma parole et que je refuse ce voyage ? Ce n’est l’affaire que d’un aller-retour Bart.

- Non, ce que j’aimerais c’est que tu réfléchisses un peu plus. Jusqu’à présent père t’autorisait à faire ce que tu voulais, à dire ce qui te passais par la tête, mais tu ne peux plus être aussi impulsive qu’auparavant. Je souhaiterais...Non, j’aimerais que tu réfléchisses un peu plus aux conséquences de tes actes, de tes mots, grince Bartolomé en la dévisageant sévèrement tel un partent qui gronderait son enfant

- Dis-moi, Bart...commence Joséphine en posant une main sur son épaule, Crois-tu un instant, que Père, sachant que ce jour arriverait, m’a laissé lire des livres pendant quoi ? Dix ans ? Tu sais aussi bien que moi que faire de moi une «héritière» ne passait pas que par des cours avec d’horribles tuteurs.

- Très bien, dans ce cas prouve-le moi. Faisons un duel toi et moi. Le gagnant est celui qui fait verser à l’autre la première goutte de sang et je te préviens, je n’aurais aucune retenue sous prétexte que tu es ma soeur.

- Rappelle-toi seulement que c’est toi qui l’a voulu.

Quittant la chambre de Joséphine, tous deux se dirigent en direction du jardin à l’arrière de la maison.

Peu de temps après, Ninon criant à la folie les rejoint pour empêcher le désastre à venir, mais cette dernière est rapidement écartée par le jeune cadet confiant de sa démarche.

Néanmoins, Bartolomé ne peut retirer toutes ces images qui lui reviennent. Celles de son enfance. Celles où Joséphine bats devant lui des enfants venus embêter Ambre ou bien lui-même. Il se rappelle de ces après-midis trop nombreux où ils ont dû quitter un endroit car Joséphine a roué quelqu’un de coups. Il se souvient également de leurs nombreuses bagarres. Alors oui, peut-être que sa sœur pourrait effectivement s’en sortir, mais quand bien même elle réussirait cet exploit, il n’y a pas une personne sur cette terre qui n’a pas de faiblesse et qui ne trouve pas plus fort que soit à un moment donné.

- Tu sais, il me semble que j’ai rêvé de ce moment durant les dix dernières années, s’amuse Bartolomé en sortant son épée du fourreau

- A ta place, je me rappellerais des paroles de père : «La confiance mène indéniablement à l’errance», rit Joséphine en sortant la sienne

- Est-ce bien le moment de me sortir un vieil adage ? Contrairement à une certaine personne que je ne nommerais point, j’ai appris ma leçon.

- Vraiment ? Je m’en vais vérifier cela. J’espère seulement que tu ne m’en tiendras pas rigueur.

Malheureusement, ce que Joséphine ignore inconsciemment c’est que tous les petits garçons finissent un jour par grandir pour devenir de fins jeunes hommes et son frère n’en fait pas exception. Bartolomé n’a plus huit ans. Il n’est plus l’enfant avec qui elle se battait. Son frère a passé les dix dernières années de sa vie dans un cadre militaire stricte. Il a été façonné, tout son être entier, par l’armée. Alors il ne lui fut en rien difficile de la mettre à mal en quelques coups seulement. Il était plus grand, plus fort, plus rapide. A présent et dans un sourire non moins satisfait, elle comprends pourquoi son cadet est-il à ce point la fierté des Généraux. Néanmoins, la jeune femme ne se laisse pas abattre et ce n’est que lorsque son frère lui coupe légèrement le dos de sa main que son épée tombe au sol tandis que le souffle lui manque.

- Je gagne Joséphine, annonce-t-il fièrement sans montrer une once de fatigue.

- Peut-être qu’il est temps pour moi d’accepter la réalité en face : Mon petit frère n’est plus, confesse-t-elle en se laissant tomber à même le sol.

- Ne dis pas cela, voyons. Je serais toujours ton petit frère. Nous sommes juste appelés toi et moi à prendre des chemins distincts et j’aimerais que le tien ne soit pas parsemer d’embûches en tout genre. Sincèrement, j’aimerais que tu ai une vie facile, toute dorée où ta seule préoccupation serait de savoir quelle robe porter lors d’une ennuyante soirée, dit-il en venant s’asseoir à ses côtés.

- Je m’ennuierais à mourir. Veux-tu que ma vie ressemble à celle de n’importe laquelle de ces jeunes filles ?

- Probablement. Tu pourrais même te marier à l’un de ces jeunes hommes qui te dévorent des yeux à chacune de tes apparitions !

- Toi et moi savons quelle horrible épouse je ferais, rit Joséphine

- Non. Je pense que tu ferais une épouse formidable avec la bonne personne, poursuit Bartolomé en levant la tête vers le ciel nuageux, Il te faudrait juste trouver quelqu’un...

- Comme moi ?

- Non, tu l’étranglerais sur place. Il faudrait quelqu’un qui te complète et inversement. Quelqu’un avec qui tu peux être pleinement «Joséphine» sans peur et sans retenue. Quelqu’un qui rirait avec toi, qui partirait à l’aventure avec toi, mais qui saurait te faire entendre son opinion quand cela se fait sentir. Quelqu’un qui saurait te faire entendre raison. Tu es une impulsive alors il faudrait une personne beaucoup plus calme et réfléchis.

- A t’entendre, je pourrais presque croire que tu cherches absolument à me marier et que tu as probablement même une idée. Je trouve cela tout à fait terrifiant, lance Joséphine en dévisageant son frère.

- Es-tu à ce point contre l’idée du mariage ?

Ce n’est pas le mariage en lui-même qui dérange autant Joséphine, c’est ce qu’il cache et ce qu’il signifie. Comment peut-on tolérer d’être lié pour toujours à la même personne ? Il faudrait être né de la dernière pluie pour penser un instant que l’amour est immortel et survit à tout. Elle, mieux que quiconque, sait que ce n’est pas le cas. Il n’y a rien de plus éphémère que les sentiments. Rien de plus douloureux.

Rien de plus efficace que dans la vie, il ne faut dépendre de personne mis à part soi-même.

- Je ne suis contre, je trouve juste l’amour idiot. Il n’y a rien de plus solide qu’un partenariat avec des termes clairs et précis afin de ne pas déçu. Car il n’y a pas de sentiment plus douloureux que la déception, crois-moi.

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Lola Rhoswen
Posté le 14/08/2021
Vivement la suite, c'est prenant.
C'est sans doute un premier jet. Il y a beaucoup de fautes sur tous les chapitres, des changements de temps c'est déroutant.
Par contre l'histoire et prenante, et très envie de connaitre la destinée de Joséphine et Jonah, même si nous nous en doutons.
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