Quand Miesko retrouva ses esprits, il reposait toujours dans sa bulle protectrice. Il ne voyait rien. Tous les systèmes que testait son instrumentation restaient muets. Hors circuit.
Sa coquille oscillait en un doux bercement. Des effluves lourds de pourriture végétale pénétraient jusqu’à ses narines. S’y superposait l’odeur fade du sang. Non… c’était le goût de son propre sang dans sa bouche.
Était-il blessé ?
Mortellement touché et en train de succomber à ses blessures ?
Cela expliquerait cet engourdissement qui l’empêchait de réagir ou même de ressentir. Le temps se suspendit, si bien qu’il aurait été incapable de dire si des heures s’écoulaient ou seulement des secondes.
Petit à petit, malgré son hébétude et l’isolation de sa bulle, il commença à discerner des cris étouffés ou peut-être des ricanements. Des mouvements saccadés le ballottèrent. Il prit conscience de douleurs un peu partout. Il était vivant.
Mais où ? Trônaient-ils au faîte d’un arbre, ou s’étaient-ils écrasés en bas, quelque part dans la forêt ? Dans ce cas, il ne donnait pas cher de sa peau.
De toute façon, s’il ne parvenait pas à sortir de cette coque…
Il passa de longues minutes à chercher dans ses mémoires auxiliaires le mode d’opération de ces capsules de survie, avant de trouver la procédure en cas d’anomalie des systèmes. Il se concentra pour la suivre, après avoir ordonné à ses implants d’augmenter sa vigilance défaillante. Ses idées s’aiguisèrent, ainsi que les douleurs qu’il ressentait un peu partout. On ne peut pas tout avoir.
Le bruit autour de lui s’était arrêté, ainsi que les trépidations.
Tout semblait calme.
Il enfonça les doigts selon la séquence d’ouverture : la capsule se scinda en deux comme une cosse libérant sa graine. Il glissa sur le plancher de l’hironde, incliné à près de trente degrés ; à l’atterrissage, sa bulle s’était décrochée et avait roulé vers le fond jusqu’à se coincer dans ce qui restait du bloc sanitaire. Sauvé par les toilettes ! Plutôt ironique pour l’honorable président de la Fondation. Il testa prudemment ses articulations, une par une. Rien de cassé, mais des contusions partout.
Par la structure éventrée, il aperçut le sol sous ses pieds. Très loin. Des branches sortaient de trous béants dans la coque. L’appareil était empalé sur un des géants de la forêt. Manœuvre à demi réussie.
Depuis la branche la plus proche, un oiseau à crête rouge le regardait d’un œil sévère. De son bec noir pendait un bout de chair sanguinolent. Miesko se rejeta d’instinct en arrière et cogna la carcasse de sa bulle. Aussitôt, affolés par les vibrations, des bataillons de volatiles agglutinés à l’avant se ruèrent en tous sens. L’air ne fut plus qu’un fracas d’ailes mouillées et de croassements de protestation. Miesko se protégea les yeux de ses avant-bras, puis saisit une demi-capsule comme un bouclier. L’hironde oscilla, comme si le moindre souffle pouvait suffire à la déséquilibrer.
Miesko découvrit alors ce qui avait attiré là les volatiles : le cadavre aux trois quarts déchiqueté du pilote fixait d’un œil unique les feuilles écarlates qui l’entouraient. Une branche le perçait de part en part. Des autres occupants, aucune trace ; considérant les déchirures dans l’épave ouverte aux quatre vents, on pouvait craindre qu’ils aient fini en bas.
Sans bouger de sa position, Miesko fit un tour d’horizon qui confirma ses premières impressions : ce qui restait de leur engin était cloué dans un de ces géants qui grimpent à une centaine de mètres afin d’étendre leurs branches au soleil, sur des dizaines de mètres en largeur. Il s’était écrasé sur la couronne sommitale de l’arbre, en équilibre instable si l’on en croyait son inclinaison et ses mouvements. Une pluie fine et pénétrante parachevait le tableau.
Miesko frissonna ; l’eau qui lui coulait dans le cou n’y était pas pour grand-chose.
Il était perdu au milieu de nulle part, un bouclier de fortune à la main, avec pour compagnie un cadavre et des oiseaux carnivores.
¤¤¤
Keizo pilotait, concentré sur la tâche ; Bryn examinait des armes trouvées dans l’hironde ; Mu profitait du paysage. Elle était bien la seule. Quant à Ennius, il fixait les autres en se rongeant les ongles. Était-il plus inquiet sur le sort de son père que tétanisé à la pensée de se retrouver face à lui, après toutes ses dissimulations ? Il ne le savait plus. Le président de la Fondation n’était pas un tendre, même pour ses proches.
Il reporta son attention sur le couvert végétal presque ininterrompu qu’un vent de pluie agitait de frémissements. Les oiseaux qui s’égaillaient à leur passage formaient des nuages mouvants de couleurs vives qui s’abattaient bien vite sur d’autres arbres. Par intermittence, un ou plusieurs géants manquaient, si bien qu’un trou aux contours flous laissait entrevoir le sol, vertigineusement loin.
Allaient-ils plonger dans une ce ces trouées pour atterrir, une fois assez près de l’appareil de Miesko ? Ennius frissonnait rien qu’à l’idée de fouler le sol.
— On arrive.
— On va descendre par un trou ? questionna Mu.
— Non, on se pose en haut.
— En haut ?
— En haut ?
Ennius reprit d’une voix alarmée l’interrogation candide de Mu. À elle aussi, cela lui semblait extravagant ? Bryn avait levé les yeux et fixait la canopée d’un air incrédule.
— L’appareil de ton père est coincé au faîte d’un arbre. On l’atteindra bien plus facilement par le haut, et ce sera moins dangereux.
Ennius ouvrit la bouche pour manifester son scepticisme, puis la referma. Pas le moment de le distraire.
Leur engin tourna en cercle plusieurs fois à vitesse réduite, afin d’identifier un endroit propice à un atterrissage.
Un atterrissage ? Pas forcément le mot approprié. Les hirondes se posaient dans un mouchoir de poche sur n’importe quelle surface plate, toutefois la cime d’un arbre géant ne s’apparentait à une surface que de très loin. De près, on découvrait un fouillis de branches de toutes tailles, dont certaines défendaient les lieux, pieux hérissés de belle longueur.
Ils survolèrent un premier arbre, puis en inventorièrent trois autres peu accueillants avant que Keizo n’arrête son choix sur la couronne étalée symétrique d’un géant à demi mort.
Ils s’y posèrent ou plutôt s’y perchèrent : le vaisseau descendit graduellement avec douceur, preuve que Keizo avait acquis une maîtrise impressionnante de l’appareil. Les branches ployèrent sous le poids, quelques craquements se réverbérèrent dans la cabine tandis que les feuilles s’agitaient avec frénésie, puis bientôt tout se calma, l’hironde bien calée dans son nid.
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Keizo ne semblait pas physiquement entamé par son ballet au milieu des arbres. Il sourit à Mu avec espièglerie en balayant le paysage de la main :
— Je t’offre une balade sur les sentiers du ciel.
Le cœur de Mu rata un ou deux battements. Il voulait l’emmener, elle ? Bien sûr qu’elle le suivrait à peu près n’importe où ; sauf que là, ce n’était pas un peu extrême ? S’imaginait-il qu’elle s’exerçait régulièrement à déambuler dans les arbres sur des branches rendues glissantes par la pluie ? Avec du vide partout autour ? En haut, en bas, à droite, à gauche ? Était-il devenu cinglé ?
Bryn fit mine de les accompagner, tandis qu’Ennius ne bougeait pas, livide, encore plus renfrogné qu’avant.
— Bryn et Ennius, vous restez là pour surveiller la situation. Prévenez-nous de tout changement.
Ennius parut rasséréné, tandis que Bryn entamait une protestation, coupée par un regard aigu de Keizo
— J’ai besoin d’un pilote de réserve, pour venir nous chercher en cas de problème, pas d’une nounou. Je connais cette jungle.
— Comment tu le sais ? rétorqua Ennius, toujours disposé à prouver ses théories sur la présence d’Eshan au fond de la tête de Keizo.
Keizo plissa les yeux et le gratifia d’une mimique agacée. Il présenta sa main à Mu. Elle ravala les excuses qu’elle préparait pour se défiler : puisqu’il sollicitait sa compagnie, elle n’allait quand même pas refuser ? Non, inconcevable.
Elle le suivit à l’extérieur. Ça commençait bien : pour prendre pied sur la première branche accessible, une pièce solide dont le diamètre devait dépasser les deux mètres, il fallait sauter depuis la porte, décalée d’un bon mètre. Keizo venait de se rétablir souplement sur l’écorce rugueuse et il lui tendait une main. Elle se demanda pourquoi il n’avait pas plutôt réclamé la présence d’Ennius. C’était son père qu’ils allaient secourir, après tout ! Il répondit avant qu’elle ait ouvert la bouche :
— Il a le vertige ; et puis tous les Ioniens ont une sainte horreur de la forêt. Ils refusent d’en voir la beauté. Toi, tu vas aimer.
— C’est un test de ma confiance en toi ?
— Tu ne me crois pas capable de te protéger ?
— J’ignore de quoi tu es capable. Ou incapable. C’est bien ça qui me fait peur !
Elle atterrit lourdement sur la branche, à demi déséquilibrée, et il la stabilisa d’une main ferme. Bryn leur tendit deux sacs qu’il avait soigneusement préparés durant le vol selon les consignes de Keizo. Il voulut y adjoindre deux armes :
— Pas la peine, Bryn, elles sont prévues contre les animaux qui rôdent au sol, pas à cette hauteur.
— Pas question que vous partiez si vous ne les prenez pas.
— Ah oui ? Tu vas faire quoi ? Me retenir ?
Pas vraiment de défi dans son ton neutre, pourtant Mu n’aurait pas aimé se trouver dans la peau de Bryn. Elle reconnaissait là, dans cette tranquille affirmation de soi, un trait de caractère de Keizo. Il ne se laissait pas manœuvrer. D’ailleurs, cela le définissait assez bien jusqu’ici. Il refusait avec obstination de se plier à ce que les autres attendaient de lui. Déjà, sur le Vieux Marp…
Bryn grogna sans esquisser un geste, figé par la menace implicite.
— Moi, j’veux bien, dit Mu diplomatiquement.
C’était sûrement idiot, mais avec une main sur l’arme et l’autre dans celle de Keizo, elle se sentirait parée pour affronter tous les périls, y compris une rencontre avec le père d’Ennius.
Keizo eut une mimique d’assentiment à l’égard de Mu, toutefois lui-même mit très ostensiblement sa main libre dans sa poche, la posture décontractée. Bryn tendit l’objet à Mu, puis il tourna le dos et rentra dans l’appareil sans un mot.
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Ils marchèrent près d’une heure dans le labyrinthe végétal, sous un crachin intermittent. Droite, gauche, haut, bas, il fallait trouver son chemin de branche en branche ; pour cela Mu n’avait qu’à suivre Keizo, puisque leur destination lui était inconnue. Il avançait avec régularité, la démarche souple, le pas léger, parfaitement à l’aise.
— Tu as l’air content, remarqua-t-elle. Joyeux, même. Je me trompe ?
Il ralentit et s’arrêta presque, pensif devant une bifurcation. Droite ou gauche ? Il s’engagea à droite avant de lui répondre.
— Oui, je me sens bien et je sais que nous ne sommes pas en danger ici. Mais il refuse de m’en dire plus.
— « Il » ? Comment ça ?
— Celui que vous cherchez tous. C’est comme s’il jouait à cache-cache aux quatre coins de ma tête et posait des petits indices par-ci par-là. Tiens, tu vois ces noix, là-bas ?
Des grappes noirâtres d’allure peu ragoûtante pendaient sous les feuilles allongées d’une plante accrochée à leur arbre.
— Eh bien, elles font partie des rares végétaux comestibles de toute la planète. Ça a un drôle de goût, c’est même franchement mauvais, pas très nutritif, mais ça hydrate et en manger ne te rendrait pas malade. Voilà, je ne l’ai pas appris depuis mon arrivée ici, c’est lui qui le sait.
— Alors là, c’est lui qui est content ?
— On pourrait dire ça, oui.
Cette conversation est trop bizarre, songea Mu. Elle sursauta quand il ajouta :
— Je me rends compte que c’est bizarre, Mu ; cette dissociation m’angoisse la plupart du temps, mais là je me sens bien, pour la première fois depuis des semaines.
Des semaines ? Il cachait bien son jeu. Keizo avait toujours l’air de dominer les événements et de contrôler ses propres sentiments. Si ce n’était qu’une façade, que dissimulait-elle ?
Ça aurait sûrement dû l’inquiéter, mais le bien-être de Keizo la contaminait. Elle avait rapidement perdu tout sens de l’orientation et se laissait guider en absorbant l’ambiance étrange de cette promenade aérienne.
Elle tâchait de ne pas regarder en bas, concentrée sur tout ce qu’il y avait à observer à leur niveau. Ils marchaient dans une lumière sanglante, filtrée par les feuilles écarlates accrochées au-dessus de leur tête. Des plantes envahissaient les branches qui les entouraient, agrippées telles des guirlandes, efficaces pour habiller le vide tout autour. Une véritable jungle perchée. Avec de grands bruissements d’ailes et piaillements d’indignations, des oiseaux s’égaillaient à leur approche en soulevant des nuées d’insectes.
Mu avançait le nez froncé : la vue était plus agréable que l’odeur âcre des fientes qui jonchaient l’écorce, mélangées à des feuilles en décomposition et à des plumes tombées. Le sol irrégulier et glissant représentait le danger le plus évident de leur entreprise. Une cheville tordue, passe encore, mais il n’aurait pas fallu perdre l’équilibre, sous peine de se retrouver aplatie cent mètres en dessous.
En fin de compte, elle n’aurait su dire si elle aimait ou détestait cette expérience, qui ne ressemblait à rien de ce qu’elle connaissait. Néanmoins elle n’avait pas peur, non, pas avec Keizo qui la guidait d’un pas élastique, sûr de la direction, et qui attirait son attention sur d’infimes détails : ici une liane colorée, là un reptile au corps jaune, ou encore, là, un creux rempli d’eau, baignoire pour un oiseau au plumage orange. Son intuition lui soufflait d’ailleurs que c’était Eshan qui lui faisait découvrir plantes et habitants de la forêt. Étrange… Un peu magique aussi. Elle avait presque oublié ce qu’ils venaient chercher quand une trouée de branches cassées apparut devant eux.
Tout est super bien pensé pour les besoins d’atterrissage de l’hironde et tout est si bien décrit qu’on n’a aucun mal à tout visualiser. Je retrouve aussi dans ce passage la forêt de Naelmo, même si celle-ci est encore bien plus menaçante et j’adore ça !
« Des effluves lourds de pourriture végétale pénétraient jusqu’à ses narines. » Le « lourd » me paraît superflu, on imagine très bien sans ça. Ou alors « De lourds effluves, etc. » Ou puissants aussi, ça marcherait pas mal. Mais je ne sais pas ce qui me prend, parce que je m’appesantis comme une malade sur un minuscule détail.
« Depuis la branche la plus proche, un oiseau à crête rouge le regardait d’un œil sévère. De son bec noir pendait un bout de chair sanguinolent. Miesko […]
Miesko frissonna… » Dans tout ce passage, il y a beaucoup de Miesko, certains pourraient peut-être être remplacés par « il ».
« Il se concentra pour la suivre, après avoir ordonné à ses implants d’augmenter sa vigilance défaillante. Ses idées s’aiguisèrent, ainsi que les douleurs qu’il ressentait un peu partout. On ne peut pas tout avoir. » Excellent !
« Il glissa sur le plancher de l’hironde, incliné à près de trente degrés ; à l’atterrissage, sa bulle s’était décrochée et avait roulé vers le fond jusqu’à se coincer dans ce qui restait du bloc sanitaire. » Je suppose que tu n’as pas voulu répété le mot Hirone, mais placé ailleurs il le semble que ça irait mieux, car on sait bien de toute façon où il se trouve « Il glissa sur le plancher incliné à près de trente degrés ; à l’atterrissage, sa bulle s’était décrochée et avait roulé vers le fond de l’hironde jusqu’à se coincer dans ce qui restait du bloc sanitaire. (encore du détail, mais c’est de ta faute, tu n’as qu’à pas écrire si bien)
« Sauvé par les toilettes ! Plutôt ironique pour l’honorable président de la Fondation. « excellent !
« Miesko se rejeta d’instinct en arrière et cogna la carcasse de sa bulle. « et se cogna contre la carcasse de sa bulle ?
« Aussitôt, affolés par les vibrations, des bataillons de volatiles agglutinés à l’avant se ruèrent en tous sens. » Je supprimerai « Aussitôt »
« De près, on découvrait un fouillis de branches de toutes tailles, dont certaines défendaient les lieux, pieux hérissés de belle longueur. » Très belle image !
« Celui que vous cherchez tous. C’est comme s’il jouait à cache-cache aux quatre coins de ma tête et posait des petits indices par-ci par-là. Tiens, tu vois ces noix, là-bas ? » Sur le coup, je n’ai pas compris, puisqu’en ce moment, tous cherchent Miesko. Peut-être peux-tu dire « Eshan, celui que vous cherchez tous » ? et remplacer tous les lui par Eshan, mais effectivement ça ôte l’aspect de distanciation que tu as créé. Quoique, pas tant que ça finalement.
Pour Miesko, je vais relire, mais au début au moins il est assez comateux, et réagit à la situation en mode "opérationnel" sans trop se poser de questions. Je vais voir si je n'en fais pas un peu trop...
Pour le Eshan, je vais le rajouter, on me l'avait déjà fait remarquer.
Rien de tel qu’une promenade dans les arbres pour décompresser après cet épisode stressant. :-) J’aime toujours tes descriptions, qui rendent l’environnement très réel.
C’est bien que Keizo ne se laisse pas manœuvrer, mais il ne faudrait pas qu’il fasse des choix par simple esprit de contradiction. J’espère que ça ne lui arrivera pas.
Quand Keizo commence à dire « il », on se demande de qui il parle. Apparemment, Mu donne la réponse à cette question à la fin du chapitre.
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Coquilles et remarques :
— Allaient-ils plonger dans une ce ces trouées [de ces]
— sur la couronne étalée symétrique [Cet enchaînement me semble bizarre ; « étalée et symétrique » ? ou « symétrique » entre deux virgules, peut-être ?]
— Les branches ployèrent sous le poids [On s’attend à un complément de nom « le poids de (...) » ; « sous son poids », peut-être ?]
— coupée par un regard aigu de Keizo [Il manque un signe de ponctuation après « Keizo ».]
— et piaillements d’indignations [d’indignation]
— Il y a deux fois « s’égaillaient » dans ce chapitre. Ce mot, de l’Ouest selon Robert, est suffisamment rare pour que la répétition soit frappante ; « se dispersaient » ou « s’éparpillaient » pourraient remplacer un des deux.
Tu as raison on peut se demander qui est "il", alors j'ai rajouté "Eshan" dans le premier dialogue, comme ça plus d’ambiguïté. Merci pour les remarques !
Je ne sais pas si j'aimerais m'y promener pour de vrai dans cette forêt, mais ça donne envie !
Je ne suis pas encore complètement à jour, mais ça faisait longtemps que je n’avais pas laissé de commentaire (et je ne voulais surtout pas que tu penses que j’avais décroché)
Eh non, j’ai continué, ce qui prouve que ça se lit vraiment tout seul <3 Tes si jolies descriptions (courtes mais d’une précision ou d’une douceur certaine, je te jalouse cette capacité) m’avaient manquées.
J’aime vraiment beaucoup la relation entre Keizo et Mu. Elle semble réellement éprise de lui (même si elle ne le dit jamais, c’est seulement Bryn qui le dit (ce qui montre qu’on pourrait réaliser que c’est autre chose)) ; elle paraît amoureuse, donc, alors que lui aime le fantôme sous les traits de Bryn. Une idée triste et belle, car Bryn a désormais l’air vraiment amoureux, et un triangle amoureux avec un mort (ou un carré) c’est poignant quand on s’y arrête deux minutes.
Par contre je pense que ça gagnerait à être clarifié immédiatement. C’est Bryn qui a un moment se dit qu’il doit lui rappeler quelqu’un. On ne sait pas d’où il sort l’idée et on réalise plus tard qu’il fallait la prendre pour acquis puisque Keizo lui retourne cette remarque cruellement.
Lors de leur première nuit (voire même au premier concert) est-ce que Keizo ne pourrait pas dire « ton visage m’est familier » ou « on s’est pas déjà vus ? » ; comme ça la phrase de Bryn ne sort pas de nulle part. Et du coup, il pourrait y avoir des coups d’oeil qui blessent Bryn, qui se révélerait attiré (ou en colère parce que ce n’est pas sa personnalité qui attire mais son physique ; il n’a pas l’air dérangé que l’armée l’utilise juste pour ça et non ses compétences. Je l’aurais imaginé avec un ego plus gros)
En fait, je dirais que le point « faible » du récit autour de ces chapitres, c’est que Bryn et Ennius n’ont pas de personnalités réellement marquées. Enfin, ils en ont une, et tu mentionnes parfois des choses, mais on le voit pas assez pour que ce soit marqué. Ennius, qui est un riche, n’a-t-il pas à se plaindre de la nourriture ou de l’absence de douche ? Lui donner un côté un peu pédant, un peu « moi je sais » ?
Mais j’ai bien aimé le réveil de Bryn et cet instant où la colère d’avoir vu ses compagnons détruits se retrouve éteinte par l’attraction qu’il a pour Keizo ; cette contradiction gagnerait à être retrouvée avant ou après, parce que ça plante la personnalité de Bryn. Amoureux de son ennemis, moi je trouve que ça l’identifierais bien.
Tu t’en doutes, ce dédoublement de personnalité de Keizo, entre Eshan et lui, me plaît énormément ! <3 On dirait qu’il y a encore pleins de trucs à apprendre sur lui et tu me reverras bientôt sur le dernier chapitre publié !
Pour la question du physique de Bryn, normalement, on sait d'ou sort l'idée. La question a déjà été soulevée entre eux dès leur première rencontre. Bryn sait dès le début qu'il a été choisi pour son physique, et Keizo/yalis le devine également. Maintenant qu'il sait qui est Keizo, Bryn comprend forcément qu'il ressemble à quelqu'un de son passé, mais il n'a pas voulu savoir à qui. Au chapitre 15, par exemple quand il revient sur sa nouvelle mission, Bryn explique son état d'esprit : "Bryn était tourmenté par la conscience de n’être qu’un substitut, le reflet de quelqu’un que Yalis – Eshan – avait aimé autrefois. "
C'est compliqué pour lui, c'est clair, car il ne sait pas si Keizo le voit lui réellement ou voit une image de son passé.
Ah non, Ennius n'a pas un côté un peu pédant, il est au contraire très peu sûr de lui et hésite à s'affirmer. Peut-être est-ce pour cette raison qu'il semble "manquer" de personnalité, mais c'est voulu. (tiens d'ailleurs, il se plaint de la nourriture, à un moment donné ! ^^)
Merci pour ce long commentaire, a bientôt !
Si je peux me permettre de répondre aussi à la question que tu as posé à Keina, je ne trouve pas du tout que les descriptions cassent le rythme. Elles m'ont plongées au coeur de la forêt, c'était fascinant.
Une question me taraude quand même : si Ennius se plantait? Si Keizo n'était pas Eshan? C'est curieux cette façon qu'il a de parler de lui-même à la troisième personne.
Il serait une sorte de clone, capable de développer sa propre personnalité et en ayant gardé des souvenirs de l'original...?
Ah, c'est marrant, ces doutes sur Keizo. personne ne l'a jamais évoqué encore... C'est vrai que ce serait possible...