– George.
La voix anormalement rauque de Fid tira Viya du sommeil dans lequel elle était plongée. Elle se trouvait toujours dans le fauteuil qu’ils avaient déplacé dans la cuisine, mais la pièce était baignée dans la pénombre. Le poêle allumé permettait de distinguer l’Intendant, qui veillait sur elle en buvant un thé assis à table, mais pas la haute silhouette du mentor de la jeune fille, perdue dans l’obscurité de l’embrasure.
– Ta voix, qu’est-ce qu’elle a ? murmura George, ignorant que la malade s’était réveillée. Et où étais-tu passé ?
Fid baissa un peu la tête. Ce fut toujours suffisant pour que la lumière du feu capture quelques mèches de cheveux rebelles et dans ses yeux, des ombres éperdues de terreur.
À leur vue, George se détendit comme un ressort, renversant sa tasse fumante.
– Par tous les livres, Fid… Qu’est-ce que tu as ? Est-ce que ça va ?
Ce dernier fit un pas vacillant. La lumière tamisée révéla son visage pâle, ses yeux rougis, son nez qui coulait et ses doigts tremblant sur le pommeau de sa canne.
– Non. Non, ça ne va pas.
Son timbre se cassa net. George contourna avec précipitation la table pour le rejoindre. Son épaule fut là à temps pour recueillir le poids de la tête de Fid, dont le corps tout entier ploya alors en avant, comme brisé par un fardeau.
– Ça ne va pas et ça n’ira plus, acheva-t-il dans un étranglement.
George l’enlaça. Viya était horrifiée. Jamais elle ne l’avait vu si vulnérable.
– Mais si, Fid, murmura-t-il d’un ton apaisant. Tes crises passent toujours, elles…
– Ce n’est pas à cause d’une crise, George. C’est Igane.
Le nom n’avait été que murmuré, mais il fit sursauter Viya avec tant de force que le livre ouvert sur ses genoux tomba au sol.
Dès qu’il prit conscience de sa présence, Fid se détacha de George et tourna la tête pour qu’elle ne voie pas son visage ravagé par les larmes.
– Qu’est-ce qu’Igane a fait ? articula-t-elle.
– Tu ne devrais pas être en train de dormir ? grogna-t-il d’un ton qui manquait de sa rudesse habituelle.
– Je l’étais, vous m’avez réveillée. Mais ce n’est pas grave. Qu’a fait Igane ?
Le Légendier passa une main confuse dans ses cheveux en bataille, un geste qu’elle ne l’avait jamais vu exécuter.
Il se débarrassa de son manteau et s’installa sur une chaise et joignit ses mains devant lui, sur lesquelles il fixa son regard, puis décroisa ses doigts pour poser ses paumes bien à plat sur la table en prenant une profonde inspiration.
– J’ai fait ce qu’a dit Eugénia. Je suis revenu en arrière, sur les lieux de la fusillade. Igane est arrivé là-bas peut-être trois minutes après moi.
Et il leur raconta le projet de l’Écrivain de faire tomber les Légendiers. Le récit qu’il avait pour cela décidé de bâtir - un récit qui ferait d’eux des monstres. La façon dont le trucage des Joutes aurait dû en poser les premières lignes, la manière dont le pamphlet qu’il avait rédigé avait eu pour but de pousser Viya à réagir violemment et qui, couplé à un travail de sape généralisé, finirait par faire se retourner une partie des membres des Corporations contre la Confrérie.
– Il ne s’arrêtera pas là. Il va s’en prendre à vous tous. Toutes nos histoires personnelles, dans son histoire… Ô, George, si tu l’avais entendu, cette jubilation dans sa voix…
L’Intendant posa sur son épaule une main réconfortante.
– Il y a seize autres Légendiers, mon ami. Il n’a pas le pouvoir de tous nous anéantir. Que pourrait-il bien reprocher à quelqu’un d’aussi intègre que Véra ? Ou d’aussi insignifiant que moi ?
– Il trouvera, murmura Fid, les yeux dans le vague. Nous sommes ses personnages et il est passé maître dans l’art de les développer. Tu as lu L’Horloge à rebours ? Chacun de ses protagonistes est fouillé, construit parfaitement… Il trouvera un moyen de vous rendre détestables, jusqu’à ce que la Confrérie s’écroule sous le poids des calomnies. Notre lien avec la Sororité nous expose. Je vous expose.
Les informations parvenaient à Viya à retardement, mais chaque mot de Fid finissait par exploser comme une petite bulle à la surface de son cerveau. Eugénia ne cesserait-elle donc jamais de vouloir se venger ? Fallait-elle qu’elle détruise aussi ceux qu’elle aimait ?
— Il faut montrer que c’est une histoire montée de toutes pièces, souffla-t-elle d’une voix enrouée. Montrer à tout le monde que c’est un mensonge. Il ne peut pas duper tout Hydendark.
Le Légendier eut un sourire amer.
– Là est précisément le problème. Dans une ville où les histoires sont reines, la vérité n’est qu’un récit parmi d’autres, tu le sais très bien.
Elle faillit rétorquer, mais Fid leva soudain sur elle un regard victorieux.
– En revanche, tu as raison sur un point. Il raconte une histoire, et il y a un défaut dans l’intrigue. Nous allons le battre grâce à ça !
George soupira.
– C’est une métaphore, mon cher. La vie n’est pas une histoire.
– Si, tempêta Fid d’une voix que l’alcool rendait pâteuse. La vie est très exactement une histoire et il y a un accroc dans sa trame ! C’est une simple sensation, mais je suis sûr qu’il y a quelque chose, je…
Il s’interrompit. Ses yeux semblaient parcourir un schéma qui aurait flotté devant lui et que lui seul pouvait voir. Viya ressentit une pointe d’angoisse. De là où elle se tenait, elle remarquait le renflement que faisait la fiasque dans la poche de son manteau. Il avait suffisamment bu pour ne plus être tout à fait maître de lui-même.
L’expression fermée de George révélait la même inquiétude. Il se pencha cependant vers le Légendier et demanda de sa voix douce :
– Ah oui ? Et quel serait donc cet… accroc, je te prie ?
Il s’attendait sans doute à ce que son ami ne parvienne à répondre et réalise le non-sens dans lequel il se trouvait. Mais Fid fronça les sourcils, en proie à une intense concentration. Soudain, il sursauta et eut un mouvement de tête vers la jeune fille.
– L’élément déclencheur. C’est Viya. D’ailleurs, félicitations, ma chère. Un rôle pivot dans une histoire, ce n’est pas rien. Qui eut cru que tu pourrais te voir offrir ce genre de partition ?
– Bon sang, Fid, siffla George entre ses dents.
– Pardon. Je me concentre. Oui, voilà, j’y suis. Elle n’était pas chez nous il y a quelques semaines à peine. Elle n’était pas dans le plan de base d’Igane. D’ailleurs, il me l’a dit, vous voyez. Pourtant, c’est par elle qu’il a commencé. C’est sur elle qu’il a centré tous ses efforts et ses attaques, alors qu’elle est insignifiante. Désolé, je veux juste dire qu’il n’aurait pas eu à se soucier de toi. Bref, pourquoi donc s’attaque-t-il à elle avec une telle virulence ?
– Tu nous as dit qu’Igane voulait t’atteindre à travers elle.
– Certes, mais n’oubliez pas : lors de la fusillade, la première balle la visait elle. Nous pensions qu’Igane voulait avorter une alliance entre nous et la Sororité, mais ce n’est pas ça. Alors, qu’est-ce que c’est ?
Viya et George restèrent dubitatifs. Un air réprobateur passa sur le visage de Fid.
– Eh bien, répondez ! Vous lisez, quelques fois ? Hmm ? Oui ? Formidable ! Alors, dans une histoire, qu’est-ce qui le pousserait à s’attaquer à…
L’Intendant tapa du plat de la main sur la table.
– Il n’y a qu’un seul moyen de s’opposer à Igane et c’est d’aller voir le Conseil pour tout lui raconter, pas de disséquer son supposé scénario pour trouver une faille qui le ferait tomber ! Et je suis désolé si ce n’est pas une issue assez romanesque pour toi, mais c’est la vie !
– Il attaque Viya parce qu’elle sait quelque chose ! hurla Fid. Et cette chose nous donne sur lui une avance significative. Ça se passe toujours comme ça.
– Ça suffit ! s’emporta George. Tu ne peux rien déduire de ça ! Rien ! Tu es ivre et tu racontes n’importe quoi !
— Je sais qu’Eugénia était l’ancienne Protectrice, mais rien d’autre.
Viya regretta d’avoir signalé sa présence à l’instant où le regard de Fid se posa sur elle. Il se leva pour s’approcher d’elle d’un pas chancelant et se rattrapa aux accoudoirs du fauteuil où elle était assise plus qu’il n’y posa les mains.
– Si. Tu sais quelque chose. Forcément. Découvre ce dont il s’agit et nous aurons une longueur d’avance sur lui. Qu’est-ce que toi seule sais que nous autres ignorons ? Réfléchis. Réfléchis !
– Je ne sais rien. Je suis fatiguée, je vais me coucher.
Elle sursauta quand les paumes de Fid vinrent tout à coup encadrer son visage.
– RÉFLÉCHIS !
Son hurlement inhumain fit trembler les vitres.
Le silence qui suivit fut terrible, à l’aulne de l’onde de peur qui avait saisi Viya.
Pour la première, Fid l’effrayait. Avec ses yeux écarquillés, son teint blême, ses traits déformés par l’angoisse, il ne se ressemblait plus. Elle l’avait déjà vu ivre, exalté, colérique, mais jamais désespéré. Il avait toujours gardé une forme d’élégance et de raison, même quand sa pensée fuyait sous l’effet de l’alcool. Un contrôle sur sa voix et ses pensées, à défaut de son corps. Fid disciplinait son esprit, parce que c’était tout ce qu’il possédait. Et désormais il le perdait.
Elle l’avait déjà vu sombrer lors de la fusillade, mais c’était sans commune mesure avec l’état dans lequel il se trouvait à présent.
– Lâchez-moi.
Il cligna plusieurs fois des yeux, comme s’il réalisait brutalement qu’il tenait la tête de la jeune fille entre ses mains, lesquelles la recouvraient pourtant entièrement, de la racine de ses cheveux à l’angle de son menton. Il rompit le contact.
George se racla la gorge.
– Je vais prévenir Véra de ce que tu nous as confié, Fid. Ne te méprends pas, je prends tout ça très au sérieux, mais il n’y a rien que nous puissions faire ce soir et encore moins en suivant… ta méthode.
À leur grande surprise, le Légendier acquiesça sagement et empoigna son manteau.
– Je vais conter, répondit-il face à leurs mines étonnées.
– Tu fais une crise et tu es bouleversé, tu as besoin de repos.
– Non, j’ai besoin d’histoires. Si Igane réussit, c’est peut-être l’une des dernières fois.
Il enroula avec des gestes tremblants son écharpe autour de son cou et se dirigea en claudiquant vers la porte d’entrée.
– Fid, je ne peux pas te laisser sortir dans cet état !
– Je vais parfaitement bien.
Il posa sa main sur la poignée, résolu. Ses doigts, pourtant, peinaient à tenir le pommeau de sa canne tant ils étaient agités de spasme.
– Contez pour moi, lança alors Viya dans une ultime tentative pour le retenir.
Il se retourna avec un petit rire cynique qu’elle ne lui avait jamais entendu.
– Tu n’as pas de quoi m’embaucher, gamine.
– Non, mais considérez que vous contez gratuitement pour vous faire pardonner, répliqua-t-elle sans se démonter.
– Me faire pardonner quoi ?
« De m’avoir entraînée dans ce chaos. De m’avoir abandonnée pendant la fusillade parce que vous étiez en prise avec vos fantômes. D’avoir ce caractère odieux ». Elle se contenta de hausser les épaules. Immédiatement, le visage du Légendier prit cette expression figée qu’il avait déjà revêtue lorsqu’elle l’avait accusé d’avoir cherché à la manipuler, lorsque la Confrérie avait songé à la déclarer coupable du trucage des Joutes.
Sa corde sensible. La simple possibilité qu’il ait pu blesser autrui le plongeait des abysses de remords. Et voilà qu’Igane le transformait aux yeux de tous en un monstre froid, sans cœur… Comment s’étonner qu’il perde pied ?
Lorsqu’il revint vers elle et raccrocha son manteau, George eut un discret soupir soulagé.
Son mentor tira une chaise sur laquelle il se laissa tomber plus qu’il ne s’assit, mais lorsqu’il parla sa voix avait retrouvé sa clarté, comme si la perspective de conter lui conférait une force nouvelle.
– Qu’est-ce que tu veux que je te raconte ?
– Le chant huit de L’Odyssée.
– Tu es censée le lire.
– Et vous, vous êtes censé répondre aux attentes de votre public. Ce soir, c’est moi qui vous engage. Puisque mon état ne me permet pas de le lire, vous allez le lire pour moi. Vous l’avez bien appris par cœur, n’est-ce pas ? Ou bien cherchiez-vous à frimer ?
Il la dévisagea avec un léger étonnement. À vrai dire, Viya était déroutée par son propre aplomb. Mais Fid déraillait. Elle avait besoin de savoir qu’il était bien, au fond de lui, cet homme de génie qu’elle avait cru entrevoir par instant. Pas cet être apeuré et bourru, noyé dans les vapeurs d’alcool.
Contre toute attente, Fid ne s’offusqua pas. Il se contenta de lui adresser un regard de défi.
Et sa voix de conteur, soudain, résonna dans la cuisine. Son corps peu à peu cessa de trembler, son visage reprit des couleurs.
Il ne lâchait pas Viya des yeux et elle voyait l’histoire nettoyer avec patience les ombres dans son regard pour les remplacer par de francs éclats de lumière. Sa respiration gagnait en ampleur, les mots montaient de lui, son timbre les caressait, ses lèvres les expiraient. C’était Fid à nouveau, professionnel et concentré.
George s’était approché. Il écoutait lui aussi, avec une oreille différente de celle de Viya. Alors que la jeune fille se laissait captiver par cette métamorphose, elle remarqua que l’Intendant conservait un pli soucieux au milieu du front. Lorsque le regard de l’adolescente quitta un très bref instant celui de Fid pour croiser celui du vieux Légendier, elle comprit.
Il viendrait un temps où plus aucune histoire ne les sauverait. Fid allait être trahi par ses plus fidèles amies. Ses compagnes d’encre qu’il avait chéries depuis toujours se retourneraient contre lui.
Mais la voix de Fid, déjà, faisait son office, entraînant loin, très loin la jeune fille, dans ce pays que l’on nomme la Grèce
Viya se retrouve autour d’un banquet, et elle sent, dans les tréfonds de son âme, le chaos d’émotions qui bouillonne en Ulysse, alors qu’un poète chante ses exploits. Dans la pièce, nul ne sait qu’il a, en face de lui, le héros des légendes, mais l’homme d’Ithaque, lui ressent encore dans ses os ce qui est devenu un récit accroché à des notes de musique. Ce sera donc cela, ce qui lui survivra. Sa vie mise en mots par un autre, si loin et proche de la vérité en même temps.
« Comme pour Fid, comme pour moi », a-t-elle le temps de penser, mais la voix du conteur la rattrape avant qu’elle ne sombre dans l’amertume et la dépose à nouveau dans la chaleur du festin. Elle y demeure, point d’ancrage dans les brumes de sa fièvre. Elle écrase avec Ulysse une larme sur sa joue, elle entend une musique qu’elle ne connaît pas, elle rêve d’Ithaque au milieu des chants.
Lorsque des coups brutaux furent frappés à la porte et que Fid se tut, Viya n’eut pas la force d’ouvrir les yeux. Ce fut à peine si elle discerna le pas de George qui se dirigeait vers l’entrée.
Il y eut des paroles échangées à voix basse dans le couloir. Puis deux phrases résonnèrent et emportèrent tout.
– Vous êtes en état d’arrestation. Nous vous escortons tous les trois au Palais-Citadelle, afin de vous interroger.
Très fort cet enchaînement de chapitres. C'est génial de voir Fid très en difficulté, à la limite de la folie, effrayant parce qu'il refuse de chuter. C'est bon aussi de le voir reprendre contenance en contant son histoire.
Très intéressante cette promesse faite avec le titre du chapitre finalement "déçue" même si pas complètement écartée. Ce serait donc Viya qui connaîtrait la faille... mais laquelle ? comment ? Le suspense et la tension ne cessent de monter !
Toujours un plaisir,
A bientôt !
Merci beaucoup pour tes commentaires que je lis toujours avec un immense plaisir !
Je me questionne beaucoup sur l'avenir à donner à cette histoire (réécrire ? autoéditer ? tenter des envois aux ME ?) et tes retours me donnent envie d'y réfléchir plus sérieusement :-)
J'essaierai de prendre le temps de répondre plus en détail à tes remarques ! Merci beaucoup de prendre le temps de m'écrire malgré mon immense retard pour te répondre ! Et merci, surtout, pour ton enthousiasme précieux ! <3
Je comprends tes questionnements. C'est vraiment pas évident de revenir sur une ancienne histoire / réécrire.
De mon pdv, ton roman a énormément de potentiel mais rien ne presse. Prends le temps qu'il faut pour y revenir (=
Je t'en prie ! C'est un plaisir pour moi de lire ton histoire !
Cette faille dans l'intrigue, je me demande bien laquelle c'est ! Pour le coup je suis team Fid et pas team George, faut trouver la faille et peace and love, retour des papillons et des oiseaux qui chantent. Haha, non mais sérieusement, je crie à Viya, comme Fid l'a fait : réfléchiiiiiiiis.
Sinon, la fin : aargh, qu'est-ce qu'il s'est passé encore pour qu'ils soient en état d'arrestation... ? Ca donne envie de lire la suite !
Bisouille <3
Je suis contente de voir que tes interrogations ont trouvé des réponses ! C'est peut-être le défaut de lire chapitre par chapitre, de faire des pauses qui coupent la dynamique générale de l'intrigue. (Même si je pense que tu as raison quant au fait que Fid est trop "faible" d'emblée au début de chapitre précédent). Bien sûr, des retours sur tous les chapitres ou presque c'est aussi super utile <3
Tu verras bien, pour cette mystérieuse faille dans l'intrigue ;-)
Des bisous !
Oui désolée de lire qu'à chaque fois un chapitre haha, c'est juste que j'ai la fâcheuse manie de lire 53213 trucs en même temps, et du coup j'arrive pas à lire toutes les plumes que je veux si je lis plein de chapitres d'affilés dans une seule histoire :'( Désolée pour ça, je devrais peut-être plutôt focus sur 1-2 histoires au lieu de mille :/
Bisouille !
Aussi fou que ça sonnait, moi je pense que Fid même bourré a vu juste sur la faille dans l'intrigue ! Je pense qu'il y en a une, après tout, dans chaque intrigue, même les mieux ficelées, même les plus réputées dans notre monde, il y en a toujours une ! Alors il y en a forcément dans celle-ci aussi :)
C'est assez déroutant de voir Fid dans cet état, vraiment, le fait d'être victime d'une histoire le terrifie plus que tout ! Plus que les balles, les souvenirs de guerre... je suis assez curieuse de savoir pourquoi ! J'ai hâte de comprendre un peu mieux tout ce qui se passe dans sa petite tête :)
A plus !
Merci beaucoup pour ta lecture !
"Dans une ville où les histoires sont reines, la vérité n’est qu’un récit parmi d’autres" Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai adoré ce rappel que tu faisais. Et puis ça illustre bien ta plume simple et percutante.
"Pour la première, Fid l’effrayait. Avec ses yeux écarquillés, son teint blême, ses traits déformés par l’angoisse, il ne se ressemblait plus. Elle l’avait déjà vu ivre, exalté, colérique, mais jamais désespéré. Il avait toujours gardé une forme d’élégance et de raison, même quand sa pensée fuyait sous l’effet de l’alcool. Un contrôle sur sa voix et ses pensées, à défaut de son corps. Fid disciplinait son esprit, parce que c’était tout ce qu’il possédait. Et désormais il le perdait." Même si c'est une facette loin d'être glorieuse, on retrouve bien LE Fid dans ce passage et c'est un peu cette essence qui me manquait dans le chapitre précédent au moment des révélations (si ça peut éclaircir la remarque que j'avais faite). Et j'aime beaucoup car tu ne réduis pas son personnage à un "dark side" qui laisse totalement de côté ce qu'il est vraiment : cet aspect-là fait aussi partie de lui, aussi terrifiant et odieux soit-il. (Bien que ce soit plus ou moins charismatique pour un personnage romanesque.)
"Il la dévisagea avec un léger étonnement. À vrai dire, Viya était déroutée par son propre aplomb. Mais Fid déraillait. Elle avait besoin de savoir qu’il était bien, au fond de lui, cet homme de génie qu’elle avait cru entrevoir par instant. Pas cet être apeuré et bourru, noyé dans les vapeurs d’alcool." Hyper intéressant car on se rend compte que l'influence qu'il a sur elle peut aussi être un moyen pour lui de renouer avec lui-même. L'influence qui se glisse dans leur relation ne se limite donc pas à un simple "copié-collé" : c'est plus complexe et elle n'est pas sans conséquences.
"Viya se retrouve autour d’un banquet, et elle sent, dans les tréfonds de son âme, le chaos d’émotions qui bouillonne en Ulysse, alors qu’un poète chante ses exploits. Dans la pièce, nul ne sait qu’il a, en face de lui, le héros des légendes, mais l’homme d’Ithaque, lui ressent encore dans ses os ce qui est devenu un récit accroché à des notes de musique. Ce sera donc cela, ce qui lui survivra. Sa vie mise en mots par un autre, si loin et proche de la vérité en même temps." Ce passage est magnifique. Il est très bien écrit et bouleversant quand on s'y projette nous-même à la lecture de ton histoire à toi, tout en ayant en tête la force que peuvent avoir les histoires (une force à laquelle tu rends hommage avec tant de subtilité : c'est là une des grandes qualités de CQDLL). Bravo pour ce beau moment <3
Et la fin, brutale dans l'action mais pas abrupte dans la lecture, fait bien résonner ce passage tout en le ramenant à la réalité et à cette intrigue dont on a envie de tirer toutes les ficelles. Trop hâte de lire le reste :D
Attention : "Mais la voix de Fid, déjà, faisait son office, entraînant loin, très loin la jeune fille, dans ce pays que l’on nomme la Grèce" Il manque un point final (ou pire : un bout de phrase ?)
Merci, tu as raison il manque un point ! ^^
Pourtant, Igane avait prévenu Fid, si je ne me trompe pas, qu'ils n'auraient même pas le temps de prévenir ou de rejoindre les autres Légendiers sur l'archipel. J'y ai pensé au début du chapitre, mais comme Fid n'en faisait pas mention, je me suis dit que j'avais dû mal comprendre. Alors Fid a-t-il eu un nouvel excès de confiance ou a-t-il simplement oublié ? De même, quand Fid commence à conter, je me suis dit "mais est-ce qu'ils ont vraiment le temps pour ça ?". Bon, ben, la réponse était non XD
J'ai un peu ragé à cause de cette phrase : "Eugénia ne cesserait-elle donc jamais de vouloir se venger ?" J'ai trouvé que c'était un peu égocentrique de la part de Viya de ramener de nouveau les choses à Eugénia et à elle, alors que Fid est en train d'expliquer que le véritable ennemi, c'est Igane et non Viya. Quant à cette phrase-là : "Fallait-elle qu’elle détruise aussi ceux qu’elle aimait ?", j'imagine qu'elle fait référence à la Sororité ? Dans ce cas, il est facile de comprendre pourquoi Eugénia veut s'en prendre à la Sororité : elle l'a rejetée, je ne suis pas sûre qu'elle les "aime" encore.
Tout le chapitre est intense et encore une fois, très bien écrit. Le passage en italique est vraiment très bien.
Vivement la suite !
Pour répondre à ta remarque, Igane a prévenu Fid qu'il ne pourrait pas voir une dernière fois ceux qu"il aime parce qu'ils sont sur l'Archipel et que Fid n'aura pas le temps d'y aller (et pas le courage). Mais bon, il lui reste George et Viya ^^