Michel a pris sa retraite en 1962, année du déclassement des Type 1. On lui avait proposé de rouler sur une "Jeep", les fameuses locomotives venues du canada en 44. Il avait refusé, estimant avoir fait son temps. Toutes les locomotives du type 1 ont été feraillées rapidement... sauf la sienne! Un groupe de passionnés avait su la préserver de ce triste sort. Michel est vieux maintenant. Aujourd'hui ce même groupe de passionné ont mis SA locomotive sous pression à l'occasion d'un voyage touristique. Il veut en profiter pour aller saluer sa machine une dernière fois. Elle est splendide, brillante de mille feux, soignée avec beaucoup d'amour par ces jeunes formés à la conduire. Il va parler aux mécaniciens, leur racontant sa vie avec elle. Ils sont impressionnés et laissent Michel s'installer aux commandes de sa chérie le temps d'une manœuvre. Rien n'a bougé, il sent tout de suite la machine vivre sous ses pieds, son grognement caractéristique n'a pas cessé. Elle a même gardé sa nervosité au démarrage malgré son grand âge. Les mécaniciens sont ébahis par la maîtrise et la minutie de Michel qui met l'immense machine en mouvement sans aucun problème et tout en douceur. La machine, comme pour saluer son ancien compagnon, lâche un court jet de vapeur via ses soupapes. Michel lui répond par un long sifflet en guise d'adieu et verse une larme d'émotion.
Le soir, Michel se couche, fatigué mais heureux. SA chérie est entre de bonnes mains. Il ferme les yeux, sourit, et lâche un dernier soupir.
Quelques mois plus tard, la locomotive connait d'importantes avaries à sa chaudière. Elle est mise à l'arrêt définitif et est exposée comme pièce de musée à Treignes où plusieurs locomotives belges dorment, attendant un avenir meilleur. Le lien était si fort entre l'homme et la machine, qu'ils se sont éteins la même année, reposant tous les deux en paix et dans un monde qui ne les oubliera jamais.