Je suis assomé par la quantité d'informations que je suis entrain de me mettre dans la tête. J'ai dix jours pour prouver aux Duhéëra qu'il faut faire la paix. Mais pour ça, je dois savoir comment va leur monde, ce qu'il en est advenu après la guerre. Alors après l'annonce de l'impératrice, j'ai passé la nuit aux archives à essayer de comprendre ce monde. J'en suis ressorti avec quelques connaissances et un bon mal de crâne. J'aurais bien voulu aller dormir dans la chambre que m'a attribué l'impératrice mais c'était plus facile de consulter ces ouvrages sur place. Je n'ai pas dormi de la nuit. Honnêtement, je suis épuisé mais si je m'endors, je vais perdre du temps.
Pour récapituler, j'ai appris qu'il y a très longtemps, un passage entre la terre et le monde des Duhéëra était ouvert en permanence et que chaque peuple pouvait circuler librement dans le monde de l'autre. Cette situation n'a pas duré longtemps : 31 ans seulement. Humains et Duhéëra se partageaient leurs récoltes et leurs connaissances. Mais un jour, un dirigeant humain vola une grande partie des récoltes saisonnières d'un Duhéëra. Ce dernier se vengea en assassinant le dirigeant et cela déclencha une vendetta puis une guerre qui se propagea bientôt dans la totalité des deux mondes. Chacune des deux espèces se faisaient des coups bas. Puis ils ont arrêté pour se donner corps et âmes à cette guerre. Les humains ont gagné et ont obligé les monstres à fermer le passage et à ne plus faire parler d'eux. En échange, les Duhéëra ne seraient plus dérangés et pourraient vivre en paix. Dans cette guerre, la mère de l'impératrice actuelle a été tuée. Depuis cette guerre, les Duhéëra entretiennent une immense haine envers les humains.
Je n'en reviens pas. Tout ce massacre... C'est pour un simple vol de récoltes ? Je souffle et je m'affale sur ma chaise. Peu après, Hyju vient me rejoindre. Elle se penche vers moi et me donne un rapide baiser :
- Alors ?
- Alors j'ai une migraine d'enfer et j'ai jamais autant potassé l'histoire. Même en cours. Je crois que je n'ai plus de plaçe dans mon cerveau...
- Pfff. N'importe quoi. Ce n'est pas si compliqué !
- Tu dis ça parce que tu as assisté à une partie de cette guerre. Mais moi, je n'y étais pas, alors bon... J'ai du mal à imaginer.
- J'ai pensé à quelque chose Liam.
- Oui quoi ?
- Eh bien... Comment fair la paix avec les Duhéëra alors que les humains en ont oublié l'existence ?
- J'y ai pensé. Déjà, on va commencer par notre village. Les habitants n'ont pas vu de monstres depuis longtemps mais ils n'ont pas oublié la guerre ! Après, il faudrait essayer de raviver les mémoires : certaines personnes en ont bien entendu parler ! Et enfin, on leur présentera les Duhéëra.
- Tu sais que ça ne marchera pas, que nous avons oublié les Duhéëra depuis trop longtemps pour pouvoir les re-rencontrer sans éprouver de peur !
- Eh bien tant pis , on fera passer ça pour une invasion extraterrestre ou je ne sais quoi, ils finiront bien par s'habituer !
Un silence s'installe entre nous. Puis nous nous mettons à rire : Une ivasion extraterrestre ? Et puis quoi encore ? C'est tellement improbable ! En même temps, il y a environs 5 mois, je ne pensais pas probable qu'il y ait un autre monde dans lequel vivent des monstres et que je rencontrerai une fille sortie d'un miroir qui vivrait depuis plusieurs siècles. Tout est possible ; le doute est permis. Je souris à Hyju et je me replonge dans ma lecture des archives.
~*~
Je ferme le dernier ouvrage qui émet un claquement sec. Je viens de finir de consulter toutes les archives. J'ai perdu ma matinée et je n'ai rien appris de plus. Mis à part que je peux lire très vite si je le veux vraiment. Je me lève de la chaise, courbaturé. Je comptais aller manger quelque chose puisque j'ai loupé le repas du soir hier mais l'impératrice m'attend a la sortie de la salle des archives.
Qund j'arrive, elle me lance un regard qui veut dire : " Suis-moi" et s'en va dans le couloir. Je me dépêche de la rejoindre. Je ne pose aucune question. Je n'ose pas. L'impératrice m'impressionne. Elle me conduit jusqu'à une porte de bois modeste qu'elle ouvre. A l'intérieur, une longue table, une multitude de chaises et, sur ces sièges, différents duhéëra. Il m'observent d'un air méprisant. Je détourné le regard, atrocement mal-à-l'aise. L'impératrice prend la parole :
- Bonjour à tous, dirigeants des 7 districts. Aujourd'hui, nous accueillons un humain parmi nous.
Des murmures emplissent la salle, aussitôt arrêtés par un claquement de langue de Ann' Berem l'impératrice.
- Je vous présente Liam Pollock. Le dernier chasseur de monstres.
A ce moment, un des Duhéëra se lève, il a l'air en colère.
- Vous avez perdu l'esprit madame ! Je ne veux pas vous insulter mais vous semblez vous ramollir depuis quelques temps. Inviter un humain, et un chasseur qui plus est, dans votre palais... Avez-vous oubli ce que les humains nous ont fait ?!
- Je ne vous permet pas de m'adresser la parole sur ce ton ! Si je vous ai convié, ce n'est par pour qu'on remette en cause mon autorité !
Le duhéëra baisse les yeux, soudain hésitant, et se rassoit. Ann' Berem continue :
- J'ai donné une chance à ce garçon. Il a dix jours pour me prouver qu'une paix serait profitable. Aujourd'hui, le sablier est retourné, le décompte commence. Je voulais vous le présenter.
Une femme quitte son siège. Avant de partir, elle lançe :
- Si c'est seulement pour ça que vous nous avez convoqués... Les présentations sont faites, la réunion est finie.
Les autres acquiescent et, chacun leur tour, quittent la pièce. Nous sommes de nouveau seuls. L'impératrice pousse un long soupire et semble lasse :
- Je suis navrée, Liam Pollock. Je pensais que mes fidèles dirigeants m'écouteraient.
- J'ai lu quelques choses sur votre système de gouvernement aux archives... Il n'y a donc qu'un seul empire ? Et le pouvoir est réparti entre 7 districts ?
- Oui, c'est cela. Retournez travailler maintenant, vous n'avez pas beaucoup de temps.
Elle a retrouvé son ton sec, celui de l'impératrice. C'est alors que je comprends à quel point il est difficile de gouverner un pays ravagé par une guerre, un pays qui ne s'en est toujours pas remis entièrement.