Cher journal,
Nous avons déménagé. Encore une fois.
Papa a été engagé pour écrire des articles pour le journal de monsieur Goebbels. Il est beaucoup plus petit que papa mais c’est un très gentil monsieur et il est allé à l’université !
Il a donné un ours en peluche à Klara et Anna-Maria, puis il nous a offert à Friedrich et à moi un magnifique poignard, à n’utiliser naturellement qu’en cas de besoin.
Il s’est montré très compréhensif avec nous et il a même proposé à papa qu’une dame de sa connaissance vienne à la maison pour s’occuper de mes petites sœurs.
Elle vient maintenant chez nous depuis début janvier : elle est très gentille mais elle ne remplacera jamais maman.
Maman est morte.
Nous nous promenions en ville et nous allions traverser une route quand un camion a foncé sur nous.
Papa a eu le temps de prendre Anna-Maria et Klara dans ses bras, puis de nous pousser sur le côté, mais maman…
Papa avait raison : les Juifs sont mauvais pour nous. C’est un Juif qui a tué ma maman.
Il n’a même pas cherché à arrêter son camion et il est parti très vite sans nous demander si nous allions bien.
Je pense que je ne pourrai plus jamais me rendre à Munich.
Sauf peut-être pour retrouver ce sale Juif. Papa sait qui il est, son nom était indiqué sur le camion.
J’espère qu’il sera très vite arrêté. Papa a été voir un ami de la Schutzstaffel pour lui demander de l’aide.
En rejoignant mes nouveaux camarades, ceux qui, comme moi, intègreront plus tard la SS, j’ai croisé un groupe de la Bund Deutscher Mädel. Parmi elles, j’ai repéré une très jolie fille, blonde comme moi. J’aimerais bien la revoir mais je ne sais pas comment elle s’appelle ni où se trouve sa maison. Je devrais peut-être demander à Friedrich de m’aider.
Werner