3. Skye King

Notes de l’auteur : Bonjour à tous,

Mes chapitres sont longs, car il n'est pas facile d'en poster sur ce site.

Bonne lecture !

Tout se passa si vite.

La voiture que faisait léviter Skye venait de frapper le bitume, la calandre la première comme un oiseau qui plonge dans l’eau pour attraper un poisson. Elle s’était écrasée à l’endroit où se tenait Ankhti, mais à part du verre brisé, de la carrosserie tordue, aucune trace du vampire. Je regardai la voiture lentement, mais bruyamment se renverser sur le toit et le grincement qu’elle fit en se balançant légèrement de droite à gauche pour se stabiliser, rendit la situation comique alors que cela ne l’était pas du tout. Mon cerveau n’arrêtait pas de me dire que si Skye et Zacharie ne gagnaient pas ce combat, je finirais avec la vampire et Dieu seul sait ce qu’elle allait faire de moi.

Je tournai la tête vers Zacharie, car il était le seul que je pouvais voir avec mes yeux d’humains. Il avait arrêté de faire tourner le bâton et ses yeux étaient concentrés à fixer quelque chose devant lui, au bout de la rue. Je l’imitai, mais à part un trouble, une sorte de floutage au milieu de la rue, je ne vis rien. Était-ce elles ? Allaient-elles si vite que cela créait cet effet ? Se bagarraient-elles ? Pourquoi Zacharie n’allait-il pas l’aider ?

Soudain, quelque chose de lourd tomba sur le toit de la voiture en face de moi, celle qui était censée me protéger. Le choc avait sûrement fait réveiller tous les habitants du quartier et fit éclater les fenêtres. Je reçus du verre coupé sur le visage, car je sentis des vives douleurs au niveau de la joue droite et du menton. Et malgré la peur et les pensées morbides qui me paralysaient, je réussis à reculer jusqu’à coller mon dos contre le mur comme mon cœur qui s’était réfugié contre ma colonne vertébrale. Je levai la tête pour voir ce qui s’était passé, car à part une météorite, je ne voyais pas ce qui avait pu atterrir sur la voiture. Mon cœur se serra entre mes côtes quand je vis que Ankhti s’amusait à assener au visage de Skye des coups de poings. Pourquoi ne réagissait-elle pas ? L’idée qu’elle soit morte me traversa l’esprit et je reçus comme une injection d’adrénaline mélangée à du courage. Je n’avais aucune idée de ce que j’allais faire, mais je courus vers elles.

Je tendis les bras en pensant les atteindre, mais je ne pus pas alors je me mis à hurler d’arrêter en secouant les bras comme une idiote. Cela ne changea rien. Ankhti ne m’avait pas entendu ou s’en foutait royalement. Je décidai, donc de grimper sur la voiture, car je savais que si je me mettais entre elles, la vampire arrêterait puisqu’elle me voulait vivante, mais je n’eus pas le temps. Une main autour de ma taille me ramena là où j’étais en une fraction de seconde, mais je refusais de faire comme lui, laisser ma meilleure amie mourir. Zacharie le devina, car il posa sa main sur mon plexus solaire et plus j’essayai d’avancer, plus sa paume s’enfonçait dans mon os. J’abandonnai à cause de la douleur et ouvris la bouche pour lui hurler dessus, l’ordonner d’aller l’aider, mais il disparut. Pourquoi ne faisait-il rien ? Pourquoi laissait-il Skye se faire tabasser ? Ankhti n’avait pas arrêté une seule seconde de la frapper ce qui me terrifia. Avait-elle encore sa tête ? Ne s’était-elle pas décrochée de sa nuque à cause de la violence des poings ? Ou avait-elle l’épaisseur d’une feuille maintenant ? Ou au contraire, continuait-elle de frapper parce que Skye était encore vivante ?

Zacharie se joignit enfin au combat en se mettant derrière la vampire. Ankhti s’arrêta et je dus plisser les yeux pour être sûre de ce que je voyais. Entre ses seins, une fleur, un lys ensanglanté venait d’apparaître comme dans la scène mythique d’Alien et quelque chose roula jusqu’à moi. C’était une boule noire déformée à certains endroits. J’écarquillai des yeux quand il se mit à battre comme un cœur. Que s’était-il passé ? Était-ce son cœur ? Comment était-il arrivé sur le sol ? Était-ce à cause de cette fleur ? Je levai la tête pour avoir une idée de ce qu’il pouvait bien se passer et là, je reculai sous la surprise. Ankhti s’était transformée en un jeune garçon qui lentement semblait se transformer en statue. Mon esprit avait jusque-là accepté pas mal de choses, mais c’était la goutte d’eau qui faisait déborder le vase. Mes jambes se mirent à trembler avant de flancher et je tombais à genoux au sol. Je fixai la fleur au milieu de son torse qui disparut et je compris qu’elle venait du bâton que Zacharie avait dans la main. Sans le moindre remord, Zacharie envoya un coup de pied dans la statue qui se brisa contre le sol. Comment ? Ankhti était-elle un homme ? Avait-elle le pouvoir de se transformer ? Pourquoi était-il devenu une statue ? Que se passait-il à la fin ?

— Non, mais quelle salope ! Hurla ma meilleure amie.

Je fus à la fois étonnée et soulagée de constater que ma meilleure amie était encore en vie après tous les coups qu’elle avait reçues. Zacharie l’aida à sortir du toit de la voiture, il déplia la carrosserie comme si c’était du tissu et quand Skye se pencha vers moi pour vérifier si je n’avais rien, je tombai violemment sur les fesses. Mon estomac se retourna comme mon cœur. Son visage était comme un tableau de Picasso. Son œil droit était au niveau de sa joue alors que celui de gauche se trouvait sur son front, son nez virait sur la droite et son menton était à deux doigts de se décrocher de sa mâchoire.

— Tu lui fais peur, murmura Zacharie.

Il avait raison, j’étais terrifiée. C’était horrible à regarder. Skye se toucha la figure pour découvrir les dégâts et malgré le fait que chaque partie de son visage s’était comme réfugiée vers tous les points cardinaux, elle réussit à grimacer.

— Ne t’inquiète pas, ma chérie. Ça va revenir à la normale.

Je ne sus pas quoi faire. Une voix me disait de m’enfuir et aussi rapidement qu’Usain Bolt, et une autre me prévenait que si je le faisais, je n’aurais aucune réponse à toutes mes questions.

— Ça va, toi ?

Elle souriait, mais avec ce visage déformé, ça faisait peur.

— Tu te fous de moi ? Demandai-je en la fusillant du regard.

Je regardai autour de moi, une voiture renversée au milieu de la rue, une autre défoncée et un jeune homme en mille morceaux au sol. Visiblement, je m’étais fait draguée par une vampire, ma meilleure amie avait le pouvoir de télékinésie voire plus et Zacharie, Dieu seul savait ce qu’il était. Comment voulait-elle que j’aille ?

— Elle le prend plutôt bien, murmura Zacharie.

— Je m’occupe d’elle et toi, nettoie, je ne veux pas avoir les Vatis aux fesses en plus d’Ankhti.

Il ne répondit rien et disparut dans les airs. Le temps que je cligne des yeux, on m’avait attrapé par la taille et je sentis à nouveau le vent fouettait mon visage. On se déplaçait rapidement. Ce voyage fut plus long que celui qu’Ankhti alors il me fallut de longues secondes pour me remettre de mes esprits quand nous arrivâmes dans la cuisine de Zacharie. Je regrettai d’avoir bu ses shooters crémeux, car mon estomac voulait les rejeter sur le plan de travail. Une bassine apparut sous mes yeux et Skye me tapota l’épaule.

— Ça te fera du bien, dit-elle avant de disparaître à nouveau.

Je posai ma main sur mon ventre pour sentir si j’allais vomir ce qui n’était pas le cas, mais malheureusement, j’avais fait l’erreur de lever la tête vers ma meilleure amie. Elle s’était changée, elle portait à présent un débardeur et un shorty noirs. Elle ouvrit l’énorme congélateur, en sortit une pochette de sang dont elle arracha l’embout avec ses dents et se mit à boire comme un bébé qui tète le sein d’une mère. Mon estomac ne le supporta pas. Je rejetai l’alcool que j’avais bu dans la bassine et Skye me donna une bouteille d’eau.

— Bois ça, m’ordonna-t-elle.

J’obéis, mais bus qu’une petite gorgée, car j’avais peur de vomir à nouveau. Je fermai les yeux et me massai les tempes, car j’avais besoin que mon corps soit d’attaque avant que mon esprit ne se mette à entendre des choses incroyables. J’avais un doute sur la réalité de ce que je vivais à cause de ma non-réaction. J’aurais dû m’évanouir, pleurer ou crier, mais j’agissais comme si tout cela était normal. Elle prit une autre pochette de sang qu’elle accompagna d’un énorme morceau de saumon et poivrons rouges crus. Que faisait-elle ? Je croyais qu’ils ne buvaient que du sang. De mes souvenirs, Skye m’avait toujours accompagné quand je mangeais.

— Donc, toi aussi, tu es un vampire ?

— Non, éclata-t-elle de rire. Je suis une fée, une Fata. Le bas de gamme des êtres surnaturels.

Ce mot, je l’avais entendu de la bouche de la femme qui m’avait dragué dans la discothèque et de Ankhti. Ce n’était pas une insulte comme me l’avait dit Skye. La femme qui m’avait dragué était-elle aussi un être surnaturel ? Elle n’aurait pas utilisé ce mot si elle ne l’était pas.

— Mais, le sang ?

Je n’avais pas lu la version de Peter Pan où la Fée Clochette buvait du sang.

— Oui, c’est obligatoire pour tous les êtres surnaturels. Tu verras que tout ce que tu penses savoir sur nous est complètement faux. La nourriture, c’est pour mes muscles, le cartilage et tout ça.

— Ben, déjà je pensais qu’ils n’existaient pas, dis-je avant de soupirer.

— Oui, j’imagine, rigola-t-elle.

Elle se mit à alterner entre le sang, le saumon et le poivron, et lentement son visage se mit à reprendre sa forme normale. J’en eus le souffle coupé. Skye avait supporté tous ses coups sans saigner, sans crier de douleur et son joli minois était revenu en quelques minutes comme elle me l’avait dit. Ma meilleure amie était incroyable. Quelque part au fond de moi, je l’avais toujours su, mais je n’imaginais pas qu’elle serait une fée. Je pensais qu’elle était un ange descendu du ciel pour me venir me sauver.

— C’est magique, hein ? Rit-elle.

Abasourdie, je ne fis que la regarder. Elle s’assit à côté de moi et me fit signe de boire de l’eau à nouveau. Je n’en avais pas envie, mais son regard insistant me gênait alors je bus une gorgée pour lui faire plaisir.

— Alors, ça va ?

— Euh… Bizarrement, oui.

J’aurais dû être effrayée par elle. Elle se déplaçait à la vitesse de la lumière, faisait léviter des objets et son visage était revenu à la normale, mais je me sentais en sécurité avec elle. Skye était ma meilleure amie et même si elle me disait être le diable en personne, je l’aurais quand même aimé. Je n’arrivais pas à imaginer ma vie sans elle.

— C’est sûrement l’adrénaline qui t’a aidé à tenir le coup.

Elle avait raison. Je m’étais sentie en forme pendant le combat, prête à sauver ma meilleure amie et depuis que je m’étais assise sur le tabouret et que j’avais vidé mon estomac, j’avais l’impression que mon âme avait quitté mon corps.

— Il y a très longtemps que j’ai eu mon diplôme de médecine, mais je pourrais prendre soin de toi, ma puce, me rassura-t-elle avec un sourire.

Je fronçai les sourcils. Quel âge avait-elle ? Elle avait le physique et la personnalité d’une fille de dix-sept, dix-huit ans comme moi.

— Je te parlerais de moi plus tard, murmura-t-elle avec un sourire au coin.

La tête lourde, je plongeai mon visage dans mes paumes.

— Est-ce que tout ça est vrai ? Expirai-je en me frottant les yeux.

— Malheureusement oui, ma puce. Tu n’étais pas censée découvrir mon secret, mais il fallait qu’Ankhti débarque, marmonna-t-elle en levant les yeux au ciel. Si tu dois en vouloir à quelqu’un, c’est Zacharie, pas moi.

Elle me montra ses paumes et je souris. Skye réussissait toujours à détendre l’atmosphère et cela dans n’importe quelle situation. Était-ce un l’un des pouvoirs des fées ?

— Je lui ai dit des millions de fois de la tuer pour qu’on soit tranquille, mais tu sais, les liens entre une mère et son fils sont compliqués.

— Pardon ? M’étranglai-je.

— Ce n’est pas sa mère, mère, mais celle qui l’a transformé.

— En vampire comme elle ?

Skye hocha la tête. Ils avaient les mêmes yeux qui visiblement n’étaient pas des lentilles, la même odeur et doigts glacés. Je pensais bêtement que c’étaient leurs façons de montrer qu’ils étaient des voleurs ou quelque chose comme ça, mais c’étaient simplement des vampires. Comment aurais-je pu le savoir ? On m’avait toujours appris que les vampires avaient la peau translucide et qu’ils ne pouvaient pas être au soleil. Ankhti avait la peau couleur sable et s’était promenée avec moi dans la canicule.

— Ankhti est une pédophile. Enfin, vu son âge, tout le monde est beaucoup trop jeune pour elle, rigola-t-elle.

— Quel âge, elle a ?

— Environ trois mille ans, dit-elle en pinçant la bouche.

Je m’étouffai de choc. Cette magnifique femme était sur terre depuis trente siècles. J’ouvris la bouche pour lui demander si elle se moquait de moi, mais Skye me devança.

— C’est ce qu’elle dit à tout le monde et d’après Zacharie, elle ne ment pas.

Je n’avais pas passé beaucoup de temps avec elle, mais j’avais bien compris qu’elle n’était pas une menteuse.

— Son délire est de transformer des adolescents, fille et garçon en être surnaturel, de coucher avec eux pendant un moment et ensuite, elle les tue, dit-elle en haussant les épaules. Et bien sûr, elle a eu un coup de foudre pour toi et voulait faire la même chose.

Mon cœur s’emballa. Que serais-je devenue si Skye et Zacharie n’étaient pas là ? Je me rassurai en me disant que je ne l’aurais sûrement jamais rencontré.

— Je pensais qu’elle m’avait approchée à cause de Zacharie ou pour t’énerver.

— Ava, elle t’a embrassé. Franchement tu t’attendais à quoi ? Aboya-t-elle.

J’écarquillai les yeux de surprise, car elle semblait très en colère. L’était-elle parce que je ne lui avais rien dit ? Ou parce que Ankhti m’avait embrassé ? L’idée que ça soit la deuxième me réconforta.

— Comment tu l’as su ?

— Ben, je l’ai vu. Cette salope, cracha-t-elle.

Elle serra les poings et je hurlai de peur en entendant le verre posé à côté de l’évier explosé. Skye s’excusa puis souffla.

— Je voulais la tuer. J’allais lui arracher le cœur, mais il y avait trop de témoins. Je savais qu’elle ne lâcherait pas l’affaire et j’ai été obligé de te faire venir à Londres, car je ne voulais pas que ta mère se retrouve au milieu.

— Donc, tu n’as pas de père ? Tu n’allais pas à New York ?

— Non, cet enfoiré est mort depuis un moment, éclata-t-elle de rire.

Je hochai la tête lentement. Elle m’avait donc menti tout ce temps, mais pourquoi ? Que cela changeait-il qu’elle ait un père ou pas ?

— On en reparlera, me jura-t-elle. On savait qu’à la seconde où tu serais à Londres, elle viendrait te voir à nouveau, car comme nous, elle a vécu ici, donc elle se sent en sécurité. Bon, j’avoue qu’on comptait faire ça dans ton dos, mais quand elle t’a attrapé dans la discothèque, j’ai eu la peur de ma vie.

Elle posa sa main sur son cœur et ferma les yeux quelques secondes comme si elle essayait de faire disparaître l’image de son esprit.

— Parce que si elle l’avait fait, le temps qu’on te retrouve, elle t’aurait sûrement déjà transformée.

J’avais du mal à le croire. Mon physique qui rebutait les humains, avait attiré une vampire de trois mille ans et si ma meilleure amie ne m’avait pas sauvé, j’aurais terminé comme esclave sexuel pour une folle. Qu’aurais-je fait si elle m’avait kidnappé ? Que serait devenue ma mère ? Elle aurait cru que j’avais quitté la maison ou pire. Rien que d’imaginer l’attitude que j’avais eue avec elle, le câlin que j’avais abrégé parce que j’avais peur qu’elle ne me laisse pas partir, soit mon dernier contact avec elle, me rendit triste. J’eus envie de l’appeler pour entendre sa voix, mais si je le faisais à cette heure, elle saurait que quelque chose clochait. Elle pourrait même venir et Ankhti pourrait la tuer.

— Merci, murmurai-je.

— Euh… Ce n’est pas encore fini, ma puce. Tu as bien vu que ce n’était pas elle, hein ?

Je me massai les tempes. Effectivement, Ankhti s’était changée en jeune homme alors j’imaginais que c’était encore de ses choses surnaturelles.

— C’était un Alomorfe, l’un de ses bébés, dit-elle en levant les yeux au ciel. Ils ont dû échanger de place avant qu’on se batte.

— Un métamorphe ? Demandai-je, stupéfaite.

— Oui, eux aussi sont des ratages de transformations. Normalement, un homme devient automatiquement un vampire et les femmes, des sorcières.

— Des sorcières ? M’exclamai-je.

— Calme-toi, ce n’est pas Harry Potter, rit-elle.

— Ah, murmurai-je, déçue.

— Pendant la métamorphose d’humaine à sorcière, ça donne des Fatas comme moi. J’ai leur vitesse, la peau impénétrable, l’immortalité, le besoin de boire du sang et la télékinésie, mais je ne peux pas utiliser de la magie. Et d’humain à vampire, ce sont des Alomorfes. Ils sont comme moi sans la télékinésie et la peau impénétrable, car comme ils peuvent se transformer en ce qu’ils veulent. Ils sont donc vulnérables.

— Et toutes les transformations réussissent ? Personne ne meurt ?

— Oh oui. C’est un long processus, soupira-t-elle.

— Mais, Ankhti est un vampire et c’est une femme, comment ça se fait ?

— Parce que c’est une hermaphrodite, mais je t’expliquerai ça de long en large, me promit-elle. Là, je pense que ce n’est pas le moment de te bourrer le crâne d’informations, rit-elle.

J’étais épuisée mentalement et physiquement, mais j’avais encore des questions. Zacharie arriva dans la cuisine sans prévenir. Je sursautai et il me montra ses paumes pour s’excuser. Il se dirigea vers le congélateur pour prendre une pochette de sang et j’avais du mal à contrôler ma colère contre lui. Il n’avait absolument rien fait. Il avait regardé Skye se faire tabasser en faisant tournoyer son bâton ridicule dans sa main.

— Ça va ? Me demanda-t-il en fronçant les sourcils.

Il avait dû remarquer mon attitude. Je ne répondis rien et me tournai vers ma meilleure amie.

— Mais, quand il est mort, il s’est bien changé en pierre ? Je n’ai pas halluciné ?

— Oui, rit-elle.

— C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes dans la terre, d’où tu as été pris ; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière, me dit Zacharie.

Il me semblait qu’il citait quelque chose.

— Tu n’as jamais lu la Bible ? S’étonna-t-il.

Ma mère n’était pas croyante alors elle ne m’avait jamais parlé de religion et je n’avais jamais ressenti le besoin d’en chercher plus. Il existait bien sûr une force invisible et invincible au-dessus de nous, mais cela m’importait de savoir comment elle s’appelait, comment la priait et l’honorait. Je ne dis pas un mot, il ne méritait pas que je lui adresse la parole. Je me tournai sur le tabouret de sorte que je ne croise pas son regard.

— Zacharie, le chrétien pense que ça prouve que nous n’avons pas d’âmes, dit Skye en levant les yeux au ciel. Mais c’est simplement parce que notre corps est différent. J’imagine que comme le sang reste en permanence autour du cœur, notre corps durcit.

— Hum… Et c’est normal, que le cœur soit une sorte de boule noire ?

— Oui, cela dépend du feu qu’on utilise lors de la transformation. Ankhti adore les yeux noirs alors elle utilise toujours du charbon.

Je le regardai, car effectivement ses iris ressemblaient à du charbon et je réalisai que leurs yeux étaient, donc le reflet de leur cœur.

— Mais Ankhti alors ? On dirait des pierres précieuses.

— C’est de la myrrhe, m’informa Zacharie avant de jeter sa pochette de sang dans la poubelle.

Je ne l’avais pas vu boire. J’imaginais qu’il ne voulait pas apaiser sa soif comme Skye l’avait fait, un bébé affamé pour éviter de me faire peur. Je ne réalisai qu’à cet instant que j’étais peut-être en danger. Ils auraient pu vouloir du sang chaud, mais j’avais du mal à penser qu’ils me feraient du mal après s’être donné tant de mal pour me garder en vie.

— C’est quoi ? Demandai-je à Skye.

— Une résine. Les Égyptiens ont été les premiers à en utiliser. Ils en brûlaient dans les rituels funéraires.

— Ava, m’appela Zacharie. Il y a un problème ?

Je tournai la tête vers lui avec une moue méprisante et sursautai en voyant qu’il s’était mis en face de moi de l’autre côté de l’îlot.

— Euh… Non, dis-je avec un faux sourire.

Je voulais en parler seule à seule avec Skye. Je ne connaissais pas Zacharie, il avait l’air calme, mais il était possible qu’il démarre au quart de tour si on le critique, et c’était un vampire.

— J’ai bien l’impression que oui, rigola Skye.

Ils me fixèrent longuement tous les deux et je n’eus pas d’autres choix que de vider mon sac.

— Il n’a rien fait. Tu n’as rien fait, dis-je en le fusillant du regard. Tu es resté là à regarder Ankhti la frapper encore et encore. Tu faisais tournoyer ton bâton ridicule.

En colère, je l’imitai en bougeant la main droite ce qui leur fit rire.

— C’est normal, ma chérie, dit-elle, hilare.

— Que ton meilleur ami te laisse te faire tabasser ? M’exclamai-je, choquée.

— Non, murmura-t-elle en caressant mon avant-bras pour me calmer. Zacharie est plus vieux…

— De seulement cent quatre-vingt-six ans, la coupa-t-il sèchement.

Je vis dans son regard que cette précision était très importante pour lui comme un humain dirait qu’il n’y a qu’un an ou deux de différence avec quelqu’un.

— Oui, mais tu es quand même plus rapide que moi, non ? Lâcha-t-elle en secouant la tête. Les fées et les sorcières encaissent mieux les coups alors quand on doit voler ou tuer quelqu’un, je sers d’appât et lui, s’occupe du reste.

— Donc, toi aussi, tu es une voleuse.

— Oui, mais ce n’est pas ce que tu crois, dit-elle, gênée. Je suis voleuse, mais… On te montrera, d’accord ?

J’eus envie de lui dire que c’était le fait qu’elle m’avait menti qui me gênait, pas qu’elle était une voleuse.

— Et ? Lui lança Zacharie.

— Et, je lui ai dit que s’il ne te surveillait pas, que s’il t’arrivait quelque chose, n’importe quoi, je le tuerais dans son sommeil et comme je ne fais jamais de menaces en l’air, il t’a protégé.

Elle pinça ma joue avec un sourire alors que Zacharie leva les yeux au ciel. Connaissant ma meilleure amie, elle avait dû le mettre sous une énorme pression.

— Je suis désolée, murmurai-je.

— Oh. J’ai l’habitude, je la gère depuis cent quatre-vingt-six ans.

Choquée, j’ouvris grand la bouche. Je regrettai d’avoir douté de son amitié. Pour qui je me prenais ? Je ne la connaissais que depuis un an et demi, et lui avait vécu minimum deux vies avec elle. Je n’arrivais pas à croire qu’ils avaient tous les deux plus de cent ans voire plus. J’avais beau scruter leurs visages en espérant trouver un indice de leurs âges, mais tout ce que je voyais était leurs stupéfiantes beautés.

— Tu veux connaître quel âge on a, hein ? Rigola Skye en appuyant sur mon nez. Moi, j’ai cent quatre-vingt-quatre ans. J’ai été transformé quand j’avais seize ans.

Je fus émerveillée par tout ce qu’elle avait pu voir et vivre. Elle avait dû faire dix fois le tour du monde voire plus et elle avait été présente aux moments importants de l’Histoire. J’imaginai qu’il fallait au moins un mois pour connaître toute sa vie. Elle tourna la tête vers Zacharie qui reprenait une pochette de sang dans le congélateur.

— Moi ? S’étonna-t-il.

— Zacharie est gêné par son âge, dit-elle en levant les yeux au ciel.

Je le regardai et il vit sur mon visage que je mourrais d’envie de le savoir puisqu’il soupira.

— Trois cent soixante-douze ans. Ankhti m’a transformé quand j’avais dix-huit ans.

— Incroyable, soufflai-je. Tu le voulais ? Vous vouliez vous transformer ?

— Je ne savais pas lire ni écrire à cette époque alors devenir immortelle, rit-elle.

Je regardai Zacharie, mais je vis qu’il ne voulait pas en parler, car il avait le dos tourné. Skye me serra la main, me faisant comprendre de ne pas insister et vu comment était Ankhti avec moi, j’imaginais que sa transformation n’était pas voulue.

— Je peux vous laisser quelques heures ?

— Tu veux dormir ?

— Oui, j’ai besoin de sommeil pour établir un nouveau plan, annonça-t-il, ennuyé.

— Attendez, quoi ? Demandai-je, choquée.

— Ne t’inquiète pas, on ne va plus te jeter dans la gueule du loup, me promit-il avec un sourire rassurant.

— Non, non, secouai-je la tête. Vous dormez ? Comme les humains ?

— Oui, trois ou quatre heures. Cinq après du bon sexe, rigola Skye.

— Vraiment ?

— Nous devons reposer nos muscles, expliqua Zacharie.

Je ne voyais pas pourquoi cela m’étonnait, car dans les livres, soit ils ne dorment jamais, soit ils le font, mais dans un cercueil. J’eus envie de leur poser la question, mais je n’avais pas envie qu’ils se moquent de moi.

— Tu as faim, ma chérie ?

J’eus un mouvement de recul, car elle s’était déplacée du tabouret en face de moi au frigo en moins d’une seconde. Je n’allais jamais m’y habituer. Mon estomac était vide, mais j’avais peur de manger, car je venais de vomir. Zacharie avait disparu de la cuisine.

— Une salade grecque ? Proposa-t-elle, le visage à l’intérieur du frigo. J’ai de la feta, des olives noires et du thon.

— Tu sais…

— Non, tu dois manger. Toutes les quatre heures, dit-elle en tapotant sa montre. En plus, tu as subi un choc.

Le regard qu’elle me lança me fit comprendre que je n’avais pas d’autres choix. Je ressentis le besoin d’être seule, de me poser quelques minutes pour réfléchir à tout ce qu’il venait de se passer et le digérer surtout.

— J’aimerais me changer, peut-être même prendre une douche ou…

Skye disparut sous mes yeux pour réapparaître une seconde plus tard.

— J’ai ouvert l’eau de la baignoire. Tu peux y aller, sourit-elle.

— Euh… Merci, murmurai-je, surprise.

J’avais du mal à croire qu’elle avait eu le temps d’aller dans ma chambre, d’ouvrir l’eau et de revenir, tout cela alors que j’avais à peine cligné les yeux. Je me levai du tabouret et fus surprise de voir qu’elle me barrait la route. Une seconde plus tôt, elle sortait les olives du frigo.

— Ce n’est pas que je n’ai pas confiance en toi, mais j’ai pris ton portable au cas où, m’informa-t-elle en l’agitant devant moi.

— Qui veux-tu que j’appelle ?

— Ben, Lena.

J’avais envie d’appeler ma mère, entendre sa voix, car j’avais frôlé la mort et visiblement plusieurs fois, mais elle saurait que j’ai un problème. Elle l’aurait su au son de ma voix ou elle le savait déjà à cause de l’instinct maternel.

— Tu sais que si je le fais, Fata ou pas, maman te ferait ta fête.

— Oui, je le sais, sourit-elle au coin. Mais, on ne sait jamais, je le garde avec moi par précaution.

— Si tu veux, dis-je en haussant les épaules.

Je vis qu’elle hésita à me laisser passer alors je fronçai les sourcils.

— Je peux te prendre dans mes bras ? Te faire un câlin ?

Je ne la compris pas, car elle était anxieuse et elle ne me demandait jamais si elle pouvait me faire des câlins. Elle le faisait que je sois occupée ou pas.

— Tu n’as pas peur de moi ?

— Quoi ? Soufflai-je, confuse. Pourquoi j’aurais peur de toi ?

Skye ne me laissa pas terminer ma phrase et me serra contre elle. Elle me surprit, car elle respira mes cheveux puis recula en me regardant droit dans les yeux. Comment pouvait-elle s’imaginer une seule seconde que j’avais peur d’elle ? Avant d’être une fée, un être surnaturel immortel avec des pouvoirs, elle était ma meilleure amie.

— Je t’aime, Ava, murmura-t-elle.

— Moi aussi, je t’aime, Skye.

Elle me regarda longuement comme si elle voulait me dire autre chose, mais se ravisa.

— Ok, sourit-elle, satisfaite.

Je fronçai les sourcils, car elle était plus bizarre d’habitude. Elle me claqua les fesses puis se dirigea vers le frigo à une vitesse humaine, mais en chantonnant. Hilare, je sortis de la cuisine et allai dans ma chambre.

 

Dans mon bain, je m’esclaffai comme une idiote. Je me moquais de moi-même. Comment avais-je pu être aussi aveugle ? Combien de fois avais-je blagué en disant que ma meilleure amie n’était pas humaine ? Je n’avais pas assez confiance en moi pour me vanter d’être la fille la plus intelligente du monde, mais j’aurais dû me douter de quelque chose et cela dès notre première rencontre. Skye était entrée la dernière dans la classe le jour de la rentrée sûrement pour savoir où s’asseoir sans poser de problèmes et il y avait eu un silence intriguant, car elle était particulièrement renversante ce jour-là. Elle portait un jean taille basse avec un chemisier assez transparent, car nous pouvions voir les belles courbes de ses seins au-dessus des bonnets. Je me rappelai que l’angoisse m’avait oppressée, car à la seconde où nos yeux s’étaient rencontrés, elle avait foncé sur moi. Je n’avais pas l’habitude qu’on s’adresse à moi gentiment alors j’avais cru qu’elle allait me dire de dégager, car elle voulait s’asseoir ici ou pire me frapper, mais elle avait un ange. Ensuite, toute la journée, je croyais vivre un rêve, car elle ne m’avait pas lâché et voulait tout savoir de moi. J’éclatai de rire en me rappelant qu’en rentrant à la maison, maman voulait que je fasse un dépistage de drogue, car j’étais heureuse comme jamais. Je n’arrivais pas à imaginer ma vie sans elle, qu’importe ce qu’elle était.

Entre les éclats de rire, des millions de questions me traversaient l’esprit. C’était très surprenant, car elles ne concernaient que ma meilleure amie et non, les êtres surnaturels. J’avais été embrassé par une vampire de trois mille ans et faillie devenir un esclave sexuel, je m’étais déplacée à la vitesse de la lumière, deux fois, j’avais vu un cœur encore battant sur le sol et une femme devenue un homme se transformer en pierre, mais mon esprit se moquait de tout ça. Pour lui, c’était normal comme si cela m’arrivait tous les jours. Ma préoccupation principale était Skye. Était-elle réellement américaine ? Pourquoi m’avait-elle dit que son père était un enfoiré ? Que volait-elle avec Zacharie ? Pourquoi était-elle dans mon lycée ? Décidait-elle de refaire ses années lycées encore et encore ? N’était-ce pas épuisant ? Inutile ? Pourquoi Zacharie ne l’avait pas accompagné ? J’imaginais que ça aurait été invivable pour lui avec toutes ses filles qui lui auraient couru après. Une question revenait sans cesse. Pourquoi était-elle devenue mon amie ? Avec la vie palpitante qu’elle avait, pourquoi perdait-elle son temps avec moi ? Qu’est-ce que notre amitié pouvait lui apporter ? Pourquoi moi ?

Le cri de mon estomac résonna dans la chambre alors je me dis qu’il était temps de sortir de mon bain. Je me séchai et m’habillai rapidement. Je voulus être confortable, débardeur et culotte, mais je me rappelai que Zacharie était avec nous alors je mis un short. Je marchai jusqu’au lavabo et me regardai dans le miroir. J’avais effectivement deux coupures sur le visage, une au-dessus de la pommette et l’autre semblait couper mon menton en deux. Ce n’était rien de grave, car elles n’étaient plus douloureuses et ne saignaient plus. Si ça ne guérissait pas avant notre retour à Paris, si on rentrait, j’allais devoir trouver une bonne excuse pour maman. Elle m’enfermerait dans ma chambre jusqu’à que je meure si elle apprenait que j’avais fréquenté des vampires. J’étais contente de constater que je n’étais pas fatiguée et que j’allais pouvoir discuter pendant des heures avec ma meilleure amie surtout si je me remplissais le ventre.

Dès que j’ouvris la porte de ma chambre, Skye me fit sursauter en apparaissant devant moi alors que je n’avais pas encore fait un pas dans le couloir.

— Finalement, je t’ai fait des cuisses de poulet. Dans quarante minutes, ça sera prêt, m’annonça-t-elle en me donnant un soda.

Je débouchai la canette et avalai trois bonnes gorgées, car le bain m’avait déshydraté.

— Tu veux voir ma chambre ?

Son regard s’illumina. Je compris que je n’avais pas vraiment le choix, mais c’était le meilleur moyen d’en apprendre plus sur elle.

— Bien sûr, souris-je.

Skye me prit la main et m’emmena jusqu’au bout du couloir. Nous nous arrêtâmes devant une porte violette ce qui ne m’étonna pas puisque c’était sa couleur préférée. Elle hésita longuement.

— Quoi ? C’est en bordel ? Rigolai-je.

— Non, non. J’essaie de me souvenir si tu as peur des serpents.

— Pardon ? Haussai-je un sourcil.

Je la fixai en attendant un éclat de rire, mais elle était sérieuse. Skye blaguait rarement.

— Avec Zacharie, on a récupéré ceux qui étaient venimeux, mais j’ai laissé Ron dans ma chambre. Il adore dormir avec moi.

Je n’eus pas le temps d’ouvrir la bouche, car Skye ouvrit la porte et quand je le vis, je fis demi-tour en hurlant « Non ! Non ! Non ! ». Morte de rire, ma meilleure amie me rattrapa par la taille et me retourna vers le serpent roulé en boule sur le carrelage. La bête d’au moins quatre mètres de long était juste en face de la porte et il me fixait. Je fus terrifiée, car vu son gabarit me manger n’aurait été qu’une formalité.

— Maman est là, s’exclama-t-elle en se penchant pour l’attraper. Tu as entendu ma voix, mon chéri ?

Le serpent s’enroula autour d’elle, des pieds à la poitrine et cela ne semblait pas la gêner. Elle le caressa en dessous de la gueule et j’en profitai pour reculer d’un pas. Je compris pourquoi elle ne m’avait jamais parlé de sa passion de ses serpents, car j’aurais tout de suite su que quelque chose clochait chez elle.

— Ava, je te présente Ron, sourit-elle.

Pourquoi l’avait-elle appelé ainsi ? Cet animal n’avait pas un seul ton d’orange sur sa peau et il était terrifiant ce qui n’était pas le cas du personnage dans le livre.

— Ron ? Haussai-je un sourcil.

— Ben, si je suis Harry, Zacharie est Hermione, à cent pour cent, dit-elle en faisant une grimace au coin, et lui, il dort avec moi comme Ron dort à côté d’Harry dans le dortoir.

Je hochai la tête pour lui faire croire que je comprenais sa logique.

— Et moi, je suis qui dans tout ça ? Fronçai-je les sourcils.

Skye disparut et revint sans le serpent autour d’elle.

— Toi, murmura-t-elle en pinçant mon menton avec son pouce et index. Tu es ma Ginevra Molly.

Elle posa un rapide baiser sur mes lèvres et je souris, touchée. Je savais très bien que Skye n’était pas amoureuse de moi, mais ce qu’elle ressentait était plus fort que l’amitié, car j’avais le même sentiment.

La chambre de Skye n’en était pas une, c’était plutôt un penthouse. Je n’en avais jamais vu de ma vie, mais je pariais qu’il était plus grand que la normale. Le sol en marbre ne me surprit pas, il y en avait partout dans cet immeuble, mais il était rose marbré avec des rainures violettes métallisées. Nous descendîmes les trois marches et pendant que j’étais subjuguée par la vue de Londres que m’offraient les baies vitrées, Skye partit vers le bar.

— Champagne ? Me proposa-t-elle.

Je n’eus pas le temps de refuser. Skye fit sauter le bouchon dans les airs. Que voulait-elle bien fêter ?

— Donc, c’est ça ta chambre ? Demandai-je en tournant sur moi-même, bouche bée.

Je ne voyais pas de lit alors j’imaginais qu’elle dormait ses deux ou trois petites heures sur le canapé et je me demandais si c’était pour paraître normal qu’ils avaient installés une cuisine et un salon dans l’espace commun puisqu’ils avaient déjà tout dans leur appartement respectif. Si j’avais un espace comme celui-là, il serait rempli de livres et de fauteuils où je pourrais m’évader à travers les pages.

— Ouais, elle est petite, hein ?

— T’es sérieuse ? M’emportai-je.

— Non. Tu devrais voir celle de Zacharie, on dirait Buckingham Palace comparé à la mienne.

J’avais beaucoup de mal à imaginer qu’il puisse avoir plus grand et me trouvai bête d’être étonné de leurs richesses, car c’était normal vu les années qu’ils avaient passés sur terre. Elle marcha vers moi et me tendit ma coupe. Avec un sourire, je trinquai avec elle et trempai mes lèvres pour lui faire plaisir.

— Allez, je te fais visiter ! S’exclama-t-elle, excitée.

Je sursautai quand elle me claqua les fesses. Au début, j’avais du mal avec ce geste d’affection, car c’était un peu douloureux, mais Skye adorait le faire alors j’avais dû m’habituer. Elle enroula son coude autour du mien et nous marchâmes vers le mur de trois mètres recouverts de photos et dessins, à gauche. Ma meilleure amie s’arrêta devant un dessin, le portrait d’un jeune homme noir et caressa sa pommette droite en soupirant.

— Je te présente Thomas. Mon premier amour, sourit-elle. Je suis née en mille huit cent trente-six à la Nouvelle-Orléans et même si la photo existait à cette époque, trois ans après ma naissance, les noirs n’y avaient pas le droit. J’ai fait ce dessin à partir de mes souvenirs, mais il m’a fallu à peu près cinquante ans pour qu’il soit parfait.

— Il est magnifique, murmurai-je. Moi, même après cent ans, je serais incapable de faire une chose comme celui-là.

— Merci, dit-elle, les joues rouges.

Je la regardai glisser son ongle sur les traits du visage de Thomas avec un sourire au coin de la bouche et me dis que c’était la preuve que l’amour pouvait être éternel.

— Sa mère et lui étaient nos esclaves, et quand mon père a appris que nous n’avions pas seulement échangé quelques baisers…

Elle s’arrêta et posa son index sur une vieille photo qui commençait à s’effriter sur les côtés, sur le visage d’un homme que je devinai être son père, car elle avait la même mâchoire. Je remarquai que sur la photo de famille, il y avait ses parents et une petite-fille qui devait être sa sœur, et qu’elle ne souriait pas et se tenait le plus éloigné.

— Regarde-moi ce gros porc de raciste doublé d’un enfoiré, cracha-t-elle. Il a pendu Thomas au-dessus de la fenêtre de ma chambre. J’ai vu son corps être dévoré par les asticots et encore aujourd’hui, je peux sentir l’odeur de pourriture.

Mon estomac se contracta en imaginant l’horreur de la scène. Je serrai sa main en compassion et elle but d’une traite sa coupe de champagne comme si elle essayait de faire disparaître un mauvais goût dans sa bouche.

— Ensuite, il m’a vendu à un bordel de Bâton-Rouge…

— Quoi ? Expirai-je, scandalisée.

— Ava, c’était les années mille huit cents, rit-elle. Heureusement que j’avais couché avec Thomas et que mon père refusait de passer après un noir, parce qu’à cette époque, avant que leurs filles se marient, les pères couchent avec elles en premier.

— T’es sérieuse ? Murmurai-je, nauséeuse.

— Oui, et malheureusement, c’est toujours d’actualité.

Je la pris dans mes bras et la serrai violemment. J’étais ridicule, car je m’en voulais de ne pas avoir été là pour l’aider et la soutenir.

— Thomas, dit-elle en regardant son portrait, avait fait promettre à sa mère de me sauver quoi qu’il arrive et elle l’a fait à contre-cœur. Elle m’a aidé à m’échapper du bordel et quand j’ai essayé de mettre fin à mes jours, elle m’a transformé avec l’aide d’une sorcière. Je me suis réveillée seule et avec tous ses pouvoirs alors bien sûr la première chose que j’ai faite, était d’arracher le cœur de ce gros porc. Ensuite, je me suis promenée dans toute la Louisiane et j’ai tué tous les connards qui lui ressemblaient jusqu’à qu’on m’arrête. Figure-toi que comme les humains, nous avons des gouvernements et des lois.

— Vraiment ? M’étonnai-je.

— Oui, mais c’est plutôt des monarchies. Cinq continents, cinq royaumes et au-dessus de tout ça, il y a Eden. C’est le…

Elle s’arrêta et me regarda longuement.

— Je ne sais pas si tu es prête à entendre ça, murmura-t-elle.

— Entendre quoi ? Qu’est-ce qu’il y a de pire que l’existence des vampires, des sorcières, des fées et des polymorphes ?

— Celle du Diable.

J’attendis qu’elle éclate de rire, mais je savais que Skye n’aimait pas blaguer et elle ne le ferait sur un sujet comme celui-là. N’étant pas croyante, pour moi, le Diable avait été inventé par les humains pour expliquer leurs péchés, pour pouvoir dire que ce n’était pas entièrement leurs fautes. Mais si les êtres surnaturels existaient, pourquoi pas lui ? Je devais me faire à l’idée que le monde n’était pas celui que je pensais, qu’il était différent de ce qu’on nous apprenait à l’école ou ailleurs.

— Eden est le troisième fils du Diable et c’est notre Roi suprême.

— Troisième ? Écarquillai-je des yeux.

— Pour ta santé mentale, ne me demande pas combien il en a exactement, rigola-t-elle.

Je hochai la tête en accord avec elle. Pour l’instant, de connaître qu’il n’était pas une invention me suffisait amplement.

— Alors le Roi de Primera dé… Primera, c’est la Maison-Blanche si tu veux, et elle gère les deux Amériques. Il débarque et m’apprend que je ne peux pas faire tout ce que je veux même si ce sont des retardés de racistes, marmonna-t-elle en levant les yeux au ciel.

Je ris silencieusement pour ne pas la couper.

— J’étais censée mourir pour ces crimes. Tu sais, les SinAlma ne sont pas tendres…

— Les quoi ? La coupai-je.

— Ah oui, pardon, s’excusa-t-elle en posant sa main sur mon épaule. Alma, c’est comme Moldu, un humain et les SinAlma, ce sont les sans âmes, c’est nous.

— C’est de l’espagnol ?

— Oui, ce sont eux qui ont découvert le monde et qui ont créé des routes maritimes entre les royaumes alors ça a été la langue que tous les SinAlma parlaient.

Je hochai la tête tout en me demandant combien ils pouvaient bien être, car ils avaient des villes, des gouvernements et leur propre langue comme un dialecte. Des milliers, des millions et peut-être des milliards comme les humains.

— Donc, il m’a épargné parce que j’étais nouvelle, mais il m’a quand même banni de Primera pendant cinq cents ans.

— Tout ça ? Soufflai-je sous le choc.

— Ça ne représente que quelques années pour moi, sourit-elle. Même si en ce moment, je rêve d’y aller et de régler leurs comptes à tous ses connards.

Skye n’arrêtait pas de me parler de ce qu’il passait aux États-Unis et je l’avais trouvé très virulente dans ses propos, car elle voulait la peine de mort, mais je compris pourquoi maintenant. Elle avait vu l’amour de sa vie se faire tuer parce qu’il n’y avait pas la bonne couleur de peau et ça devait l’enrager de voir que rien n’avait changé des siècles plus tard.

— J’ai été exilé en Europe et tu n’imagines pas, soupira-t-elle en balayant l’air devant mon visage. Non seulement, je ne connaissais absolument rien du monde des SinAlma, mais comme je te l’ai dit, je ne savais ni lire, ni écrire et mon miracle est arrivé.

Elle se décala vers une photo d’elle et Zacharie. Si quelqu’un venait à voir cette photo et ne connaissait pas leurs secrets, il penserait qu’ils s’étaient déguisés en aristocrates pour Halloween. Le grand sourire de Skye me sauta aux yeux, elle était heureuse avec lui.

— Zacharie Tempel, souffla-t-elle, admirative.

La photo ne lui rendait pas justice, peut-être qu’il était trop beau pour que ça soit immortalisé sur du papier.

— C’était comme dans les films sauf qu’il n’y avait rien de romantique, précisa-t-elle en me montrant son index. J’étais recroquevillée dans une ruelle de Londres, morte de faim, car je ne savais pas qu’il fallait que je boive du sang pour survivre et il m’a recueilli. Zacharie m’a sauvé.

Je me sentis profondément coupable d’avoir douté de lui. Leur amitié était bien plus forte que la mienne, à un niveau que je n’atteindrais jamais. J’étais même jalouse de lui. J’enviais toutes les années qu’ils avaient passé ensemble.

— Il m’a tout appris. Il est mon père, mon grand-frère, mon petit-frère, mon meilleur ami. Tout, tu n’as pas idée.

Elle se décala pour que je puisse voir d’autres photos d’eux et c’était comme de voir un défilé de l’évolution des vêtements à travers les siècles. Ils ne donnaient pas l’impression d’être en couple, ni d’être des amis, mais plutôt des frères et sœurs. Je compris pourquoi elle avait été si dégoutée quand je lui avais demandé s’ils avaient couché ensemble. Une photo attira mon attention, elle montrait Skye entourée de neige et elle faisait une grimace.

— C’était où ?

— Ah, sourit-elle. À Zanskar, la partie indienne du Cachemire à plus de quatre mille mètres d’altitude. C’était éprouvant.

— Qu’est-ce que tu faisais là-bas ?

— On récupérait des saphirs. C’est notre métier, on vole des pierres précieuses, mais c’est pour une bonne cause, expliqua-t-elle fièrement. On est connu sous le nom de Zaphir, saphir avec z comme pour Zacharie.

Je me rappelai qu’Ankhti avait mentionné Zaphir avant qu’ils ne commencent à se battre.

— Pourquoi vous faites ça ?

— Zacharie te montrera notre antre et t’expliquera tout ça. Il adore faire son show, se moqua-t-elle.

Je fus horrifiée en voyant la photo d’à côté. Skye était dans une jungle, les pieds dans l’eau et le corps recouvert d’un serpent, sûrement le plus grand du monde.

— Je rêvais de voir un anaconda et comme je n’ai pas le droit de poser les pieds en Amérique du Sud, nous sommes allés sur l’île de la Trinité. Les SinAlma s’installent rarement sur une île, car s’ils doivent s’enfuir, c’est compliqué alors il n’y a pas de juridiction là-bas. Ils sont costauds et magnifiques, m’informa-t-elle avec un sourire.

— J’imagine, murmurai-je recouverte de frissons. Donc, tu adores vraiment les serpents ?

— Ouais, ça a commencé quand nous sommes allés en Afrique pour récupérer des rubis. Un jour, je me suis fait attaquée par un cobra cracheur du Mozambique et son venin a agi comme une drogue. C’était comme si j’avais pris de l’ecstasy ou ce genre de drogue alors j’ai ensuite pourchassé tous les serpents venimeux du monde. Mon préféré est le taïpan du désert, il vit en Australie. Il est vif comme l’éclair, son venin est très puissant et contrairement aux autres, il refuse d’accepter que je suis l’alpha.

— Comment ça ?

— Oui, on se bat et quand ils voient que je suis la plus forte, ils m’obéissent, mais lui, on continue de se bagarrer encore et encore. C’est trop cool, dit-elle, excitée.

J’eus du mal à l’imaginer se battre contre un serpent et surtout le plaisir qu’elle pouvait y prendre. Je souris en voyant les autres photos. Skye en avait une avec chaque animal de la jungle, assise au milieu d’un troupeau de lions, d’hyènes, sur le dos d’un rhinocéros, d’un éléphant ou debout à côté d’une girafe.

— Incroyable, murmurai-je.

Sur les autres photos, elle était avec des Massai, d’autres peuples africains, devant les pyramides, des bouddhas géants, des temples, des rizières, les cerisiers en fleur.

— Mon Dieu, tu as fait le tour du monde ?

— Non, rigola-t-elle. J’ai fait l’Afrique, l’Asie et l’Australie.

— En long en large, précisai-je, émerveillée.

— Oui, dès qu’il y avait des gisements de pierres précieuses, on y restait pendant des années.

J’ouvris la bouche pour lui demander pourquoi elle les volait et surtout pourquoi en le faisant, c’était une bonne cause, je ne voulais pas attendre que Zacharie me fasse son speech, mais une photo attira mon attention. Un portrait de Skye et moi mesurant près d’un mètre entouré d’autres photos de moi plus petites. J’ai la tête posée sur son épaule et nous sourions comme des gens qui viennent de rire, et elle avait été prise comme les autres sans mon accord et sans que je ne le sache.

— C’est quoi ça ? Demandai-je, choquée.

— Un cadeau de Zacharie, sourit-elle. Tu es magnifique comme tout.

Je la fusillai du regard, car ça se voit que mon œil droit était plus haut que l’autre, un tic facial quand je rigole. J’étais seule sur les photos qui entouraient la grande et je me sentis honteuse, car je n’avais qu’une photo de ma meilleure amie et moi, et elle était sur ma table de chevet. Je pensais être celle qui aimait le plus dans cette relation, mais visiblement, je me trompais. Si je ne la connaissais pas, j’aurais pu penser à de l’obsession, mais pourquoi Skye perdrait son temps à avoir ce genre de sentiments pour moi alors qu’elle était un être spécial ? Il n’y avait que de l’amitié entre nous. Skye était bien trop parfaite et unique pour que moi, une humaine ridicule fasse chavirer son cœur.

— Skye, la réprimandai-je.

— Quoi ? Haussa-t-elle les épaules comme si ce n’était rien de grave.

— À quoi ça sert tout ça ?

Je me mis à compter en me servant de mon index et écarquillai des yeux en réalisant qu’il en avait une vingtaine.

— Je ne voulais pas que ça recommence comme avec Thomas et que je n’ai aucun souvenir. Là, je t’ai sous toutes les coutures, sourit-elle.

Je fus surprise. Avais-je fait un impact dans la vie de Skye à ce point ? Comment notre simple amitié pouvait-elle être si importante à ces yeux ? Elle avait cent quatre-vingt-quatre ans alors que pouvais-je bien lui apporter ? M’étais-je trompée ? Était-ce plus que de l’amitié ? Quand nous nous étions embrassé dans la discothèque, j’étais certaine d’être la seule à avoir ressenti quelque chose, l’envie de recommencer. J’étais persuadée que ce n’était qu’une bêtise pour Skye. Il était possible que toutes les meilleures amies sont comme ça, qu’elles ont des photos partout.

Skye se mit en face de moi et remit une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. Ses yeux chocolat fixaient les miens avec une telle intensité que mon cœur battait la chamade.

— Si, Thomas est mon premier, toi, tu es le dernier Ava, murmura-t-elle en caressant ma joue avec son pouce.

J’écarquillai des yeux plusieurs fois pour être sûre que ça soit la réalité. Je pouvais concevoir que les vampires, les sorcières, les fées, les polymorphes et le Diable existent, mais pas que ma meilleure amie m’aime d’amour. Si c’était réellement le cas, elle prenait peut-être un peu trop de venin de serpents ou je ne savais pas quoi d’autre. La différence de beauté entre nous avait la même distance que le Grand Canyon. Le fait que j’avais aussi attiré Ankhti me traversa l’esprit, mais elle, elle était folle, officiellement.

— Je t’ai aimé à la seconde où je t’ai vu dans cette classe.

Mon cœur s’emballa. Je la regardai du coin de l’œil tout en reculant d’un pas. Venait-elle réellement de dire ça ? Je sentis quelque chose de chaud traversait toutes les veines de mon corps. Je rêvais. Il était possible que notre baiser m’avait tellement marqué qu’il avait embrouillé mon subconscient et lui, l’avait intégré dans mon rêve.

— Pardonne-moi, murmura-t-elle en reculant à son tour. Je ne voulais plus avoir de secrets pour toi, c’est tout. Je t’en prie, ne me traites pas différemment.

Ses yeux me suppliaient ce qui me provoqua un pincement au cœur.

— Tu m’aimes, m’aimes ? Pourquoi ?

Skye soupira en levant les yeux au ciel.

— T’es chiante avec ton manque de confiance en toi, tu le sais ça ?

— Skye, tu es trop parfaite pour…

— Non, tu es parfaite, Ava.

Je secouai la tête et allai m’asseoir sur le canapé. Skye marcha humainement vers moi sûrement pour ne pas aggraver la situation. J’avais vraiment été aveugle pendant toute cette année. Comment n’avais-je pas vu ce que ma meilleure amie ressentait pour moi ? Avait-elle raison ? Était-ce mon manque de confiance en moi ?

— Je suis désolée, murmura-t-elle. Zacharie m’avait dit que ce n’était peut-être pas le bon moment de t’avouer mes sentiments, mais quand je pense que cette pute t’a donné ton premier baiser, ça me rend malade. Et puis, on s’est embrassé dans la discothèque et ce n’était pas le baiser que je voulais.

— J’ai aimé ce baiser, dis-je en fuyant son regard.

Mon cœur tremblait à l’intérieur de ma poitrine, mais je fus libérée d’un poids. Je m’étais sentie extrêmement embarrassée de l’avoir aimé, car je ne voulais pas la perdre si elle ne ressentait pas la même chose. Je sursautai quand je vis son visage en face du mien. Elle caressa mes lèvres avec mon pouce et je fermai les yeux. Une petite voix m’ordonna de l’embrasser ou de la laisser faire. Elle me hurla de ne plus perdre de temps. J’aimais Skye. Pourquoi ne l’avais-je pas compris avant ? Je n’arrivais pas à imaginer ma vie sans elle et j’étais jalouse dès que quelqu’un s’approchait d’elle. J’aurais dû le savoir que c’était de l’amour. Je fis le premier pas en posant mes lèvres sur les siennes, mais Skye m’arrêta.

— Ava, c’est pire si tu m’embrasses parce que…

Je la coupai en plaquant violemment ma bouche sur la sienne. Sa main glissa dans mes cheveux pour que notre baiser soit plus passionné et mon cœur explosa dans ma poitrine. Quelque chose de magique se passa, car sa bouche et sa langue qui tournait autour de la mienne avaient le goût de tout ce que j’aimais sur terre. Je m’en voulus. Je regrettai de ne pas l’avoir compris plus tôt, car j’aurais aimé gouter à ce délice tous les jours, toutes les secondes. Skye nous stoppa pour reprendre son souffle, mais je voulais rattraper tous les baisers que nous n’avions pas eus. J’étais en colère contre elle pour ne pas m’avoir avoué ses sentiments et je voulais lui montrer tout ce qu’elle avait raté en les gardant pour elle. Elle caressa mon visage en souriant et je fis à nouveau le premier pas. J’étais brûlante de désir et avide de ses lèvres. Skye se laissa faire quand je mis tout mon poids contre elle et que nous nous retrouvâmes allongés sur le canapé. Je m’étonnai de voir que j’avais énormément confiance en moi, mais cela voulait dire que ce je faisais, ressentais était réel. En un clin d’œil, Skye avait inversé notre position, elle était au-dessus de moi et nous n’étions sur le canapé, mais sur un lit. Elle m’autorisa à reprendre mon souffle et j’en profitai pour regarder autour de nous, car j’avais l’impression d’être dans l’espace. Skye avait installé des petites ampoules sur les murs et le plafond, et il y avait des vaisseaux spatiaux qui flottaient dans les airs.

— Ça va ? Murmura-t-elle dans le creux de ma nuque.

Son souffle chaud provoqua des frissons et une sensation bizarre dans mon ventre. Elle posa un baiser sur ma clavicule.

— Oui, expirai-je de plaisir.

Sa bouche descendit jusqu’à mon plexus solaire et je pouvais sentir mon cœur frapper mes côtes avec violence. Mon corps était en feu et Skye était la seule qui pouvait éteindre cet incendie. Ses lèvres revinrent sur les miennes, mais sa montre se mit à sonner.

— Merde, le poulet, lâcha-t-elle en descendant du lit.

Je voulus lui dire qu’on s’en moquait, que le moment était trop important pour être gâché.

— Je reviens, dit-elle avant de disparaître.

Je levai les yeux au ciel en laissant échapper une insulte puis fermai les yeux pour me calmer. C’était la première fois de ma vie que j’étais excitée à ce point et je devais avouer que j’adorais cette sensation.

J’étais heureuse et j’allais le montrer à Skye quand elle reviendrait.

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Enaelyork
Posté le 14/11/2020
Le revoilà !!
Très intéressant ce chapitre. Tu y présentes le personnages de Skyes et son passé le touche beaucoup. Elle semble hantee depuis bien longtemps par la mort de Thomas et tout ce qui en a suivi et Ava semble être celle qui va lui faire oublier tout ça.
J'ai beaucoup aimé la scène de régénération. Il n'y a aucun pudeur, c'est un fait normal d'avoir son visage explosé et le voir se remettre en ordre de lui-même. Ava doit être totalement dépassée mais sa seule et unique obsession c est Skye. Moi la lectrice je suis très intriguée par ce monde que tu exposes lentement. J'ai hâte d'en découvrir plus sur ces "sans âmes"
T'es tu inspirée de légendes reelles ?
Cora Lee
Posté le 15/11/2020
La mort de Thomas l'a marqué oui, mais c'est plutôt la raison du crime qui la hante et avec tout ce qui se passe encore maintenant, elle est révoltée.
Oui, c'est vrai qu'Ava s'en fout des vampires, des fées ou autre, elle s'intéresse à Skye et rien d'autre.
Oui et non, lol. Disons que j'ai pris quelques trucs et fait ma petite sauce à moi.
Enaelyork
Posté le 15/11/2020
Eh bien chapeau ! C'est vraiment très réussi et on a l'impression que ça existe depuis toujours.
Oui je me suis mal expliqué. Mais c'est bien des circonstances dont je parlais. Ça doit être horrible pour des êtres intemporels de voir à quel point le monde ne change pas tant que ça
Cora Lee
Posté le 15/11/2020
Oui, moi, déjà j'ai du mal à y croire alors j'imagine pas quelqu'un de plus de cent ans, lol.
Merci ! Ça me fait plaisir !
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