💍30. Disparition 💍

D'aussi loin qu'elle puisse se souvenir, Joséphine a toujours rêvé de voyages. De grands voyages. Alors que son père était régulièrement absent du fait d'être en mer, elle demeurait celle qui restait à la maison afin de veiller sur cette dernière et tandis que les nourrices et tuteurs divers se battaient avec les plus jeunes de la fratrie, Joséphine, elle, s'enfermait des heures durant dans la bibliothèque du bureau de son père. Non pas qu'il y avait là pléthore d'ouvrages, mais il y en avait certains qui contenaient pour elle, une promesse d'avenir. Des cartes. Elle restait assise là, à même le sol, regardant et examinant chaque carte et chaque croquis de naturalistes qu'elle pouvait trouver. Ce qu'elle avait vu en dessin, elle voulait le voir en vrai. Ce qu'elle s'imaginait grâce à des journaux de bords ou des comptes-rendus de voyages, elle voulait le vivre à son tour. Joséphine se voyait explorer le monde, y découvrir sa richesse et sa diversité et cela demeura pendant très longtemps, un secret inavoué jusqu'à que cette merveilleuse opportunité se présente à elle. Enfin ! Enfin elle allait pouvoir partir et découvrir des horizons plus lointain que les murs de la ville. Enfin elle allait pouvoir comparer ce qu'elle avait lu et apprit avec la réalité qu'elle attendait avec grande impatience. Elle savait que ce moment allait être son moment à elle et elle ne laissera personne lui voler ce rêve qu'elle a aujourd'hui à portée de mains.

Pas même le jeune Duc de Varsox la dévisageant avec un regard blessé par ses propos.

- Rien ne semble être en mesure de me retenir ici.

- C'est là, je dois dire, des paroles très dures que vous avez, lui dit-il sans pourtant relâcher son emprise sur son poignet

- Vous plus que n'importe qui êtes en mesure de me comprendre. N'avez-vous jamais eu envie de vous enfuir loin d'ici ? De courir à travers le monde ? De le parcourir et de l'apprendre ?

«J'ai passé la majorité de ma vie à courir» pensa-t-il. Si seulement elle pouvait le comprendre autant qu'il la comprenait.

Un soupire lui échappe alors tandis qu'il relâche dans un demi sourire s'avouant vaincu.

- Vous avez raison. Vous devriez profiter de certaines occasions quand celles-ci vous sont offertes. Vous avez mon soutien, sachez-le, mais également une grande admiration car ce genre d'entreprise est loin d'être facile. Vous voulez partir ? Partez.

- Vous semblez croire que mon départ est définitif ? souligne-t-elle

- Ne l'est-il pas ?

- Je pense qu'il y a là un malentendu. Je pars en mer dans l'espoir de conclure des affaires. Vous devez savoir que j'ai repris l'entreprise de mon père et que par conséquent, j'ai beaucoup à faire.

- Donc...relance-t-il confus et tentant de dissimuler un grand sourire naissant sur le bord de ses lèvres, Vous ne partez pas ? Du moins pas réellement ?

- Seulement pour quelques semaines tout au plus.

- C'est merveilleux !

Revenant vers elle, il la saisit par la taille afin de la soulever dans les airs et de tournoyer sur lui-même. Voilà une nouvelle dont il ignorait qu'elle lui procurerait autant de joie. Joséphine confuse ne put s'empêcher de sourire avant qu'il ne la repose à terre visiblement embarrassé par la scène qui venait tout juste de se passer.

- Mille excuses, je me suis emporté. Voyez comme je serais malheureux sans mon amie, lance-t-il en se raclant la gorge tout en essayant de se justifier

- Vous êtes décidément un personnage bien étrange cher Duc, rit Joséphine

- Est-ce un compliment ? lui demande-t-il en se penchant à son égard.

- Allez savoir ? Il me semble que vous devriez déjà avoir la réponse à cette question, non ?

Tout sourire, le Duc et Joséphine échangent un regard complice avant de quitter petit à petit les abords de la rivière oubliant alors la scène dramatique s'étant précédemment passée.

Les voyant revenir dans un état d'euphorie, Ninon et Maximilien se tapent dans les mains, satisfaits d'avoir réussi à rabibocher leurs maîtres respectifs.

- Je ne voudrais surtout pas en rajouter une couche, lance Ninon, mais j'ai rarement vue un homme sourire autant.

- Essayeriez-vous de...

- Nullement. Je dis simplement qu'ils forment un très jolie couple. Il faudrait être aveugle pour ne pas le voir.

- Il est hors de question que je participe à cela ! lance Maximilien d'un ton ferme

- Fort heureusement pour moi, je ne vous ai rien demandé.

Ils finissent alors par se séparer, retournant chacun auprès de son maître ou de sa maîtresse tandis que les deux binômes repartent comme ils sont venus. Voyant le sourire béa que son ami abordait, Maximilien ne put s'empêcher de repenser aux mots de Ninon.

- Vous avez l'air heureux, fit-il remarquer en attendant une explication quant à son état

- Je le suis.

- Est-ce en rapport avec le fait que vous soyez complètement trempé ?

- Il se pourrait bien, en effet.

- N'allez-vous donc rien me dire et continuer à jouer la carte du mystère afin que je vous tire les vers du nez ?

S'arrêtant sur le chemin, Jonah se retourne et pose ses deux mains sur les épaules de son ami tout en le dévisageant avec ce même grand sourire idiot qu'il aborde depuis qu'ils sont partis.

- Crois-moi mon ami, certains mystères valent la peine d'être préservés ! rit-il alors à gorge déployée

*************************************************

Contrairement à Maximilien, Ninon n'eut nullement besoin de poser la moindre question pour savoir que cette sortie, bien que faussement improvisée, eut fait le plus grand bien à Joséphine. Aucune ne mentionna quoique ce soit, mais il y avait un petit air doux présent dans l'air.

En rentrant à la maison, la jeune femme eut néanmoins l'agréable surprise de découvrir assis sur le canapé en compagnie de son jeune frère, une silhouette tout à fait inconnue. Dès qu'elle eut passé l'encadrement du salon, ces derniers se redressèrent immédiatement en la voyant arriver à leur hauteur.

- Je ne savais pas que nous avions un invité ce soir, dit-elle

- Joséphine, je te présente Samuel, présente Bartolomé, Samuel voici ma sœur aînée, la Baronne Joséphine Conquérant

- Madame la Baronne, c'est un immense honneur pour moi que de vous rencontrer, fit ce dernier dans une grande révérence, J'ai beaucoup entendu parlé de vous.

- En bien j'espère ? rit-elle en s'asseyant dans le fauteuil près du canapé.

- En effet. Ma sœur cadette est une grande admiratrice de votre personne et si elle me savait ici, elle n'en serait que jalouse, souligne le jeune homme en s'asseyant à nouveau.

Joséphine, curieuse et intriguée par cet individu ne peut s'empêcher de lever un sourcil à l'encontre de son frère, attendant que Bartolomé lui explique probablement les raisons de sa présence à cette heure-ci de la soirée.

- Samuel est quartier maître dans la Marine Royale. Nous nous sommes connus à l'Académie et je doute avoir un jour connu un homme connaissant aussi bien la mer que lui, lance Bartolomé à l'encontre de sa sœur.

- Oh, je vois de quoi il en retourne. Tu veux me faire chaperonner ?

- Disons que j'aurais l'esprit plus tranquille si je te savais avec lui. Ayant un mois de permanence, Samuel a bien voulu écouter ma requête et je lui en suis gré

- Pour tout ce que tu as pu faire pour moi durant notre temps à l'Académie, c'est la moindre des choses. En outre, c'est un plaisir si je peux rendre service.

Elle aurait très bien pu refuser l'offre de Samuel, mais Joséphine ne connaissait que trop bien Bartolomé pour savoir que ce dernier a hérité de la même obstination qu'elle. Alors un léger soupire lui échappe tandis que les deux garçons la regarde, attendant une quelconque approbation de sa part.

- Très bien, finit-elle par dire, mais nous partirons aux aurores alors ne soyez pas en retard.

- Ce n'est guère dans mes habitudes. Je saurais être ponctuel.

- Alors disons que votre présence à bord est la bienvenue !

- Je vous remercie Madame, s'incline Samuel en se levant.

Il ne fallut quelques minutes à Samuel pour saluer la famille avant de se retirer tandis que, sur le pas de la porte d'entrée, Bartolomé tout sourire regarde sa sœur aînée.

- Va-t-il te rapporter tout ce qu'il se passera ? lui demande-t-elle

- Non. Je lui ai seulement demandé de garder un œil sur toi.

- Tu sais que c'est inutile. Je vais m'en sortir.

- Ce n'est pas tant pour toi que je le fais, Joséphine. C'est plutôt pour moi. Pour me rassurer.

- Présenté comme cela, je ne peux pas refuser.

Joséphine passa une grande partie de sa nuit à se demander ce qui l'attendait. Près de vingt ans à attendre ce moment et voilà qu'à seulement quelques heures du départ, son esprit s'emballe et se questionne.

Le jour peine à se lever, le départ est imminent et Joséphine Conquérant est aux abonnés absents.

Certains l'auraient vu quitter la demeure familiale tôt dans la matinée, d'autres affirment l'avoir croisée tôt dans le quartier, mais voilà qu'elle ne s'est jamais présentée sur les quais.

Où diable est-elle passée ? 

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
CelCis
Posté le 16/04/2023
Coucou Manon,

Ahhh mais le mystère reste entier!
Là voilà Joséphine quand même prête à partir, maintenant que la relation s'est remise avec son Duc (qui va jusqu'à la prendre dans les bras, mais où sont les bonnes manières?! ;)

Puis son frère qui en stoemelings lui trouve un compagnon de voyage et... plus de Joséphine.

Ahhh j'espère qu'elle va bien vite revenir sur PA!
À tout bientôt!
ManonSeguin
Posté le 17/04/2023
Coucou !

Faute sur moi, je me rends compte que j'ai jamais publié la suite !! T_T J'ai été prise partout, baldinguée et j'en ai oubliée la publication...Mais promis, Joséphine reviendra très vite sur PA !
CelCis
Posté le 17/04/2023
Ahhh, chouette!!
J'espère que le ballottage ne fut pas trop douloureux...
J'attends avec plaisir de lire la suite!
ManonSeguin
Posté le 19/04/2023
Ce fut une période un peu compliquée, y'a encore des remous par moment mais je commence à sortir la tête de l'eau ;) Comme on dit, je vois la lumière au bout du tunnel ! ahaha
CelCis
Posté le 19/04/2023
Plein de force alors!
Vous lisez