— Madame Paëlla ! La grenouille qui scintille à l’entrée du parc est magnifique !
— Je dois dire que, moi aussi, je l’aime beaucoup, Monsieur Ravi. Je la trouve paisible.
— Il va y avoir des grenouilles sur scène ?
— Il me semble qu’il y a une berceuse batracienne, oui. Mais quand, j’en sais rien. Tout ce que je sais, c’est que la Berceuse de Décembre est une expérience musicale formidable.
— Des grenouilles vont chanter sur scène ?
— Chanter ou fredonner un petit air. J’ai envie de me laisser porter par le moment. Je veux rien anticiper.
— Après tout, nous sommes dans un parc, en pleine nature. Les animaux s’expriment et c’est tout à fait naturel. Chaque son est une musique en soi.
— Survivaliste comme vous êtes, vous avez dû en rencontrer des animaux…
— Des animaux effrayants, des animaux tout mignons… De tout.
— Même des grenouilles ?
— Même des grenouilles. Les grenouilles sont partout !
— Vraiment ?
— Oui. Je ne serai pas étonné si un jour, les grenouilles dominent le monde.
— Mais… Si les grenouilles prennent le pouvoir, que va-t-il advenir de nous ?
— Nous finirons enfermés dans une cave. Nous serons leurs esclaves. Affamés, nous lécherons la petite mousse nichée sur les murs. Les meilleurs d’entre nous auront le droit de livrer du café et des pâtisseries aux grenouilles au pouvoir.
— C’est effrayant, Monsieur Ravi…
— C’est pour cette raison qu’il faut prendre soin de la nature. Pour éviter qu’elle se rebelle et qu’elle se venge des humains.
— Les grenouilles me font peur, maintenant…
— Je préfère les grenouilles quand elles fredonnent, je vous l’accorde, Madame Paëlla. Écoutons-les fredonner et passons une belle soirée !