5. Amitié

Par Eurys

Treville avait vu les mousquetaires revenir de la fenêtre de son bureau, ce fût pour quoi quand Athos s'annonça il lui dit immédiatement d'entrer, il savait que celui-ci viendrait rendre compte de la tâche qui lui avait été confiée. Cependant il ne s'attendait pas à ce qu'il lui annonce que le nouveau semblait avoir voulu agir dans leurs dos en fouillant les papiers du baron pour une raison qu'il ne pensait pas véridique. C'est pourquoi il avait demandé à Athos de lui amener le jeune homme. Celui-ci semblait avoir mauvais mine, il se tenait raide, soutenant son regard avec difficulté.

« _Donc... comment cela s'est passé pour une première fois ? Questionna calmement Treville.

_Bien. Ce fut assez simple à vrai dire, je n'ai eu qu'à suivre les autres.

_En effet vous n'étiez censé que les suivre et faire ce qu'ils vous disaient, s'ils jugeaient avoir besoin de vous. Armand, reprit Treville. Puis-je savoir pourquoi Athos m'a rapporté que vous étiez allé fouiner en secret dans les documents du Baron de Retz ? »

Armand prit une bouffée d'air et expira. Il se décontracta, Treville n'allait pas lui en tenir rigueur compte tenu de sa situation, non ?

« _J'ai cru pouvoir trouver des informations concernant... mon affaire personnelle. »

Treville fronça les sourcils, ne comprenant pas. Puis soudain son visage s'éclairci.

« _Mais fichtre ! N'avez-vous pas pensé une seconde que s'il était lié je vous en aurai fait part ?! »

Armand s'adossa à la cloison de bois. Il fut tenté de dire que non mais savait fort bien qu'il l'en aurait informé avant de lui confier la mission.

« _J'ai juste réagis sur le moment. J'avoue ne pas avoir réfléchi mais ... c'était le juste devant moi ! Dit-il pour s'expliquer.

Le capitaine resta impassible, puis hocha la tête, signifiant sa compréhension.

« _Vous devez éviter ce genre d'impulsions désormais. Restez discret, le temps de faire vos preuves puis vous pourrez commencer à agir à votre guise. Vos compagnons ne sont pas idiots Armand, ils savent bien que vous et moi cachons quelque chose. »

Armand se doutait de cela mais se l'entendre confirmer par le capitaine le forçait à admettre la réalité. Et bien qu'ils n'en donnent pas l'aire ces quatre-là devaient sans aucun doute essayer de délier toute l'histoire.

Armand resta parler avec Treville encore quelques minutes puis prit congé. Le voir revenir sans sanctions allait attiser la curiosité des mousquetaires mais le capitaine en avait décidé ainsi, de toute façon ils avaient déjà des soupçons.

Cela ne manqua pas, la discussion animée qu'ils entretenaient s'arrêta quand ils le virent approcher, laissant place à un silence pesant. Armand douta sur la marche à suivre mais décida que le mieux était de feindre l'ignorance. Il s'installa sur la place libre à côté d'Aramis, là où était toujours le verre qu'il avait laissé avant de monter. Porthos rompit finalement le silence, au grand bonheur de tout le monde.

« _J'ai une idée ! Dit-il avec entrain. Et si nous allions fêter la première mission de notre jeune recrue à la taverne ?! »

Aramis réagit immédiatement proclament l'idée approuvée. De toute façon Athos ne refuserait jamais de boire et d'Artagnan aimait les réunions autour d'une bière. Le principal concerné lui par contre était septique quand a l'idée. Des tavernes... il n'aimait pas ces lieux de beuveries et l'idée ne l'emballait pas. Mais si cela dissipait leurs doutes c'était pour le mieux. En plus, l'enthousiasme de Portos lui était communicatif et à sa façon de le regarder il était sûr que le mousquetaire lui ferait la tête pour un refus. Armand rit intérieurement, il faisait ici ce qu'il n'avait jamais pensé faire de sa vie et pourtant bien qu'il ne l'a pas désiré cela lui faisait du bien. Il aimait l'influence de ces soldats... Peut-être plus qu'il ne voulait même l'admettre.

« _C'est d'accord pour la taverne. »

Porthos frappa la table, comme s'il avait gagné une partie de carte.

Oui, il se sentait plus vivant que jamais.

_____________

Il faisait déjà nuit dans Paris. Le bruit de la ville s'était estompé laissant place à la discrétion des activités nocturnes. Huit heure sonna quand cinq mousquetaires sortirent de leurs casernes dans un vacarme qui dénotait du le calme qui régnait dans le rue. Les hommes discutaient et débattaient que ce soit du nombre de bouteilles que boira Athos à la fille avec qui Aramis finira la nuit. Bien qu'Armand ne connaissait pas les habitudes de ses amis il ne se senti pas à l'écart, riant au blagues et ayant une explication à chaque point qu'il ignorait. Au final il en apprenait beaucoup sur ses compagnons d'armes, et ils n'avaient même pas encore bu !

Ils s'arrêtèrent devant une porte ou était inscrit dans le bois « L'Abreuvoir » .Porthos poussa la porte, laissant filer le brouhaha et les odeurs d'alcool qui se trouvent dans la salle.

Le lieu ressemblait à une taverne ordinaire. La pièce était sobre, sombre et toute meublé de table, bancs et chaises de bois. L'atmosphère et la température surtout étaient cependant réchauffée par le feu de cheminée qui projetait ses lumière oranges sur les murs, semblant l'embraser. Les hommes buvaient, fumaient et jouaient, criant, gueulant ou riant. Ils commandaient d'autres pintes et emprisonnaient dans leurs mains rêches les tailles des serveuses qui se dégageaient aussi tôt. L'odeur de bière, de vin et de fumée se mêlaient à celle de la nourriture.

Armand observa les lieux, les découvrant réellement pour la première fois. Il suivit les mousquetaires qui se dirigèrent vers le fond, s'asseyant à une table ronde près d'une fenêtre fermée. Il se retrouva encerclé par Athos d'un côté et Aramis de l'autre.

« _Jean ! Cinq bières et vite ! » Gueula Porthos.

« _C'est ici que viennent boire la plupart des mousquetaires, l'informa D'Artagnan. D'une part car c'est proche de la caserne et de l'autre car on a eu une victoire mémorable sur les hommes du cardinal ici même !

_Que s'est-il passé ? demanda t'il intrigué.

_Nous étions un groupe de mousquetaire à être venu boire après une expédition en Savoie. Raconta Athos. Je ne sais si c'était intentionnel mais des hommes du cardinal sont arrivés peu après et ont commencé à chercher discorde. Cela n'a pas duré longtemps avant qu'il n'y ait le feu aux poudres et que nous nous retrouvions tous l'épée au poing. La bataille fut longue mais finalement les soldats rouges se sont replié après plusieurs blessés et quelque morts de leurs coté. Nous n'avons quant à nous, pas subit de pertes fort heureusement.

_Depuis, c'est notre taverne ! » Conclu Aramis.

Armand fut amusé de la petite anecdote. Ces soldats ayant combattus pour le roi ressemblaient plus à des enfants se disputant une place pour jouer. Toujours est-il qui priait pour que des hommes du cardinal ne débarquent pas maintenant, il n'avait pas l'envie d'être entrainé dans une telle chamaillerie.

Les bières arrivèrent et la discussion dévia. Malgré les heures qui passèrent et l'enchainement de bière et de vin sur la table et Armand voulait éviter de boire plus que de raison mais ressenti tout de même les effets du vin. Il ne tenait pas l'alcool et ne voulait pas se retrouver ivre mort ici même ! Ivre mort cependant, ce fut l'état d'Athos trois heures après. L'homme aurait bien roulé par terre si d'Artagnan ne l'avait pas retenu. Armand comprenaient maintenant ce que voulait dire Aramis par l'amour que vue Athos a la bouteille. C'était plutôt une dépendance.

« _Bien je pense qu'il est temps de rentrer maintenant, suggéra d'Artagnan légèrement éméché. Et emmener Athos avec nous ou il crèchera ici. »

Apres avoir chacun payé une partie des consommations les hommes se levèrent, les sens ralentis à cause de l'alcool. D'Artagnan soutenait Athos, prévenant tout accident. Armand allait prendre congé des quatre hommes qui retournaient à leur appartement de la caserne quand Porthos le coupa.

« _Je pense qu'il serait mieux que je vous raccompagne. Vous êtes plus ivre que moi et votre logis est proche d'ici, cela ne me fera pas un grand détour. » Avant qu'Armand n'accepte Porthos avait déjà salué ses amis et prit la direction inverse sans attendre Armand. Celui-ci fut déstabilisé par le comportement de Porthos mais le suivi. Le mousquetaire a toujours été bourru et préférant les actes aux paroles, c'était simplement sa façon d'agir.

Le trajet demeura calme, le silence n'était pas embarrassant uniquement calme. Ils savaient que l'autre était fatigué et soul.

« _Je voulais vous dire, parla le métis », brisant la quiétude du moment.

Armand le regarda, c'est la première fois qu'il voyait Porthos sérieux, et c'était pour le moins... étrange. Il ne dit rien, attendant qu'il reprenne.

« _On sait que vous nous cachez quelque chose, vous et Treville et que c'est peut-être la raison de votre comportement plus tôt. »

Armand se figea, le cœur battant. Il trouvait cela traitre de la part de Porthos de le raccompagner uniquement dans le but d'aborder ce sujet. Lui qui avait eu l'idée de venir boire pour oublier le mal entendu n'avait-il au final pour objectif que de le faire parler ? Toutes ses pensées, ses convictions de commencer à faire partie des leurs se brisèrent. Evidement. Il leurs mentait. Pourquoi l'accepteraient 'ils ? Etonnamment il senti son cœur se serrer. Il ne pensait pas créer de liens avec ces personnes, mais les côtoyer tous les jours l'avait ouvert plus qu'il ne l'aurait voulu. Il aimait leur compagnie. Il aimait rire avec eux. Il avait aimé boire ainsi entouré. Il avait espéré... .

Porthos vit le visage d'Armand perdre ses couleurs et se fermer au fil de ses pensées. Merde, pensa-t-il. Il ne voulait pas créer cette réaction chez le jeune homme, juste lui parler de ce que lui et ses amis avaient discutés plus tôt. Mais il senti que s'il ne se rattrapait pas maintenant il ne le pourrait plus jamais.

« _Armand avant de penser à je ne sais quoi écoutez-moi ! »

Il avait haussé le ton, attirant l'attention du jeune homme. Mais celui-ci garda son air fermé, le regard lourd.

« _S'il n'y a rien d'autre dont vous voulez m'entretenir je rentre chez moi.

_Attendez-vous m'avez mal compris ! Laissez-moi une chance sacrebleu! reprit-il alors qu'Armand continuait son chemin »

Celui-ci expira, il ne voulait pas de cette conversation. Mais le métis était capable de le suivre et défoncer sa porte ... et c'était la dernière chose qu'il désirait.

« _Soit »

Porthos senti un point se dégagera de ses épaules. Il rattrapa le jeune homme et marcha à ses côtés, préparant son discours pour éviter une autre erreur.

«_Donc je disais que nous savons que vous dissimuler quelque chose avec le capitaine.

Armand essaya de rester de marbre, feignant l'ignorance mais écoutant attentivement, anxieux.

_Et nous l'avons su dès le début. Il faut dire, votre arrivée s'est faite de façon étrange. Je vous avoue que nous n'aimons pas beaucoup savoir que quelque chose se trame et qu'on nous met de côté, nous sommes des soldats, c'est dans notre nature. Cependant nous faisons avant tout confiance à notre capitaine.

Armand releva la tête, il ne s'attendait pas à ce que cela prenne cette tournure.

_Alors bien que cela nous dérange, nous acceptons cette situation, pour le capitaine. Et nous savons par la que nous n'avons pas de raison de nous méfier de vous si Treville et confiant lui. Armand, reprit-il en se tournant cette fois vers lui. Nous ne savons pas qui vous êtes réellement mais ce que nous savons c'est que vous faites partie des nôtres. Nous en avons parlé alors que vous étiez chez Treville. De nos doutes, de nos pensées. Et ce qu'il en est ressorti et que nous avons tous nos secrets, plus ou moins profonds, plus ou moins cachés et cela a fait partie de chacun de nous. Armand vous êtes un mousquetaire mais vous êtes également notre ami. Même Athos est de cet avis ! Ajouta-t-il avec humour pour détendre l'atmosphère.

Armand écarquilla les yeux. Il était surpris du discours du métis sachant qu'en plus c'était là l'avis de toute l'équipe. Il s'attendait à une confrontation mais pas à une acceptation. Ces hommes l'épataient vraiment. Pourtant maintenant il était soulagé, soulagé du poids de ses mensonges, du poids de ses secrets. Et surtout Porthos avait utilisé le mot ami. Se souvenir le submergea de joie, depuis combien de temps n'avait-il plus eu d'ami ? Trop longtemps selon lui. Il était touché de la confiance et du respect des mousquetaires, lui qui venait d'imaginer le pire vit tout ce qu'il avait désormais gagné. Les minutes s'étirèrent, ils restèrent ainsi, face à face. Le plus jeune se sentait submergé, il ne savait pas quoi répondre à Porthos. Comment le remercier, lui et les autres de leurs soutiens et de leurs amitié ?

_Bien. On... on est presque arrivé donc je vais vous laisser, souffla Porthos . Bonne nuit Armand.

Celui-ci ne bougea pas, Porthos se détourna et reprit le chemin de la caserne.

« _Porthos ! »

Le métis qui avait fait une dizaine de pas s'arrêta. Armand se retourna, il ne pouvait le laisser partir sans rien dire.

« _Je... je ne m'attendais pas à cela, vous m'avez pris de court. Je vous remercie sincèrement de votre confiance, à tous. Je ne peux rien vous révéler, et je vous avoue que je ne souhaite pas le faire mais aujourd'hui j'ai compris que ... que j'aimais faire partie des votre ! Et je suis heureux d'apprendre que vous me compter comme telle. Même Athos ! Ajouta le jeune homme avec le même humour

Porthos pouffa, suivi d'Armand et ils finirent par rire sur le dos de leur ami presque toujours grincheux.

« _Dans ce cas, bonne nuit Porthos. » 

 

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deb3083
Posté le 10/08/2020
J'ai oublié de marquer dans mon commentaire du chapitre précédant, il me semble que parfois tu changes de temps de conjugaison dans un même paragraphe (j'avais noté passé et futur), ça peut être perturbant durant la lecture et gêner la compréhension du texte
attention aussi parfois il y a des mots/ déterminants en trop ou manquant
Eurys
Posté le 10/08/2020
Tu as raison, les temps de narration sont ma bete noir, j'ai un problème avec ca et le fait qu'Une fine Lame a ete mon premier projet n'aide pas >.< Je devrais le reecrire poru arranger ces problemes :/
Lyra
Posté le 08/02/2020
J'ai dévoré ta fiction petit à petit et l'apprécie beaucoup , le fait que j'adore les trois mousquetaires n'y étant pas étranger (bien que je n'ai jamais vu la série dont tu t'inspires, faudra m'y mettre)
On peut juste te reprocher parfois d'aller "un peu vite" dans la mesure où il faudrait peut plus développé l'ambiance, l'atmosphère, le décor etc mais après je suis une totale novice aussi donc mon avis vaut ce qu'il vaut ;-)
Bon si je me trompe pas, je pense avoir découvert le secret d'Armand dès le chapitre 1 mais c'est parce que cette histoire me rappelle beaucoup une version anime des trois mousquetaires que je regarderai petite, Sous le signe des mousquetaires ,si tu connais 😉
Eurys
Posté le 14/02/2020
Eh bien je ne m'attendais meme pas a ce qu'une personne lise jusque la, merci beaucoup ca fait tres plaisir !
La série est vraiment jolie même si elle ne colle pas a la réalité historique, pour moi la premiere saison est la meilleure !
Je prend tous les avis en compte ! Je pense que la suite devrait etre un peu plus lente, en tout cas j'espere !
Ah oui je connais ♥ Mais bon je ne peu pas confirmer ou refuser, pas encore XD
Merci encore de ton passage !
Lyra
Posté le 14/02/2020
Je tenterai la série alors ! La réalité historique n'a pas grande importance (et pourtant j'adore l'histoire) si je veux un documentaire j'en regarde un XD
Trop de mystère, j'ai hâte de lire la suite des aventures d'Armand ! Au plaisir de te lire bientôt !
PS: tes dessins sont magnifiques! ❤️
Eurys
Posté le 16/02/2020
Merci beaucoup, pour l'histoire et les dessins ça me touche >w< ♥
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