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C'est vrai que mon après midi aurait pu mieux se passer si ma meilleure amie avait pu m'éviter ce monstre, excusez moi du terme, comprenez que pour moi un homme équivaut à un danger.. Je sais que mon défaut est de juger trop vite les personnes sans apprendre à les connaître, mais je ne peux pas et ne me vois pas m'entendre avec la gente masculine. À mon grand regret je les classe tous dans la même catégorie celle de monstres ...

- Ça été Kiara ?

- Je pense que tu connais déjà ma réponse Julia.

- Oui mais j'aimerais que pour une fois tu sois objective.

- Il a l'air de bien bosser si c'est ce que tu veux savoir.

- Tu pourrais faire un effort de communication avec lui s’il te plaît. Un effort de communication ben voyons, je lève les yeux au ciel et je décide que cette discussion ne mènera à rien donc je pars. Où vas-tu ?

- À la salle de boxe ne m'attends pas pour manger ce soir.

- Je ne serai pas là, je mange à l'extérieur.

- Très bien. Bonne soirée alors.

Je sais exactement où elle sera, je me demande encore pendant combien de temps elle va continuer à me cacher cette relation !! Enfin à ne pas me dire clairement qu'elle sera avec son copain. C'est vrai que ce Thomas me paraît gentil et honnête mais ne dit-on pas de toujours se méfier des apparences.

Je n'ai pas toujours été ainsi aussi distante et méfiante envers les hommes, bien au contraire étant jeune je ne jouais qu'avec eux, ma mère avait toujours rêvé d'avoir une fille, une petite princesse mais les espoirs qu'elle avait en moi se sont envolés le jour où il m'a tout pris ... J'ai cessé d'être la princesse de ma maman, j'ai cessé d'être moi tout simplement. Bien que je jouais beaucoup avec les garçons à son grand désespoir, je faisais toujours l'effort de m'habiller comme une fille quand les occasions s'y présentaient. Enfin c’était avant, car depuis ce jour je suis devenue un fantôme parmi les vivants ! Avant quand j'y pensais, j'avais des larmes qui coulaient le long de mes joues, aujourd'hui je n'ai plus rien à donner si ce n'est que ma colère et ma rancoeur.

La boxe m'a aidé à me relever à un moment critique de ma vie, j'ai compris que chaque coup qui me faisait tomber, allait m'aider à devenir plus forte, et c'est bien ce qui s’est passé. Je me suis habituée à vivre avec mes chutes et mes blessures. J'ai appris plus ou moins à boxer seule, le jour où j'ai demandé un sac de frappe à mes parents ils ont été étonnés mais ne m'ont jamais demandé pourquoi. Je pouvais passer des journées à frapper surtout le lendemain des nuits où il venait .. et je pleurais en silence ..

Il est quasiment vingt heures quand j'arrive enfin à la salle de boxe, le lundi elle est fermée c'est pourquoi je peux m’entraîner. Julia connaît le propriétaire et par je ne sais quelle manière elle a réussi à m'avoir une clé pour que je puisse y aller. Aujourd'hui, encore plus que les autres fois, j'ai besoin de me défouler et de frapper dans un sac, j'ai toujours cette haine contre ces hommes et devoir coopérer avec l'un d'entre eux me fait remonter tous ces souvenirs que je n'arrive pas à oublier. Depuis mes quatorze ans je me bats contre moi même face à ce sac, chaque coup que je donne me rappelle que cette nuit là je n'ai pas su lui en donner un seul, comment j'ai été faible et impuissante face à ce monstre et surtout qu'il est toujours en liberté ...

Cela fait bien trente minutes que je frappe dans ce sac, mais aussi dans cette poire, j'essaie à chaque fois de mettre un visage sur ces coups que j'envoie mais je n'ai que le mien ... le mien quand j'avais quatorze ans, je me déteste, je déteste la petite fille que j'étais, si j'avais été un peu moins avancée pour mon âge, je frappe, je frappe, je frappe encore, jusqu'à épuisement de mes bras. Je m'arrête le temps de boire un peu et de me reposer cinq minutes avant de reprendre mon enchaînement lorsqu'un bruit de porte me fait sursauter ....