6. Gramb

Il était furieux ! Le premier avertissement n’avait pas suffit, il avait fallu qu’elle tombe sous la coupe des Arggendihl ! Que ce serait-il passé s’il ne s’était pas rendu dans l’auberge ce soir ? Lequel de ces vieux pervers aurait payé les 10 pièces d’or qui lui aurait donné le droit de…Grrr, il se refusait d’y penser ! 10 pièces d’or ! 10 pièces d’or pour cette peste, complètement ivre ! Il n’avait jamais payé pour aucune une femme ! Jamais, c’était une question de principe ! On ne monnaie pas la misère ! Et aujourd’hui, il avait payé comme un vulgaire animal !

Il jeta un coup d’œil à la jeune femme endormie sur le lit et il fut pris d’un élan de rage. Il sortit une natte fine de son bagage, la déposa sur le sol sale de la petite chambre. Il se déshabilla et s’avança vers le lit.

« Ce lit est pour moi ! Désolé « votre altesse » » .

Il se pencha alors pour soulever la jeune femme qu’il déposa sans grand ménagement sur la natte qu’il venait de préparer. 

*

Un rayon de lumière se posa sur mes yeux, j’ouvrais difficilement les paupières. J’avais très mal à la tête et les premières secondes je ne pu bouger car tout tournait autour de moi. J’avais froid, je voulu resserrer ma cape mais je me rendis compte que j’étais quasiment nue. A part un bustier qui couvrait un peu ma poitrine et une jupe fendue, ma peau sale et dorée était sans protection. Je me mis à trembler.

Je m’assis, attendis que la salle autour de moi ne cesse un peu de tourner et je tentais de me relever. Une porte…et au cas où, une fenêtre. Je dois m’enfuir d’ici…Je tentais d’avancer sans bruit vers la porte, mais le mouvement perpétuel du sol me fit perdre l’équilibre. Je la heurtais de plein fouet en essayant tant bien que mal de rester debout en m’accrochant à la poignée. Raté pour la discrétion…Pas de bruit de l’autre côté, je dois être seule, l’occasion est trop belle. Je dois y arriver !

Je tournais la clé doucement et ouvris la porte dans un mouvement que je voulus lent mais qui de nouveau était des plus bruyant. Je m’immobilisais. Il y a quelqu’un assis à la table. Je saisis par réflexe le 1er objet à ma portée et fonça sur lui pour l’assommer ! Mais l’homme esquiva d’un pas souple et je m’écroulais lourdement emportée par mon élan sur la table. D’un même mouvement qui me paru dansé, il me bloqua sous lui, maintenant mon buste et mes bras plaqués sur la table.

« Calmez-vous! »

...Mon dieu, c’est lui ! Je n’avais plus du tout envie de bouger, cette table inconfortable cachait au moins ma nudité. Cette idée me fit rougir de honte.

« Bien, c’est ça, calme…» soufflait-il doucement dans ma nuque.

« Je vais vous relever doucement, d’accord ? ».

Je ne voulais pas du tout être relevée!

« Non... » murmurais-je en gigotant pour me libérer. 

« Ça va aller, respirez doucement, avec moi….inspirer… » Sa voix était envoûtante, il m’hypnotisait… Je n’avais pas la force d'y résister, ma tête me faisait mal, je suivais ses paroles et fit exactement ce qu’il me demandait.

Je me relevais prenant appuis sur son corps qui me rassurait. Il me retourna contre lui. Je n’osais pas le regarder, je gardais la tête baissée contre son torse. J’avais honte. Il était chaud, j’avais froid.

« Respirez, ne bloquer pas votre respiration… » À ce moment là précis, je voulais disparaître.

Je tremblais. Il pris les pans de sa cape et les referma sur moi, nous enfermant tous les deux corps contre corps.

« Tout vas bien, vous êtes en sécurité… » prononca-t-il d’une voix tendre. 

Je ne sais pas combien de temps ce moment a duré et je ne saurais dire si il s’est vraiment produit car je me réveillais de nouveau dans la petite chambre. Cette fois enveloppé de sa cape aux odeurs d’encens.

Un tas de vêtement était déposé près de la natte qui m’avait servi de lit, tout comme une cruche d’eau, une bassine et un linge. C’était des vêtements d’homme mais après ma dernière tenue, c’était parfait. Je me lavais soigneusement tentant de supprimer les traces de paillettes dorées et de maquillage. Puis je m’habillais et tressait mes cheveux.

J’étais morte de honte, quelques brides de souvenirs me revenait et je n’osais imaginer comment et dans quelle état il m’avait retrouvé. Après un temps certain d’hésitation, j’entrepris de sortir de la chambre. Je frappais doucement à la porte avant de l’entre ouvrir.

Il n’était pas là. L’espace d’un instant, je fus prise de panique, il est parti ! « Non, respire Iliana ! Les manuscrits et les cartes…elles sont toujours là ». Il y avait un miroir, différents outils étaient disposés sur le bureau. « …des ciseaux ? » Est-ce qu'il n'aura pas été moins risqué de me grimer en homme? Je pris la paire de ciseaux, m’avançait vers le miroir et coupa ma tresse. Je pouvais ressembler à un jeune garçon ainsi, non? Je coupais encore mes mèches ça et là. Comme ça c’est bien. Je retournais vers la table, il y avait différents manuscrits ouvert avec des mots soulignés. « sanguis», «  matricibus »…les cartes étaient également annotées…

« Pourquoi les avoir coupés? » Une voix derrière moi, je sursautais prête à prendre la fuite. Je me retournais vivement. Je me sentis de nouveau rougir alors que je sentais son regard sur moi. Je me raclais la gorge et reprenant ma respiration, je tentais de soutenir son regard.

« Je pense que vous avez besoin d’un valet…c’est le bazar ici », dis-je, pleine d’aplomb. Il esquissa un sourire en coin en s’approchant.

« J'ai ce qu’il faut » dit-il en désignant 3 rats qui grignotaient un bout de fromage. Quand nous étions enfants, il transformait déjà les rats et les souris en humains pour alimenter nos jeux…J'eu une idée… 

« Il ne savent pas lire, ni écrire…Je peux être votre assistant ». Il sourit les yeux baissés en s'approchant encore comme un félin prêt à sauter sur un proie.

« J'ai une meilleure idée » dit-il en posant ses mains sur les bords de la table sur laquelle j’avais fini par m’appuyer à force de reculer. Son regard se leva vers moi, il était froid et menaçant. « Vous allez rentrer chez vous, où vous serez en sécurité ».
Il avançait encore, m'obligeant à prendre appuis sur mes coudes pour garder une distance décente.

« Pouvez-vous me garantir que je serais plus en sécurité là bas qu’auprès de vous? » Son expression changea. Je le défiais du regard, pas de réponse, j’avais fait mouche, il doutait de la sécurité au Palais.

Il était furieux, malgré son calme apparent, cela sautait aux yeux. Son regard semblait tenter de fouiller en moi sans succès. Puis son expression changea de nouveau, il baissa les yeux sur mes lèvres…et s’approcha encore…Que faisait-il?!!!

« Vous êtes un peu près… » balbutiais-je en tournant le visage, un peu paniquée alors que je sentais son souffle.  «  Ce n’est pas ce que vous voulez? Être près de moi ? » ses paroles prononcées d’une voix douce contrastait avec son regard qui se fit dur et méprisant. « Non, pas comme ça. » dis-je en me libérant.

« Laisser moi être votre assistant et découvrir avec vous ce qui se cache derrière tout ça ».

Il s’était appuyé sur la table et me regardait les bras croisés d’un air résolu, silencieux. Il ne comprenait pas ce que je faisais là…

« Il n’en est pas question! »

« Elles ont tentées de m’appeler…ces choses, pas le Roi, pas vous…Moi! N’êtes-vous pas curieux de comprendre ce qu’elles veulent? » 

Il fronça les sourcils.

« Les avez-vous encore étendues ? »

Je secouais la tête. « Non...mais la prochaine fois, qui sera là pour me mettre à l’abris de leur appel ? Et puis…Peut-être serait-il intéressant de les suivre pour voir où elles me mènent…Mais ce pourrait être dangereux…»

« Les autres mages sont au courant, ils sont tout aussi capables que moi de vous protéger » 

« Le croyez-vous ? …Oui, effectivement… C’est bien possible. Il est évident qu’on surestime votre pouvoir…Mais…Si je ne me trompe pas, je suis ici, avec vous et les mages ne vous ont pas contacté pour vous alerter de ma disparition ! » 

Il haussa les sourcils et émis un profond soupir d’agacement. 

« C’est juste… »

Je me redressais en croisant à mon tour les bras sur la poitrine. 

Il leva les yeux au ciel et soupira à nouveau. 

« ….ok. Mais aucune question, aucune discussion et…aucun traitement de faveur. » dit-il froidement en insistant bien sur les derniers mots.

« Votre nom est désormais Gramb et vous êtes à mon service ». Il m’adressa un grand sourire…et je sus à son regard qu’il allait me faire payer

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Minerve
Posté le 01/05/2025
Donc Illiana à compris la menace qui pesait sur elle, et elle veut enquêter avec Saad ! Bonne idée de la travestir en garçon, c'est logique car il y a un besoin de la déguiser pour la cacher de ses ennemis, mais aussi comme on a pu le voir, une plus grande facilité pour elle d'avoir l'air d'un homme.
Paloma Chataig
Posté le 03/05/2025
Merci de ton commentaire ! J’espère que la suite te plaira !
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