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Coucou Maël !

J’espère que tu vas bien !

J’hallucine ! Tu n’as pas imité mon écriture de façon “pas trop mauvaise”, tu l’as imitée à la perfection ! Je t’assure, si tu ne m’avais pas prévenu, j’aurais cru que j’avais moi-même écrit cette lettre !

Ce n’est pas grave, Maël. Ta maladresse a quelque chose de touchant, et aussi de réconfortant. Ça m’a fait sourire ; pas parce que je me moquais, hein ! Plutôt comme si… Ça m’avait réchauffé le cœur. En fait, tu as tort, ça donne un côté encore plus joli à ta lettre, et je ne le vois pas du tout comme un “cadeau gâché”, bien au contraire. Merci, vraiment (un de plus !).

En effet oui, j’ai vu ce film ; et je regrette énormément de ne pas pouvoir entendre les chansons qui sont jouées dedans, elles ont l’air très belles. Les paroles le sont, en tout cas.

Ne t’en fais pas : c’est vrai qu’à travers l’écrit, une surdité ne se devine pas ! Parfois, je me demande ce qui se serait passé si je ne te l’avais pas dit ; et finalement, j’en viens toujours à la conclusion que ça n’aurait rien changé. Je l’aurais sans doute avoué au moment de la question de la chanson favorite !

Je fais de la philosophie, oui, un peu, dans mes cours à distance ; mais c’est quelque chose que je fais depuis plusieurs années, sans m’en rendre compte. Je me posais des questions “impossibles”, sans vraie réponse. Mais ça m’a fait plaisir de voir que c’était même un cours, et que je pouvais le suivre.

Moi, égoïste ? Non ! C’est toi qui l’es à ne pas vouloir me montrer tes chefs-d’œuvre !

Ou peut-être, encore une fois, que nous le sommes tous les deux (bonne question philosophique, ça, tiens !), que nous sommes tous un peu égoïstes au fond ; que certains le font ressortir et d’autres l’enfouissent au plus profond de leur caractère.

Cette lettre est un peu plus courte mais j’ai un examen bientôt, et je déteste m’interrompre au milieu d’un message pour continuer plus tard ; j’ai l’impression d’avoir perdu le fil.

Donc je vais conclure cette lettre maintenant, en souhaitant que tu ailles bien et que les autres ne t’embêtent pas trop ; et encore une fois, merci pour tout ce que tu me dis. Et merci pour ces échanges, aussi ; ça me sort de mon hôpital, c’est vraiment agréable.

A très vite !

Eliott.

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Maël ne pouvait empêcher ses lèvres de sourire : même s’il craignait que son ami ne soit repoussé par sa maladresse, au fond, il savait qu’Eliott n’était pas de ce genre ; et sa dernière lettre l’avait prouvé.

Il plia doucement le papier et le rangea dans la boîte blanche qui contenait déjà les précédentes. Il finissait d’en faire glisser le couvercle afin de la refermer quand sa mère entra dans sa chambre. Assis sur son lit, il s’empressa de cacher la boite dans son dos, et ensuite de la pousser discrètement sous la couette. Trop tard, cependant.

— Qu’est-ce que c’est, mon chéri ? demanda-t-elle avec un sourire, la tête légèrement penchée à gauche.

— Rien, ne t’inquiète pas.

— Oh, je ne m’inquiète pas le moins du monde ! Mais au vu de la façon dont tu t’es dépêché de cacher ce carton, je suppose que non, ce n’est pas “rien”, insista-t-elle, taquine.

Maël retint son soupir et sourit en pinçant les lèvres.

— Maman, je n’ai juste pas envie d’en parler, dit-il d’un ton qu’il espérait pas trop méchant.

— Oui, pardon, je comprends, s’excusa-t-elle en levant les mains devant elle.

Maël hocha doucement la tête, mais il vit parfaitement l’œil curieux que sa mère jeta à la couette, derrière lui. Il croisa les doigts : sa mère était bien capable d’entrer dans sa chambre et de fouiner, juste pour satisfaire son appétit. Il se promit aussi de la cacher autre part que sous son lit, si possible.