J’empoigne le katana maculé de sang, mon sang. J’avance d’un pas lourd sous les effets du syndrome zombie que je ne subis pas cette fois-ci, au contraire, c’est grâce à ça que je ne suis pas mort même après m’être transpercé le cœur. Warren a finit sa panique, le fait que je ne sois pas mort l’a ramené à son plan de départ, et sa cible s’est précisée. Il veut me tuer. Il fait un pas en arrière et reprend de l’assurance. Nous sommes dans son monde, il peut en faire ce qu’il veut. S’il le voulait, nous ne serions que des pantins, mais il ne sait pas une chose.
« - Mort-vivant, peu importe ! S’écrie-t-il. Si je te coupe la tête, tu n’auras plus aucun moyen de revenir cette fois-ci ! Je suis le maître ici, personne ne peut m’arrêter.
- Roh je t’en prie, pas ça non, non, c’est nul comme discours ça. ‘‘Arh, personne ne peut m’arrêtez, oulàlà je suis méchant.’’ C’est bon on connaît la chanson. Non, le truc que je dois te dire, c’est qu’on ne s’est pas laisser faire non plus. T’es une machine, réfléchit mieux que ça.
- Tu bluff, tu l’as dis toi-même. T’es con. Tu t’es suicidé sur un coup de tête, quel genre de plan tu peux avoir après m’avoir montré ça.
- Encore une fois tu ne m’écoute pas ! C’est vrai, je l’ai dit, je suis con… … JE suis con ! »
Je n’ai même pas fini ma phrase qu’il saute vers moi, il crée un long sabre et l’abat vers moi. J’interviens avec mon katana arrêtant aisément son coup. Il recule avec un petit saut et s’étonne de ne pas avoir pu m’avoir. Il avait sûrement prévue d’accroître sa force et de dépasser la mienne… mais K fait du bon travail en l’attaquant directement. Il court-circuite les fonctions de Warren sans que ce dernier ne s’en rende compte. Warren ne peut plus faire ce qu’il veut ici.
« - Je vois, c’est donc ça. Se dit-il. Les rôles se sont inversés à ce que je vois.
- Exact. »
Sans ajouter quoique ce soit, il disparaît. Tout l’environnement autour de nous s’effondre, Romain disparaît peu à peu pour retourner dans son histoire. Je n’essai pas de le rattraper ou même de lui promettre de venir le chercher, je ne sais même pas si j’y arriverai. Je le regarde partir alors qu’il me fixe… je ne sais pas ce qu’il essai de me dire à travers ce regard, mais il n’a pas l’air d’avoir baissé les bras. Ma blessure au torse s’est déjà refermée, je fais disparaître mon katana, ferme les yeux et entend une sorte de gaz qui s’échappe soudainement d’un endroit clos. C’est la capsule dans laquelle je suis qui s’ouvre et qui me laisse tomber vers l’avant. Quelqu’un me rattrape et me demande si tout va bien. C’est Ambre. Elle continue de s’inquiéter jusqu’à qu’Alexandre la force à s’éloigner de moi. Qu’est-ce qui se passe encore ? Mécaniquement j’observe mes mains… elles sont pâles, comme celle d’un mort. Le syndrome zombie fait encore effet, mais je ne ressens rien de contraignant. Je suis moi-même, mais j’ai tout les symptômes du syndrome zombie :
« - C’est bon les gars. Je vais bien. C’est sûrement à cause de mon suicide.
- Ton suicide ?! S’exclame K. C’est pour ça que ton signal a disparut pendant un instant !
- Sûrement oui.
- En plus Driss a disparu au même moment, qu’est-ce qu’il s’est passé là-dedans ?
- Asseyez-vous, je vais tout vous raconter. »
Je leur dis tout ce que je sais à présent. Le défaut de Warren, l’apparition de Romain, mon suicide et les effets de l’attaque directe sur Warren. K est soulagé de savoir que ses actions ont porté leur fruit. Ambre et Lucie reviennent souvent sur mon état, me demandant si je vais bien. Après tout, je vais rester pâle aux yeux rouges et cheveux blancs pendant un moment j’ai l’impression. Tout va bien pour l’instant, je ne ressens pas de changement en particulier… à part le fait que je ne sente plus mon cœur battre et que mon corps reste extrêmement froid. Ouais, ce ne sont pas des petits changements quoi. Ouais voilà. K est en train de vérifier les effets approximatif qui ont pu être fait sur Warren lors de son attaque et forcé de constater qu’on lui a mit un bon coup. Warren a creusé sa propre tombe en nous permettant d’acquérir les capacités de nos personnages. On peut le faire.
« - Bon, vous allez être tranquille pendant un moment. Je vous propose de retourner chez vous. Nous dit K.
- Quoi ? Comment ça ? Se demande Alexandre.
- Vous m’avez bien compris. Rentrez chez vous. Le danger est écarté pour un petit moment, nous n’avons plus besoin de vous, donc je vous libère. S’il revient, alors on reviendra vous chercher.
- Aussi simplement que ça ?! Demande Benjamin.
- Minute K, tu es sûr de toi ?
- Oui, je m’occupe du reste avec mon équipe. D’habitude, nous restons séparés, mais il est temps de reprendre du service. On va traquer Warren peu importe où il se trouve. Rentrez chez vous. Vous avez fait du bon boulot.
- Eh je veux être payé ! Lance Benjamin en guise de plaisanterie.
- Au fait, Victor, tiens. Dit K en lançant mon portable.
- Merci. Bonne chance K.
- Vous aussi. Merci encore à vous. »
Quelques minutes d’embrassades et d’au revoir avant que Lucie, Ambre, Alexandre, Benjamin et moi quittions les lieux. Une fois dehors, nous nous retrouvons au milieu d’un terrain vague, nous sommes en fin de journée, ma tête commence à me faire un peu mal, je me demande pourquoi. Devant le groupe, je me retourne vers eux. Ambre aussi a l’air d’avoir mal au crâne, Alexandre et Benjamin me regarde comme s’ils attendaient quelque chose et Lucie fouille sa sacoche normalement pleine de cœur, elle en prend un et le gobe. J’avais presque oublié ce détail de son personnage. Je m’avance vers Benjamin et Alexandre. Je leur demande de rester joignables en cas de problème, je me sentirais coupable qu’ils leur arrivent quelque chose à cause de mes propres problèmes. Je leur serre la main et une accolade avant de les laisser partir. Apparemment, ils ont tous les deux réussis à maîtriser le principe de propulsion d’étincelle, ils s’envolent et disparaissent au loin.
Je me tourne maintenant vers Ambre qui n’a pas l’air dans son assiette. Je m’approche et pose une main sur son épaule :
« - Tu veux que je te raccompagne ?
- Non, ça ira. Je me sens encore capable de faire ce que je veux. J’aimerai bien rester, mais…
- C’est Ambre ou Noémie qui me parle là ?
- Qui sait. Je ne sais plus moi-même. Ça t’arrive aussi ça ?
- Ça m’arrivait déjà avant… j’ai l’habitude, même si ces derniers temps… c’était assez violent.
- Je vais rentrer. Au revoir.
- Appelle-moi en cas de soucis, n’importe quoi… je veux me rendre utile.
- T’inquiète pas chou, j’y penserais. »
Chou… c’est bien Ambre qui vient de parler, ça me rassure. Elle a aussi assimilé sa propre force surhumaine. Elle utilise cette force pour faire des bonds gigantesques et disparaître derrière des bâtiments plus loin. Il ne reste plus que Lucie. Elle me regarde en souriant. Je soupir. Qu’est-ce que je devrais faire ? Cette situation… n’aurait jamais dû arriver. Lucie… est-ce que je devrais lui dire de rentrer chez elle ? Non, j’ai dit à K que je m’en occupais, mais comment ? Où est-ce qu’elle va aller ? Je… mon portable vibre, qui est-ce ? Ah… c’est lui. J’hésite un temps, mais je finis par décrocher et réponds d’une fausse bonne humeur :
« - Eh, mec ça va ? Dis-je.
- Wesh ! Mec, ça fait des jours que j’essaie de t’appeler. Je sais ce qui t’arrive, c’est quoi ton problème ? Pourquoi tu ne me dis rien ?
- Euh… qui te l’a dit ?
- On a croisé Anna, on lui a demandé et elle nous a tout dit.
- Fallait bien que ça arrive, vous connaissant.
- Maintenant raconte moi ! Y a une histoire de pouvoir de ton histoire là, c’est quoi ce bordel !?
- Désolé, je ne peux pas… je n’ai pas le droit. Gémis-je.
- De quoi t’as pas le droit ? Tu pleures ?
- Désolé… désolé… j’ai pas tenu notre promesse.
- Vic’, qu’est-ce que t’as fait ? … … Vic’ !
-Désolé… je suis mort. »
Ma tête me fait de plus en mal alors que mes larmes coulent sans retenu. Je savais ce que je faisais à ce moment, je sais ce qui est sur le point de m’arriver quand tout sera fini. Soit je finirais comme K, soit je mourrais quand Driss disparaîtra. C’est simple, si on bat Warren et qu’il est celui qui maintient nos histoires stables, si on le détruit, alors nos histoires disparaîtront, les étincelles que je possède aussi. Le syndrome zombie aussi, mon cœur qui s’est arrêté tout à l’heure, ne battra jamais de nouveau. Je suis de toute façon… déjà mort. Ma tête tourne alors que j’entends mon meilleur ami crier dans mes oreilles. Je vacille, sourit en entendant quelques mots et tombe au sol… inconscient.
Quel jour sommes nous ? Où suis-je ? Qu’est-ce qui s’est passé ? Je sens que ça s’agite autour de moi. On me secoue un peu et on m’appelle. Je n’arrive pas à reconnaître la voix. Tout est flou pour moi : les voix, les lieux, les sensations… j’ai comme l’impression d’avoir dormit longtemps… trop longtemps. Est-ce que quelqu’un peut me dire ce qu’il se passe ? Qui es-tu ? Qui es-tu celui qui m’agrippe ? Où vas-tu ? Je te sens partir, mais je ne sais pas où ? … Attendez… ma vue s’améliore. Je vois mieux. Un plafond blanc, c’est celui de ma chambre. Je reconnais la vieille tapisserie américaine que ma sœur a voulut quand elle avait cette chambre. Je suis chez moi. Dans ma chambre, sur mon lit. Qui était-ce alors ? Je vois une silhouette s’approcher… c’est… c’est :
« - Anna ! M’exclamé-je en me redressant subitement assis. Aie !
- N’en fais pas trop, me dit Lucie en m’allongeant à nouveau alors que ma tête me fait un mal de chien.
- J’ai halluciné ?!... Qu’est-ce qui se passe ?
- À toi de me le dire, tu t’es évanouit d’un seul coup et t’as dormit jusqu’à aujourd’hui, on est Samedi.
- Samedi de cette semaine.
- C’est le deuxième Samedi que tu dors.
- Quoi ? Si longtemps !? Mais… et pour manger, boire, les toilettes et tout ?
- Bah justement, regarde-toi. »
Elle me tend un miroir. J’ai gardé mon apparence de mort. Les cheveux blancs, les yeux rouges, la peau pâle. Mon corps est définitivement mort. Je n’ai plus besoin de manger, ni de boire, ni de faire mes besoins, même si je dois sûrement encore ressentir la douleur, mon cerveau est actif, donc le système nerveux aussi… je suppose, à moins que je sois dans la capacité de le contrôler, mais ça m’étonnerait. C’est sûrement Lucie qui m’a ramené, qui a insisté pour rester ici et veiller sur moi. Ça lui faisait une bonne raison d’être avec moi. J’y crois pas. Je lui demande ce qu’il s’est passé avant que je ne tombe dans le coma. Quand elle parle de mon meilleur ami, je lui pose immédiatement une question :
« - Est-ce qu’ils sont venus me voir pendant mon sommeil ?
- Oui.
- Et merde ! Qu’est-ce qu’ils ont dit ?
- Bah, déjà ils ont cru que t’étais mort, puis je leur ai expliqué la situation et ils ont comprit que tu allais bien. Anna n’a rien dit, elle est partie sans m’adresser la parole et ton meilleur ami a dit qu’il te trouvait égoïste de t’être suicidé, mais qu’il acceptait la mission, quelle qu’elle soit..
- Fallait s’en douter. Je n’ai aucune mission à lui donner pour l’instant.
- Qu’est-ce que tu vas faire maintenant ?
- Je vais aller voir Anna. K nous a laissé revenir, je ne vais pas rester terré chez moi, et puis… il faut qu’on se parle vraiment depuis le temps.
- Et ton meilleur ami ?
- Plus tard, je sais que si je lui en parle maintenant, je vais en baver… personnellement.
- Et moi ?
- Oui, tu peux rester ici si c’est ce que tu veux savoir. Tu m’as ramené chez moi, ce n’est pas pour te virer juste après, surtout que j’ai promis à K de garder un œil sur toi, donc je n’ai pas trop le choix.
- J’ai l’impression que ça te gêne.
- Bah, te connaissant, je n’ai pas envie que tu te sentes à l’écart ou quoique ce soit.
- Je te propose de laisser les histoires de cœurs de côtés. Je te parlerai quand on en aura finit avec Warren.
- Je pense que c’est plus raisonnable oui. Bon, je m’allonge encore un peu et j’y vais. Dis à ma famille que je suis réveillé et que je vais bien s’il te plaît.
- Repose-toi bien. »
J’acquiesce un merci, elle sort et je m’allonge. Alors, normalement, c’est à ce moment là que je me fais des films en essayant de deviner ce que va pouvoir me dire Anna quand on va se voir. Elle va m’en vouloir… à mort, je pense. Est-ce que j’aurais le droit à une ou deux claques… j’espère, parce que ce n’est pas rien quand même. Elle va me dire quelque chose dans le genre ‘‘Pourquoi t’as fait ça ?’’, ou encore ‘‘Tu refais plus jamais ça’’. Disons que ça va être compliqué vu que je suis déjà mort. Ou alors, elle va rien dire et y aura un gros blanc. Ah ouais, le malaise. Faut vraiment être con pour se suicider aussi. Ouais, mais… je n’avais pas d’autre idée. Ce n’est pas le genre d’argument que je pourrais sortir à Anna. Ah ouais, je n’arrive pas à savoir ce qu’elle va en penser… enfin si, je vois l’idée globale, mais le détail. D’habitude j’arrive à cerner à peu près les idées des gens, il suffit que je discute avec eux pour m’en assurer et en général je déteste quand j’ai raison sur ce genre de chose. Seulement, Anna est la seule aujourd’hui que je n’arrive pas à cerner complètement des fois. Le pire c’est que je sais sûrement pourquoi. En plus, j’ai une pensée qui m’envahit l’esprit dans l’ombre, je fais tout pour la réprimer, mais elle me semble devenir la seule et unique solution pour mettre un terme à ce problème. De toute façon, je ne suis pas d’une grande importance dans cette histoire.
Je n’ai pas une grande estime de moi-même. Je ne me sens pas plus important, intelligent ou utile qu’un autre. J’ai mes qualités, mais d’autres ont les mêmes en mieux. Je me néglige, parce que je n’ai aucune raison de me soucier de moi-même. Ça fait un moment que je me soucis plus des autres que de moi, même si j’ai une forte tendance à avoir la flemme. Avec Anna, c’est justement ça le problème. Je suis sûr qu’elle se positionne par rapport à moi, elle se soucie de moi, ce qui fait que je n’arrive à comprendre ses attentes par rapport à moi-même. Tout ce que j’ai fais jusqu’à aujourd’hui, c’était pour éviter les problèmes aux autres, mais surtout à elle, peu importe ce qu’il m’arrivait je ne voulais pas qu’elle soit impliquée. Ma vie n’avait pas assez de valeur pour l’écarter du champ de bataille. Me suicider était une mince idée par rapport à tout ce que j’aurais pu faire contre Warren… c’est juste que je suis con et que je n’avais pas d’autres idées. Anna a toute les raisons de m’en vouloir et comme d’habitude, il y aura une part de vérité dans ses paroles que je ne comprendrais pas… fait chier… je crois que je n’ai plus le choix…
En fin d’après-midi, je m’absente de chez moi pour aller voir Anna. Je vais aller chez elle. Je m’y rends le plus rapidement possible avec mes propulsions d’étincelles. En deux minutes à peine me voilà devant chez elle. Ouah le stress. Du calme. Plus facile à dire qu’à faire. Je toque. Je ne suis pas prêt ! Trop tard j’ai toqué ! Ah bordel ! La porte s’ouvre… oh l’angoisse. Un sourire nerveux nous prend, comme à chaque fois. Nous montons jusque dans sa chambre, nous nous posons sur le lit du bas de la mezzanine… et le silence… j’en étais sûr, y a un gros blanc. Je déteste quand j’ai raison. Qu’est-ce qu’elle va dire maintenant ? Si mon cœur pouvait battre, il serait à 120 battements la seconde et je tremblerais comme si j’avais Parkinson. Est-ce que je devrais prendre la parole ? Non, je ne devrais même pas me poser la question, je dois parler, c’est moi qui ai quelque chose à dire :
« - Anna… … et si… on cassait ? »
Ma déclaration vient de lancer un froid… je crois. Anna ne réponds rien, elle n’a même pas réagit… ou alors, elle avait la même idée ?!
« - C’est ce que j’allais dire.
- De quoi ? ‘‘Anna et si on cassait ?’’ ? Rigolé-je.
- Mais non, t’es bête. Rit-elle à son tour.
- Je sais… pas la peine de me dire tes raisons. Je les connais. Je n’ai pas le droit de te contredire. Je n’ai pas le droit de t’influencer et d’un côté, j’étais déjà prêt. C’est mieux pour nous deux je pense.
- Je t’aime beaucoup, mais y manque un truc, tu vois.
- N’en dis pas plus, à cause de Driss, je comprends plus facilement les choses. De toute façon, je ne suis même pas sûr de revenir vivant de cette histoire pour être honnête. J’espère que tu vivras heureuse même sans moi.
- Promets-moi une chose s’il te plaît.
- Non, je ne promets rien du tout. Parce que je n’ai jamais réussis à tenir mes promesses… jamais. Restons-en là, pas d’accolade, pas de bises… simplement, au revoir… mais avec le sourire. »
Je me lève en riant franchement comme lors d’un fou rire, je m’approche de la fenêtre en m’arrêtant peu à peu de rire. Je me tourne dos à l’extérieur et me laisse basculer par la rambarde de la fenêtre. J’entends Anna paniquer à la vue de ma chute, mais elle me voit repartir aussitôt dans le ciel grâce à mes étincelles. Je la laisse de côté pour être sûr de ne plus la faire souffrir et pour ne pas me faire souffrir. Si elle a proposé de casser de son propre chef, c’est qu’elle avait ses raisons… elle va réfléchir… sûrement pour rien, vu que je serais mort à la fin. Je devais le faire, je n’avais pas le choix. En temps normal, j’aurais sûrement perdu la tête et angoissé pour rien, mais je crains plus pour la vie des autres aujourd’hui, je ne peux pas m’empêcher de me dire que je ne suis qu’un morceau de viande, prêt à satisfaire l’ennemi pour donner la victoire à mes alliés.
Je viens de casser avec ma copine… je devrais aller les voir… … deux propulsions plus loin, j’arrive vers la chambre d’hôtel de Bastien… il est 18 heures, ils doivent être ici. Je m’accroche à la petite barrière verte du petit balcon, j’y fais dépasser ma tête et aperçoit mes deux amis posés sur le lit. Anthony tourne la tête vers la fenêtre une fois, puis encore en se rendant compte de ma présence. Je monte sur le balcon, Bastien m’ouvre la fenêtre, j’entre et les checks. Bastien referme la fenêtre et je sens bien leur regard interrogateur qui ne cesse de répéter : ‘‘tu sors d’où ?’’ :
« - Tu peux pas prendre l’escalier comme tout le monde ? Me demande Anthony.
- J’avoue que je m’y attendais pas à cette réplique. Dis-je. Bon les gars, je suis sûr que vous avez beaucoup de question, mais avant de dire quoique ce soit, je vais vous dire ce qui se prévoit depuis que je suis réveillé.
- T’as intérêts ! S’exclame Bastien. Ça fait deux semaines au moins qu’on sait pas où t’es.
- Asseyez-vous, je vous raconte tout. »
Je n’avais pas grand-chose à rajouter de ce qu’ils savaient déjà. Je leur ai appris mon céliba’ récent. Je sais bien que tout ça peut paraître un peu brutal pour eux, j’essaie de ne pas trop les brusquer et j’aimerai savoir ce qu’ils en pensent :
« - Vous avez des trucs à dire ? Demandé-je.
- Euh… souffle Anthony. On mange où ce soir ?
- Ah ouais tu perds pas le nord toi.
- Non, il a raison. Ajoute Bastien. T’as pas payé pendant deux semaines, maintenant c’est ton tour.
- J’ai pas mon argent sur moi là.
- Bah vas le chercher, tu peux être chez toi en une minute. Ramène la play aussi s’il te plaît, j’ai envie de jouer.
- D’accord, mes problèmes ça vous choque pas ?
- On s’en fout ! Clame Bastien. Dis-moi il est où le mec, je vais aller le cogner, y viendra plus t’emmerder.
- C’est pas aussi simple Bastien. Dis-je en me frottant les yeux. Ce mec est une Intelligence Artificielle, on ne peut pas l’avoir physiquement, y faut faire partie de l’histoire, mais j’ai pas envie de vous y mêler.
- On t’as dit que ça nous dérangeait pas. Enquille Anthony.
- Regarde Vic’, tu nous embauches et on dégomme tout. Rajoute Bastien.
- Si tu veux, mais-
- Oh rien que pour ça je vais te taper, ça fait longtemps. »
Habituellement, Bastien aime bien nous taper un peu Anthony et moi, sans rancune, on chahute, même si ses coups sont biens placés et qu’ils font bien mal des fois, je ne lui en veux pas. Par réflexe je lui offre mon épaule pour encaisser le coup et bien qu’aussi fort que les autres fois, le coup ne me fait rien. Il en enchaîne plusieurs sans que je ne bronche. Je n’ai pas mal. Ma nouvelle nature, mon étincelle m’a rendu très résistant. Les coups d’une personne normale ne me font rien… c’est génial. J’attrape le poing de Bastien et le place dans son dos pour l’immobiliser. Je le lâche et tout les deux me regardent avec de grands yeux de stupeur. Je ne pense pas qu’ils s’y attendaient. Bastien cri au scandale :
« - Eh, rien que pour ça je veux participer à ton truc ! C’est par où qu’on rentre dans l’histoire ?
- Bon vous savez quoi ? J’ai une idée… Anthony, tu voulais une mission non ?! »
Le temps de cinq minutes, je suis partie chez moi et je suis revenu aussitôt. J’ai apporté deux sacs avec moi. Un grand bleu foncé, qui contient tout mon matériel pour filmer mes séries ou d’autres vidéos, donc tout ce qui est caméra, trépied, carte SD, les accessoires, tout ! Dans l’autre, j’y ai mit mon pc ainsi que des affaires personnels. Je dépose les sacs à leur pied en leur disant :
« - Pour l’instant, vous n’allez pas participer à l’histoire, mais il se peut que Warren devienne un peu trop fort par la suite. Si je veux récupérer mes affaires, je serais obligé de passer chez vous pour les récupérer. Il y a une condition. En récupérant mes affaires, je serais obligé de vous emporter avec moi dans l’histoire, OK ?! Chacun un sac, on fait comme ça ?!
- J’ajoute une règle ! S’exclame Bastien.
- J’écoute, soupiré-je.
- Si tu vas chercher tes affaires chez Anthony avant, alors tu me devras un kebab. Et vice versa.
- Ça fait combien de temps que vous n’avez pas mangé kebab vous ?
- Une semaine ! S’écrièrent-ils. »
Ah quand même… c’est déjà un miracle que Bastien n’ai pas encore violenté quelqu’un. Attend, si ça se trouve c’est déjà le cas, mais il ne me disent rien. Pourquoi ? J’en sais rien moi, y veulent me faire la surprise. Que Bastien ai frappé quelqu’un ? Bah ouais… c’est pas une surprise vu que tu t’en doutes. Oui, mais… … merde, j’ai plus d’argument contre moi-même… oh merde. Bref, je pense qu’avec ça, on a pu se mettre d’accord.
« - Tu vas repartir là ? Me demande Anthony.
- Non, je vais rester un peu… je peux ?
- Bien sûr que tu peux ! Me lance Bastien. Installe-toi, je prépare de quoi nous occuper. »
C’était crevant, génial, manquait plus que ça. Je sens que tout mon corps est lourd, j’ai besoin de me reposer, y m'ont claqué. Sinon à part ça, tout va bien. Attend. En fait, non, tout ne va pas bien, mais… au pire on s’en fout. Ouais, tranquille, la situation n’est plus aussi critique qu’on le pensait il y a de ça quelques jours. Je n’ai pas eu de nouvelle de K cela dit. Comme dit le proverbe : ‘‘Pas de nouvelles, bonnes nouvelles’’. La porte de chez moi est ouverte, Lucie doit être là. J’entre et me débarrasse de mes affaires. En montant dans ma chambre, je découvre Lucie allongée dans mon lit, enroulée dans la couverture, elle dort comme un bébé, je vais éviter de la réveiller.
Je ne sais pas pourquoi je reste planté là, devant le lit, à la regarder dormir. Lucie… c’est tout une histoire… ça n’à pas duré longtemps, mais j’étais content. Je ne sais pas comment elle fait pour rester avec moi malgré le fait que je l’ai quitté. On s’est toujours bien entendu, même après ça, mais j’ai toujours su qu’elle avait encore des sentiments pour moi. Je viens d’abandonner Anna pour ne pas lui créer de problème et de toute façon, elle en avait aussi l’intention… même si ce n’est pas pour les mêmes raisons. J’ai envie de pleurer, j’ai vraiment envie de tout faire ressortir et hurler, mais je n’y arrive pas. Quelque chose me bloque. Comme si ce n’était pas encore le bon moment pour baisser, ne serait-ce qu’une seconde, les bras, pour désespérer. J’ai un devoir à accomplir. Quand je m’entends parler, je ne me reconnais pas. Ce n’est pas ma façon de parler, ce n’est pas moi… j’ai changé… ça ne peut que mal finir. C’est peut-être le fait de savoir que je vais mourir de toute façon qui me rend aussi fermé à tout espoir. C’est fini pour moi… je n’ai plus qu’à faire en sorte que les autres en sortent vivant… … j’ai ce profond désir de vouloir être utile aux autres, je ne veux pas que ma vie… n’ai servit à rien… je me sens partir… encore… où est-ce qu’on… va reprendre ?
Hum… c'est bizarre, cette scène ne me dit rien. Je suis dans l'appartement de Driss, assis dans le canapé… c'est ici qu'il s’est arrêté avant que j'arrive ? Vraiment ?! Et tout ce qu'il s'est passé à l’hôpital alors ? Je suis perdu moi. Je sursaute lorsqu'on toque à la porte-fenêtre du balcon. J'invite l'inconnu et je la reconnais avec beaucoup d’appréhension. Angélique, je l'avais complètement oublié. Elle est sûrement celle qui se rapproche le plus d'Anna, surtout dans le comportement. C'est très étrange, j'ai créé ce personnage avant de connaître Anna, et pourtant elles se ressemblent. Le hasard fait bien les choses… quoique… le hasard se retourne contre moi. Je ne dois en aucun cas emporter Anna dans mon histoire. Angélique s’assoit en face de moi et me parle d’événement passé.
《- Bon, je suis venu, et maintenant ? Avec le tournois qui s’est conclu sur ta victoire, qu'est-ce qui te semblait si important à me dire ?》
Le tournoi s'est passé. J'ai gagné. Enfin, je veux dire, Driss a gagné ?! Ça ne se passe pas comme prévue, je ne sais même pas ce qu'il s'est passé à l’hôpital, ni même après, et encore moins pendant le tournoi. Je viens de passer du chapitre 17 au chapitre 60 au moins. C'est quoi ce bordel ? Est-ce que Driss est là au moins ? Ça fait un moment que je l'ai pas entendu. Je dois improviser, quelque chose vite :
《- Et bien comment dire… hum…
- Tu sais je ne te force pas, enquille-t-elle, après tout, je comprend que la perte d'un proche peut être douloureuse. Ta sœur s'est bien battu.》
Ma sœur… la sœur de Driss… Susie est morte ?! C’était pas du tout prévue ça… attendez… en fait si, la mort de Susie, je l'avais prévue il y a longtemps, mais en y réfléchissant j’ai décidé de la laisser en vie, qu'elle avait encore des choses à accomplir et à raconter dans Open Wounds. Pourquoi une version si éloignée devient-elle réalité ? Qu'est-ce qu'en pense Driss ? Moi qui lui ai promis un avenir dont il serait fier, le voilà défait d'une part de son avenir.
« - Ne t'en fais pas, je vais bien. Je voulais te parler de…hum… des- »
Je m’arrête suite à l’écroulement des murs, tout se désintègre, je me sens tomber. Qu'est-ce qu'il se passe ? Tout va de travers en ce moment, c'est du grand n’importe quoi. L’obscurité m'écrase, j’étouffe. C'est la première fois que ça arrive. Qui que ce soit… qu'est-ce que tu me veux ?
Je suis revenu. C'est la réalité. Ma chambre… Lucie qui… qui ne dors plus. Elle s'est réfugiée dans le coin du lit, la couverture couvrant à moitié son visage et me regardant… effrayée. Pourquoi ?
« - Pourquoi ? Demandé-je immobile, crispé dans la crainte.
- Usagi ? Lance-t-elle incertaine de ma présence.
- C'est moi, raconte moi tout.
- Je… je me suis réveillée et tu étais déjà là, assis sur le bord du lit. Tu avais le regard vide, t'avais l'air triste. Je me suis rapprochée et j'ai voulu comprendre pourquoi tu étais comme ça. Tu m'as repoussé au fond du lit et tu t'es levé. J'ai compris que ce n’était pas toi quand tu m'as regardé. On t'a déjà vu comme ça alors que tu étais dans ton histoire, mais là c’était trop différent. Je ne sais pas qui te remplace quand tu pars, mais tout à l’heure… tu t'es enragé d'un seul coup, j'avais l’impression de voir un animal en face de moi. Je me suis blottie sous la couette jusqu’à que tu reviennes.
- D'accord. Merci Lucie. Tout va bien maintenant. Je vais régler cette histoire. Tu peux me rendre un service ?! Demandé-je en posant une main sur son épaule.
- Lequel ?
- Je veux que tu cherches quelqu'un… »
Je me suis précipité dehors, téléphone en main, essayant de contacter K, en vain. J’appelle respectivement Ambre, Alexandre et Benjamin, ils n'en savent pas plus que moi quant à la situation de K. Je m’arrête sur un banc, dans un parc à une quinzaine de minute de chez moi… à pied. Ah bah oui, même avec mes étincelles je continue de marcher, j’aime bien, voilà ! Mais j'ai rien dit. Bah continue !
Qu'est-ce que t'es devenu K ? Je commence à être perdu. Un peu d'aide ce ne serait pas de refus. Eh le scénario il arrive quand ?! T'attend vraiment une réponse ? On sait jamais ! Il est con. Qu'est-ce que j'y peux moi ? Qu'est-ce que je peux y faire ? Je vais vraiment finir pas croire au destin… je crois que c'est K qui m’en parlais souvent. J'ai jamais voulu y croire et pourtant… j'ai cette sensation étrange que tout est le résultat d'une force supérieur. Peut être parce que je suis dans un livre. Han plot-twist ! Han tu t'y attendais pas ! Han il a dit que c’était pas drôle ! Han j'ai plus d’idée !
Le destin… au final, on est tous le pantin d'un autre. Tu sais ce que ça fait maintenant. Driss ?! T’étais où ? Désolé d’avoir fait peur a ton amie. J'essayais de me calmer là. Tu m'en veux ? Je t'en voulais. C'est une sensation très étrange, lorsque tu as l'impression d'avoir été dupé. Mais j'ai réfléchis. Si je te hais, je me hais moi-même. Tu m'a crée beaucoup trop fidèle à toi-même, ton idéal, pour que tu puisse imaginer une seule seconde me mentir. Après tout… comment je peux mentir à un mensonge ?! On appelle ça une fiction. Ce n'est pas pour rien. Je te fais confiance… reprends mon… non… reprends notre avenir. Si seulement c’était si simple. T’inquiète, le scénario va avancer dans 3, 2, 1… Un soudain violent coup de pied me fracasse l'arcade droite et me fait décoller jusque dans un arbre. Je me frotte en me relevant et me doutant de la folle qui m'a agressé. Je me propulse un tout petit peu en l’air avec mes étincelles et élance ma jambe vers A qui le prend de plein fouet dans le ventre.
《- La prochaine fois je vise la tête. Dis-je en lui lançant un sourire mesquin.
- J'ai hâte de voir ça. Répond-elle sans broncher du coup donné.
- Qu'est-ce que tu me veux ?
- Je suppose que tu n'es pas encore au courant. K est mort.
- Hein ?! 》
Mon sang n'a fait qu'un tour et mon poing qu'un trajet linéaire vers le visage de A. Une colère si brusque que j'ai eu l’impression de me frapper moi-même, j'ai mal aux phalanges. Je plaque A au sol, tenant ses épaules de mes deux mains.
« - Pour une fois que c'est toi qui commence. Me lance-t-elle.
- C'est toi qui manque de tact ! M'écris-je. On n’annonce pas la mort de quelqu'un comme si ça ne représentait rien ! En plus… je ne me souviens même plus de qui il était vraiment ! Il ne me reste que des vagues souvenirs ! J’espère que tu sais à quel point c'est frustrant de ne pas savoir qui pleurer.
- Je préfère aller droit au but… tu peux bouger s'il te plait ?! »
Certes je ne sais pas qui pleurer, mais je n'arrive pas à trouver les larmes. Je sens mon torse se contracter, ma gorge se nouer, mais rien ne sors. Est-ce mon corps qui ne peux plus pleurer ou moi qui me ment à moi-même encore une fois ?! Je n'aurais jamais imaginé K mourir si vite. J'ai à peine eu le temps de le revoir, on a eu le temps de discuter et le voilà déjà partie. Il pouvait nous aider. C’était quelqu’un en qui je pouvais avoir confiance et qui avait toutes ses raisons pour se battre.
J'ai laissé A se relever et m'expliquer le situation. Elle était simplement venue pour m'annoncer la funèbre nouvelle. Pour l’instant je devrais faire comme me l'a dit K la dernière fois : je reste tranquille. A va collaborer avec quelques anciens membre de l’équipe de K. En attendant, les autres et moi devront tenir un maximum de temps face a Warren et mon histoire. Jusqu’à ce qu’elle en ai finit. Je la trouve très sûre d'elle, mais je vais la laisser faire pour l’instant, ça nous économise de l’énergie. Tant mieux j'ai envie de dire. Par contre, j'ai une conversation à avoir avec Warren. A va s'en aller et je retournerai chez moi. Il est temps de voir la réalité en face.