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Dear Eliott,

I hope you’re good. Et je vais m’arrêter là, because tu m’as dit ne pas avoir un très bon niveau d’anglais – et le mien ne doit pas être bien plus haut.

Cette révélation ! Je suis absolument choqué ! (à toi d’imaginer des yeux écarquillés et des mains plaquées de chaque côté d’une bouche grande ouverte)

Merci pour ton numéro de téléphone, je le note précieusement. J’apprécie moi aussi beaucoup nos lettres et continuer ainsi me va à merveille, mais sait-on jamais.

Je n’arrive décidément pas à comprendre comment j’ai pu devenir ami avec toi. Tu as des goûts tellement... spéciaux (enfin, je veux dire que les personnes qui aiment ces choses sont rares, et encore plus celles qui aiment tout ! Je ne veux pas paraitre blessant) ! Tout ce que je n’aime pas. La pizza aux ananas, les réglisses, les pâtes coupées... Sauf en ce qui concerne les histoires d’amour ; je ne te jugerais pas, tout simplement parce qu’il m’arrive régulièrement d’en lire aussi.

Sinon, j’aime beaucoup la pizza aussi, mais je crois que je préfère le poulet au curry que fait mon père. Je suis d’accord pour le jus de fruits, mais j’ai quand même une petite préférence pour le jus d’orange ou multifruit. Et les bonbons, plutôt les petits ours en gélatine.

Livre papier évidemment ! Je n’attendais pas une autre réponse de ta part. Fantasy et fantastique pour moi aussi, ainsi que les drames et le théâtre ; le policier et l’horreur ne sont pas du tout mon truc.

Oh mince, c’est vrai que ça ne doit pas être évident de trouver des films que tu peux voir. Je suis désolé, c’est vrai que la société a encore quelques progrès à faire sur certains aspects. “Heureusement” qu’il y a beaucoup de séries étrangères, oui !

Tu aimes beaucoup les fruits, non ? En tout cas, moi je préfère au contraire les odeurs plus légères, de lessive ou même, je l’avoue, de fleurs. Tu vois, tu n’es pas le seul à être étrange.

Tiens, j’ai une dernière question pour toi. Quelle est la date de ton anniversaire ? Et ton signe astrologique (que je peux trouver moi-même sinon) ? Non pas que je m’intéresse vraiment à l’astrologie, mais il m’arrive, durant l’une de mes longues escapades Internet, de regarder quelques postes amusants à ce propos, qui ne sont absolument pas sérieux et véridiques (si on considère l’astrologie comme véridique).

Oh, mais oui ! C’est forcément ça, il m’espionne ! Il y avait une voiture verte pomme garée devant ma maison l’autre jour, un jour où j’ai reçu une de tes lettres, ça devait être la sienne ! Et surtout pas celle de ma tante venue nous rendre visite, pas du tout...

A très vite !

Maël.

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— Merci, bonne journée !

Maël sortit du bureau de la poste avec le sourire. Cette correspondance avait un prix : il fallait acheter les timbres, en plus du papier à lettres ou de l’encre – heureusement, il avait déjà ces deux dernières choses en quantité suffisante dans sa chambre.

Il se dirigea vers le lycée, et arriva juste avant la sonnerie : la faute au bureau de la Poste qui ouvrait trop tard pour qu’il soit en avance, et devant lequel il avait attendu pendant vingt-cinq minutes avant qu’on ne se décide à le faire entrer.

Il murmura un bonjour en passant devant le professeur d’anglais, tête baissée, avant de partir s’assoir au fond de la classe. Il n’avait personne devant lui, ou à la table la plus proche à sa gauche, et cela lui convenait. Ils étaient trop loin pour lui lancer autre chose que des regards plein de moquerie, de méchanceté ou de pitié.

Pitié... Eliott. Maël avait l’impression qu’il était partout. Où qu’il aille, quoiqu’il fasse ou pense, il y avait toujours une toute petite chose qui le faisait penser à son ami. Que ce soit des spaghettis au self du lycée, un professeur ou un élève qui appelle un adolescent Jeanne, ou même Eliott ; partout.