« À vos places, les enfants, le cours va commencer !
— Nous sommes prêts, Professeur Ismaël ? Qu’allons-nous apprendre aujourd’hui ?
— Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi ce petit garçon passe toutes ses journées à nous observer ?
— Non, jamais…
— Peut-être qu’il nous trouve beaux ?
— Peut-être qu’il est mort ?
— N’importe quoi ! Il n’est pas mort, sinon il serait sur le dos.
— Non, les enfants. Je vais vous expliquer. Au commencement du monde, il y avait des têtards qui vivaient dans l’eau. Un jour, ils décidèrent d’aller voir ce qu’il y avait à la surface et se firent pousser quatre pattes à la place de leurs nageoires pour se déplacer sur la terre. Au fur et à mesure des années, ils devinrent gigantesques, mais aussi très féroces. Certains d’entre eux ne mangeaient que de la viande, d’autres, uniquement des végétaux et certains apprirent même à voler. Puis, ils disparurent lorsqu’un immense caillou, appelé astéroïde, tomba de l’espace et s’écrasa sur la planète.
— Professeur Ismaël, qu’est-ce que l’espace ?
— C’est une immensité infinie de vide, et de tout à la fois, qui se trouve au-dessus du ciel. Ensuite, de nouvelles espèces naquirent, dont le singe. Pour mieux voir dans les herbes hautes, ils se redressèrent de plus en plus pour marcher. Avec le temps, ils inventèrent des outils de plus en plus perfectionnés. Ils utilisaient des lances en bois, des pierres très tranchantes, des arcs et des flèches pour chasser et se nourrir. Et beaucoup plus tard, ils développèrent ce qu’on appelle la technologie et avec elle de nouveaux outils comme les smartphones pour commander leur nourriture et se la faire livrer chez eux. Mais très vite, ils se sont déconnectés de la nature pour ne se connecter qu’aux machines qu’ils inventaient. Ils passaient des journées entières à fixer leurs écrans.
— Que pour se faire livrer de la nourriture ?
— Non, pas seulement. Pour travailler, pour communiquer, pour se divertir, pour trouver l’amour, et même pour être méchant avec les autres en restant anonyme.
— Même pour être méchant ? C’est lâche, ça !
— En effet ! Comme je vous disais, à force d’être plus connectés aux machines qu’à la nature, petit à petit, ils commencèrent à se transformer et devinrent eux-mêmes des machines.
— De la même manière que les premiers têtards ont développé des pattes pour s’adapter à leur nouvel environnement ?
— Ou comme les singes qui se sont redressés dans les herbes hautes ?
— Oui, c’est ça ! Malheureusement, aujourd’hui ils regrettent tous d’avoir autant usé de la technologie dans leur vie. Car le plus dur pour eux, c’est d’admettre qu’à une époque nous étions l’espèce dotée de la mémoire la plus courte et qu’aujourd’hui, c’est eux qui ne mémorisent plus rien. Maintenant, ils passent leur temps à nous regarder dans nos aquariums en espérant que ça leur permettra de redevenir des têtards pour tout recommencer à zéro. »
J'aime beaucoup le choix de tes mots, simplicité et vérité. J'apprends à connaître mon propre style et je pense que c'est exactement ça que je veux retranscrire dans mes écrits, simplicité et vérité.