Voilà maintenant un mois que nous parcourons le monde, que nous partageons une sorte de petit paradis à deux. Ethan va beaucoup mieux, je ne lui demande pas d’oublier son ancien petit ami, loin de là. Cependant il sourit plus, apprécie plus les petites choses, et moi mon cœur est comblé. Nous n’avons pas trouvé de signe de vie, comme si nous étions véritablement les seuls en ce monde. Cela ne me déplaît pas vraiment, vivre avec lui jusqu’à la mort, ce serait agréable.
— J’ai l’impression qu’il fait de plus en plus chaud, tu ne trouves pas ? Me demande-t-il en se ventilant avec sa main.
— On peut vivre tout nus si tu veux ?
— Pour que tu me sautes plus facilement dessus ?
— Ouaiiiis !
Il secoue la tête en soupirant de désespoir face à mes réparties. C’est vrai que je lui saute souvent dessus, mais lui aussi ne se gêne pas. Et l’avantage d’être seuls au monde c’est qu’on peut le faire absolument partout. La dernière fois c’était sur le capot d’une voiture en pleine rue, devant une gendarmerie. Qui peut se vanter d’avoir fait ça sans avoir été coffré dans la seconde ? Plus les jours passent, plus on expérimentent des choses… Mais plus il fait chaud, mon beau brun a raison.
— On ne voit pas le soleil… Si ça se trouve, c’est lui qui brûle la planète !
— Tu crois que c’est ça ?
— Si c’était un super volcan les effets seraient inversés, on serait en période glacière, car les cendres empêcheraient le soleil de nous réchauffer, dit-il en regardant le ciel.
— Ouah, tu écoutais les cours de S.V.T., toi ?
— C’est le seul truc que j’ai retenu. Les histoires avec les étoiles j’adorais, ça m’a toujours fasciné, sourit-il.
Je suis en sueur, Ethan aussi. Nous somme à la recherche d’eau, mais quelque chose nous interloque, il fait tellement chaud en plein soleil que ce qui est en plastique a commencé à se déformer, les pare-chocs des voitures font de drôles de formes et certains se décrochent.
— Putain… On va finir par y passer nous aussi…
— Il faut trouver de l’eau rapidement, dis-je en soupirant.
— Ouais je suis d’accord, mais j’espère que les bouteilles n’auront pas fondu en magasin.
— Ah oui, putain ! Hey, on se sépare et on essaie d’en trouver chacun de notre côté, je sais qu’on pouvait trouver des bouteilles en verre.
Il m’embrasse tendrement avant d’aller de son côté ; j’adore quand il m’embrasse de lui-même, en fait j’adore tout de lui, simplement. Je me dirige vers une supérette, en entrant il y a une odeur de cramé, c’est atroce. Je cherche le rayon des bouteilles d’eau… putain… mais les bouteilles ont carrément fondu. C’est un four là-dedans, je trouve une seule bouteille d’eau en verre, je l’attrape et ressors rapidement tellement l’air est suffocant. J’ai l’impression que la température monte en flèche.
Je cherche alors Ethan un peu partout pour partager ma trouvaille, je ne le vois nulle part, nous sommes pourtant dans une petite ville. Au loin j’entends un grondement, comme si quelque chose se rapprochait de nous. Je plisse les yeux, essayant de voir quelque chose, mais c’est bien trop loin, cette histoire ne sent pas bon. Je commence à paniquer, je cherche Ethan et commence à hurler son nom dans la rue, seul l’écho du silence me répond.
Je panique de plus en plus, l’imaginant consumé par les flammes. Seul, loin de moi, je ne veux pas mourir loin de lui, je ne veux pas le perdre. Le grondement se rapproche, et lorsque je vois ce que c’est enfin, mes yeux s’écarquillent. C’est un immense mur de flammes qui semble se rapprocher de nous et rapidement.
— ETHAN !!!!
Je commence à avoir les larmes aux yeux, je ne veux pas mourir loin de lui, et là je le vois sortir d’une supérette. Il voit le mur de flammes dans mon dos, je le vois devenir blanc et ses larmes apparaître. Je me jette sur lui et l’embrasse avec une force d’un autre monde. Il me répond aussi fortement, nos larmes se mélangent, on sait très bien que c’est fini, que notre calvaire va prendre fin. Je suis mitigé entre le fait que ça se termine enfin et que ce que je vis avec lui se termine aussi. Je m’écarte doucement de lui.
— Je t’aime, Ethan ! Je t’aime tellement fort !
— Moi aussi je t’aime, Érick ! Pour toujours !
Nos lèvres se mélangent de nouveau, les flammes sont près de nous, en quelques secondes elles nous enveloppent totalement alors que nous nous embrassons pour la dernière fois.
FIN