À Plume d’Argent, avec tout mon cœur (et mon encre)

Par Naya

À Plume d’Argent, avec tout mon cœur

Il paraît que certaines pages ne se tournent jamais vraiment — elles se déposent doucement, comme une plume sur un carnet refermé. Plume d’Argent va fermer… et même si mes doigts hésitent encore sur le clavier, c'est peu être la raison qui me pousse a publier si tard ce texte, même si j’ai envie de croire à un épilogue caché quelque part dans les tréfonds du site, je sais qu’il faut écrire cette dernière lettre.

Trois ans. Trois années à errer entre les chapitres, à rire dans les commentaires, à retoucher des phrases à minuit, persuadée que « cette virgule » changerait le monde. Trois années d’encre, de café, d’écrans lumineux et de petits cœurs déposés en bas des chapitres d’autrui. Trois années, et déjà tant d’émotions entassées qu’elles débordent de mon clavier. Trois ans sous tout un tas de pseudos, pour cause de perte de mots de passe ^^.

Je me souviens encore de mon premier pas sur Plume d’Argent. Ce n’était pas glorieux : je ne savais pas où cliquer, je paniquais devant l’interface. J’ai posté mes premiers chapitres en tremblant — persuadée qu’ils étaient bancals, maladroits, trop moi. Et pourtant… quelqu’un a commenté. Une phrase douce, bienveillante, sincère. C’est ce jour-là que j’ai compris que ce site n’était pas seulement une plateforme, mais un abri.

Parce que c’est bien ça, Plume d’Argent : un refuge.
Un lieu où les mots n’étaient pas jugés à leur perfection, mais à leur vérité. Où l’on pouvait être soi-même — l’auteur·e hésitant·e, le poète qui doute, la rêveuse qui rature, le correcteur bienveillant. On y trouvait un peu de tout : des dragons, des fées, des dystopies, des romances, des journaux intimes déguisés en fictions. Mais surtout, on y trouvait des gens. Des vraies âmes.

J’ai rencontré ici des plumes devenues des ami-e-s -O-J-G-. Des voix qui ont traversé les écrans pour devenir des présences dans ma vie. On s’est encouragé-es, relu-es, parfois consolé-es quand un chapitre refusait de s’écrire ou qu’un commentaire négatif faisait trop mal. On s’est partagé des bouts de nos vies entre deux paragraphes.
Il y a eu des messages nocturnes (« T’es encore réveillée ? » — évidemment que oui, on écrivait), des bêta-lectures improvisées, des crises de rire devant des dialogues absurdes, des débats passionnés sur la grammaire (et sur la place des tirets cadratins, les vrais savent -V-).

Plume d’Argent, c’était un peu un petit monde parallèle.
Un village suspendu entre réalité et fiction.
On y venait pour poster un texte, et on finissait par s’y installer.

J’ai appris tant de choses ici.
J’ai appris à accepter mes maladresses. À comprendre que chaque texte, même imparfait, porte une part d’authenticité. J’ai appris à écouter les autres, à lire avec attention, à oser dire ce que j’aimais dans une phrase.
Et surtout, j’ai appris que l’écriture, même solitaire, n’a pas besoin d’être vécue seule.

Je repense à tous les retours reçus, parfois détaillés, parfois juste un mot, mais toujours sincères. À ces lecteurs qui prenaient le temps d’écrire « j’ai adoré cette image » ou « ce passage m’a touché ». Vous ne le savez peut-être pas, mais chaque mot comptait. Chaque commentaire donnait un peu de courage pour la suite, un peu de lumière dans les soirs gris.

Et puis il y avait cette magie propre à PA — ce mélange unique de douceur, d’humour et d’exigence. Les relectures pointues, mais jamais méchantes. Les échanges passionnés qui restaient toujours respectueux. L’esprit collectif qui nous poussait à nous améliorer sans jamais nous rabaisser. Ce n’était pas juste un site d’écriture. C’était une école de cœur, une bulle bienveillante dans un internet parfois trop bruyant.

Alors oui, aujourd’hui, l’idée que tout cela s’arrête me serre la gorge.
Les notifications ne sonneront plus.
Les plumes argentées ne brilleront plus dans la marge.
Les histoires resteront, bien sûr, mais le lieu, lui, s’effacera — comme une empreinte sur la neige.

Et pourtant… je n’ai pas envie que ce soit triste.
Parce que ce qu’on a construit ici, ça ne disparaîtra pas.
Les amitiés continueront ailleurs, les textes trouveront d’autres nids, et nos cœurs, eux, porteront toujours un peu de cette lumière argentée.

Je me dis que PA n’a pas juste abrité nos écrits : il nous a changés.
Il nous a appris à croire en nos mots, à oser montrer nos histoires au monde, à reconnaître la beauté dans les brouillons. C’est rare, ça. C’est précieux.

Alors je veux dire merci.
Merci à l’équipe, déjà — ces magicien-n-es de l’ombre qui ont entretenu le site, réglé les bugs, apaisé les doutes, animé la communauté avec patience et humour. Vous avez été les gardiens du phare.
Merci aux lecteurs, discrets ou fidèles, qui ont lu nos romans en construction, nos poèmes tâtonnants, nos sagas inachevées. Vous avez donné un sens à tout ça.
Et merci aux auteurs, aux plumes, aux rêveurs — ceux qui ont partagé un bout de leur univers et accepté de lire le mien. Merci pour les fous rires, les critiques bien tournées, les discussions à rallonge, les projets fous qui ne verront peut-être jamais le jour mais qui nous auront fait vibrer.

Trois ans, c’est beaucoup et si peu à la fois. Mais c’est assez pour tisser des liens qu’on n’oublie pas.
Je sais que, quelque part, une part de nous restera accrochée à ce site — comme un marque-page qu’on ne retire jamais d’un livre qu’on aime trop pour le refermer vraiment.

Peut-être que dans quelques années, on se retrouvera ailleurs, sous d’autres pseudos, d’autres avatars, mais on se reconnaîtra.
À la tournure d’une phrase, à une référence glissée dans un dialogue, à une certaine manière d’écrire le mot « plume ».
Et on sourira. Parce qu’on saura d’où on vient.

Plume d’Argent, tu as été notre refuge, notre tremplin, notre petite maison d’encre et de lumière.
Merci pour les nuits blanches, pour les lectures qui m’ont bouleversée, pour les amis rencontrés entre deux chapitres, pour les rires partagés dans les commentaires.
Merci d’avoir cru en nous quand nous n’étions encore que des brouillons humains.

Alors oui, la page se tourne, mais elle se tourne avec amour.
Et sur la suivante, en haut du premier paragraphe, j’écrirai encore :

« À mes ami-e-s de Plume d’Argent — parce qu’aucune histoire ne s’écrit seule. »

 

Merci d’avoir existé.

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MrOriendo
Posté le 25/10/2025
Bonsoir Naya,

C'est un superbe hommage que tu rends à Plume d'Argent, j'en ai presque versé une larme. Tu as bien résumé tout ce que cette formidable aventure humaine représentait à nos yeux et tout ce que la plateforme a pu nous apporter.
À très vite pour écrire une nouvelle page de notre histoire.
Gae / Ori
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