Les couleurs autour de Séléna lui semblaient ternes bien que les lumières de cette grande ville illuminaient la nuit. Dans cette métropole qui ne dort jamais, de jour comme de nuit, l'énergie autour d'elle n'était plus la même. Les passants autour d'elle étaient semblables à des ombres chinoises, ils avaient d'humains que la forme. Séléna pour se sentir moins seul levait les yeux afin de donner à ces ombres un visage, mais rien ne se passait. C'était comme si une vitre recouverte de buée la ceinturait.
Alors qu'elle marchait avec cette tristesse, elle entendit une voix qui lui était étrangement familière. Jusqu'à maintenant, tout ce qu'elle entendait était sa propre voix tournant en boucle. L'appel l'obligea à regarder hors d'elle. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, la vitre était toujours là et derrière elle les ombres en mouvement. La réaction de peur qu'elle ressentit à cette vue lui donna envie de fermer ses paupières. Avec détermination, elle se dit alors que la peur était une réaction et rien qu'une réaction. Elle prit une grande inspiration puis ouvra les yeux et décida de laisser cette peur la traverser.
L'appel parvint de nouveau jusqu'à elle, la vitre était toujours présente et semblait atténuer le son de la voix, du bruit des passants, du bruit du monde. En regardant cette vitre elle vit alors une brèche, un rayon de lumière intense émanait de celle-ci ainsi que l'écho de la voix. En tendant l'oreille elle comprit que son prénom était nommé. Le désir pris alors le dessus sur la peur, le désir de voir cette vitre se briser, à la seule évocation de ce souhait la vitre se brisa.
Les couleurs autour d'elle n'étaient plus ternes mais chaudes et colorées. Les passants n'étaient plus des formes, mais des corps fait de chairs semblant laisser derrière eux lors de déplacement des poussières d'étoiles composées de regards, de visages, de rires, de bonheur, de rêves, d'ambitions et de paix. La ville était de nouveau présente et son fleuve magnifique en ce soir grâce aux reflets des lumières.
Son prénom s'éleva dernière elle, en se retournant, elle vit Martin essoufflé, car il avait couru tout en la cherchant. Séléna le voyait et l'entendait clairement néanmoins elle ne parvenait pas à parler. Elle était dans l'attente, elle venait d'imaginer le pire pour elle. La solitude était le résultat de chacune de ses projections dans l'avenir. Ils étaient tous les deux beaucoup trop jeunes pour attendre un enfant. Son souffle retrouvé, Martin prit alors la parole.
- Je t'aime Séléna, depuis toujours. Je sais que nous sommes qu'au lycée, mais sache, tu n'es pas seul. Cette enfant que tu portes est aussi le mien. Ne vois pas le mauvais côté, vois que le bon car lui seul compte. L'avenir ne sera pas simple, mais tu peux être sûr d'une chose, je ferai tout pour être un bon père. Nous ne sommes pas seuls, nos familles seront là pour nous épauler.
A la suite de ces mots, la tristesse qui accompagnait Séléna se transforma en doux bonheur, en vie, en enfant.