À vous, l’âme en quête de vérité,

Notes de l’auteur : Pour adultes averti

Je suis Victor. Ou peut-être Viggo. Peut-être qu’il n’y a plus de « je ». Peut-être qu’il ne reste qu’un murmure, une ombre au bord du vide. Une plume tenue par une main tremblante. Ou est-ce toi qui écris, à travers moi ?

Tu es là, je le sais. Je t’entends. Ton souffle glisse sur ma nuque, froid et humide, comme la brise glaciale d’une nuit sans lune. Mais est-ce vraiment toi ? Ou est-ce le vent ? Peut-être… peut-être est-ce moi.

Les rires résonnent. D’où viennent-ils ? Ils se mêlent aux murmures dans ma tête, comme des notes discordantes. Est-ce toi qui ris ? Pourquoi ris-tu ?

Les coups secs de ma canne rythment mon écriture. Tac. Tac. Tac. Le son résonne dans la pièce vide, un écho qui semble me répondre. Cette canne… elle me soutient, mais elle est aussi un fardeau. Je l’ai façonnée moi-même, dans un moment d’urgence, un besoin de m’accrocher à quelque chose, n’importe quoi. Ce n’est pas juste un bâton, c’est une extension de moi. Un pilier fragile dans ce monde de brume et d’échos.

Et puis, il y a la pipe. Ah, la pipe… Elle m’offre un semblant de paix, ou peut-être juste une distraction. Je l’ai fabriquée moi-même, comme la canne. Une œuvre de mes mains, un effort pour donner un sens à ce qui n’en a plus. Les herbes que j’y brûle, recommandées par un vieil homme aux doigts noueux et au regard grave, laissent un goût amer sur ma langue. La fumée s’élève, bleutée, serpentant dans l’air. Elle emporte une part de moi à chaque bouffée.

Et toi, tu es encore là. Tu observes. Tu chuchotes.

L’encre, elle aussi, m’obsède. Son odeur âcre me prend à la gorge, s’insinue dans mes narines, s’accroche à mes doigts. Mes mains tremblent, mais je continue. Je ne peux pas m’arrêter. Si je m’arrête, je sais ce qui viendra. Les murmures. Les chaînes. Elles sont toujours là. Invisibles, mais si lourdes.

Tu sais ce que c’est, des chaînes ? Non, bien sûr. Elles brûlent ma peau comme des braises et gèlent mes os comme le vent du nord. Elles enserrent mes poignets, mes chevilles, même mon souffle. Leur poids m’écrase, et pourtant… elles n’existent pas. Pas vraiment. Juste une sensation insupportable, une présence invisible que je ne peux fuir.

La Russie. Mon royaume d’enfance. Ses paysages gelés hantent mes souvenirs. Le bleuet, fragile, éclatant dans les plaines enneigées. Une porte qui claque. Une voix qui hurle. Le silence d’un feu éteint. Tout est flou, éclaté en fragments. Même les éclats de rire ne m’appartiennent pas.

L’amour ? Ah, l’amour… C’est comme une fleur d’aconit. Belle. Envoûtante. Mortelle. Elle t’attire, te captive, mais elle finit toujours par te tuer doucement. Son parfum est un poison, et pourtant on y revient, encore et encore.

Alors pourquoi écrire ? Pour toi ? Non. Ce journal n’est pas pour toi. Pas vraiment. Mais alors… pourquoi es-tu là ? Pourquoi je te parle ?

Mon cœur s’emballe. Les rires s’intensifient, les murmures se rapprochent. Efface ça. Efface tout. Personne ne doit savoir.

Mais c’est trop tard. Les mots restent gravés dans ma tête. Je vois des visages. Le sien. Le tien ? Non, le mien. Distordu, brisé. Je ferme les yeux, mais les ombres persistent. Elles parlent. Elles murmurent.

Тени говорят. Они смотрят.

Мы начинаем? Или заканчиваем ?

Et toi, qu’en dis-tu ?

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Djidji Trakos
Posté le 19/02/2025
L'ecriture est fluide. les phrases ont un sens profond. Une certaine poésie entre les lignes... et sourtout ça nous parle, car on a l'impression que tu décris nos propres pensées.
Cependant les phrases barrées ont un double tranchant :elle peuvent séduire le lécteur par leur originalité et leur audace, mais elles risquent également de devenir désagrables à l'oeil.
DarkInkDreams
Posté le 21/02/2025
C’est un journal je te laisse découvrir pourquoi il barre
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