Un bruit strident, la chaleur du soleil sur le visage, l'odeur des croquettes de bon matin. Voilà comment Élodie se réveille chaque matin. Son chien à ses côtés, trop proche de son nez, son réveil toujours là pour la tirer hors de ses rêves et se rappelant qu'il lui faudrait un jour des rideaux sur ses fenêtres. Après un long soupir et une bousculade de la part de Pouf, elle se retrouva devant le miroir de sa salle de bain.
Elle n'était pas une fille très spéciale, son physique était classique : pas trop potelée ni trop fine. Elle avait des cheveux bruns qui lui arrivaient jusqu'aux épaules, des yeux d'un marron aussi foncé que possible. Un visage carré qui pouvait donner confiance.
Élodie n'avait rien à redire de son physique. D'ailleurs, ce que pensaient les personnes autour d'elle, elle s'en fichait. Après s'être rapidement rafraîchie, elle se retrouva à verser les croquettes de Pouf dans un bol. Au son de la nourriture le pitbull ne tarda pas à apparaître en se léchant les babines sans quitter le bol des yeux. Cela fit sourire Élodie : les animaux ne se laissaient que rarement faire, mais lorsqu'il s'agissait de nourriture alors là c'est porte ouverte à l'écoute.
« Alors qu'est-ce qu'on a aujourd'hui Pouf ? » demanda-t-elle tout en ouvrant son ordinateur portable. Entre elle et lui se trouvait une tasse de chocolat chaud. Impossible pour la femme de résister à ce doux mélange. Bien que le chocolat lui apportait un certain plaisir chaque matin, aujourd'hui il ne pourrait pas soulager la déception que ressentait Élodie en lisant ses mails. « Refusé » était le mot était marqué sur les cinq demandes de job qu'elle avait envoyé. Tout en soupirant, elle rapprocha la tasse de ses lèvres, repensant au six dernières années de sa vie.
Comme son physique, Élodie n'était pas spéciale dans la vie. Elle avait terminé des études dans la normalité absolue, ni la première de sa promo ni la dernière, pour au final avoir un diplôme en sciences humaines sans qu'aucun boulot ne l'intéresse. Mais pas le choix, une vie autonome imposait de travailler même si ce n'était pas par plaisir. Heureusement pour elle, une place dans un musée s'était libérée quelques mois après qu'elle ait été diplômée.
Tout avait pourtant basculé trois ans auparavant...
À cette période-là, les informations parlaient constamment de la menace des Anomalies : des personnes dont la séquence génétique avait été modifiée au cours de leur vie, sans réelle raison. Les scientifiques pensaient à une mutation latente, pourtant aucune qu'ils connaissaient ne pouvait donner l’impensable au plus ordinaire. Les Anomalies développaient au cours du temps des pouvoirs puissants et incontrôlables qui causaient des dommages autour d'elles. De victimes, elles étaient devenues des armes politiques, provocant attentats et débats interminables entre les grandes puissances partout dans le monde.
Des mesures de sécurité avaient bien entendu été mises en place, mais aucune n'avait pour l'instant porté ses fruits alors que le nombre de blessés augmentait inexorablement.
C'était une journée ordinaire pour Élodie : se lever, faire la course dans le parc avec Pouf, se préparer et aller travailler au musée. Mais le retour chez elle n'a jamais autant changé sa vie. Elle était dans le métro, écoutant sa musique, observant les personnes autour d'elle. Les portes s’étaient ouvertes, elle était sortie et une grande détonation la propulsa contre un mur. Lorsqu'elle reprit connaissance, des acouphènes l'empêchaient d'entendre clairement et le sol ne cessait de tourner sous ses pieds. Au bout de plusieurs secondes interminables, elle parvint à dinstinguer deux cadavres calcinés non loin d'elle. Elle essaya de comprendre ce qui l'avait projetée au sol et finit par se rappeler avoir vu une Anomalie. C'était elle qui avait causé l'incident, des militaires devaient être en train de s'occuper d'elle à présent. Et c'était tout, les informations parlèrent de l'incident durant trois jours jusqu’à ce qu’une autre nouvelle fasse la une.
Pour Élodie, ce n'était pas terminé, loin de là : deux semaines plus tard, après être sortie de l'hôpital elle se dirigea vers un centre d’accueil militaire. Elle s'y engagea et durant plus de deux ans elle combattit pour le bien du peuple. Jusqu'à ce qu'un jour, une autre Anomalie change sa vie.
L’aboiement de Pouf la sortit de ses pensées. Lançant un dernier regard à l'ordi, elle le referma et se prépara à une autre journée à chercher du travail.
Par chance, aujourd'hui la pluie avait pris des vacances laissant place à un doux soleil. Élodie habitait à Mad Bay depuis déjà quelques années : c'était une petite ville du Wisconsin dont la beauté surprenait toujours autant la jeune femme. Une forêt dense entourait la ville, tel un monde féerique caché de toute vision humaine. Les bâtiments marqués par le temps avaient tout autant de charme, et Élodie se surprit de nombreuses fois à se demander quelles histoires ils cachaient des yeux des hommes. Pouf pour sa part vivait le paradis, et bien qu'un temps pluvieux fût majoritaire il adorait lorsque la pluie cessait et qu'il pouvait enfin gambader dans la ville.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser de premier abord, Mad Bay n'était pas en retard, c'était même tout l'inverse : la ville faisait en sorte de toujours rester à la pointe du progrès technologique et social. De ce fait, plusieurs laboratoires ainsi qu'institutions scientifiques y avaient vu le jour, tout comme des départements se focalisant sur de nombreux autres domaines. Cette amélioration avait permis une augmentation significative de la longévité des habitants. Pourtant n'ayant pas de retraite, de nombreuses personnes occupaient un poste trop longtemps. Il était donc de plus en plus difficile de trouver un job, tellement les demandes se faisaient nombreuses. Pour cela, le maire avait mis en place la CRT, un moyen efficace permettant aux demandeurs d'être plus vite acceptés dans différents jobs.
Poussant la porte vitrée du bâtiment, Élodie se rendit dans le bureau de son conseiller. Un homme petit mais chaleureux tel un lutin du Père Noël. La femme le connaissait assez pour savoir qu'il passait outre les clichés, et tentait réellement de lui trouver du travail.
« Hey Charlie, as-tu quelque chose pour moi aujourd'hui ? » demanda Élodie en prenant place devant le bureau.
« Encore refusée, c'est ça ? » répondit-il en se retournant vers la femme.
« Que veux-tu, c'est comme ça après l'armée. » soupira-t-elle.
« C’est fou ce que la société est coincée d'esprit, les gens ne cessent de penser que vu que vous étiez dans l'armée alors forcément vous attirez les Anomalies. Telle une mouche à merde. »
« D’un côté, on ne peut pas réellement leur en vouloir, bien que j'aimerais vraiment trouver du travail pour une fois ... »
« Et bien sache que ton vœu a été entendu par le vieux barbu ! Ton gentil lutin t'a trouvé quelque chose. » en entendant cela la femme fut emplied'espoir et de joie. Elle n'eut même pas besoin de poser des questions que Charlie commençait déjà à tout lui expliquer.
« Une matrone s'occupant d'enfants dans un complexe hors de la ville cherche un ou une surveillant(e) ; La personne doit savoir se faire respecter tout en n'effrayant pas les jeunes enfants. Ce boulot te forcera à vivre dans le complexe... Mais rien n'interdit la possession d'animaux, donc ce gentil Pouf qui ne cesse de me mâchouiller le bas du pantalon pourra rester avec toi. »
« Tu dis ça comme si j'avais déjà le job, Charlie… »
« Eh bien…il s'avère que j'ai contacté cette matrone, une certaine Anastasia. Vu sa façon de parler j'en ai déduit qu'il s’agissait d'une veille, dédiée à son travail. Il s'avère qu'elle est aussi intéressée par ton CV, bien qu'il n'y ait rien d'extraordinaire à part l’armée... » répondit Charlie tout en feuilletant le dossier d’Élodie.
« Merci...»
« Enfin bref, je t'ai obtenu un entretien d'embauche dans ce complexe… Dans… Exactement...3h ! » lâcha-t-il tout en regardant sa montre. « Tu devrais te dépêcher si tu veux éviter les bouchons ! Tiens, voici l'adresse, et dis à Pouf d'arrêter de mâcher mon pantalon ! » cria Charlie alors que Élodie entamait son meilleur sprint.
Après exactement deux heures et cinquante-huit minutes, Élodie se retrouva devant l'énorme porte du complexe. Le souffle court, elle prit quand même le temps d'observer les lieux, ou plutôt de bien les analyser, une habitude de l'armée qui lui avait été de nombreuses fois utile. Le complexe se trouvait bien à deux heures en dehors de la ville, encore plus enfoncé dans la forêt que le reste de Mad Bay.
Une seule route de gravier permettait l’accès au bâtiment, et étrangement le portail était déjà ouvert à son arrivée. Coïncidence ? Élodie en doutait vraiment.
L'architecture du bâtiment était assez moderne, il y avait tout de même des vielles aspérités montrant que le lieu avait subi quelques travaux assez chers récemment. Un grand jardin dépourvu de décoration se situait juste derrière la jeune femme, juste du gazon bien entretenu. Élodie se questionna : qui pourrait bien habiter ici ? Selon ce que Charlie lui avait résumé, Anastasia s’occupait d'enfants. Un orphelinat ? Trop loin. Un centre ? Peut-être. Mais un centre sur quoi ? Et pourquoi avec des enfants ?
Élodie fut coupée dans ses réflexions, Lorsque sa montre bipa. Une seconde plus tard, la porte s'ouvrit avant même que la femme puisse toquer pour annoncer sa présence. Surprise par autant de rapidité, elle mit de côté ses questionnements et se concentra sur la personne ayant ouvert la porte.
« Vous devez être Élodie » dit la femme au seuil d'un air sérieux.
D'âge moyen, cheveux bruns longs en queue de cheval, tailleur bien repassé, position bien droite.
Élodie comprit vite que cette femme allait être coincée d'esprit, impossible pour elle de lui faire la conversation. Son air sérieux fit comprendre à la nouvelle venue qu’elle ne tournerait pas autour du pot.
« Oui.. » affirma la concernée mais sachant pertinemment qu'elle le savait déjà « et vous êtes ?... » tenta-t-elle.
« Mme Lewind vous attend dans son bureau, suivez-moi » répondit la femme avant de laisser entrer Élodie et de fermer précautionneusement la porte derrière elle. Un clic se fit entendre, indiquant le verrouillage de la porte. Normal en soi pourtant deux autres ont suivi. Trois verrous ? N'est-ce pas un peu trop ?
« Ne traînez pas » dit la femme en commençant à marcher vers le hall suivi des escaliers.
L'humeur d’Élodie passa rapidement à la colère après la remarque, mais elle mit ça de côté et se concentra sur les lieux et le chemin emprunté.
Première étage, couloir de gauche jusqu’au fond et elle se tenait devant une grande porte en bois. Élodie ne put admirer plus longtemps les murs qu'elle était déjà sans s'en rendre compte devant le bureau d'une autre femme. Celle-ci était en train d'annoter divers papiers. Élodie devina que c'était Anastasia par son âge, sa coupe de cheveux et aussi par le simple fait qu'elle se trouvait actuellement dans son bureau comme une enfant punie.
Le silence dura « à peine » deux minutes avant qu’Anastasia ne se décide enfin à prendre la parole. Élodie, pour sa part, était toujours debout au milieu de la pièce. À sa droite, la femme qui l'avait accompagnée, un dossier sous le bras.
« Élodie ravi de voir que vous vous êtes présentée à cet entretien » commença-t-elle en relevant la tête et arborant un doux sourire, mais, étrangement, Élodie ne le trouva pas rassurant. Quelque chose titillait son esprit depuis son entrée dans le bâtiment. Elle se retint de toute remarque et décida de faire comme si tout était normal.
« Et bien, il en est de même pour moi, merci de me donner une chance. » ce à quoi Anastasia ne fit qu'un signe de tête.
« Jessica, voulez-vous bien me donnez son dossier ? » demanda Anastasia en faisant référence au dossier d’Élodie.
Enfin un nom ! Se dit la jeune femme alors que Jessica se rapprocha de la matrone.
« Diplômée en sciences humaines, ancienne militaire section Anomalie et sans job depuis déjà quelques années » résuma Anastasia tout en lisant le CV. Élodie ne fit aucun commentaire attendant patiemment les questions qui allaient arriver.
« Bien, c'est un CV assez faible mais c'est ce qu'il me faut. Alors avez-vous des questions ou je peux commencer à vous expliquer votre nouvel emploi ? »
Élodie fut à court de mots sur le coup, mais reprit vite et se lança.
« Eh bien, pourquoi moi ? En quoi suis-je ce qu'il faut ? » demanda-t-elle tout en se forçant à ne poser aucune question sur le centre en lui-même.
Bien qu'elle ait vraiment besoin d'un job, elle n'allait tout de même pas en prendre un qui semblait trop facile et louche. Elle avait l'habitude du rejet de la part des employeurs, et le fait qu'Anastasia l'ai directement prise lui semblait problématique. Quelque chose clochait et elle voulait vite mettre ça au clair.
« Droit au but » affirma Anastasia en se levant de son bureau pour aller jusqu’à la porte, suivi de très près par Jessica bien entendu « suivez-moi je vais vous expliquer »
Élodie fit ce qu'il lui était demander et suivi patiemment la matrone le long d'un couloir, une minute lui suffit pour prendre enfin la parole.
« Voyez-vous, j'ai un rêve dans la vie. Le savoir absolu. C'est l’idéal que j'ai de plus cher. » commença Anastasia tandis qu’Élodie écoutait sagement, Jessica suivant juste derrière eux. « Depuis quelques années déjà, notre monde ordinaire a été chamboulé par l'apparition de l'inconnu en chair et en os. Je parle bien entendu des Anomalies... » un tournant à droite, des fenêtres et la descente d'escalier. « Ces personnes dont l’aptitude dépasse l'imaginable...un tel savoir encore jamais compris...c'est la raison pour laquelle j’ai créé ce centre »
C'était donc bien un centre ! Se dit Élodie en réfléchissant aux paroles de la femme. Elle lui semblait en soi déjà bien obsédée par les Anomalies. Elle correspondait au profil qu'une scientifique aurait par rapport à ces êtres. Dès qu'une nouvelle chose qui sortait de l'ordinaire apparaissait, ils leur fallaientt le décortiquer et tout savoir d’elle. Un tournant à droite et les trois femmes firent face à une grande baie vitrée. Et ce que vit Élodie lui fit prendre peur des réelles intentions d'Anastasia.
« Il accueille la clé du savoir... » finit Anastasia.
Derrière la baie vitrée : un jardin artificiel, entouré de tous les côtés par des vitres, au centre de cette fausse nature une quinzaine d'enfants, de toutes les tailles. Tous en rangs par cinq, les bras derrière le dos, le visage sans émotion. En face d'eux seul une femme et un homme adultes les regardait de haut. Élodie ne comprenait pas, ou du moins elle s 'empêchait de vouloir comprendre. Mais les paroles d’Anastasia ajoutées à cette vue, lui firent comprendre la situation. Il ne fallait pas être un génie pour mettre bout à bout les informations.
« Vous dites…que...ces enfants...sont des Anomalies ? » demanda Élodie d'une voix tremblante alors que son regard ne quitta pas les concernés.
Elle s'était engagée pour combattre les Anomalies. Des menaces. Un danger presque invincible. Elle avait tant perdu à cause de ça. Et maintenant elle se retrouver face à eux. Une quinzaine regroupée dans un même endroit. La peur avait pris possession d'elle, tous les souvenirs de ses combats lui revinrent en vague et la tétanisa.
À côté d'elle, Anastasia était restée silencieuse, mais ses lèvres étaient recourbées dans un petit sourire, et ses yeux étincelaient de fierté à la vue des sujets. Avec un hochement de tête, elle ordonna silencieusement aux deux adultes de sortir les enfants. Sans aucune réponse de leurs parts, les concernés firent ce qu'il leur était demandé. Un ordre crié et les enfants se remirent au garde à vous, avant de marcher tels des robots vers la sortie.
« Mais à quoi vous jouez ? » murmura Élodie en sortant de sa transe, voir les enfants bouger ainsi ne la rassurait en aucun cas, elle commençait à comprendre ce qu'il se tramait ici...
Lorsqu’une personne fait face à un danger encore inconnu, son premier réflexe est de ramener ça à quelque chose qu’elle connait. Sinon la peur prend le dessus. Lorsque c'est fait, la personne va vouloir exercer une différence de force, par le contrôle ou la peur. Ici les enfants venaient de se déplacer comme des êtres sans vies, des robots. Élodie a donc compris qu’Anastasia avait le contrôle sur eux. Jusqu'où était encore la question…
« Comme je vous l'ai dit, ce centre est la clé du savoir, vous aviez presque vu juste quand vous avez supposé que ses enfants étaient des Anomalies » commença Anastasia en se tournant vers Élodie, un sourire toujours sur ses lèvres, les yeux autrefois étincelants maintenant remplis de malice.
« Alors ils n'en sont pas ! » coupa la femme de plus en plus en colère.
« Non » répondit simplement la vieille femme en commençant à marcher dans le sens inverse, empruntant le chemin qui conduit vers son bureau. « Il serait trop risqué de vouloir contenir des Anomalies n'est-ce pas. »
Derrière elle, Élodie marchait d'un pas furieux, elle voulait des explications et agir avant que cela ne dégénère. Pour cela il lui fallait plus d'informations, pour ensuite prévenir l'armée.
Mais, apparemment Anastasia avait déjà plusieurs coups d'avance.
« Vous devez vous en douter mais sachez que le gouvernement est au courant de tout ce qui se passe dans ce centre. » continua la matrone, perturbant Élodie.
Bon, le gouvernement était au courant, c'était déjà ça ! De plus, elle avait affirmé que ce n’étaient pas des Anomalies et il semblait qu'elle connaisse les risques, s'énuméra Élodie mentalement. Mais d'autres questions resta en suspens.
« Si ce ne sont pas des Anomalies alors quel est le rapport entre eux et les enfants ? » demanda-t-elle alors que les trois femmes prirent place une nouvelle fois dans le bureau. Seule différence, Anastasia était debout avec les poings sur la table et Jessica avait cette fois pris place derrière elle. Élodie de son côté se sentait moins oppressée et plus exaspérée par tout ça.
« Potentiellement ,ils peuvent en être... » répondit Anastasia comme si c’était la chose la plus normale du monde.
« Quoi ? » souffla Élodie se perdant de plus en plus.
« Ces enfants sont des potentielles Anomalies voilà pourquoi vous êtes là » clarifia la femme face à confusion de la jeune femme. Mais cette information perturba davantage la concernée, qui partit dans une tout autre conclusion.
« Vous aviez dit que j'étais ce qu'il vous fallait, vous m'avez laissé avoir un entretien alors que d'autres employeurs m'aurait claqué la porte au nez ! Votre centre s'occupe d'enfants et là vous me dites que ces mêmes enfants sont des potentielles Anomalies que vous étudiez ! » énuméra Élodie alors que tout s'assemblait dans son esprit. « Vous m'avez amené ici volontairement parce que je suis une potentielle Anomalie... » conclu-t-elle d'une voix rauque à cela les yeux d'Anastasia se plissèrent, et elle laissa le silence s'installer ;
Lorsqu'elle expira, elle décida enfin de s’asseoir, tandis que la peur d’Élodie devint de plus en plus grande. Devenir ce que vous avez combattu est l'une des plus grandes peurs de beaucoup de soldats. Alors c'est ce qui allait lui arriver, avoir combattu, pour finalement être étudiée. Respirer lui devint de plus en plus difficile. Élodie avait l’impression que le sol sous ses pieds allait s’effondrer, elle avait la sensation d’être étranglée par quelqu’un, sa tête commençait à tourner. C’est jusqu’à ce qu’Anastasia lui réponde.
« Non bien sûr que non. » déclara simplement la femme en asseyant. Comme si c’était la chose la plus stupide qu’avait dit Élodie depuis qu’elle était dans son bureau. « Vous n’êtes pas une Anomalie et encore heureux »
A cela Élodie avait l’impression de pouvoir à nouveau respirer. Toutes les douleurs qu’elle ressentait auparavant s’étaient comme évaporées et immédiatement remplacées par de l’incompréhension. Et elle craqua finalement.
« Quoi ? Mais si je ne suis pas une potentielle Anomalie alors pourquoi vous me voulez ? et qu’est ce que c’est pour vous des potentielles Anomalies ? mais vous êtes qui au juste ? vous travaillez pour le gouvernement ? »questionna rapidement Élodie en mettant ses mains de chaque côté de sa tête. Tentant vainement mettre les informations en place.
« Voulez-vous bien arrêtez de poser autant de questions, on dirait un chien a qui on n’a pas donné son os » coupa Anastasia en faisant un signe a Jessica.
La concernée partit de la salle sans un regard en arrière. Élodie qui allait de plus en plus mal se décida enfin à s’asseoir sur une des chaise en face de bureau de la matrone. Celle-ci ne faisant que l’observer.
« vous vous êtes enfin calmée ? »demanda-t-elle après quelques minutes. Mais Élodie ne répondit pas. « laissez moi vous résumer la situation : j’ai dans ce centre des potentielles Anomalies, comment nous savons qu’ils en sont ne vous concerne pas. »commença-t-elle en ouvrant un dossier qui se trouvait à sa droite. Avant de le refermer et de le jeter sur sa gauche. « Tout ce que vous devez savoir c’est que gouvernement est au courant. » Un autre dossier examiné avant d’être lui aussi jeter a gauche « Pour répondre à votre question ? c’est simple vous avez combattu les Anomalies et vous êtes maintenant au chômage. Il me faut quelqu’un qui connaisse les Anomalies et qui ne soit plus dans l’armée. Voila tout. » Un autre dossier sur la pile « votre travail : surveiller les enfants et s’assurer qu’aucun ne perde le contrôle. Si c’est le cas, vous vous en occupez » finit-t-elle en prenant le dernier dossier de la pile. Et celui-ci ne finit pas jeté.
« Ai-je le choix ? » demanda finalement Élodie après l’explication d’Anastasia
« Maintenant que vous savez leur existence, il ne vous reste pas beaucoup de choix. C’est soit ça, soit vous continuez à chercher un job anodin. Et je pense que vous n’en trouverai aucun. » répondit calmement la femme en examinant le dossier dans ses mains.
« Donc je n’ai pas le choix. »
« Si c’est ce que vous penser. »
« J’ai besoins de réfléchir... » lâcha Élodie. A cela Anastasia soupira d’agacement. L’indécision de la femme commençait à la fatiguer.
« Bien » accorda-t-elle durement « je veux votre réponse avant vingt-deux heures ce soir. Ce délai passé et vous devrez considérer qu’on existe plus. Si vous tentez quelque chose envers nous sans avoir accepter, préparez vous à de sévères sanctions. Partez maintenant. » déclara la matrone avec un regard dur, et une voix qui ne laissait pas à l’hésitation.
Sans un mot, Élodie se leva et sortit. Alors qu’elle referma la porte de la pièce, elle retrouva Jessica qui la raccompagna jusqu’à son véhicule. Sans un mot ni un regard.
Pouf, qu’Élodie avait laissé près du portail en lui ordonnant de pas bouger, sautilla sur place en voyant sa maîtresse revenir. Aboyant joyeusement, il monta dans la voiture en même temps que la femme. Contrairement à lui, celle-ci était perdue dans ses pensées et roula comme un automate chez elle. Arrivée là bas, elle ne prit pas la peine de se changer avant de plonger dans son lit. Pouf sentant que quelque chose clochait, ne fit que se coucher à côté d’elle et dormit, laissant la femme réfléchir.
Aux alentours de vingt heures, son téléphone se mis à vibrer, la sortant de sa transe. Grognant, Élodie se força tout de même à décrocher. À l’autre bout de la ligne: Charlie.
« alors cet entretien ? »demanda l’homme sans détours. Mais Élodie ne répondit pas et laissa un silence. Jetant un rapide coup d’œil à l’horloge, elle nota qu’il ne lui resté que 2h pour donner une réponse à la matrone.
« Élodie ? »coupa Charlie,inquiet du silence de la femme « il s’est passé quelque chose ? »
« le job concerne les anomalies.. » déclara la femme de manière épuisée. Elle ne savait franchement plus comment se sentir à présent. Les Anomalies avant tellement changé sa vie, qu’elle était perdu dans ses sentiments. Mais heureusement Charlie avait compris le problème ; lorsqu’il avait pris en charge la femme, celle-ci avait bien précisé ne plus jamais vouloir travailler de près ou de loin sur les Anomalies, son passé militaire l’ayant marqué.
« Je ne savais pas… je suis désolé... »répondit sincèrement l’agent. « Je suppose que tu as refusé » conclut-t-il en commençant à taper sur son ordi. Voulant trouver au plus vite un nouvel entretien pour la femme. Mais sa recherche fut coupée lorsque Élodie lui avoua n’avoir pas encore décidé. Acceptant le fait que personne d’autre ne la prendrait. Il fallait qu’elle travaille au risque de perdre encore plus de choses.
Pendant de longues minutes les deux se parlèrent, Charlie essayant de réconforter Élodie qui se décida petit à petit à quoi faire.
Et une heure plus tard, après avoir fini avec Charlie et pris un bon repas, Élodie prit son courage à deux mains à l’aide de Pouf et envoya finalement une réponse à Anastasia. Acceptant le travail qu’elle lui offrait. Mais au fond d’elle même, Élodie sentit que quelque chose clochait dans ce centre, elle se promit d’y voir plus clair et d’agir si il le fallait.
Sans le savoir elle débuta une aventure bien plus dangereuse qu’elle ne le croyait.
Je suis ravie de pouvoir poster ici ton premier commentaire. Ton début d'histoire est très intéressant. Vite avoir la suite disponible !
A plus tard !
Roxy