J'étais là, au bord de ce lac inconnu. L'eau était limpide, le ciel était bleu et l'air dont la chaleur m'était agréable portait en lui les milles et un parfum fournis de dame nature.
Fermant les yeux pour en profiter davantage, je me mis à essayer d'identifier les différentes odeurs qui me parvenaient mais l'une d'entre elles semblait l'emporter sur les autres.
C'était la tienne.
En réouvrant les yeux, je te vis, tes bras enlacés autour de moi. Ton visage aux traits radieux baignait dans les rayons du soleil. Ton sourire étincelant semblait pénétrer jusqu'au plus profond de mon âme. Nos yeux, plongés dans ceux de l'autre avaient fait disjoncter le court du temps.
Cela faisait t'il 1 seconde, 1 minute, 1 heure que je te fixais ? Impossible à dire.
Une larme fit son apparition au coin de mon oeil droit. Tandis que cette dernière coulait lentement sur mon visage, ta tête se releva et d'un sourir narquois tu me dis "et bien alors, je ne t'ai point manqué ?". À ce moment, mes bras te serrèrent contre moi et mes lèvres fondirent sur les tiennes.
Était-ce le paradis?
C'est au milieu de cette exctase qu'une sensation désagréable se fit ressentir. Bientôt cette sensation devint douleur à mon pied et avant même que je ne comprenne pourquoi t'as voix tremblante me suppliait de ne pas t'abandonner, je n'étais plus la.
Le ciel bleu azur était devenu nuit noire, l'eau de ce lac était devenue une mer de boue et de sang écumée de barbelés, la brise fraiche et agréable de ce temps d'été était devenue un vent glacial, ta voix si douce et apaisante avait laissé place à la triste mélodie des canons. Quant à la douleur que me procurait mon pied, il s'agissait simplement d'un rat qui croyait se nourrir d'un des nombreux cadavres présents sur le champ de bataille. Le rat remarqua bien vite son erreur et détala aussi vite que ses pattes lui permirent de le faire.
Je sortit ma montre et vis qu'il était 5h36, nous allions attaquer dans moins d'une heure.
Tenter de se rendormir à cette heure étant vain, j'allais rejoindre Charles qui était de guet cette nuit la.
Avec Charles, les minutes passèrent tel des secondes, nous parlâmes de nos familles nos anciens travail et de cette vie si facile que nous menâmes tantôt à l'arrière. Bientôt l'heure fatidique arriva, les tranchées se mirent à grouiller et nous partîmes rejoindre nos positions afin de monter à l'assaut...
J'étais prêt. Adossé au mur de terre j'attendais que l'on nous donne l'ordre d'avancer. Au loin on pouvait entendre les canons chanter inlassablement leur sinistre chanson.
Au dessus de ce chant s'élevait la voix de notre capitaine :
" Aujourd'hui, la guerre traine, les tranchées s'enfoncent toujours plus profondément dans le sol. Nous avons tous déjà perdu un frère, un ami, un père et aujourd'hui sonnera le glas de notre vengeance, montrons leur l'horreur, une horreur telle que jamais plus l'envahisseur germanique n'aura le courage de s'aventurer sur un sol français..."
Je n'écoutais déjà plus, ou plutôt je n'entendais plus. Mes oreilles s'étaient misent à émettre un sifflement s'intensifiant à chaque seconde. Cette tonalité incessante était rythmé par mon coeur dont les battements martelaient mes côtes, toujours plus fort, toujours plus vite.
Alors que je pensais déjà être entrain de mourir le sifflet retentit.
il était l'heure d'affronter la mort.
des centaines d'hommes sortirent à l'unisson, hurlant à plein poumon et baillonette au canon. C'est sous une pluie battante d'acier et de plomb que nous avançons.
Les obus et les corps tombent,
le sol vibre sous nos bottes et nos bombes.
Puis d'un coup le sol n'existait plus, mes jambes couraient dans le vide et toute lumière avait disparue...
Je rouvris les yeux, sonné.
Je me suis mis a explorer du regard les alentours mais tout paraissait flou...
Un sifflement strident couvrait tout son et me laissait là, inerte dans la boue, presque aveugle et sourd.
Un soldat apparu, il m'aggripa, me secoua, me hurla dessus avant d'être fauché par je ne sais quoi.
Charles qui était derrière moi m'aggripa en criant. Je lu sur ses lèvres "continues à courir."
C'est sous une pluie battante d'acier et d'obus que nos corps tombent. Certains hommes décident de battre en retraite et sont automatiquement abattus par nos officiers, nous n'avons d'autres choix que de continuer.
C'est en piétinant les corps des condamnés que nous avançons.
Nous venons maintenant d'atteindre les barbelés. Sous un déluge de balles nous les coupons puis rampons, il ne nous reste plus que quelques mètres pour enfin voir le visage de ceux qui veulent notre peau.
On finit par entendre des officiers hurler leurs ordres en Allemand. C'est notre signal, nous sortons tous nos grenades et les lançons une par une.
une fois à court nous courrons avant de sauter dans leurs trou.
Quelques coups partent mais un combat au corps-à-corps à corp s'ensuit rapidement.
Tandis que le chaos fit rage autour de moi il s'écoula une seconde qui m'eût semblé millénaire. Une stase envahit le champ de bataille. Pluie, feu, obus, cris et mitrailleuses, tous se turent et se figèrent. Seuls restaient les gargouillis inarticulés de Charles dont la gorge avait presque était arrachée à la baillonnette. Je vis son visage sans vie basculer et heurter mollement le sol, sonnant ainsi le glas du calme qui eût pris dessus sur le chaos.
Telle une bête à l'agonie, je me mis à hurler de toutes mes forces tandis que je rouais de coup le corps déjà sans vie qui se présentait face à moi.
Lorsque je repris conscience, la victoire était notre. J'éxaminais un peu les alentours afin de jauger nos pertes dans l'espoir de ne pas avoir perdu d'autres camarades . À mon grand soulagement, parmi les pauvres bougres gisant au sol, aucun n'était doté de l'insigne de notre bataillon.
Soulagé, je m'assis contemplant le nouveau mur de boue fraichement conquis par notre armée, puis je revis charles gisant à mes pieds.
Tout ça pour 100 mètres...
On m'indiqua que le capitaine qui dirigeait notre unité était stationné dans une casemate un peu plus loin. Il me fallu donc le rejoindre afin de recevoir les prochaines instructions.
J'entrepris donc mon trajet, déambulant ici et là dans ces tranchées fraichement conquis qui m'eûssent été jusque là inconnue.J'étais accompagnée dans cette exploration par les râle d'agonie de certains, les larmes des autres ainsi que les rires des plus fous d'entre nous.
Tandis que la terreur maintenait son emprise sur mes camarades encore sous le choc de cet affrontement, je me mis à observer le résultat de notre labeur. Le parapet était criblé de balles et d'éclats d'obus, parfois même éventré par le souffle anihilateur de certaines explosions. À certains endroits on y traduisait avec une éloquence certaine la violence inouïe de l'harcèlement mené par notre artillerie. Cette dernière avait transformé les galeries escarpées en cratère encore fumant faisant parfois jusqu'à 3 fois la taille de la tranchée. Partout, la terre était écarlate. La boue sous nos pieds avait absorbé une telle quantité de sang que la tranchée était devenue le lit d'une rivière pourpre dont le courant n'était dévié que par les corps sans vie des soldats morts pour la gloire de leur patrie.
M'étant battus au cour des 6 dernier mois sur les charniers qui nous étaient vomis par tous les cercles de l'enfer. J'eus cru innocemment que rien ne pourrais jamais plus m'atteindre, cependant l'horreur est sans fin... C'est quand on pense ne plus pouvoir descendre plus bas que l'on se rend compte que le fond de l'abysse reste insondable.
Ce nouveau fond pris devant moi la forme d'un gamin ayant tout juste passé son 18ème été. Son visage doté d'un côté de traits pur et délicats avait vu sa partie gauche se faire carboniser n'en laissant plus qu'une surface sanguinolente dont l'aspect humain était difficilement concevable...
Telle une thèse et son anti-thèse représentant tant bien la vie que la mort, cette pauvre âme reposait ici assise dans la boue, à l'image de ces "héros morts pour la France"...
Enfin arrivé, notre capitaine se mit à faire l'appel, cela restait le meilleur moyen pour le commandement de garder le compte des forces toujours valide après un affrontement. Les hommes étaient appelés par binome, assigné à une position puis allaient occuper cette dernière après s'être ravitaillé. Il fallait faire vite et les Allemands le savaient. En effet les ennemis étaient à leur avantage face à nous dans leur fortifications, cependant ces dernières n'étaient pas supposée protéger de leurs lignes arrière. Il nous fallait donc aussi vite réorganiser les défenses afin de ne pas subir le même sort que les précédents occupants de cette tranchée.
Soudain, le silence se fit dans la pièce. Les murs semblaient vibrer, des rugissements étouffé et lointain semblait se rapprocher amenant toujours plus de tremblements et de secousses.
Tandis que des nuages de poussière tombèrent. Frénétiquement du plafond au rythme de ces percussions toujours plus menaçantes, nous comprimes : ils sont là.
Nous sortîmes en trombe, prêt a déchainer les feux de l'enfer quand soudai-
Les débris gisaient ici et la embelli de maigres flammes, signature de l'artillerie allemande. Autour de moi plus rien ne vie. Je n'entends plus rien, j'ai de la terre plein les yeux et bon dieu, qu'est-ce que j'ai mal. tandis qu'au-dessus de nos têtes, un balais d'acrobatie se jouait entre as et anti air dessinant ainsi une toile pleine de balafres et de fumée . Je n'étais plus capable que de trembler en priant au milieu des rales d'agonie et des sifflements d'obus.
Devant moi ce tenait l'enfer.
Face au massacre de mes amis, je n'arrivais pas à me lever pour les aider, paralysé par la peur, je ne fis que regarder avec horreur la scène se dérouler devant mes yeux.
Tandis que certains des défenseurs voyaient leurs destin scellé par les shrapnels d'autres se faisaient engloutir par les flammes ardentes des unités lance flamme ennemies Il vint ensuite des ennemis qui pénétrèrent la tranchée, provoquant un intense combat au corps à corps qui était par moment interrompu par les frappes incessante des unités de support d'artillerie des 2 camps. Reconnaissant amis, camarades et frère d'armes mourir mourir à tout instant, je sors enfin de mon état de choc. Tentant de me mettre sur une jambe puis sur l'aut...
C'est le visage dans la boue que la surprise se manifesta. La stupéfaction tourne bientôt à l'horreur quand je me rendis compte que ma jambe gauche était en réalité 5 mètres plus loin.
Incapable de me déplacer dans le no man's land avec une seule jambe valide. Je me contentais d'observer les ennemis approchant au rythme de ce massacre de plus en plus unilatéral.
Adressant mes dernières prières
a dieu si il existe, j'attendis que la mort arrive et pointe son fusil sur moi avant de simplement fermer les yeux...