Au commencement il y eut l’aube sereine, ses rayons inondant le fruit nouveau d’une graine-monde, une terre vierge aux grandeurs encore insoupçonnées.
Au commencement il y eut la lumière sur les flancs des montagnes, les sommets, les vallons, sur les rondeurs des collines et les rides de l’eau.
Au commencement était, seule, la clarté douce dans laquelle baignait toute chose. On s’y réveillait, on y vivait, on s’y aimait. On y dormait aussi, couché dans l’herbe grasse des prairies.
Au commencement, chacun allait parmi les autres mu par la joie simple d’exister au monde.
Au commencement, l’ombre calme des forêts était une douceur choyée et l’obscurité de la roche un trésor protégé.
Et c’est ici que tout commença. Il suffit d’un rien pour bouleversait l’équilibre.
Quand la lumière naquit dans le frisson des pierres, quand l’étincelle jaillit au creux de la montagne, quand fut éclairé ce qui n’aurait jamais dû l’être, l’aube vacilla.
Plus rien jamais ne serait comme avant.