Au-delà de la Porte

Dans la faible lueur de la nuit, où un monde entier semble endormi, une étrange pièce repose, attendant d’être révélée.

Dans l’ombre lugubre, des pas secs bordent le trottoir, perçant le silence profond. La respiration calme de la jeune fille ne se fait que plus saccadée face à la fébrilité du moment. Elle s’arrête soudainement devant une entrée qu’elle ne connaît que trop bien. Avec précision, elle l’ouvre délicatement. La sonnette aiguë résonne, et soudain, un autre monde s’ouvre à elle.

La quiétude inonde l’endroit, ne nous laissant à peine l’occasion de respirer autre chose que ce doux vacarme. Les chaussures fraîchement cirées avancent, le contentement se peignant sur le visage de la jeune fille. Malgré la pièce exiguë, un havre se fait ressentir. Sa main frôle les myriades de livres, sa paume fragile caressant le cuir rugueux. L’effluve de la poussière est subtile, chatouillant le nez de la meilleure manière qui soit. Les romans constituent la librairie, l’un ne pouvant vivre sans l’autre. Une synergie qui ne peut être égalée face à une population corrompue.

Au fur et à mesure qu’elle avance, quêtant une perle qui aurait le don d’attirer l’attention, elle en repéra enfin une. Un ouvrage se tenait là, dans les étagères, si semblable à ses compagnons, mais pourtant si différent. La reliure abordait des couleurs bleues nacrées, se démarquant de l’univers qui l’entourait. La jeune fille, fascinée, posa sa main sur la bordure. Celle-ci était singulièrement froide, une matière cristalline glissait sous la pulpe de ses doigts, et elle s’apprêta à le sortir de son foyer pour le regarder de plus près.

Mais soudain, un bruit sourd éclata, brisant toute source de sérénité. La fille, dans son sursaut, perdit l’équilibre et tomba. Elle laissa échapper un couinement face à la perturbation évidente de son inspection. Que diable se passait-il ? Elle se releva d’un geste judicieux et regarda autour d’elle, en chasse du coupable. Mais une toute autre découverte fut exhibée.

Dans le centre de la bibliothèque, où calme et repos devaient apparaître, une chose bien inhabituelle se tenait là : une porte.

Les sourcils ébranlés de la femme se levèrent, incrédule. Comment était-ce arrivé ici ? La porte était d’un noir profond, ne nous laissant pas deviner ce qu’elle pouvait enfouir. La demoiselle avança d’un pas, son cœur lui dictant une symphonie d’ardeur, son instinct lui en dictant une de tiédeur. Une danse venimeuse se créait dans son âme, mais l’instinct finit par trébucher, laissant le cœur mener la danse. Les pas de la jeune fille avancait, jusqu’à ce que le bruit incessant et feutrés de ses semelles s’arrête devant l’antre mystérieuse. 

Une respiration lourde fut prise : quel mal pouvait il lui arriver ? 

L’univers assoupi laissait penser que ce qui advenait dans ce sanctuaire n’était qu’erroné, n’était que rêve illusoire.

Alors, après brève réflexion, sa poigne se serra doucement sur le heurtoir. Elle poussa doucement et brutalement, un courant d’air glacial imprégna l’air. Sa peau fut prise d’un frisson inquiétant. La jeune fille se couvrit le visage face à l’intrusion et le contraste marquant de température. Avant qu’elle ne puisse protester, avant qu’elle ne puisse reculer face au danger imminent, elle fut emportée à l’intérieur de cet univers énigmatique. 

Les lecteurs rabâchent souvent leur désir d’être arrachés à la réalité écrasante et d’être emportés dans un univers fictif. Alors, le destin a souri à l’un d’entre eux… mais à quel prix ?