Intempéries
Quand j’ai vécu la mort des autres, je me suis senti vivant
J’ai vu dans leurs yeux l’éclair passer
Ce bref instant de lumière avant la longue noirceur
Cette lumière qui abrite toutes les lumières
L’existence est violence
La mort est douce
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Entre 2 chaises
Je ne suis pas vraiment ici ni d’ailleurs là où je devrais être
Quelque chose s’est perdu en chemin
On me dit que cela se nomme moi
Le bordel, quoi
Tant de pas sur le chemin mauvais
Mes jambes ne suffirons pas à rebrousser chemin
Ni à continuer
Il ne me reste qu’à me taire
Mais il me reste que mon cri pour les pas abandonnés
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Avec l’aube
Avec l’aube j’ai avalé mes médocs
Il faisait froid
Mais par en dedans
Avec l’aube mes rêves se sont échoués
Pas des tas
Mais plus qu’avant
Avec l’aube
Avec l’aube
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Impro
C’est improbable
Toi et moi, ne serait-ce que le temps d’une collision
Une inspiration
Le bruit des moteurs qui s’emballent
Le soleil qui se lève
La rosée qui chante
La peau moite
L’atterrissage
L’amerrissage forcé
Du sel dans nos yeux
Mais aucun regret
Si ce n’est que de devoir attendre
Si ce n’est que d’expandre nos sens pour garder un mince fil de réalité
La tonne de vie balancée sur les murs
Dans mon lit
Partout, la vie
Improbablement rassasiée
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Repeindre
Étendre des pigments sur le passé. Faire taire les histoires de mon pinceau.
Voir le mur redevenir un mur. Le voir s’abrutir à chaque passage du rouleau.
Voir sa mémoire s’éteindre et devenir imperceptible.
J’ai repeint la chambre quand tu n’étais plus là.
J’ai déposé une dizaine de couches sur les murs, juqu’à comprendre que la douleur venait d’ailleurs.
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Gave
Il pleut aujourd’hui
J’ai envie de faire mille analogies de larmes et de cieux pleureurs
J’ai envie de fumer des clopes au bord du feu
J’ai envie de dormir des vies entières
J’oubliais. Où suis-je ?
Non.
Qui êtes-vous déjà ?
Tu es très talentueux ! Tes textes sont superbes ! J'aime particulièrement le premier avec cette lumière très présente et la dualité de la mort et de la vie.
Attention, tu as oublié un "ne" dans cette phrase (deuxième poème) : Mais il me reste que mon cri pour les pas abandonnés
"J’ai déposé une dizaine de couches sur les murs, juqu’à comprendre que la douleur venait d’ailleurs." Cette phrase est magnifique. Très puissante. Je ne saurais l'expliquer, mais je l'adore.
Bien à toi,
Trisanna.