"Au pays du mensonge"
Il était une fois, dans un pays imaginaire appelé "le Pays du Mensonge" . Là-bas, tout le monde mentait. Le mensonge était une vertu, une tradition sacrée, une règle absolue que nul ne devait enfreindre.
Même les animaux se mentaient , et la vérité avait été bannie depuis des générations. Quiconque osait la dire était pendu sur la place publique, sous les acclamations du peuple.
Si l’on était pris en flagrant délit de vérité, il n’y avait aucune échappatoire : c’était l’exécution immédiate.
Un jour, un homme fut accusé d’un crime abominable : il avait dit à sa femme "je t’aime".
"Le procès"
Le juge : Monsieur, vous êtes accusé d’avoir prononcé une vérité. Que dites-vous pour votre défense ?
L’accusé : Monsieur le juge, merci pour cette parole non donnée.
Le juge : Évitez de tourner autour du pot, soyez imprécis.
L’accusé : Monsieur le juge, je suis innocent de vérité ! Je n’ai jamais dit à ma femme que je l’aimais. Pourquoi aurais-je commis un tel crime ? Tout ceci n’est qu’un tissu de mensonges – comme il se doit !
L’avocat de l’accusé se leva, un sourire satisfait aux lèvres.
L’avocat : Monsieur le juge, mon client ici est un menteur exemplaire. Tout ce qui lui est reproché est faux. Toute sa vie, il n’a fait que mentir avec excellence. Il a grandi dans une famille de menteurs aguerris, des menteurs de pure souche ! C’est un citoyen modèle. Si nous l’accusons de vérité, alors où va notre nation ?
Soudain, une voix s’éleva dans la salle :
Quelqu’un : Alors pourquoi a-t-il dit à sa femme "je t’aime"?
Un silence pesant s’installa.
L’accusé sentit les regards se poser sur lui. Sa gorge se noua. Avait-il réellement prononcé une vérité ?
Le juge se leva, plissa les yeux, et déclara :
Le juge: Il existe une seule manière de confirmer son innocence. Monsieur l’accusé, mentez-nous ! Montrez-nous que vous êtes digne de notre nation.
Le dilemme
L’accusé comprit alors que son sort dépendait de sa capacité à mentir mieux que jamais .
S’il avouait qu’il avait réellement dit "je t’aime", il serait pendu.
S’il mentait, il pourrait survivre.
L’accusé : Mais enfin, je n’ai jamais dit "je t’aime" ! Je voulais dire "je te trompe", mais ma langue a fourché !
Un murmure parcourut la salle. Était-ce suffisant ?
Le juge esquissa un sourire satisfait.
Le juge : Voilà un menteur respectable. Le verdict est non coupable !
La foule applaudit, et l’accusé put rentrer chez lui…
Mais au fond de lui, il savait que, pour la première fois, il avait dit la vérité . Au fond, la vérité demeure la vérité, et le mensonge s'efface devant elle. Le monde aime le mensonge, et la vérité est considérée comme un paria.
Belle dystopie, si tant est que ce soit beau un monde comme ça...
J'aime beaucoup, surtout à une époque où mentir est plus que banal, alors que fut un temps, où l'honneur, la vertu, la religion, le bon sens ou autres, l'empêchaient (du moins le diminuaient).
Sinon pour sa défense, il aurait pu dire qu'il ne l'a jamais aimée... donc il mentait... ;)
Et pour faire un peu plus mon rabat-joie, l'avocat a dit une vérité, il mérite lui aussi le bûcher non ?
En tout cas, j'ai vraiment apprécié cette lecture originale, car j'ai toujours eu en aversion le mensonge (même si parfois ça crée des problèmes... faut assumer :p)
Merci pour ton partage.
J'espère à très bientôt.