Je n’ai pas grand-chose à faire
Que de regarder autour de moi
Les bateaux, les badauds
De tous types, de toutes sortes
Tout commence par des grand-mères
Peaux flétries, ventres gonflés
Tout sort, tout bedonne
Tout est montré, plus de secret
Ce n’est pas beau de vieillir
Puis passe un body buildé
Mais bedonnant
Hypertrophié, hyper trop fier
Il a peut-être oublié
Qu’il ne suffit pas de gonfler
De boursoufler et de pomper
Il est suivi d’un maillot rose
Dont la propriétaire n’a plus l’âge de cette couleur
Mais elle a été jolie
Mais elle est jolie
Parfois ce n’est pas un problème de vieillir
Plus tard, un petit cul s’arrête devant moi
Et avec son tel, instame les vagues
Petit cul classique qui s’en retourne
Et me montre la pureté d’un visage angélique
Mais je n’y vois pas de sourire
Son sein, petit, pointu
Tend ton t-shirt
Elle est belle, elle est jeune
Et vingt ans en arrière
Elle m’aurait ému
Aurait habité quelques souvenirs
Il ne faut pas être pressé de vieillir
J’observe ensuite un couple
Plus âgé
Un peu plus sophistiqué
Lui simple et sobre
Elle couverte d’un haut de maillot
A laissé ses hanches cachées d’un paréo
L’élégance sait parfois bien vieillir
Dans la foulée passe un jeune gars
Archétype, bien coiffé, gominé
Bronzé, tatoué
Téléphone en main, il passe lentement
De serviette en serviette
Une proie, une cible, une quête
Passe ton chemin
Imbécile, frimeur
Vivement que tu apprennes à vieillir
Je vois passer un peu plus tard
Son alter ego
De vingt ans son aîné
Short bleu clair, chemise rose
Tendue par sa pense, trop présente
Il passe en matant un couple, dans l’eau
Qui s’embrasse
Ils sont moches, ils sont gras
Mais ils s’en foutent
Ils s’aiment
En fin de journée s’installe prés de nous
Un jeune couple, maillot noir
Couverts de la beauté de la jeunesse
Dans leur regard se lit
Le plaisir d’être ici
Avec seule ambition, passer un bon moment
Avec seule envie, avoir une belle vie
Parfois, vieillir ne fait pas peur
Et puis il y a ce jeune garçon
Qui joue en italien
Les vagues comme seul plaisir
Il est juste là, à profiter du présent
Il saute, rit et éclabousse
Sous les yeux de son paternel
Profite mon fils,
Tu as tout le temps de vieillir
Et puis il y a nous
Allongés
On glande
On matte
Dans la même direction
On s’aime !