Il était un petit éléphant, un « tembo » comme on dit là-bas, dans le grand et lointain pays d’Afrique, où sont les grands animaux, très en danger maintenant et disparaissent de plus en plus car beaucoup chassé et lents à se reproduire. Alors pour ne pas les perdre tout à fait, comme les dinosaures, on les garde dans d »immenses réserves. Malgré leurs tailles, ils ressentent les mêmes émotions que nous, les mamans élèvent leurs petits avec tout autant d’amour et les enfants font aussi tout plein de bêtises…
Ce petit éléphant, très amusant et très mignon s’appelait, « Tembobul » , mais il était très désobéissant..
Du haut de ses trois mois et demi, il pensait qu’il savait tout, et que son opinion ou son choix étaient toujours les meilleurs.
On lui pardonnait toujours, à cause de ses mimiques irrésistibles;
En réalité il s’appelait « Ptototembo », qui veut dire en swahili, la langue de son pays, « petit éléphant », Mais, finalement on l’avait appelé Tembobul , qui en diminutif était devenu Bilbulle, puis Bilbil, pour simplifier, car un jour il avait vu une libellule se poser sur sa trompe, il en était tombé amoureux et ne rêvait plus que de voler pour la retrouver.
Depuis la libellule était devenue son amie et ne le quittait plus. On l’avait baptisée, Bellibulle.
il faisait partie d’ un beau troupeau, un grand « kubwa ", contenant toute la famille, sa maman, « Zimbabwe », ses cousins, et tantes, son frère jumeau, « Mtobembo » et bien sûr la vénérée grand -mère, « Bibimsimamizi » qui était la chef incontestée du troupeau. Tous lui devaient le « Heshime » le respect ‘ dû à son âge vénérable.
Aussi, nul n’eut jamais pensé à remettre en cause l’autorité de la grande Bibimsimamizi.
Elle faisait la loi avec beaucoup de sévérité, mais ainsi avait toujours su préserver sa famille des grands dangers alentour, ou des saisons de famine.
Elle était désespérée de l ‘attitude de son petit fils, et le grondait souvent, elle l ‘appelait « vilain », « mbaya ». Mais rien n’y faisait, Bilbil n’en faisait qu’à sa tête allant exercer son charme et ses mimiques auprès du reste de la famille quand il essuyait un refus, et chacune craquait à son tour.
LE GRAND DÉPART
Il se trouva, à cette époque que la saison était sèche et que l’eau était venue à manquer cruellement.
Bibimsimamizi annonça qu’il fallait partir pour survivre.
Elle se souvenait, car elle avait une grande mémoire…., d’un pays bien plus au sud, où elle vivait avec sa maman, un pays très vert avec un lac
gigantesque, et beaucoup d’animaux;
Elle décida de partir sans tarder, dès l’aube, avant que les autres espèces, ne se mettent en route elles, aussi.
Le chemin à parcourir était long, de nombreux jours de marche les attendaient et ils devaient ménager leurs forces.
Ils partirent à la queue leu leu, pour ne pas se perdre, se tenant par la trompe et par la queue.
Naturellement, Belibulle fut de la partie, et ne quitta pas la trompe de son grand ami, qu’elle se plaisait souvent à chatouiller -Si ce n’est parfois pour se dégourdir les ailes, ou faire un petit tour avancé de reconnaissance.-
Au début Bilbil, trouvait le voyage amusant, car il découvrait sans cesse des paysages nouveaux. Il voyait pour la première fois les villages des hommes , avec leur drôles de maisons aux toits de chaume ronds tendus de troncs de bambous, les femelles et leurs petits, qui s’amusaient dehors, se réunissant le soir sous l’’arbre pour la palabre traditionnelle, avec les anciens. ou pour la fête. ou pour écouter les histoires des griots, les conteurs de chez eux. Il aimait voir les silhouettes élancées et gracieuses, des porteuses d’eau rentrant le soir au village, Elles aussi avaient fait un long chemin pour remplir leurs jarres, mais heureusement les hommes avaient besoin d’une bien moindre quantité d’eau qu’eux. Un cruchon pouvait leur suffire. I Il se plaisait aussi, à observer les mamans assises en train de câliner leurs petits, comme maman Tembo qui le cajolait beaucoup.
Mais bientôt, il se lassa de les regarder et commença à ronchonner, se plaignant de tant de marche à pied.
Belibulle essayait de le réconforter tant qu’elle le pouvait, mais rien n’y faisait, il ne cessait de geindre:
- « Tu ne te rends pas compte , toi, « kerengende », (libellule) tu es toute
- « mwanga » (légère), « mwanga » comme une bulle, mais nous nous pesons des tonnes, pourquoi donc nous a-t-on fait aussi énormes ? A quoi ça sert ? On ne peut rien faire, il n’y a que l’hippopotame, le gros « kiboko » qui est encore trois fois plus gros et plus moche que nous !
- La faim et la soif se faisaient sentir, bien sûr. Bibimsimamizi, la vénérable ancêtre leur avait promis de les mener à une source et à ce fameux lac qu’elle avait connue dans sa jeunesse, disait-elle, -et elle avait une très bonne mémoire,- croyait-elle,- pensait Bilbil, mais avec son grand âge ne l’avait-elle pas un peu perdue et les menait-elle vraiment dans la bonne direction.?
-
Se pouvait-il qu’elle ait alors marché autant de temps pour installer sa famille aussi loin de ce paradis promis et tant de fois décrit.?
il ignorait que sa grand-mère avait avait été « déportée» d’une réserve très verte par un camion pour aller peupler une resserve très au Nord - Celle
où elle avait été amenée et où était né Bilbil, était , très agréable également, et remplie de bonnes herbes,— Car un évènement très grave était survenu à cette époque, près du lac, où elle vivait dans ses jeunes années.: - De féroces « Majambazi »( bandits), de sanguinaires fripouilles, de barbares assassins, étaient venus la nuit traquer un grand troupeau de mâles parmi lesquels était son père, leur avaient scié les défenses impitoyablement et les avaient laissés, couchés sanguinolents.
Elle se souvenait de cette scène horrible comme si c’était hier.
Les grands éléphants, gisants à terre, avec des millions de mouches qui s’engouffraient dans leurs plaies, moribonds pendant des jours et des jours.
C’est pourquoi la région étant trop dangereuse, on l’avait déportée, alors, avec son frère , dans un long camion, vers cette lointaine réserve où elle avait vécu heureuse et tranquille dans la paix jusqu’ alors, et avait pu former son importante famille, où Bilbil était né.
Mais maintenant elle était forte et avertie, et il n’y avait pas d’autre issue à leur famine, il fallait qu’ils retournent dans la région du lac géant s’ils voulaient survivre, C’était la première fois qu’une telle disette survenait, depuis qu’ils vivaient là, sereinement.
Aussi devait-elle emprunter le chemin le plus long car il suivait la route des voitures, « la Barabara »( la route) par laquelle elle était arrivée, pour ne pas se tromper.