Le Soleil se couche. La Lune se dévoile. Du sol, s’échappe une nappe de chaleur repoussée par la fraîcheur de l’obscurité. Le rythme solennel des bourrasques fait chanter les vallées verdâtres, desquelles émergent vagues de lucioles prêtent à donner une danse nuptiale aux étoiles.
Au milieu de la nuit, pied nu, encerclé par les hautes herbes, un enfant cherche son chemin. Il tente en vain de stopper son grelot en se frictionnant énergiquement le ventre. Soudain, un grognement résonne autour de lui. Pris de panique, l’enfant accélère le pas, écarte la végétation à grand coup de bras, mais s’essouffle, puis s’arrête, pétrifié ! Devant lui, sur les herbes mouvantes, se dessine une immense ombre. Dans un ultime effort, il pousse un hurlement puissant pour faire reculer la créature, mais rien ni fait, l’ombre s’agrandit rapidement. Subitement, une créature bondit à travers les herbes, heurte son torse et le fait tomber à la renverse.
L’enfant stupéfait est dos au sol, la créature majestueusement assise sur son torse ne mesure pas plus haut que quatre pommes. Elle voue un regard rempli d’admiration vers l’enfant. Son museau partage la finesse d’une plume, sa mâchoire parade deux rangées de dents ordonnées adaptées pour la morsure et la découpe. Sa langue est d’un rouge qui rivalise avec les rideaux des plus beaux théâtres. De ses yeux, se dégage un bleuté envoûtant tel des saphirs reposant au fond de l’océan. Ses deux oreilles, au pavillon rosé bordé par une dentelle formée de petits plumeaux grisâtres, sont tendues vers le ciel. Ses neuf queues virevoltent formant un brasier. À chaque brise, son vénérable pelage de lys immaculé dégage une chaleur réconfortante. Ses quatre pattes de velours massent tendrement le ventre de l’enfant. Après quelques tours sur elle-même, la créature décide d’en faire son lit et s’affale de tout le long de son corps. Son museau frôle gracieusement le cou de l’enfant. Chacune de ses expirations résonne dans les oreilles de l’enfant. Il lève doucement son bras pour caresser le pelage de la créature qui se soulève et se rabaisse au rythme de sa respiration. Leurs deux cœurs résonnent en tandem. À chaque caresse, à chaque poil soulevé, les narines de l’enfant s’emplissent d’un parfum de térébenthine enrobé de miel. Au bout de quelques instants éternels la créature s’assoupit. L’enfant lève les yeux vers les étoiles dont l’éclat rivalise avec les lucioles qui jouent à saute-mouton entre les queues de la créature. Ce spectacle fantastique lui soutire ses dernières peurs, ses dernières craintes, ses dernières fatigues. Bercé par le chant des hautes herbes, la lumière bienveillante de la lune, les lucioles qui dansent sur la toison parfumée de la créature, l’enfant plonge à son tour dans un profond sommeil.
Ton texte est très poétique, les mots sonnent joliment et c'est agréable à lire. Ta description de la créature est très bien faite ! J'ai adoré la manière dont on pense qu'il s'agit d'un terrible monstre pour finalement tomber sur une adorable créature.
Dans cette phrase : "Son museau frôle gracieusement le cou de l’enfant. Chacune de ses expirations résonne dans les oreilles de l’enfant", la répétition du mot "enfant" m'a un peu gênée dans ma lecture, je pense que remplacer le deuxième par "résonne dans ses oreilles" bloquerait moins la lecture ^^
En tout cas, je les imagine bien devenir de grands amis et partir en quête tous les deux !
Merci pour cette histoire :)
Je n'ai pas fait attention au type de texte. C'est un roman fantastique que tu écris ?
Ce n'est pas un roman mais une courte nouvelle sans suite (spoiler: il existe une seconde lecture).
Je dirais juste qu'il y a pas mal de répétitions (créature, enfant, par exemple). Et j'ai juste noté les phrase suivante : "Chacune de ses expirations résonne dans les oreilles de l’enfant. Il lève doucement son bras pour caresser le pelage de la créature qui se soulève et se rabaisse au rythme de sa respiration" --> remplacer le "il" qui débute la deuxième phrase par un "ce dernier", parce que à première lecture le "il" réfère à la créature.
Je note la remarque pour la répétition ! Je pensais que le sens féminin de "la créature" n'aurait pas prêté à confusion avec "il", mais j'ai encore à apprendre, merci du retour !