Chants convergents du fin fond de l'océan

Baleine handicapée, ton hertz est inaudible.
Tu es ma sœur de bruit dans l'océan placide.
Mes lacrymales glandes moi aussi je vide
Et n'ouvre aucune voie, non plus aucun possible.

Nous deux n'ouvrons rien que nos orbites humides.
Tu chantes au bas fond des limbes aquatiques
Les pareilles chansons que je pleure en public
Car fluides sont les vers dont on fait des acides.

La solitude, au fond, ce n'est rien qu'un abysse :
Levez les yeux du sein que les lieux obscurcissent
Et à qui vous entend, à qui vous parlez bas :

Par le froid d'un tréfonds, dans l'alcôve immobile
D'une flaque trop grande, où vous vous trouvez las,
Chantez un hertz plus haut le nouveau d'un babil.

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Aydan
Posté le 04/07/2025
Je ne sais pas si cela ne tient qu'à moi mais ton sonnet est sublime en étant mêlé de cette tristesse et mélancholie. C'est incroyable : le rythme et la sonorité sont tellement présent que je ne peux que saluer ton poème !
Je reviendrais toujours le relire (pour sûr !)
Adrien Vermeil
Posté le 07/07/2025
Merci pour ce message. Ça me va droit au cœur !
Vermeille
Posté le 27/03/2025
Je suis tombée sur ton texte un peu par hasard, et j’ai été intriguée par cette drôle de coïncidence : tu t’appelles Vermeil, et moi j’utilise le pseudo Vermeille.

Je ne lis pas souvent de sonnets, mais j’ai trouvé le tien assez marquant. Il y a une vraie atmosphère, un mélange de tristesse et de tendresse un peu flottante. Certaines images m’ont particulièrement parlé, comme celle de la baleine ou des orbites humides.
Adrien Vermeil
Posté le 28/03/2025
Merci beaucoup pour ton commentaire. Effectivement c'est assez cocasse comme coïncidence !
Margerie Kremer
Posté le 27/02/2024
J’avoue que le premier vers a accroché mon attention. Je trouve que tu as une façon particulière d’écrire, dans les mots choisis, les formulations, qui est élégante et donne une ambiance propre au poème avec des sons, des couleurs, des sensations. J’aime beaucoup le parallèle avec la baleine, les tréfonds de l’océan qui se transforment en flaque, la renaissance de la fin…
Et j’ai eu un coup de cœur pour ce vers : « Car fluides sont les vers dont on fait des acides. »
Bravo !
Adrien Vermeil
Posté le 10/03/2024
Merci beaucoup pour ce message !
Arcane(s)
Posté le 06/01/2024
Hello !
C'est la première fois que je lis un de tes textes alors je me demandais si c'est plutôt une question pratique ou un effet de style que tu utilises souvent d'inverser certains mots (comme "lacrymales glandes" ici) ?
En tout cas j'ai beaucoup aimé ce poème-ci, je suis impatient de lire le reste !
Adrien Vermeil
Posté le 07/01/2024
Salut !
Honnêtement, parfois c'est une question d'effet, et parfois c'est une question de style. Même si je ne cherche pas à faire des mètres « classiques », il peut m'arriver de faire des inversions, ou d'autres figures juste pour coller à la forme de l'alexandrin. En d'autres occasions, comme ici en l’occurrence, c'est le fruit d'une articulation des mots qui singularise l'expression figée, qui la déconstruit et la reforme pour mettre en avant l'adjectif "lacrymales" plutôt que le substantif "glandes". Il y a bien une volonté cachée derrière cet effet, mais ce n'est pas nécessaire de comprendre exactement le pourquoi de l'agencement d'un poème pour l'apprécier, heureusement. Merci beaucoup pour ton gentil commentaire !
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