Tic-tac… Je suis l’homme au chapeau. Du moins, c’est ainsi que m’ont appelé ces gens qui sont arrivés : ils me craignent autant que je les crains. Mais mon vrai nom est tout autre : celui qu’elle m’a donné. Mon seul souvenir d’elle, avec ce chapeau. C’est tout ce qu’il me reste. Je les chéris plus que ma vie. Tic-tac. Cette vie qui s’égrène si lentement… Tic-tac…
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2312 – Près d’une ville dont le nom s’est perdu
Cliquetis métalliques. Au loin une singulière ferraille s’ébroua dans un grincement strident. La silhouette, grande et élancée, se déplia du monceau de gravats qui s’amoncelaient aux alentours. Cette vielle carrière de pierres de l’ancienne époque, un peu en retrait de la ville, était l’endroit où on l’avait abandonné. Les premières lueurs de l’aube dissimulaient pour quelques minutes encore l’identité de cette ombre aux reflets argentés. Elle s’avança dans un concert de crissements. Désagréable vacarme d’un engrenage rouillé qui reprend vie. Quelques mouvements plus tard la bruyante mécanique se dégrippa enfin, rendant l’inconnu enfin plus discret dans ce silence pesant qui posait son voile sur les environs. Pas un son, pas un mouvement : la nature s’était tue. Non pas à cause de lui, mais à cause des évènements qui avaient marqué les précédentes décennies. Pollution, cataclysmes, guerres : dans ce monde en ruines, plus rien ne restait. Du moins jusqu’à ce qu’ils arrivent : ces étrangers. Ils ressemblaient à s’y méprendre à la « race » de Lucette. Pourtant, ils le craignaient. Pourquoi ?
L’inconnu se pencha laborieusement pour ramasser quelque chose : un chapeau que la petite brise matinale avait happée, faisant rouler mollement le couvre-chef à quelques mètres de là. Il peinait à bouger. Ses articulations raides ne lui facilitaient pas la tâche. Un rayon de soleil pointa et les contours de la silhouette à forme humaine se firent plus nets.
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2112 – Solylor
Lucette était une fillette comme les autres. Sans histoire. De ses petites nattes blondes aux pointes fourchues à ses mains si habiles en passant par sa bouille rosée et rondelette d’enfant choyée, la demoiselle avait tout pour faire la fierté de ses parents. Sauf que la petite Lucette avait une passion bien étrange, digne de faire lever un sourcil dédaigneux à chaque adulte qui osait s’aventurer dans son « antre », comme elle se plaisait à l’appeler. La mécanique ! Des petites vis aux gros boulons, des modestes engrenages aux complexes circuits électroniques, sa créativité n’avait aucune autre limite que ce que la technologie elle-même lui permettait. Parmi toutes les pièces de métal cassées, éventrées ou encore défectueuses qu’elle affectionnait, ses préférées étaient de loin les horloges. Ces petits rouages imbriqués capables de décider du temps, de le modeler pour le rendre accessible à la compréhension humaine.
Elle n’avait de cesse de réparer ces mécaniques enrayées, de créer ses propres petits objets aussi insignifiants soient-ils. Sa première œuvre, baptisée Ripple, lui apporta l’admiration du voisinage, surtout ses camarades de classe. Malgré leurs réticences, ses parents durent se résoudre à admettre qu’elle avait du talent. Il n’était pas donné à toute les fillettes de huit ans de créer une pareille chose. Ripple, étrange animal tout droit sorti de l’imaginaire de Lucette, était une sorte de boa de plumes multicolores enfiévré qui crapahutait joyeusement dans la maison, jusqu’à tant que la nuit arrive. L’inventrice en herbe avait réussi l’exploit d’apprendre à sa turbulente créature à faire le ménage, légitimant ainsi sa place au sein du foyer. Enfin, ménage était un grand mot, la petite mécanique se contentant de se faufiler dans les recoins les plus inattendus pour déloger la poussière, comme un plumeau enragé.
Lucette était heureuse. Mais un jour, sa vie bascula. Ses parents, la mine grave, la démarche chancelante, franchirent les limites de son « territoire ». Jamais ils ne se l’étaient encore permis. La fillette comprit qu’un drame couvait sous les airs souriants qu’ils se donnaient. Les adultes rangèrent quelques bibelots épars pour libérer assez de place pour s’asseoir. Pas de cris de colère. Pas de regards désapprobateurs. Pas de reproches. Sa mère leva ses grands yeux encore embués de larmes. Puis elle déclara d’une voix tremblotante à peine audible :
- Ton père a quelque chose à te dire.
L’homme jeta à sa femme un regard désemparé, presque suppliant. Ce dernier avait sans doute caressé l’espoir que madame prendrait sur elle pour annoncer la terrible nouvelle. Mais il n’en fut rien. Lucette quand à elle sentit son estomac se nouer. La voix de sa mère se résumait à un murmure. Pourquoi les adultes avaient-ils cette fâcheuse manie de chuchoter lorsque la situation était grave ? Comme si cela pouvait changer les choses ! Après une longue hésitation, son père se décida enfin.
- J’ai une affreuse nouvelle à t’apprendre Lucette. C’est ta petite sœur.
Le cœur de Lucette manqua un battement. Mathilde, sa cadette adorée, avait été hospitalisée plusieurs jours auparavant. Sans crier gare, la fillette d’à peine quatre ans s’était soudain effondrée.
- Elle est très malade et il n’y a rien à faire.
Les sanglots de son père brisèrent sa voix chevrotante et la fillette sourit un instant. Le déni ! Elle ne comprenait pas : elle ne voulait pas comprendre. La détresse de ses parents ne laissait pourtant aucune place au doute. Mais peut-être avaient-ils mal compris eux aussi.
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2312 – Près d’une ville dont le nom s’est perdu
Son chapeau était tombé. Cet insignifiant petit bout de feutre noir patiné haut-de-forme, entouré d’un ruban rouge de satin maintes fois raccommodé, roula mollement sur le sol. Parsemé de boutons de couleurs et de formes hétéroclites, le vieil objet usé et rapiécé était son plus précieux trésor. L’inconnu de métal se baissa pour le récupérer, mais ses genoux ployèrent dans un grincement horrible. Un rouage céda sous son poids et la rotule se désarticula. Chutant lourdement au sol dans un fracas de ferraille, l’homme se retourna, les yeux orientés vers le ciel. Incapable de se relever, il contempla les nuages.
Tic- tac… Les nuages. Lucette adorait les admirer, les beaux jours nous passions parfois des heures les yeux en l’air, cherchant une histoire dans leurs formes fugaces. Ces instants si paisibles. Si précieux. Cela faisait si longtemps que je n’avais plus levé les yeux vers eux. Ce n’est pas tant le fait qu’ils me rappellent Lucette, que la nostalgie qu’ils m’inspirent. Tic… Tac… Pourquoi ne puis-je tout simplement m’éteindre comme le font les humains ? N’en ai-je pas le droit ? Nous serons ensemble pour toujours avait-elle dit il y a de nombreuses années. Mais toujours c’est bien trop long. Pourquoi ce toujours est-il si interminable pour moi et si court pour elle ? Tic… Tac…
Il ferma les yeux un instant. A peine une seconde ! Pourtant, lorsqu’il les rouvrit les étoiles brillaient dans le ciel. Toujours incapable de bouger, il reprit sa contemplation du ciel. Sa jambe droite était désormais inutilisable à jamais. Personne ne pourrait la réparer, de toute façon qui voudrait le faire ? Tous le craignaient. Pourquoi ? Jamais il n’avait fait quoi que ce soit justifiant leur appréhension. A moins que ce ne soit son allure qui les inquiète. Depuis la mort de Lucette, plus personne ne l’entretenait. Ce cuir souple et fin dont elle avait recouvert sa mécanique s’était morcelé depuis longtemps laissant peu à peu apparaître ses rouages à mesure que l’usure faisait son œuvre. Petit trou deviendra grand.
De nouvelles images s’imposèrent à son esprit. Le jour de sa rencontre avec ces gens. Après la mort de Lucette, il n’avait pu se résoudre à quitter Oxfall. Il voulait rester au plus près d’elle. Les années ont passé, avec ferveur il avait entretenu leur petit atelier. Quelle ironie ! Un androïde pour réparer leurs petites mécaniques. Mais l’endroit avait peu à peu changé et ce qui était une agréable bourgade perdue en pleine forêt devient le site d’une carrière de minerai. Une gigantesque ville aux technologies toujours plus polluantes se développa à une vitesse hallucinante. Il fut contraint de partir : atroce déchirement que de quitter cette terre et son échoppe à laquelle il était si attaché. Reclus dans cette errance qui lui sembla interminable, ses engrenages ne cessèrent de se dégrader au fil des ans. Il cherchait quelqu’un qu’il pourrait aider, chérir comme Lucette. Mais les gens ne voyaient en lui, à travers ses rouages qui apparaissaient sous l’usure, qu’une vulgaire machine comme tant d’autre.
Les guerres se succédèrent comme autant de répétitions de la même tragédie. D’autres drames s’ajoutèrent à cette sombre liste et la région fut désertée : la carrière abandonnée. Alors l’espoir de pouvoir revenir auprès de Lucette renaquit de ses cendres et il rentra. Dans cette méconnaissable ville à l’agonie, il retrouva les ruines de l’atelier. Comme par miracle l’arbre où Lucette avait été enterrée se dressait toujours dans les vestiges du jardin : ultime témoin de la Nature dans cette désastreuse conquête urbaine.
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2112 – Solylor
Malheureusement ses parents n’avaient fait aucune erreur. Mathilde ne pouvait être sauvée. Une maladie rare et foudroyante la ravageait sans espoir de guérison. La fillette, n’étant pas contagieuse, fut autorisée à rentrer chez elle jusqu’à la fin. Face à ce coup de sort, Lucette décida de créer un nouveau robot. Plus grand, plus beau, plus perfectionné, capable d’embellir les derniers jours de sa sœur. Cette dernière avait toujours beaucoup apprécié Ripple, mais le petit renard s’était échappé depuis longtemps.
Alors Lucette se mit à l’ouvrage. Enfermée dans son antre, elle travailla de nombreux jours durant, buvant à peine, mangeant du bout des lèvres, dormant si peu : la fillette de maintenant douze ans séchait allègrement l’école. Mais ses parents n’avaient pas le cœur de l’en blâmer, jugeant cet acharnement comme sa façon personnelle de gérer ce drame qui s’annonçait. Tout commença par une horloge, une petite montre à gousset reliée à un pendule ciselé à peine plus grand. Comment aurait-il pu en être autrement d’ailleurs ? Elle travaillait à l’image de ses ancêtres artisans de la Tocante : avec calme et minutie, l’horlogerie dans sa plus pure tradition mais appliquée à ses extravagances technologiques.
- Tic. Tac. Tout d’abord une armature : de la fibre de carbone c’est bien mieux, avait-elle dit. Un matériau à la fois solide et léger, pour que tu puisses te tenir debout. Tic. Tac.
Puis Lucette continua son inventaire, expliquant à chaque pièce qu’elle assemblait son utilité. Après le squelette, elle avait fixé l’horloge en lieu et place du cœur, avant de le relier à une panoplie impressionnante d’engrenages, tous entrainés par la tocante. Ensuite, les choses se compliquèrent. Le « cœur » : autrement dit l’âme, l’essence même de la personnalité. Comment faire ? Lucette réfléchit un long moment à ce problème, ajustant inlassablement les plus petites connexions du moindre circuit imprimé de ce qui serait son cerveau. A l’image d’un ordinateur, elle perfectionna son programme, lui apprit les « choses de la vie », jusqu’à tant que la fillette juge le résultat satisfaisant, alors elle assembla le tout.
L’heure de vérité. La main tremblotante de Lucette se posa sur le pendule immobile. Une inspiration lente, profonde et elle imprima un léger mouvement au petit balancier. Ce dernier s’ébroua. Tic. Tac. Les premiers rouages de cette singulière machine à taille humaine grincèrent, les crénelures s’emboitèrent, entrainant les suivantes tels des dominos. La montre à gousset commença à égrener les secondes puis les minutes et peu à peu l’ensemble de la structure s’ébranla. Lucette pouvait voir chaque frémissement qui la parcourait. Le moindre soubresaut qui agitait chaque membre, chaque articulation qui s’éveillait à la vie. En aval de cette cascade de roues dentelées qui perpétuait la réaction en chaine, accélérant peu à peu leur allure, les accumulateurs commencèrent à charger doucement. Plusieurs heures furent encore nécessaires pour que son « cerveau » soit opérationnel. Elle fut si heureuse de voir enfin les yeux de son androïde s’ouvrir, qu’elle poussa un cri de joie qui résonna dans toute la maison par chance déserte à cette heure.
Pour parfaire son œuvre, la fillette monta sur le petit tabouret près de son établi, manquant au passage de s’étaler de tout son long, pour le coiffer d’un haut de forme. Parce qu’elle le trouvait décidément bien nu. Ce chapeau ainsi décoré par ses soins d’une myriade de boutons aux milles formes et couleurs et d’un joli ruban de satin rouge lui allait à merveille.
- Voilà ! C’est parfait comme ca, avait-elle déclaré. Maintenant, il te faut un nom… alors voyons… Ah je sais ! Pendulum !
Pas le temps pour le reste des finitions, cela attendrait : Lucette était tellement impatiente de montrer sa nouvelle création à sa petite sœur. Cependant, cette dernière fut contrainte de patienter encore un peu avant le retour de sa cadette en visite à l’hôpital. L’enthousiasme de la jeunette malade fut à la hauteur de l’attente de Lucette. Les yeux pétillants d’étoiles, les deux enfants observèrent les premiers mouvements maladroits de l’androïde. Le regard de ses parents fut tout autre : chargé d’inquiétude. Plus que son apparence, ce sont les réactions de ce métallique compagnon qui les effrayaient. Que feraient-ils si cette chose devenait folle ? Au bout de quelques temps, ils durent se rendre à l’évidence. Non seulement la création de Lucette ne semblait vraiment pas dangereuse, jamais un geste équivoque, plus de maladresses comme lors de ses premières heures, mais en plus sa présence faisait un bien fou à Mathilde. La fillette retrouvait un nouveau souffle aussitôt qu’elle jouait avec lui.
De son côté, Lucette était particulièrement attentive aux premières expériences de son robot. Telle une mère vis-à-vis de sa progéniture, elle veillait à ce que sa mémoire se mette en place correctement. Les prémices de leur relation si particulière naquirent dès ce moment là. De leurs jeux. De leur proximité.
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2312 – Près d’une ville dont le nom s’est perdu
Tic. Tac. La solitude me pèse depuis si longtemps, mais elle devient insupportable. Détruire l’horloge, voilà la solution. Du moins c’est ce que je pensais au début. Mais ce fut un échec. Proprement inutile. Cette dernière est bien plus solide que je ne l’aurais cru. Tic. Tac. Le verre du cadran se fissura bien légèrement, pourtant seul le cuir qui la recouvrait partit en lambeaux. Et de toute façon, Lucette ne l’aurait pas voulu. Je n’ai pas eu le cœur d’aller contre sa volonté. Mais j’ai tellement hâte que tout finisse. Tic. Tac.
Quelques années après son retour à Oxfall, la ville désertique commença doucement à se repeupler. D’abord les quartiers périphériques, puis les autres. Petit à petit la cité reprit vie. Jusqu’à ce que les premiers habitants atteignent le cœur, la vieille ville qu’ils avaient le culot de considérer comme « conservée en l’état » depuis des siècles. C’est à cet endroit que se trouvait l’atelier de Pendulum. Au début, dans cette métropole en reconstruction, il avait voulu apporter son aide, espérant vaguement trouver quelqu’un à l’image de Lucette pour combler ce vide. Pour attendre la fin. Mais ses recherches furent vaines. Pire encore ces nouveaux « colons », effrayés par son apparence déclinante, montrèrent des signes d’agressivité à son égard.
Il ne se formalisa guère de ces hostilités. Du moins jusqu’au jour où il comprit leurs intentions : ils voulaient rénover la vieille ville, détruire son atelier, raser l’arbre où reposait Lucette. Désemparé, il ne sut que faire. La colère faisait grincer ses rouages, mais les préceptes de Lucette étaient plus forts que tout : jamais elle n’aurait accepté qu’il s’adonne à la violence, fusse même pour la venger. La seule solution que trouva l’androïde pour les empêcher d’entrer fut la peur. Cela marcha un temps, mais très vite la cupidité de ces arrivants prit le dessus. Il fallait à tout prix se débarrasser de ce gêneur. Très vite, ils s’aperçurent que ses menaces n’étaient que de l’esbroufe pour les tenir à distance de son arbre.
Cependant, les évènements évoluèrent de façon inattendue. Certains citoyens se prirent d’affection pour cette carcasse mécanique qui semblait défendre avec ferveur la dernière trace de la « Nature » dans cette ville. L’ironie d’une telle croyance lui attira la sympathie d’une myriade de pseudo militants écologistes à mille lieues de comprendre les véritables raisons de son entêtement. D’autres personnes le voyaient d’un mauvais œil, jugeant cette aberration technologique non maitrisée comme une menace pour leurs enfants. Les politiques s’en mêlèrent et un dialogue de sourds s’instaura entre tout ce petit monde. Mais il n’en avait cure, tant que la tombe de Lucette n’était pas profanée.
C’est à peu près à ce moment que naquit le Jeu. C’est ainsi que l’appelaient les gosses du quartier. Le principe en était très simple. Lapider l’androïde en évitant d’être poursuivi. Pendulum s’en moquait éperdument : il ne sentait plus rien, ni douleur, ni chaleur, ni parfum. Ses circuits étaient beaucoup trop endommagés pour cela. La seule chose qui faisait encore réagir cet inconnu de métal, outre une intrusion trop loin dans son domaine était la perte de son précieux couvre-chef. Mais ces gamins stupides étaient bien trop lâches et futés pour se risquer aussi loin. Lui lancer des pierres de loin leur suffisait. Celui qui faisait tomber le chapeau avait perdu. De temps à autre, le voisin, un vieil homme bourru et compatissant chassait ses importuns à coup de canne, maudissant la négligence de leurs parents. Un petit coup d’œil triste à la mécanique dépérissante et il rentrait dans sa maison en ruine qu’il refusait de quitter lui aussi attaché à quelque incompréhensible souvenir.
Ce petit manège dura des jours avant qu’enfin son sort soit fixé. Par pure précaution, le maire avait décidé qu’il fallait l’enlever de là pour garantir la sécurité de ses concitoyens. Cependant, cette évacuation devait être faite dans la plus grande discrétion. Les employés chargés de ce « nettoyage » débarquèrent un soir quand tout était calme. Aussi silencieux qu’une meute de chats sauvages, armés jusqu’aux dents, ils s’étaient avancé vers son arbre : vers lui. Un instant, le robot songea à bouger pour les empêcher d’approcher.
- Je suis trop fatigué pour cela, avait-il songé. De toute façon quoique je fasse, je ne pourrais pas les éviter… je ne pourrais plus te protéger. Y a-t-il seulement encore quelque chose de toi à protéger ici ? Lucette.
L’immobilisme et les jeux de vilains des mioches du coin avaient eu raison de la solidité de ses engrenages. Pendulum était quasiment incapable de bouger. Le moindre mouvement lui demandait un gros effort de volonté. Il ne fit pas un geste pour se défendre. Voilà peut-être l’occasion qu’il attendait pour enfin quitter ce monde. Tant qu’ils lui laissaient son chapeau. Très vite, l’équipe d’assaut qui progressait précautionneusement vers lui comprit qu’il n’était plus une menace. Le vieux voisin insomniaque les haranguait du haut sa fenêtre, brandissant sa canne comme si cela pouvait dissuader ces hommes surentraînés.
- Vous aussi, vous venez jeter des pierres à cette pauvre mécanique qui ne vous a rien demandé !
Quelques sourcils interrogateurs se levèrent chez les intrus. Des moues étonnées. Un vent d’incompréhension se propagea dans le petit groupe. Tous étaient des gens d’honneur. D’honnêtes citoyens. En dépit de leurs ordres, ils n’étaient pas là pour une exécution en règle, mais plutôt une évacuation sans heurts. Du moins l’espéraient-ils. Arrivé à la hauteur de Pendulum, le chef comprit les propos du vieil homme. Ce pauvre robot, qui en des temps reculés avait du avoir un visage humain, était dans un sale état. Le malaise et la honte qui s’empara des occupants du jardin était palpable, un peu à l’image de ce qu’éprouverait un enfant qui vient de faire une grosse bêtise. Un léger regret. Pourtant il n’y avait plus grand-chose d’autre à faire. L’homme de métal ne résista guère, même lorsque son haut de forme miteux roula plus loin. L’escouade en conclu que la mécanique ne fonctionnait plus vraiment. Grossière erreur.
Un soupir de soulagement parcourut l’assistance. Au moins n’auraient-ils pas à se sentir coupable de l’abandonner dans la vieille carrière où ils le conduisirent. Puis, alors que l’équipe s’éloignait de la ferraille, leur chef se baissa pour remettre le chapeau sur la tête de Pendulum. Ultime geste de compassion ou vaine tentative de chasser un quelconque regret. Peu importait au final : intérieurement, l’androïde lui en fut très reconnaissant.
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2112 – Solylor
Aucun miracle ne se produisit. Le combat de Mathilde prit fin, aussi tragiquement qu’annoncé : au moins avait-elle eu des jours heureux avant de s’éteindre. Lucette en fut inconsolable. La fillette ne cessait de pleurer malgré tous les efforts de Pendulum.
L’enterrement de sa cadette fut une épreuve pour tout le monde. Encore quelques jours, semaines, mois et Lucette retrouva le sourire. Aucun deuil n’est éternel, même lorsque la peine est grande. Pourtant, ce jour-là sa petite sœur n’était pas morte seule, quelque chose d’autre s’était brisé dans sa famille. Une absence que rien ne comblerait. Un vide qui éroda les liens qui les unissaient aussi sûrement que la rivière creuse les vallées. Pour oublier querelles et reproches qui étaient devenus son lot quotidien, la fillette devenue adolescente s’enferma dans son antre, choyant Pendulum : le seul lien qui lui restait. Elle s’employa à le rendre moins effrayant aux yeux des autres. Devant l’enthousiasme de sa cadette et les murmures impressionnés du voisinage, jamais elle n’avait vraiment réalisé que sa créature était « nue » en quelque sorte. Pourtant, maintenant que Pendulum était devenu l’une des choses les plus importantes et précieuses à ses yeux, elle songea qu’il était temps de le rendre plus humain. Non qu’il ne le soit pas déjà par la pensée, mais cet enchevêtrement de rouages métalliques apparents rappelaient sans cesse sa condition de machine. Aussi décida-t-elle de changer cela.
La peau, dont elle le recouvrit, était faite d’une sorte de cuir : matériau spécifique de très haute technologie, elle mimait avec une efficacité proche de la perfection l’épiderme humain. A l’image de tout corps, le mouvement de ses rouages dégageait une agréable chaleur, si bien qu’une fois recouvert de cette fine pellicule à la fois protectrice et esthétique, Pendulum ressemblait à n’importe quel être humain. Un véritable travail d’orfèvre.
- Ce n’est pas au 21è siècle que j’aurais pu réaliser une telle chose, se félicitait souvent Lucette lorsque le souvenir de ses aïeux lui revenait, surtout pas à mon âge.
Ses parents, enfermés dans ce chagrin dont ils ne semblaient pas vouloir sortir, commencèrent à s’en prendre à elle. Désormais les reproches lui étaient destinés à elle et son aberrante création. Lucette fini par en perdre cette candeur enfantine qui rendait son imagination indomptable. Plus de créations extravagantes. Plus de défis mécaniques. Plus de réparations tout court. Au grand dam de son robot qui désespérait de revoir le sourire de sa Lucette adorée, elle abandonna pour un temps sa passion, se contentant de l’entretien de son œuvre, sans plus d’enthousiasme.
- Je ne veux plus, lui avait-elle confié un jour. Papa et Maman ne veulent plus. C’est dégradant ! Pas à la hauteur de leur fille, m’ont-ils dit.
- Mais, tu es faite pour cela ! se défendit Pendulum. Regarde ce que tu as fait. Tu ne peux pas abandonner. Tu vas être malheureuse.
- Je le suis déjà. Et si j’arrête peut-être que Papa et Maman cesseront de crier !
Mais, inexorablement, le temps fit son office. La famille de l’adolescente vola en éclats. Lucette n’y était pour rien, pourtant personne ne prit le temps de le lui expliquer. Alors elle craqua et reprit ses habitudes de mécanicienne en herbe. Certes elle mettait toujours autant d’application et de soin à l’entretien de sa créature à laquelle la petite demoiselle était fortement attachée et réciproquement, cependant le cœur n’y était plus.
Agée d’un peu plus de seize ans, la jeune femme se cachait désormais pour réparer quelques petites choses. Ses parents ne toléraient plus de la voir ainsi occupée, jugeant cette lubie comme l’unique responsable des consécutifs échecs scolaires de leur fille. En réalité, Lucette n’avait plus aucune envie d’étudier. Cette atmosphère délétère dans laquelle elle évoluait depuis la mort de Mathilde la pesait de plus en plus. La jeune adolescente, en pleine crise existentielle, s’enfonçait toujours plus dans la mélancolie au grand désespoir de Pendulum. Ce dernier tentait par tous les moyens de lui rendre le sourire, mais en vain. La situation dégénéra le jour où Lucette fut surprise par son père. La goutte d’eau qui fait déborder le vase. Après une violente dispute, Lucette fugua pour ne plus jamais revenir. Sans la moindre hésitation, Pendulum la suivit. Ensemble ils regardèrent s’éloigner peu à peu les dernières lueurs de Solylor.
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2312 – Près d’une ville dont le nom s’est perdu
Son bras refusait de lui obéir. Ses vieux rouages bougeaient mal, même un bon graissage n’eut pas changé grand-chose. L’âge le rattrapait insidieusement, malgré l’apparente jeunesse de ses traits. Pourtant, de-ci de-là, le déclin de sa mécanique se manifestait. La rouille rongeait peu à peu certains de ses engrenages mis à nus par le temps. Son genou ne le porterait plus.
Tic. Tac… Le temps file. Immuable.
- Je suis heureuse avec toi et ce n’est pas un sacrifice, mais une chance. Je te défends de penser le contraire !
Un être artificiel comme moi peut-il pleurer ? Je ne sais pas vraiment. Pourtant lorsque tu m’as dit ces choses si simples, si sincères. Ces larmes étaient vraies. Tic… Tac… Peut-on réellement appeler cela des larmes ? Peut-être. De toute façon, je n’ai pas d’autre mot pour qualifier ce phénomène. Tout comme il est impensable qu’un amas de ferraille puisse un jour éprouver de tels sentiments. Mais tu as mis tellement cœur à l’ouvrage. Comment aurait-il pu en être autrement ? Lucette. Je ne regrette rien. Aucun des moments passés avec toi. Mais je suis fatigué. Tic… Tac…
Tic. Tac … Si seulement les choses pouvaient finir. Je voudrais qu’elle prenne fin. Que je puisse la rejoindre. Tic … Tac… Mais en aurais-je le droit ? La trouverais-je ? Tic… A moins que plus rien … que devient la conscience ? Tac… Où va le cœur d’un… quelque chose comme moi, à la fin ? Y a-t-il un après ? Tic …Tac…
Le cadran de son horloge, fissuré depuis des années, laissait entrer poussière et saleté au point d’effacer les petits chiffres dorés indiquant les heures. Ce temps qui passe. Pourtant, malgré cette apparente vétusté la trotteuse tordue continuait sa course péniblement. Inlassablement. Inexorablement. Combien de fois n’avait-il pas souhaité qu’elle s’arrête ? Comme ce pendule désormais immobile qui emplissait son torse lui aussi exposé aux intempéries. Cette « nudité » l’importait peu tant qu’il avait son chapeau. Souvenir des jours heureux. Pendulum était las de cette vie, pourtant il ne la regrettait guère. Il attendait la fin avec impatience, mais également avec ses souvenirs : tous ces petits grains de sables qui s’accumulaient peu à peu dans les rouages de ses circuits. Comme toutes les femmes savent le faire, Lucette lui avait donné la vie. Une vie hors norme certes et même aberrante selon le plus grand nombre. Mais il avait été heureux. Bien plus que l’imagination des adultes n’ait jamais pu le concevoir. Le fruit délicieux de la créativité d’une enfant. Lucette. Sa Lucette. Bien aimée, comme une mère … et plus encore.
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2112 – Oxfall
Lucette et Pendulum errèrent des jours durant, parcourant le pays à pied. Mais aucun d’eux n’en avait cure : ils étaient ensemble et c’est tout ce qui comptait. Ce lien qui les unissaient était si particulier : de l’amour, sous une forme si pure, si simple, si intense. Pendulum était plus qu’un simple robot, il était tout pour elle. Frère, ami fidèle, amant, soutien inébranlable et réciproquement. Durant toutes ses années, la personnalité de l’androïde s’était développée. Sa pensée se complexifiait à l’image de celle de Lucette, à l’image d’un être humain. Sans vraiment y penser, la petite fille lui avait donné une vie et cette chose si précieuse : la capacité d’aimer !
Enfin, ils échouèrent à Oxfall : sympathique bourgade perdue dans la forêt. Lucette tomba sous le charme de cet endroit où ils élurent domicile. L’adolescente ouvrit avec son aide un petit atelier où elle proposa ses services aux habitants d’abord réticents puis conquis par sa dextérité. Sa devise : tout se crée, tout se répare, pour peu qu’on y mette du cœur. L’éloignement, la quiétude de la petite ville, l’équilibre et le bonheur retrouvé, la jeune femme décida d’assumer son étrange passion. Pendulum avait raison : elle était faite pour cela et l’ignorer la rendait triste. Mélancolique. Dans les premiers jours, le remord la tarauda, mais très vite, les gestes si familiers retrouvèrent l’adresse de leur débuts. En somme, une mécanique bien huilée. Pourtant, la jeune inventrice ne récupéra jamais cette fantaisie créative éteinte « pour toujours ». Cependant, leur petite affaire tournait rondement, suffisant à leur subsistance.
Les jours se succédèrent, amenant avec eux leur petite routine. L’eau coula sous les ponts et les saisons défilèrent. Leurs sentiments évoluèrent. Plus de maturité, de sensualité. Durant quelque temps, Lucette fut désarçonnée : elle ne le voyait plus vraiment du même œil. La candeur enfantine qu’elle éprouvait se mua en quelque chose de nouveau. Plus profond. Plus adulte. Cependant, à mesure que le temps passait, les prémices d’une angoisse naquirent dans l’esprit de Pendulum. Jamais, il ne pourrait lui apporter cette chose si importante que ses semblables... Mais elle n’en avait cure : du moins en apparence. Pourtant cela le tracassait continuellement.
Un soir, ils regardaient les étoiles, elle allongée dans l’herbe fraiche du jardin, tout près de l’atelier, lui assit à son côté, adossé à un arbre. La journée chaude et ensoleillée avait laissé place à la fraicheur bienvenue de la nuit. Les fleurs qui entouraient le jardin exhalaient leurs douces et suaves effluves. De petites lucioles mécaniques, dernières trouvailles de Lucette, virevoltaient ça et là. De temps à autre une petite brise venait leur caresser le visage. Pas d’autres bruits que ceux de la nature endormie. L’instant était parfait. Et pourtant cette sempiternelle question revenait encore le tarauder et sans même en avoir conscience cette fugace pensée sortit à voix haute.
- Lucette. Est-ce que tu es heureuse ?
Voilà qui était dit. On ne rattrape pas ses mots, même si on les regrette.
- Bien sûr ! s’exclama-t-elle. Pourquoi ne le serais-je pas ? Nous sommes tous les deux et la nuit est magnifique ! Que me faudrait-il de plus ?
- Je ne sais pas, murmura-t-il.
La jeune femme se redressa et planta ses grands yeux ambrés dans les siens. Il y avait de l’étonnement dans ce regard là. De l’incompréhension.
- Tu sais, bafouilla Pendulum. Je ne pourrais jamais t’apporter ce que … ce que les autres hommes… enfin.
Il baissa les yeux soudainement absorbé par une tache invisible sur le sol. Cette gêne qui l’habitait n’avait vraiment aucun sens pour Lucette. Voilà donc ce qui le chagrinait. Ce malaise qu’il parvenait maladroitement à cacher. Pourtant, elle savait cela depuis des années déjà : elle avait parfaitement conscience que cette relation était hors norme, peut-être même taboue pour certains. Mais le jour où elle avait décidé de reconnaître ses sentiments pour ce qu’ils étaient, elle avait par là même accepté tout ce que cela impliquait. Elle s’était approchée encore un peu plus de lui, prenant son visage dans ses mains. Un sourire doux et chaleureux éclairait ses traits.
- Je le sais très bien. Mais cela importe peu. Je suis heureuse avec toi et ce n’est pas un sacrifice, mais une chance. Je te défends de penser le contraire.
Une larme roula sur la joue de l’androïde. Miracle de la technologie ou inexplicable sentiment ? Peu importe. Lucette ne fut guère étonnée de cette réaction désemparée, mais plutôt attendrie. D’un revers, elle l’essuya avant de glisser sa main dans celle de son ami et la porta à sa poitrine : juste sur son cœur. Ce contact si chaud. Les battements qui s’égrenaient sous sa paume l’un après l’autre tels la trotteuse qui courait inlassablement sur le cadran de sa propre tocante. Comme si elle suivait son raisonnement, Lucette sourit de plus belle, saisissant son autre main pour la placer sur le torse de Pendulum. La même chaleur, le même tic-tac qui battait sous sa paume.
- Finalement, nous ne sommes pas si différents, murmura la jeune femme à son oreille.
Une vague de chaleur parcourut ses rouages. Un bonheur indicible. Ce qu’il ressentait ne pouvait être exprimé avec des mots. Ses lèvres s’étirèrent en un fin sourire. Plus d’incertitude ni même de gêne. Avec toute la délicatesse dont il savait faire preuve, il l’attira à elle dans une tendre étreinte. A daté de ce jour, le sourire de Lucette devint sa seule et unique raison d’être, encore plus qu’avant. Jamais elle ne l’abandonna et jamais plus il ne douta.
Pourtant rien n’est éternel. Le temps fit son œuvre : Lucette n’était guère faite de métal. La vieillesse lui tendit peu à peu les bras. Inexorable. Jusqu’au bout, il resta à ses côtés. Fidèle. Lucette s’éteignit par un jour de pluie, heureuse et sereine. Privé de sa raison d’être, Pendulum ne put cependant se résoudre à quitter Oxfall où Lucette reposait désormais sous son arbre préféré, dans le jardin.
*** ~ *** ~ ***
2312 – Près d’une ville dont le nom s’est perdu
Tic-tac… La vie qui s’enfuit… Tic… Les rouages qui se grippent… Tac … L’oubli… Tic… A jamais… Tac… Lucette… … … Tic… … … Te retrouverais-je ?… … … Tac … … Comme le font les humai…
La trotteuse asthmatique s’immobilisa sur l’un des petits chiffres doré à peine discernable sous la mosaïque de verre craquelée et poussiéreuse de l’horloge désormais muette. Pour toujours. La libération enfin ! Après tout ce temps. Après l’avoir tant désirée.
Quelques semaines plus tard, une petite fille nattes blondes, air revêche, les ongles noircis par la graisse vint fouiner du côté de la carrière. Son sourire s’illumina à la vue de ce monceau de pièces pas si détachées que cela. Une foule de questions se pressa dans sa petite tête. Comment était-ce arrivé là ? Qui était-ce ? D’où venait-il ? Que regardait-il ? Autant de mystère qui attisèrent son imagination bien trop fertile si l’on en croyait ses parents. La seule énigme à laquelle la fillette ne su répondre fut : pourquoi donc souriait-il si sereinement ?
Ton histoire est si jolie ! Tu as de l'imagination ! Ton style est très fluide, jamais on ne s'ennuie, il n'y a pas de temps mort :) J'ai pris énormément de plaisir à te lire !
Est-ce 'la mécanique du coeur" de Mathias Malzieu qui t'as inspiré ton histoire ? Si non, je te le conseille vivement, puisque tu as l'air d'aimer les horloges :p
Tout d'abord merci pour ce gentil commentaire. Ensuite, je n'ai pas le souvenir de t'avoir croisé par ici avant ... j'en déduis donc que tu es un nouveau membre de notre joyeuse communauté... surtout n'hésite pas à venir faire un tour du côté du fofo, où nous discutons de nos écrits entre autre et plein d'autres choses aussi dans une ambiance bon enfant.
Après pour répondre à ta question, non ce livre n'est absolument pas du tout ma source d'inspiration dans la mesure où je ne le connaissais pas du tout, mais j'ai pris bonne note et après avoir regardé son résumé, il me tente vraiment bien franchement merci pour cette suggestion, je ne manquerais pas d'y jeter un oeil ^^ ... ma principale source d'inspiration sur cette histoire que j'ai mise sur mon JdB sur le fofo ^^
Voilà encore merci
A peluche
Shao^^'
Déjà, la première chose qui saute aux yeux, tu t'es pas payé notre tronche pendant la rédaction de ta nouvelle, Shao 8D. C'est vraiment très bien écrit, on prend plaisir à aller plus loin dans la lecture. Puis c'est doux. Ca parle de la mort et de l'amour (presque de l'amour de la mort quand on regarde Pendulum, ohohoh *je sors*) Les conséquences de l'un sur l'autre, et inversement. Non vraiment c'est très chouette, et ce sont des thèmes que j'aime.<br />L'univers est très coloré. L'ambiance est empreinte de nostalgie, mais d'espoir aussi, j'ai trouvé.<br />Le recit en deux temps (on peut appeler ça comme ça ? xD) amène la chute en douceur. Il pourrait certainement permettre une deuxième lecture avec plus d'attention à porter sur l'affection que porte Pendulum à Lucette (Muahaha <33 ce prénom *in love*), maintenant qu'on connait toutes les choses qu'ils ont vécu ensemble, ce dont on avait pas forcement conscience en commençant le récit. Ce qui peut redonner une autre vie et dimention au texte, quelque part ! Tout bien joué, Shaoran xD.<br /><br /><br />Oh et tiens ! Un petit thème musical qui peut faire rapidement penser à Pendulum xD (avant que les coucous ne s'en mêlent quoi, parce qu'apres ça part en vrille...)<br />http://www.youtube.com/watch?v=8AO9c3VvwEc
Zoubi Shao ! =)
contente de te voir ici ^^
Alors pour ce qui est de l'âme du robot, je comprend parfaitement que cela puisse te travailler parce que c'est un sujet qui je l'avoue me travaille beaucoup aussi et c'est un peu la base de cette nouvelle. Pour rentrer dans des considérations philosophiques plus "profondes", je dirais que je suis partie du principe que nous en tant qu'humains ne sommes pas vraiment différent d'un robot si tu regardes d'un point de vue purement physiologique (le système nerveux d'un point de vue plutôt simpliste n'est qu'un ordinateur, un entrelacs de "fils électriques") pourtant cela ne nous empêche pas d'avoir une âme, de ressentir des choses alors pourquoi serait-il impossible qu'un robot autrement dit une création qui nous ressemble sur bien des point ne puisse pas un jour développer le même genre de conscience, mais ca reste un point de vue tout à fait personnel ^^... c'est comme ca qu'est née cette idée...
Pour la facilité d'ouvrir une échoppe j'avoue, c'est mon chomage de longue durée qui me hante ^^ MDR... par contre pour la construction, certes c'est un peu délicat, j'ai pensé aussi qu'elle faisait jeune pour ca, mais quand je me base sur mes expériences de gamine, je me souviens qu'à 7 ou 8 ans je jouais aux mécanos (tu sais le jeu de construction avec des pièces en métal et tout) t'avais toute la notice pour assembler à partir des pièces une petite voiture à moteur ... donc moi je pouvais faire ca en 1992, imagine ce que donnerait ce même en 2300 et des cacahuètes... surtout que les enfants ont cette faculté d'être de plus en plus précoces.
Contente que mon écriture te plaise Beulette. En fait, quand j'ai écrit ca, je me suis laissée portée par l'inspiration du moment, j'étais un petit peu déprimée, je crois que ca s'en ressent, mais quelque part c'est ce qui fait que l'histoire fonctionne. Tout est dans l'état d'esprit XD. Comme tu le dis, je suis sûre que si tu la relis un autre jour dans un état d'esprit différent, tu y découvriras quelque chose d'autre.
En tout cas je te remercie beaucoup pour être passée lire et surtout prendre le temps de commenter ca m'a fait très plaisir, parce que finalement maintenant que j'ai un peu oublié les prises de têtes dessus, bah elle me plait bien cette petite nouvelle et ca me fait d'autant plaisir qu'elle a l'air de vous plaire aussi T.T Que d'émotions XD
A peluche
Shao^^'
PS: il colle super bien au perso ton thème musical Beulette
au passage, si tu aimes les ambiances musicales comme celle du lien : écoute ca en fermant les yeux c'est vraiment trop bien fait http://www.youtube.com/watch?v=u6XLvqqj1z8
Shao, tu as écrit là une nouvelle magnifique à tous points de vue. Non seulement l'histoire en elle-même est poignante et tu y abordes avec beaucoup de finesse et justesse une panopolie de thèmes très divers (le deuil, la mort, la famille, l'amour, la différence, l'intolérance, l'écologie, le temps, l'âme...) mais en plus, c'est SUPERBEMENT écrit ! Il y a peut-être quelques coquilles ici et là, mais c'est purement formel. Quelle poésie ! La conception de Pendulum est hallucinante, je le voyais prendre vie sous mes yeux ! Franchement, c'est magnifiquement écrit *o*
Bref, je suis toute ému et très impressionnée.
Pour ce qui est de ta référence, ton héroïne m'a un peu évoqué un peu Winry dans FullMetal Alchemist. Le côté "adorable petite blonde à fond dans la mécanique" ^^ Mais je ne sais pas si c'est à cela que tu faisais référence ?
Moi aussi je suis toute chose en lisant ton commentaire ^^ . Alors tout d'abord merci beaucoup, à voir ton enthousiasme, cela t'as vraiment plu et ca me fait plaisir. En fait, c'est écrit avec l'humeur du moment (plutôt morose, je l'admets XD, mais c'est une autre histoire). Comme je le disais à Sej, du fait que l'histoire est assez prévisible, j'avais un peu peur qu'elle manque parfois de ce petit truc qui fait que ca marche (l'émotion, la cohérence... ). Mais visiblement mes craintes sont infondées ^^
Arf les coquilles T.T ma bête noire, faudrait que je relise un coup attentivement pour les enlever ... à force je les vois même plus T.T
Par contre pour la référence à Winry, ca m'avait même pas effleuré l'esprit mais maintenant que tu le dis ca me parait vraiment évident oO' ... non le petit côté inspiré dont je parlais ca vient d'une image (je vais la mettre dans mon JdB comme ca tu verra mieux le rapport et aussi du manga Alice au royaume de coeur que j'ai lu y a pas longtemps XD ... )
Bref encore une fois merci CriCri
A peluche
Shao^^'
Ton résumé m'avait intrigué et puis, j'avais pas le courage de poursuivre une fic longue ce soir. Du coup, me voilà. Oui, ça te fait une belle jambe de le savoir :P
Bon, déjà, commençons par l'essentiel - j'ai adoré cette nouvelle. Mais alors vraiment. C'est beau, c'est mélancolique, et il m'en faut pas beaucoup plus pour m'émerveiller *o* J'aime les récits en parallèle, ça donne une petite touche d'inévitable à l'ensemble. On sait que Lucette va vieillir, mourir et que sa création va rester à la regretter. Et pourtant, tout le processus de création, d'apprentissage et puis cette histoire d'amour, c'est juste beau.
Du côté du robot, c'est très bien transcrit ce sentiment de manque de l'être aimé, la seule qui ne l'a pas considéré comme une machine et qui a su révéler et créer ses sentiments.
Bref, finissons par l'essentiel aussi - *o*
tu me vois flattée que tu ais délaissé tes cartons pour lire cette petite nouvelle ^^
Je suis également ravie de savoir que ca t'as plu à ce point, parce que quand j'ai fini de l'écrire, je n'étais plus aussi sûre qu'elle soit bien ... j'avais pas de recul vis à vis de ces quelques pages. Ca me rassure de savoir que je me suis pas plantée en chemin ^^ Comme tu le soulignes, il est facile de comprendre la suite de l'histoire (la mort de Lucette et tout ca) donc j'avais un peu peur que ca manque d'un petit quelque chose ^^ mais il semble que ce ne soit pas le cas. Youhou
Bref, contente que cela t'ai plu et merci d'avoir pri un peu de temps pour me laisser tes impressions
A peluche
Shao^^'
Le seul reproche que j'aurais à te faire, c'est ce flou artistique que tu entretiens notamment sur la création de Pendulum. Tout le monde ne peut pas avoir le talent de Lucette, et encore moins imaginer les technologies du siècle prochain, mais les mécanismes que tu utilises, les engrenages et les horloges, tout me semble plutôt désuet, en parfaite contradiction avec la prouesse technique que devrait représenter un androïde aussi évolué. Cette remarque juste pour te signaler que cela peut gêner des gens plus calés que nous en mécanique. ^^
Mais l'essentiel n'est pas là, et tu as su créer avec brio une atmosphère douce-amère, une succession de petites et de grandes tragédies qui ont le goût de vieilles photos en noir et blanc, abordées avec ce fatalisme et cette manière de simplement "être" qui nous attache si vite à Pendulum. Et dès le début (paradoxalement), par tout ce recul qu'il prend sur sa propre histoire, on sent bien que c'est la fin. Et que si un androïde pouvait vieillir, celui-ci serait un vieillard, qui sait que son temps est venu.
contente de te voir par ici. Comment ca qu'elle est difficile à commenter XD, bon d'accord j'admets. Mais ca me touche beaucoup ce que tu dis là Drago T.T Même si je suis bien d'accord que ce n'est pas très drôle. Mais quand j'ai écris cette nouvelle, je suis partie d'une image et du sentiment du moment, j'étais un peu mélancolique ce jour-là et finalement, je crois que ca se ressent bien.
Pour ce qui est du reproche, je suis parfaitement d'accord avec toi, mais comme dit, j'ai écrit cette nouvelle véritablement sur un coup de tête et je n'avais pas dans l'idée d'en faire un truc bien précis et comme je n'y connais pas grand chose en mécanique et tout ... je suis restée vague pour pas dire de grosse bêtises, surtout que je n'avais aucun recul, sur cette histoire. Mais à la réflexion, je pense que ce texte mériterais d'être repris et un peu étoffé. En tout cas, merci de mettre le doigt sur le nerf du problème XD Par contre, pour l'aspect désuet de l'horloge par rapport au reste, c'est volontaire.
En tout cas, merci de ton commentaire, il m'a vraiment fait plaisir et je suis contente que tu aies aimé, malgré le léger flou artistique XD
A peluche
Shao^^'
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Tu fais apparemment partie des plumes que je ne connaissais pas et qu’il faudra que je suive ;-) Ton écriture est très belle, bien fluide, et tes mots sont choisis avec minutie. Il y a quelque chose de très tendre et de subtil. Tu n’exploites pas outre mesure le côté pathétique de ton histoire, ce qui la rend d’autant plus mélancolique. Bravo à toi !<br />
<br />
J’aime aussi beaucoup l’enchâssement des périodes, que tu es parvenue à maîtriser : on est légèrement perdus au début, très intrigués, et puis peu à peu, aussi sûrement qu’une mécanique, les rouages de ton histoire se mettent en place ^^ Ce choix de narration rend les choses plus intenses, puisqu’on ne connaît qu’une partie du dénouement et qu’il nous reste à en comprendre les subtilités.<br />
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Une chose seulement me turlupine : je comprends le désarroi des parents mais pourquoi, précisément, s’en prennent-ils aussi soudainement à Lucette ? <br />
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Par ailleurs tu as précisé t’être inspirée d’une nouvelle : s’agit-il d’une histoire d’Asimov ? Il y a certains éléments qui me font penser à l’univers de cet auteur, que j’ai découvert il y a quelques années et que j’ai adoré !<br />
<br />
Et puis, pour finir sur une touche un peu old-school, j’ai repéré quelques fautes (rien de grave ! Et je suis perfectionniste, alors je me devais de te les communiquer...) :<br />
« Devient » (quelque part dans le premier tiers du récit) u94; plutôt devint car tu es dans les temps du passé<br />
« la ville désertique commença doucement à se repeupler » u94; c’est peut-être un choix de ta part, mais d’instinct j’aurais écrit « commençait »<br />
« Le vieux voisin insomniaque les haranguait du haut sa fenêtre » u94; de haut de <br />
« Le malaise et la honte qui s’empara » u94; qui s’emparèrent<br />
« Mais tu as mis tellement cœur à l’ouvrage. » u94; de cœur<br />
<br />
En dehors de ces fautes d’inattention, la lecture de ta nouvelle a été un vrai régal ;-)
Tout d'abord désolée d'avoir mis un peu de temps à te répondre, mais j'ai été assez occupée ces dernières semaines, bref, un grand merci à toi d'avoir pris quelques minutes pour commenter ta lecture.
Mwo c'est gentil ce que tu dis, j'suis contente que tu aies apprécié la découverte ^^. Mélancolique oui, je crois que c'est bien le mot, c'est tout du moins l'état d'esprit dans lequel j'étais en écrivant cette nouvelle, et tant mieux si c'est bien ce qui se dégage du texte. J'avoue que j'avais un peu peur qu'il ait l'air pathétique.
Pour l'enchainement des périodes, j'avoue de ce côté-là c'est un peu une constante chez moi, que de mélanger soit deux périodes, soit deux groupes de personnages plutôt que de toujours suivre les faits linéairement. Alors c'est peut-être moi qui suit pas normale XD, mais je trouve que ça donne une dimension différente à l'histoire, puisque comme tu dis, ça rend les choses, plus mystérieuses. Ca donne l'impression de suivre deux histoires distinctes et tout d'un coup les deux fils se rejoignent pour s'entrecroiser, et franchement si c'est bien fait, bah paf ça fait des chocapics ^^
Euh les parents... excellente question, à laquelle je n'ai pas vraiment de réponse. En fait, le texte remonte à bien loin et je me souviens plus de tout en détails, mais ça peut-être une maladresse de ma part. C'est bien possible.
Alors pour la nouvelllllllllllle, il me semble que je faisais plutôt référence à un manga du nom d'Alice au royaume de coeur, où certains personnages ont une montre à la place du coeur et mon autre source d'inspiration est une image où on voit une petite fille dans un atelier mettre un chapeau à une statue.
Enfin, merci pour le relevé des fautes, je l'ai écrite y a longtemps quand mon niveau d'orthographe n'était pas encore ce qu'il est aujourd'hui. Et même après relecture je les vois même plus XD. (et j'ai peur d'y remettre le nez au risque de vouloir retravailler quelques aspects du texte, alors que j'ai beaucoup de pain sur les autres planches ^^)
En tout cas, je te remercie beaucoup pour ton avis et je suis contente de voir que tu as apprécié ta lecture.
A peluche
Shao^^