-Carola, je vais y aller. Tu as le numéro en cas de besoin...
Il s'interrompit et la regarda. Même coiffure, même lunette qu'il y avait dix ans, comme si le temps s'était arrêté pour elle.
-Alors vas-y ! lui répondit-elle sèchement.
-Tu sais que si tu changes d'avis, nous serons ravie de t'accueillir...
-Je dois rester pour lui.
Il aurait voulu pouvoir l'aider, la soulager de cette culpabilité qu'elle portait tel un fardeau. Il était son père et ne pouvait rien faire pour elle.
-Ce n'est pas sain ! Je t'en pris renonce ! Cette maison va coûter des sommes folles pour rien.
-Je le sais mais comme vous partez tous, il faut bien que quelqu'un reste !
-Tu serais mieux ailleurs, ça te permettrait de prendre du recul et de guérir...
-Mais je ne suis pas malade ! s'énerva-t-elle.
-Alors prouve-le et viens avec moi.
Elle baissa la tête, les larmes aux yeux.
-Je ne peux pas abandonner la maison. Sinon quand il reviendra...
-Mais il ne reviendra pas ! Il a disparu, il y a dix ans ! Il doit être mort !
La jeune femme se mit à crier à son tour.
-Non, il n'est pas mort ! J'en suis sûr ! Et quand il reviendra, il trouvera la maison semblable à ce qu'elle était et alors, il saura combien sa grande soeur l'aimait. Il me reconnaitra facilement car je n'aurais pas changé. Tout sera à sa place et il se souviendra. Alors on sera à nouveau une famille, une vraie famille ! Même si ce n'est que lui et moi.
Le père secoua la tête, toujours le même discours. A croire qu'elle l'attendrait jusqu'à la fin des temps. Combien de fois avaient-ils eu cette conversation ? Combien de fois avait-elle refusé qu'on jette quelque chose ? Le moindre changement la mettait dans un état de stress tel que tous préférer lui céder.
Son frère plus âgé était parti. Maintenant, c'était lui, son père qui fuyait ce lieu où le temps s'était arrêté. Elle vivait dans un souvenir, la maison d'avant le drame. C'était comme si le fait de rester dans cet endroit allait lui rendre son frère. Tout le monde y avait cru puis fait son deuil mais pas elle.
De la culpabilité, avait dit la psychologue consultée. Carola avait besoin d'être rassuré. Avant qu'il disparaisse, elle lui tenait la main. Malheureusement, ils s'étaient disputé et l'enfant âgé de six s'était enfui.
Un bras de fer s'était engagé entre la jeune femme et le reste de la famille, elle l'avait gagné haut la main, puisque tout le monde était parti.
Poussant la porte le père sortit.
-N'oublie pas qu'en cas de besoin...
Elle hocha la tête et s'installa sur les marches pour le regarder partir. Pendant combien de temps resta-t-elle ainsi ? Même la jeune femme n'aurait pu le dire.
Alors qu'elle s'apprêtait à rentrer, elle avisa un jeune homme qui regardait la bâtisse d'un air curieux. En s'approchant, Carola le fixa.
-Bonjour. Désolé de vous avoir fait peur mais cette maison...
-Tommy... fut la seule chose qu'elle murmura.
Tu as inversé ta tête en écrivant ce court texte, mais je reconnais bien là ta patte. C'est toujours autant un régal de te lire.
Plein de philosphie et de questionnement.
Je secoue ma tête et je vois ce qui en sort ^^.
Contente que ça t'es plu.
Nascana
Par contre, je trouve que les réactions du père ne sont pas bonnes - "Il doit être mort, dit-il de son fils disparu comme il le dirait de ses lacets mangés par le chien. Allez, je t'enverrai des cartes postales, pense-t-il très fort avant de se barrer en laissant sa fille à ses obsessions.". Et la fin avec ce garçon qui rôde à côté de la maison, elle me plait pas trop. J'aurais préféré rester jusqu'au bout dans le souvenir.
Courage pour la suite ;)
Pour le garçon, ce n'est pas dit que c'est son frère ^^. Au lecteur de se faire une idée.
Merci pour le commentaire.
Nascana
Merci pour ton commentaire.
Nascana
Je voulais montrer la détermination de Carola pour montrer à quel point elle était marqué par la disparition de son frère.
Nascana
C'est étrange comme je me retrouve un peu dans cette histoire aujourd'hui. Il y a un peu de ma situation dans ton récit. Bien que je comprenne ce que vit cette Carola, sa douleur et son souvenir chevillé au corps fait peine à voir. Mais on dirait qu'à la fin, ses espoirs de retour soient comblés. Le frère disparu et revenu serait-il un peu amnésique ? là, c'est le pompon !
Par contre, je trouve le départ du père un peu trop rapproché du retour du frère. C'est un peu sans transition et l'effet n'est pas terrible.
Bref, ta petite histoire me touche, car elle fait tellement écho à ce que je vis avec mon ami, que... bah voilà. Merci pour ça.
Biz Vef'
Je reconnais les deux évènements sont rapprochés mais je voulais finir sur cette note. Après est-ce vraiment son frère ou n'est-ce qu'un désir qu'elle projette?
Merci encore.
Nascana
C'est bien écrit, et quand il est question du père le style est un peu détaché, peut-être parce que lui a réussi à s'extirper de ce souvenir. J'ai bien aimé.
Par contre je n'ai pas vraiment compris la fin; qui dit quoi? Parce que si c'est le jeune homme qui fixe la maison qui parle le premier, ce serait "désolé" et pas "désolée". J'ai peut-être mal compris aussi ^^
Pour le père, je voulais montrer qu'en 10 ans, il a fait son deuil. Il n'y croit plus.
J'ai changé le "désolé", c'est bien le garçon qui parle.
Nascana
Pour la fin mystère, je voulais laisser une fin ouverte pour que chacun choisisse ce qu'il préfére.
Merci pour ta lecture.
Nascana