Chapitre 1

Neige...

Voilà le premier mot qui me vint à l'esprit lorsque mon regard se posa sur un coin de ciel gris. J'arrivais vers la surface et j'avais peur. C'était la première fois que je sortais en extérieur. L'émotion que je ressentais était indéfinissable. Un mélange de peur et d'excitation qui me prenait aux tripes.

Lorsque j'émergeais enfin, je compris que ce qui tombait du ciel n'était autre que des cendres qui volaient lentement dans le ciel. Autour de moi, la ville n'était qu'un vaste champ de ruines. Il fallait enjamber des bouts de béton, truffé de métaux et prendre garde aux empilements instables, ainsi qu'aux cratères ouverts dans les avenues goudronnées.

Dire qu'autrefois, ce lieu était un quartier résidentiel. De vastes barres d'immeubles se dressaient bien droites, lieu de vie de milliers d'habitants. Maintenant, des trous s'ouvrent dans les façades, mettant à jour les entrailles des bâtiments.

Je n'entendais rien. Le silence était roi dans cette immensité désertée. Plus de cri ou de bruit de la vie quotidienne. J'étais seule face à mon destin. Le vent soufflait quelque peu mais ne me gênait guère.

J'avais enfilé ma tenue spéciale : une combinaison qui protégeait mon corps et un masque qui me permettait de respirer à peu près sainement si l'on excepté l'odeur de moisi et de vieille poussière qu'il dégageait.

Ma radio grésilla, rompant le fils de mes pensées.

-Prête ? m'interrogea mon compagnon.

Il venait lui aussi de faire irruption à la surface. Seulement lui, il avait l'habitude.

Je hochais la tête avant de me rendre compte que ce n'était pas très clair.

-Allons-y !

De toute façon, le moment magique était passé alors à quoi bon.

Comment quelqu'un pouvait-il encore se repérer dans de tels lieux ? Tout se ressemble. Quelle différence entre un immeuble et un autre ?

-Prend bien garder où tu mets les pieds.

J'avais trouvé seule. Ici, c'est ma vie qui est en jeu et ne compte pas encore mourir aujourd'hui.

Lui, il est mon guide. Un habitué des situations difficiles voires même irréalistes.

Moi, je suis une empêcheuse de tourner en rond donc je suis quantité négligeable. Si je rate ma mission cela n'aura que peu d'importance.

« Il nous faut les vaccins » avaient-ils déclaré. Moi, je visais plus haut. Il me fallait les formules et le matériel pour pouvoir les faire. Ils voulaient ce vaccin pour l'élite, je le voulais pour tous.

Ils pensaient que j'allais mourir mais c'était mal me connaître, je réussirais cette mission. Pas seulement pour moi mais aussi pour tous ceux qui m'étaient chers. Après tout quand on est médecin, on s'attache aux gens.

-Marche dans mes pas, me souffla mon guide.

Ils pensaient qu'il n'était qu'un fou qui s'était trop exposé aux radiations.

Un fou et une idéaliste nous ne pouvions que réussir. Je saisis la main tendue et j'avançais. Il était temps d'aller vers mon destin.