Chapitre 1

Par Nascana

Dans le miroir, un reflet, celui de Mélys, qu'elle le fixe intensément. Rien ne change. Rien ne changera jamais. Depuis combien de temps, est-elle la même ? Son corps ne change plus.

Son regard plonge dans celui de son double. Enfant, elle est et enfant, elle restera. Elle pourrait pleurer mais elle ne pleure pas. Les prêtresses de Solfrisse ne pleurent pas, et Mélys est la dernière. Celle qui abrite son dieu, au sein même de son corps.

Il pourrait en être autrement... Tu pourrais être autre...

L'enfant repense à Solf, à leurs discussions passionnées, à leur complicité... Elle avait voulu croire qu'il était différent, qu'il voyait véritablement ce qu'elle était. Mais en l'espace d'un instant, tout ce, en quoi elle croyait fut balayé. Ses mots dans lesquels elle avait mit son âme, n'ont pas été compris.

Tout ce qu'il a trouvé à dire, se sont ces banales paroles « un jour, toi aussi, quand tu auras grandis, tu trouveras l'homme de ta vie ». N'avait-il pas compris ?

Il est comme tous les autres ! N'as-tu pas vu son regard lorsqu'elle est passé près de lui ?

Comment Mélys pouvait-elle lutter ?

Toi aussi, tu pourrais être une magnifique jeune fille...La lune te révélera.

Un cadeau de son dieu...

Alors, elle monte sur le pont du bateau, avec l'espoir que se soit vrai. La lumière qui émane de l'astre pâle, la touche, changeant sa silhouette. Évanouie l'enfant, Mélys est adulte.

Peut-être qu'ainsi, il l'aimera. La prêtresse avance pour le voir. Dans le lointain, elle l'aperçoit qui lui tourne le dos. Et là, elle s'arrête.

Mélys repense à tout ce qu'elle a vécu jusque là. Tous ses sacrifices, la confiance que les autres ont mis en elle; peut-elle vraiment tout abandonner pour un homme qui ne la voit pas autrement que comme une enfant.

Elle tourne les talons. Il y a un homme qu'elle aime plus que Solf.

-Qui est là ?

Un cri dans la nuit. La jeune femme s'élance. Elle ne veut pas qu'on la voit ainsi. C'est tellement risible. Honteuse, Mélys rejoint sa cabine.

Le miroir lui renvoie son image. Une image vieillie, celle d'une jeune femme qu'elle ne sera jamais.

Tu pourrais être cette fille. Il suffit que tu me laisses faire...

Mais non, elle ne fera rien. Elle aime trop son dieu pour l'abandonner. Son amour pour lui est telle qu'elle fera tout pour lui. Mélys ne le laissera jamais, elle restaurera son culte, seule. Personne ne pourra l'en empêcher.

Dès le premier jour, où l'enfant à aperçu sa statue dans le temple, elle est tombée amoureuse de son dieu. Un amour tellement plus grand que celui que pourrait lui donner Solf. Un amour qui s'est concrétisé lorsqu'il l'a choisi.

Alors sans un mot, elle chasse ses pensées et ne se concentre plus que sur Solfrisse. Elle restera à jamais celle qui fera tout pour exaucer le moindre de ses désirs.

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Diogene
Posté le 09/05/2014
Bonsoir Nascana, <br />
<br />
J'apprécie toujours autant tes textes, toujours à chevaucher sur le fil d'un rasoir tranchant, toujours tanguant entre douceur et amertume. <br />
N'y a-t-il pas plus belle prison que soi-même?
Nascana
Posté le 09/05/2014
Merci. J'aime bien le côté triste et inévitable. 
Contente que cela te plaise.
Nascana 
vefree
Posté le 13/10/2012
Ah oui ! Certes, c'est assez cliché, mais ça fonctionne. Une jeunesse éternelle gagnée par un objet de désir déifié à l'intérieur de soi. C'est énorme, mais pourquoi pas. Solf paraît portion négligeable à comparé.
Le style est bon et appliqué. C'est plaisant à lire, mais je n'ai pas été surprise.
Biz Vef' 
Nascana
Posté le 13/10/2012
Coucou, 
en fait, Mélys n'a pas vraiment le choix. Elle est la dernière pretresse. Si elle meurt son dieu disparait. Du coup, il lui permet de garder son âge pour trouver d'autres adeptes. La situation est subie.  
Au moins, elle fait son choix : elle préfére son dieu à un simple humain qui n'est pas amoureux d'elle.
Merci.
Nascana 
 
 
Slyth
Posté le 07/10/2012
Doux et amer à la fois. C'est un peu le terme qui me vient après cette lecture.
C'est un peu triste mais finalement ça ne se termine pas si mal. Un amour perdu pour qu'un autre se révèle dans toute sa splendeur. Je me demande s'il y a une raison à ce que les noms de Solf et de Solfrisse se ressemblent autant ? C'est presque comme s'ils n'étaient qu'une seule et même personne. 
J'avoue que je reste assez sur ma faim parce que, à l'instar de Jamreo, je n'ai pas tout compris. 500 mots, cela m'a semblé trop contraignant pour l'univers que tu nous laisses à peine entr'apercevoir à travers ce drabble. C'est dommage même si tu ne pouvais peut-être pas vraiment faire autrement. Ca nous laisse trop d'interrogations, je trouve. 
Nascana
Posté le 07/10/2012
Coucou, 
pour les nom, tu as compris qu'il y a un lien ^^. En fait, Solf a été élevé par les prêtres de Solfrisse. Il connait bien la religion de Mélys du coup. C'est pour ça qu'elle se sent proche mais lui ne la voit pas comme une adulte.
Je suis d'accord que j'ai voulu trop en mettre.
Merci quand même pour ton commentaire.
Nascana 
 
Jamreo
Posté le 07/10/2012
"celui de Mélys, qu'elle le fixe intensément" --> qu'elle fixe
Je n'ai pas vraiment compris. Ou du moins, il a fallu attendre les dernières phrases pour commencer à voir à peu près. Il y a trop d'éléments pour seulement 500 mots, des tas de pistes qui auraient pu être explorées plus en profondeur, au détriment des autres oui mais c'est mieux que de toutes les esquisser et les laisser là ensuite ^^'
Il y a des problèmes de virgule aussi de temps en temps ... mais j'ai été flemmarde, je ne les ai pas relevés (désolée >.< )
Nascana
Posté le 07/10/2012
Coucou, 
merci pour la coquille.
C'est vrai que c'était peut-être un peu lourd pour 500 mots. Merci quand même pour ta lecture.
Nascana 
 
Beatrix
Posté le 18/10/2012
J'ai trouvé cette histoire assez belle, même si beaucoup est laissé à l'imagination. Deux désirs contradictoires, l'affrontement du temporel et du spirituel...
J'aime l'idée que la prétresse reste immature tant qu'elle "abrite" son dieu. Qu'elle ne peux pas être une femme "complète" tant qu'elle contient cet amour. Son apparence de femme adulte est-elle l'illusion, ou est-ce dans le fond l'inverse ?
Cela mériterai un jour de faire l'objet d'un texte un peu plus long. :)
Nascana
Posté le 18/10/2012
Coucou, 
son apparence de femme adulte est une illusion. Son dieu lui montre ce qu'elle pourrait être si elle le voulait.
Je suis contente que le sujet t'est plu. Merci. 
Nascana