Chapitre 1

Par Nascana

Sur l'autoroute, les voitures filaient en ligne, se suivant disciplinées, certaines dépassaient les autres avant de rejoindre leur voie initiale. Tout paraissait paisible si l'on retirait le bruit et la pollution que générait les véhicules. Dans leur habitacle, le stress se faisait plus perceptible, la peur du retard où les disputes se faisaient nombreuses. Même lors des départs en vacances, des cris résonnaient parfois.

Dans la voiture de Pieric et Marlène, tout allait bien, du moins pour le moment. Ils se rendaient en vacance dans un lieu qui leur était inconnu. Ces vacances, ils les avaient méritées, c'était du moins ce que pensait Marlène. Mais son époux avait rechigné à prendre ses congés, ayant peur que quelque chose se passe quand il serait loin de son lieu de travail. Au final, sa femme avait obtenu gain de cause mais au prix de dispute et de menace.

Pour le moment, la tension était retombée mais Marlène savait qu'elle pouvait revenir et choisissait ses mots avec soin. De son côté, Pieric feignait d'être très concentré sur la route. Aucun des deux n'était dupe. Ils prenaient sur eux pour que ça marche. Il le fallait. Il fallait croire que le lien qui les unissait, existait toujours.

Un panneau d'indication retint leur attention : l'autoroute allait bientôt se diviser en deux et il faudrait choisir son chemin.

-On doit prendre quelle direction ?

Marlène ouvrit la boite à gant pour en tirer un atlas qu'elle commença à feuilleter, cherchant à se repérer.

-Alors ? s'impatienta son mari.

-Deux minutes, je cherche.

-Vas-y prend ton temps, ce n'est pas comme si on était sur l'autoroute.

-Ne soit pas désagréable... souffla sa femme d'un air blasé.

-Prend le GPS au lieu de trifouiller ton bouquin.

Elle souffla mais s'exécuta.

-Il ne marche pas, comme d'habitude ! Ça valait vraiment le coup d'acheter ce truc en solde !

-Mais c'est toi qui ne sais pas l'utiliser.

-C'est ça... marmonna-t-elle en reposant le GPS dans la boite à gant.

-Alors ?

Marlène ne répondit pas, trop concentré sur l'atlas.

-Gauche ou droite ? C'est maintenant qu'on bifurque !

-Bah prend à droite !

Pieric mit son clignotant, en soupirant.

-J'espère que tu sais où on va...

Sa femme l'ignora. Après tout, même s'ils se perdaient, ils finiraient bien par retrouver leur chemin. Il n'y avait pas de raison.

En silence, ils continuèrent leur route. Les autres voitures se faisaient rares et bientôt elles disparurent complètement.

-Elle est vide cette autoroute, fit remarquer Marlène.

-J'espère qu'on s'est pas trompé... Tu imagines si l'autoroute s'arrêtait et qu'on se retrouvait perdu dans les chemins de terre.

-Tu as déjà vu une autoroute qui débouche sur un chemin de terre, toi ? lui fit remarquer sa femme.

-Ou alors tomber sur une portion en construction !

-Ils l'auraient indiqué avant, avec des panneaux !

-Justement, des panneaux, y en a pas des masses ici.

-Il n'y a peut-être rien à indiquer.

Marlène haussa les épaules et son mari leva les yeux au ciel agacé. Le silence retomba dans la voiture. La radio même, ne laissait plus entendre qu'un grésillement entêtant, si bien qu'ils se résolurent à la couper. Marlène risqua un coup d'oeil sur le GPS dans l'espoir qu'obtenir plus d'informations mais la flèche verte ne faisait que tourner en rond, semblant elle aussi chercher son chemin.

La nuit venait à tomber, le ventre de Pieric se mit à gargouiller. Sa femme prit alors conscience qu'il conduisait depuis déjà un bon moment. Il était temps d'enterrer la hache de guerre et de prendre les choses en main.

-A la prochaine aire de repos, on s'arrête, déclara-t-elle d'un air convaincu.

Son mari hocha la tête, en lorgnant le bas côté à la recherche d'indication. Autour d'eux, il n'y avait que des arbres. C'était comme si la route traversait une forêt. Les végétaux d'une haute stature assombrissaient la vue.

-On est dans la forêt, je pense pas qu'il y en ai ici !

-Normalement, il devrait y avoir un endroit pour faire une pause, déclara Marlène.

Son mari approuva. Malgré cela, ils ne voyaient rien, pas la moindre infrastructure pour les accueillir. Plus, ils progressaient; plus, ils en venaient à se poser des questions. Personne ne venait en sens inverse et personne, ne se retrouvait sur leur portion de route. Ils avaient l'impression de rouler sur une autoroute fantôme.

-A tous les coups, ils n'ont pas encore fini et on va se retrouver à rouler à 90 km/h pendant je ne sais combien de kilomètre. Ça doit être pour ça que les gens ne l'empruntent pas. Ceux du coin, ils doivent le savoir.

-Désolée... murmura Marlène.

-Tant pis. Maintenant, on ne peut pas faire demi-tour, alors...

Le silence reprit ses droits alors que Pieric se concentrait sur la route et Marlène sur le bas côté, cherchant une indication qui pourrait les aider.

La nuit se faisait de plus en plus noire et la végétation dense n'aidait pas. Les quelques lampes ne produisaient que de faible lueur tremblotante qui n'arrivait guère à percer les ténèbres ambiants. Les phares de la voiture eux-même peinaient là où jamais ils n'avaient eu le moindre souci.

-Il ne manque plus que le brouillard, marmonna Pieric.

-Ne parle pas de malheur, lui souffla sa femme.

-On ne voit rien avec leurs fichus lampes. Ça doit être le genre de truc qui fonctionne avec l'énergie solaire. Comme d'habitude personne n'a pensé que les arbres bloqueraient les rayons du soleil.

-Ça pourrait être pire...

-Comment ? Avec du verglas ou de la neige en plus du brouillard !

-On devrait bientôt arriver dans une ville, tenta Marlène.

-J'espère.

Au moins, son époux s'était calmée et elle-même ne ressentait l'envie de le contredire. Ils avaient fait une erreur en choisissant cette route et elle en était en partie responsable. Il n'y avait rien d'autre à ajouter.

Ils continuèrent à scruter avec attention la route et ses alentours. Brusquement quelque chose attira leur attention.

-Regarde !

Marlène désigna une forme sur le bord de la route. Une voiture en piteux état stationnait sur la bande d'arrêt d'urgence. A l'intérieur, des gens semblaient attendre. En les voyant, un jeune homme blond sorti et leur fit un signe.

-Tu crois qu'ils sont en panne ?

Pieric ralentit et s'arrêta à leur hauteur. Après tout, il n'y avait personne sur la route et toute la place disponible pour les dépasser. Marlène baissa sa vitre.

-Vous avez un problème ?

-La voiture est en panne, déclara l'homme. S'il vous plait, emmenez-nous !

-Où allez-vous ? commença Pieric.

Le jeune homme jeta un coup d'oeil derrière lui, il paraissait anxieux. C'était comme s'il surveillait quelque chose.

-Ne nous laissez pas ici !

Sa voix s'était faite plaintive, presque suppliante.

-Bien sûr, déclara Marlène touché.

Elle ignora le regard noir que lui jeta son mari. Après tout, elle-même n'aimerait pas se trouver dans cette situation.

-Merci !

Il ouvrit la portière à l'arrière et fit signe à une personne qui jusque-là était restée dans le véhicule. Une jeune femme en sortie avec l'air apeuré.

-C'est Doly, ma copine, expliqua le jeune homme.

Celle-ci s'élança et couru jusqu'à la voiture, elle s'installa en vitesse à l'arrière. A son tour, elle jeta un regard soucieux vers l'arrière.

-Où allez-vous ? répéta Pieric.

La jeune femme semblait de plus en plus fébrile.

-Ça n'a pas d'importance ! Où déposez-nous à l'endroit où ça vous arrange.

-Comme vous voulez.

-Il vaudrait mieux y allait maintenant !

Surpris par le ton de leur invité, Pieric ouvrit la bouche pour répliquer mais la jeune fille le devança.

-S'il vous plait, c'est dangereux !

Cette phrase les surprit. Quel danger pouvait-il y avoir sur l'autoroute ? Mis à part les accidents, ils n'avaient pas connaissance d'autres choses.

-Dangereux...

Malgré cela, le conducteur redémarra. Doly n'ajouta rien, elle parut même se détendre l'espace d'un instant.

-Je suis Eddy et elle, c'est Doly.

Marlène se retourna vers eux, heureuse de pouvoir diminuer la tension.

-Je m'appelle Marlène et mon mari, c'est Pieric. Nous sommes arrivés là par hasard, nous partions en vacance quand...

-On arrive toujours ici par hasard, déclara Doly avant de se murer à nouveau dans le silence.

Le jeune homme lui prit la main cherchant à la rassurer sans vraiment y parvenir.

-On s'est perdu, ajouta le jeune homme. On ne trouvait plus la sortie. Il n'y a pas de pompes à essence, ici.

Il ouvrit la bouche comme pour ajouter quelque chose mais ne dit rien.

-Pas d'essence ! Mais c'est vraiment mal fait !

-C'est fait exprès ! Ils le veulent...commença la jeune femme avant de s'arrêter pour jeter un coup d'oeil inquiet derrière elle.

Marlène la regarda faire.

-Est-ce que ça va ? Qu'est-ce que vous cherchez comme ça ?

-C'est... C'est...

Doly prit une grande inspiration pour avoir la force de continuer. Mais se fut Eddy qui la devança.

-Je sais que vous allez me prendre pour un fou mais il se passe des trucs, ici ! Des trucs bizarres...

Marlène l'interrogea du regard. Il semblait le jauger, comme si elle évaluait sa capacité à dire vrai. A ses côtés, Pieric ne disait pas un mot mais écouter toute la discussion.

-Vous allez me prendre pour un fou, répéta Eddy.

C'était comme s'il cherchait à se convaincre lui-même qu'il était sain d'esprit. Ce fut sa petite amie qui reprit le flambeau.

-La nuit, ici, il y a des choses étranges : des créatures horribles et le temps qui changent...

Elle se mit à trembler, et l'angoisse se peignit sur ses traits. On voyait bien qu'elle ne faisait pas semblant. La jeune femme était terrorisée.

Pieric prit la parole, croyant pouvoir la rassurer.

-On est la nuit, et rien ne se passe. Vous avez sans doute vu un animal...

-Il ne fait pas encore totalement nuit ! Il faut qu'on arrive à sortir avant !

Les larmes qu'elle retenait depuis trop longtemps se mirent à couler, reprenant leur liberté. Eddy la serra contre lui pour la rassurer. On voyait bien qu'elle était à bout.

-A la base, on était trois ! Mais Gino à disparu.

-Il est mort, se mit à crier Doly.

-On ne sait pas, lui murmura son fiancé.

-Il a hurlé, c'était horrible ! On s'est caché dans la voiture mais on les entendait quand même. Ils étaient là.

Pieric lança un regard à sa femme, l'accusant d'avoir pris en stop deux cinglés. Celle-ci haussa les épaules pour lui indiquer son impuissance. Eddy intercepta le geste.

-On ne ment pas, même si c'est dur à croire. Je ne sais pas ce que c'est que ces créatures. Elles sont rapides et difficiles à voir parce qu'elles ont la couleur des ombres. Elles nous ont attaqués et tout ce qu'on a pu faire c'est se réfugier dans la voiture. Toute la nuit, elles ont rodé et on pouvait les entendre, si proche... Le vent soufflait si fort. C'est ce qui annonce leur venue.

-Est-ce que ce serait possible que ce soit des loups ?!

-Marlène !

Son mari lui fit comprendre du regard, d'arrêter t'entretenir le délire des jeunes gens. De son côté, elle paraissait vouloir lui dire que cela pouvait être vrai.

-Ce n'est pas des loups ! Non, non ! déclara Doly. C'est pire ! Bien pire !

-Je ne sais pas ce qui se passe ici mais c'est vraiment étrange. Je ne sais pas ce que sont ses choses mais... En tout cas, elles nous ont attaqués.

Pieric secoua la tête.

-Comment leur avez-vous échappé ?

-On s'est réfugié dans la voiture. Elles courent plus vite que nous...

Le conducteur voulut ouvrir la bouche pour répliquer mais la voiture fut ballottée violemment. Elle fit une embardée qui surprit les passagers. Doly ne put se retenir de pousser un cri.

-Ça commence, déclara d'une voix peu assurée son conjoint.

-Est-ce que...

Un son strident leur parvint de l'extérieur.

-Qu'est-ce que c'est que ce vent ?!

Pieric reprit le contrôle du véhicule, avec difficulté.

-Avant leur arrivée, le vent souffle, murmura Eddy.

La peur se lisait sur son visage. Il faisait de son mieux pour rester calme mais cela s'avérait difficile. Quant à Doly, elle ne disait plus rien, mordant avec force ses lèvres comme pour retenir un cri.

-Ça va sûrement se calmer, marmonna Pieric. Il n'y a pas de raison que ça continue !

-Mais...

Marlène le regarda, ne sachant pas vraiment ce qu'elle devait croire.

La nuit se faisait d'encre et les lumières sur les bas côtés c'était faite de plus en plus rare avant de totalement disparaître. Il y avait réellement quelque chose qui ne tournait pas rond dans ce coin.

Soudainement, une ombre traversa la route. Pieric pila et sa femme se mit à crier.

-C'était quoi ?!

-Sans doute un cerf, proposa son mari.

-Ne vous arrêtez pas ! Roulez ! leur ordonna Eddy.

Le conducteur tourna la tête, voulant protester mais Marlène le devança.

-Roule ! Vite !

Le ton l'alerta et il fixa la route devant lui. Une créature noire se tenait immobile devant eux. Ils ne la voyaient pas clairement cependant cela ne ressemblait à rien de connue. Jamais il n'avait vu ça. Un corps long avec des muscles effilés, dont les membres se terminaient par des griffes acérées.

L'espace d'un instant, Pieric la fixa sans comprendre. Il avait beau entendre sa femme qui le pressait de reprendre la route, Doly qui hurlait de peur et Eddy qui d'une voix blanche tentait vainement de la rassurer.

Son esprit reprit le dessus et il appuya se l'accélérateur. Malgré la vitesse à laquelle ils arrivaient, la créature ne bougea pas semblant les attendre. Le conducteur fit une embardée pour l'éviter. Un choc ébranla la voiture, lui apprenant par la même occasion, qu'il l'avait percuté.

Il fût presque tenté de s'arrêter pour voir si elle était encore en vie mais la présence des passagers lui fit renoncer à l'idée. La sécurité de Marlène était le plus important.

La créature se mit à brailler, preuve qu'elle était toujours vivante. Malheureusement d'autres hurlements lui répondirent en écho. Le son donnait la chair de poule.

Les questions se bousculaient dans la tête de Pieric. Cela ne pouvait pas être possible, il devait s'être endormi au volant. De pareils monstres n'existaient pas ! Pourtant, ils étaient tous bien là.

-Attention !

Marlène le ramena à la réalité. Les créatures avaient franchi les glissières de sécurité et se promenaient sur la route, guettant les pauvres humains qui étaient venu se perdre sur cette autoroute.

Pieric donna un coup de volant pour éviter de percuter les manifestations terrifiantes. Tant que la voiture roulait, ils seraient au moins un minimum en sécurité. Il voulait y croire. Sa femme pressait ses mains l'une contre l'autre, si fort que ses jointures blanchissaient mais elle ne paraissait pas s'en rendre compte.

Eddy lui, regardait par la vitre arrière surveillant les mouvements des monstres. Il craignait sans doute qu'elles les poursuivent.

-Comment leur échapper ?! demanda le conducteur, concentré sur ce qui se passait devant lui.

-Il faut sortir d'ici ! Quitter cette autoroute ! déclara le blond.

-Vous êtes sûr que ça marchera ?!

Il n'obtint pas de réponse mais faute de mieux, autant avancer.

-Elle est loin cette sortie ?

Aucune réponse ne lui parvint.

-J'espère qu'elle est proche sinon nous allons faire face à un autre problème.

Un point rouge venait de s'allumer sur le tableau de bord indiquant que la voiture réclamait de l'essence pour continuer à faire son travail. Un cri perça la nuit pour leur rappeler ce qu'ils risquaient, si cela se réalisait.

Pieric sentait bien que ses mains étaient crispées sur le volant mais comment se détendre face à l'horreur ? Les autres comptaient sur lui. Avoir le destin de trois autres personnes lui pesait.

Des violents coups portés firent tressauter le véhicule. Les créatures les avaient rattrapé. Un bruit strident résonna, elles cherchaient à s'accrocher à la carrosserie. Le conducteur accéléra. Après tout, les radars ne devaient pas être présent dans ce coin.

-Continuez ! On les distance ! l'encouragea Eddy.

On pouvait sentir du soulagement dans sa voix.

Ils continuèrent leur progression la peur au ventre à l'idée que les monstres les retrouvent. Il fallait sortir d'ici, quitter l'autoroute. Mais voilà, aucun panneau n'indiquait de sortie proche. Le temps jouait contre eux.

-Tourne ! Tourne ! cria brusquement Marlène en lui désignant une sortie qui venait d'apparaitre comme par magie.

Son mari donna un grand coup de volant pour réussir à gagner le nouveau chemin, tout en évitant les rails de sécurité. Une pensée lui traversa l'esprit : et s'il s'agissait d'un piège ? Mais il l'enterra profondément. Ce n'était pas possible car sinon il n'y aurait plus d'espoir, et sans espoir, autant abandonner maintenant.

-C'est la sortie, se mit à vociférer sa femme.

C'était comme si parce qu'ils avaient pris cette route, toutes les créatures allaient rentrer bien sagement chez elle. Au fond, cela n'avait pas de sens. Qu'est-ce qui faisait qu'elles ne pourraient pas venir ici aussi ?

Après tout un chasseur qui repérait sa proie n'abandonnait pas parce qu'elle se mettait à tourner.

-On va s'en sortir, répétait d'un ton plaintif Doly.

Personne ne disait rien. Tous retenaient leur souffle. Ils voulaient croire que tout était fini, loin derrière eux mais tant qu'ils n'en auraient pas la preuve, la peur resterait.

Une des créatures fonça vers eux pour les percuter toutes griffes dehors. Pieric l'évita de justesse. A nouveau, il accéléra pour la distancer.

A peine remit de leur frayeur, un autre problème surgit au loin. Un péage se dressait, symbolisant la sortie toute proche mais pourtant moins accessible qu'il ne l'aurait souhaité. S'en était presque comique. Allait-on leur demander leur ticket alors que des horreurs sans nom trainaient dehors ?

Marlène le regarda, semblant attendre qu'il lui dise quoi faire. Si seulement il le savait.

-Un péage, murmura-t-elle pour attirer son attention.

-Je sais !

-On fait quoi ?!

-On avance !

C'était la seule et unique chose qui lui venait à l'esprit.

La voiture avalait les mètres, les rapprochant toujours plus du problème. Marlène se retourna, interrogeant les jeunes gens du regard comme si eux détenaient la solution. Malheureusement, ils avouèrent leur impuissance en secouant la tête.

En arrivant devant la structure, Pieric ralentit. Il n'avait aucune idée de ce qui se passerait s'il fonçait dans la barrière avec son véhicule. L'idée de se tuer bêtement pour échapper à des monstres lui paraissait saugrenue.

Il s'engagea lentement dans la file espérant que la voie s'ouvrirait comme par magie. La chance n'était pas de leur côté en cette nuit noire. Rien ne bougea et le guichet était vide. Aussi mort que le reste de l'autoroute si l'on exceptait les monstruosités rencontrées.

-Merde, ce fut tout ce que le conducteur trouva à dire face à cette situation.

-On fait quoi ? Lui demanda Marlène.

L'inquiétude se lisait dans son regard. Son mari aurait tant voulu la rassurer mais que dire dans cette situation. Mieux valait-il rester dans la voiture ou sortir ? Peut-être essayer de s'abriter dans la cabine du péage. Cela pouvait être une idée mais comment ouvrir la porte...

Doly ne tint plus, elle ouvrit la porte, la cognant au passage sans que cela ne la trouble. Rapidement, elle s'extirpa du véhicule et se mit à courir. Son conjoint la suivit en criant mais plus rien ne pouvait la raisonner. La peur avait pris le dessus.

La jeune femme franchit la barrière et continua sa course. Marlène posa sa main sur la poignée de la porte s'apprêtant à l'actionner mais son mari la retint.

-Qu'est-ce que tu fais ?

-Je ne vais pas rester là, à attendre qu'on vienne me tuer.

-C'est la peur qui raisonne pour toi.

Elle ne l'écouta pas et se mit à courir à la suite des jeunes gens qui disparaissaient déjà au loin.

A peine eut-elle franchit l'obstacle qu'elle se volatilisa sous les yeux ébahis de son mari.

-Marlène, hurla-t-il mais seul le silence lui répondit.

Il fit un pas, son regard accrocha un écriteau sur lequel il était écrit en lettres de sang « Péage : le payement ne sera effectif qu'après avoir passée une nuit sur cette autoroute. Si vous ne respectez pas cette règle, les conséquences pour vous pourraient être fâcheuses ».

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Diogene
Posté le 17/02/2014
Salut Nascana,
 
Ah j'ai adoré cette histoire tout dans le subjectif et cette chute au péage mrodante. 
Je me suis régalé, juste un petit noir, tu n'aurai jamais dû employé le mot créature, il vaut les laisser dans l'ombre jusqu'au bout. Mais bref glaçant à souhait.
Nascana
Posté le 17/02/2014
Merci pour ton retour. Ce n'est pas le genre de texte que j'ai l'habitude d'écrire mais j'ai pris plaisir à le faire et voir que j'arrive à effrayer un peu, c'est chouette. 
Il faudra que je me penche sur cet "créature". 
Nascana 
Beatrix
Posté le 09/11/2012
Très sympa, vraiment ! On dirait un mélange entre la Quatrième Dimension et un bon vieux film de série B. La querelle de navigation m'a rappelé quelques douloureux souvenirs, soit dit en passant ! XD 
La façon dont le texte s'enfonce progressivement dans le bizarre puis dans l'horreur pour revenir dans un bizarre (horrifique) est bien menée.
Encore bravo Nasa ! :) 
Nascana
Posté le 09/11/2012
Coucou, 
contente que ça te plaise.
Pour la querelle, je m'inspire de fait réel (pas vraiment bon).
Merci beaucoup.
Nascana 
Honey
Posté le 08/11/2012
Ça c'est vraiment le genre d'histoire que j'adorais lire lorsque j'étais jeune pot de miel. Je me souviens qu'il y avait un receuil de 13 histoires de minuit que j'avais dévoré en une semaine. Ton histoire aurait pu facilement y trouver sa place. C'est effrayant, mais pas horifitant. L'histoire suscite la curiosité, te fait dresser les cheveux, mais ne te donne pas envi de vomir devant des détails sanglants. Et c'est vraiment un gros plus. Bref, tu as toutes mes félicitations. J'espère avoir le plaisir de relire d'autres types d'histoire dans ce genre écrite de ta plume. ^_^
Nascana
Posté le 08/11/2012
Coucou, 
merci beaucoup, ça me va droit au coeur. En plus, c'est pas le genre dans lequel je suis la plus douée.
De toute façon, les détails sanglants, c'est pas forcément ma tasse de thé.
Merci beaucoup.
Nascana 
 
 
Seja Administratrice
Posté le 07/11/2012
Dis, pour le titre, "L'autoroute maudite", ça serait plus cool :P
Sinon, l'ambiance est bien pour ce morceau halloweenesque. On roule tranquille et bam, on tombe dans l'horreur avec une autoroute vide, pas de panneaux et des bébêtes méchantes.
Par contre, on niveau de la vraisemblance. Je sais qu'on est dans un récit d'horreur. Mais quand même, le mec a roule quoi, quelques heures sur l'autoroute quand même, non ? Il aurait pu se demander s'il y avait pas quelque chose qui clochait avec cette absence de sorties. Je sais qu'on fait pas demi-tour comme ça sur l'autoroute, mais vu qu'il y avait vraiment personne, il aurait pu, non ? :P
Et le péage à la fin, haha, pas mal trouvé xD 
Nascana
Posté le 07/11/2012
Coucou,
oui tu as raison se serait mieux ^^.
Contente que l'ambiance te plaise, je ne suis pas forcément à l'aise dans ce genre de texte.
Je suis d'accord qu'il aurait du se poser des questions mais avec le terplain centrale, c'est pas simple de faire demi-tour.
Le péage, c'était mon idée première.
Merci pour ta lecture.
Nascana 
 
BeuldesBois
Posté le 07/11/2012
Oh punaise l'autoroute de l'horreur xD. Marlèèène, pourquoi as tu dit à drooite (ça t'as bien servit au final, pauvre enfant).<br /><br />Je voyais pas du tout cette chute venir ! Et j'aime beaucoup l'idée ! Le péage, c'était le muste de l'histoire je crois xD.
Pieric et Marlène aussi je les ai bien apprécié. Je trouvais leurs reflexions très vraies ; j'aurais pu être avec eux dans la voiture que ça m'aurait pas choqué.<br />Le seul truc, c'est que Doly et Eddy semblent en savoir vachement sur ces bêtes et créatures, sur l'autoroute maudit, toussa... Je ne les auraient pas vu en savoir autant. Mais en même temps, ça les fait paraitre suspects, pendant un moment je me suis dit que c'est eux qui allaient se transformer en monstres, mais non ! Et les surprises dans ce genre d'ambiance, c'est nickel. D'ailleurs, en parlant d'ambiance... Très très bien joué Nasca, elle est vraiment super.<br /><br />Juste une dernière chose... Les virgules, Nascanoute :p Tu n'as pas besoin d'en mettre autant, détend toi ! Parfois ça coupe un peu le rythme, c'est dommage ! =)<br />Joli travail ! =D<br />
Nascana
Posté le 07/11/2012
Coucou, 
Et oui, Marlène a fait un mauvais choix.
Je suis contente que la chute t'es plu. Le péage c'était mon idée de départ. 
Contente que les personnages te semble vrai. Je me suis fondée sur mes souvenirs de voyages de vacance. Pour Doly et Eddy, c'est plus des suppositions mais ça les fait paraitre suspect (niark). 
Merci. Pour les virgules, j'ai pas fini de me soigner : je ferais un grand ménage.
Nascana 
 
 
Dan Administratrice
Posté le 04/11/2012
J'ai trouvé que y'avait vraiment un chouette travail sur l'ambiance, dans la manière dont le paysage change lentement d'une autoroute normale à un truc un peu plus bizarre, comme dans tout ce qui entoure ces "créatures". Le fait de ne pas les décrire y rajoute encore. C'était sympa aussi de nous laisser un moment imaginer le pire, comme lorsqu'ils voient le couple en panne et que là je m'imaginais déjà que ce soient eux les méchants. Y'avait plein d'interprétations différentes et du coup l'imagination fonctionne à plein régime.
J'ai peut-être trouvé qu'il y avait beaucoup de dialogues, par contre. Ca donne un effet, c'est clair, dans l'urgence, la panique. Mais parfois les personnages se retrouvaient à dire exactement la même chose que ce qu'ils avaient dit cinq minutes plus tôt et ça devenait un peu redondant.
Et du coup... je vais passer pour une débile, mais je suis pas sûre d'avoir bien pigé la chute x'D Où est-ce qu'ils ont disparu, tous ? Qu'est-ce qu'ils ont fait de travers pour être aspirés ? Et le pauvre Pieric, il va devenir quoi ? Suffit d'attendre là la nuit entière pour être relâché ?
Sinon c'était une nouvelle vraiment sympa =D
Nascana
Posté le 04/11/2012
Coucou,
merci, je suis contente que l'ambiance t'est plu. Pour les créateurs, j'avais peur de trop les décrire et donc de perdre quelque chose.
C'est vrai que le couple de jeune, on peut se demander où on est tombé. Ils sont pas méchants mais juste bizarre ^^. Je voulais que Doly répéte toujours la même chose pour montrer son trouble mais c'est vrai que ça peut lasser. 
Mais non, c'est pas débile. C'est juste que c'est pas très clair. En gros, Eddy/Doly s'enfuit en courant parce qu'ils ont payé leur dû (une nuit sur l'autoroute). Marlène elle ne l'a pas payé donc elle disparait (soit morte, soit retour à la case départ). Pieric le pauvre se retrouve seul avec plein de question dans la tête. 
Merci beaucoup.  
 
Elka
Posté le 04/11/2012
Et ben tu prends pas de pincettes toi : des gros monstres bien glauques et un groupe qui risque sa vie. Hehehe, sur ce point là c'est carrément Halloween !
Bon je ne prétendrais pas avoir tout compris à la fin malheureusement TT en fait Marlène meurt parce qu'elle a pas passé la nuit sur l'autoroute alors que les deux autres c'est bon, c'est ça ? Hmm pas de pot Marlène, quelle idée de pas avoir écoutée ton mari ! 
En fait globalement ça manquait un peu de descriptions ; disons qu'il y a un équilibre entre trop et pas assez et pour moi là c'était pas assez :/ me suis un chouia perdue dans les actions (en fait on rattrape après mais c'est dommage)
 
En fait je tiens à te dire que tu t'améliores de textes en textes, honnêtement ! Je parcours parfois sans forcément lire consciencieusement pour commenter (je sais, ça craint) mais je le constate quand même : tu as fait de beaux progrés Nasca !
Et pour ça je t'encourage à continuer encore et encore <3
Nascana
Posté le 04/11/2012
Coucou, 
merci, ça fait plaisir parce que c'est pas le genre dans lequel je suis le plus à l'aise.
Pour la fin, Marlène meurt ou disparait pour se retrouver au début de l'autoroute (au choix). Les autres c'est bon puisqu'ils ont passé la nuit sur l'autoroute.
C'est vrai que ça manque de description pour la deuxième partie mais j'ai été un peu prise par le temps.
Merci beaucoup. Ca m'encourage.  
 
Jamreo
Posté le 03/11/2012
Ah ouais ... une sorte de jeu, en fait. Et du coup on se demande qui l'a organisé ...
J'ai bien aimé Pieric, tiens. Incrédule jusqu'au bout! Concernant Marlène, tu dis qu'elle disparaît mais ... carrément évaporée? Ou croquée par ces créatures? D'ailleurs celles-là ... uniquement des formes, des silhouettes noires, des hurlements. Et le vent. Tu ne les a pas décrites plus et ça se suffit très bien comme ça, ça ajoute même au malaise (ca donne carrément pas envie).
Seul point négatif à mes yeux, quelques coquilles ou virgules mal placées qui "cassent" le rythme. Sinon c'est un chouette texte :)
Nascana
Posté le 03/11/2012
Coucou, 
oui, c'est une sorte de jeu.
Merci, je suis contente que Pieric te plaise. Il est borné mais pas méchant ^^.
En gros, je voulais laisser au lecteur le choix : soit Marlène s'évaporer et l'on pouvait pensé qu'elle se retrouvait à l'entrée de l'autoroute (avec tout le chemin à refaire), soit elle disparaissait et elle était morte.
J'avais peur de faire trop bateau en décrivant donc j'ai esquissé et si ça marche tant mieux.
Merci pour le commentaire.