D’un regard froid, qui ne témoignait d’aucune empathie face à ceux qui se présentaient devant elle, la jeune Princesse du Royaume d’Olia, redressa le menton. Tout chez elle montrait le mépris, le manque de considération face à ses serviteurs qui n’avaient jamais rien été de plus que des pantins.
Lentement, elle haussa un sourcil, croisa ses jambes sur son trône étincelant d’émeraudes et de rubis, la couleur fétiche de la famille royale. Elle n’avait aucune idée de pourquoi ces hommes venaient de pénétrer dans la salle du trône, mais la Princesse était prête à y trouver un nouveau divertissement :
- Eh bien, déclara-t-elle d’une voix glaciale. Annoncez-vous.
Devant l’homme ,à la tête du petit groupe qui venait d’entrer, qui ne cessait pas d’avancer malgré son ordre, la jeune fille saisit que cette rencontre allait très certainement se terminer en une catastrophe. Un bref regard vers les portes encore légèrement entrouvertes lui confirma cette impression : un casque d’un de ses gardes roulait doucement sur le tapis rouge.
Son esprit aiguisé, vif, ne donna pas l’occasion à son corps de ressentir une quelconque peur face à ces hommes : la Princesse Galatée était connue pour ne pas être un simple membre de la famille royale inoffensive, au contraire de sa mère qui avait deux pieds gauches. Elle avait certes héritée de sa beauté délicate, mais sa force provenait de son père, le monstre qui avait gagné des guerres sans jamais flancher.
Galatée se leva donc de son trône, sa couronne glissa légèrement sur le côté de ses longues boucles blondes, et face à la surprise qui gagnait le visage de l’homme qu’elle devinait comme un membre du mouvement de rébellion qui pesait sur leur Royaume, elle dégaina sans plus attendre l’épée qui se trouvait cachée sous les coussins moelleux de son trône, la cachette par excellence :
- Un pas de plus, et je vous assure que votre cou sera tranché, annonça Galatée d’une voix claire, sans aucun tremblement.
L’homme s’arrêta un instant, fit signe à ses suivants de ne pas s’approcher, et elle remarqua la cicatrice qui courait sur son torse légèrement dévoilé ainsi que la haine qui se lisait dans son regard noir. Intriguée, elle fronça le nez, avança d’un pas en prenant attention à ce que son talon tape contre le verre.
Le mercenaire poussa un grognement, bien impoli devant quelqu’un de son sang, et parla pour la première fois d’une voix déformée par la rage :
- Je vous conseillerai de ne pas vous approcher non plus.
Il plongea ses yeux dans les siens :
- Princesse , cracha-t-il comme s’il s’agissait d’une insulte.
Galatée fit tourner son épée dans sa main, esquissa un mouvement habile, vif, avec son arme pour lui montrer qu’elle avait l’expérience nécessaire pour le combattre. Elle n’avait pas peur, elle n’avait jamais peur, elle affrontait chaque épreuve avec plus de courage que la précédente et avait saisi depuis bien longtemps que seul l’expérience sur le terrain lui avait permis de posséder un tel sang froid.
Avec insolence et désinvolture, elle remit correctement sa couronne sur sa tête :
- Oh, je suis bien étonnée de ce conseil. Je ne suis certainement pas aveugle, et vous n’avez aucune arme. A moins qu’elle ne soit cachée dans votre pantalon.
- Vous allez moins fanfaronner dans une seconde.
Un cri retentit, une insulte, un glapissement, et un homme surgit des portes, du sang sur le visage, en tenant dans ses bras une femme qui se débattait avec toute la force qu’elle possédait et même cela n’était pas sufisant.
Pendant un instant, Galaté n’y crut pas, elle pensait tout simplement qu’il s’agissait d’une ruse, qu’ils s’étaient saisi d’une femme qui ressemblait de loin à sa mère, mais quand cette dernière releva son visage terrfié vers sa propre fille, cette dernière comprit qu’il s’agissait bel et bien de celle qu’il l’avait mise au monde.
La Princesse poussa petit glapissement :
- Galatée, hurla sa mère. Aide moi !
Sans plus attendre, cette dernière tournoya sur elle-même, manqua de peu la gorge du mercenaire avant qu’il n’encaisse le coup en prenant sa lame avec sa main droite. Sans hésiter, dans l’espoir de sauver sa mère des mains de l’homme, elle donna un coup de pied dans son genoux, le fit chuter en bas des marches.
La jeune fille, déterminée à sortir gagnante de cette situation, se figea cependant devant les paroles de l’homme tombé et humilié :
- Tranchez la gorge à la Reine !
- Non, s’exclama Galatée d’une voix autoritaire qui eut le mérite d’arrêter tout le monde dans leurs mouvements.
Elle tenta de ravaler sa fierté, pensa à sa mère, celle qui l’avait toujours réconfortée, toujours dorlotée, toujours soutenue dans ses projets et même si elle demeurait trop guindée, trop précieuse, parfois trop naïve également, elle restait avant tout la seule qu’elle n’ait jamais réellement aimée dans ce palais.
Galatée était aujourd’hui prête à payer la vie de sa mère avec son honneur :
- Je ferai tout ce que vous souhaitez. Mais lâchez la, elle est bien plus innocente que moi.
- Tout ce que nous souhaitons, siffla le chef. Nous obtiendrons après celle de votre mère votre propre mort. Tranchez-lui la tête !
La Princesse s’élança, manqua de tomber dans les marches, écrasa la main du mercenaire qui tentait de la retenir en saisissant sa cheville mais elle était trop loin, bien trop loin.
Le visage pâle, décomposé, couvert de larmes de sa mère resterait toujours dans son esprit, elle y lut également de la résignation, et quand elle entrouvrit ses yeux, ce fut pour lui communiquer une dernière fois toute son affection pour sa fille.
Puis, la lame glissa, un gargouillement surgit, et la Reine tomba aux pieds de sa famille. Cette dernière se sentit haleter, ne put détourner le regard de cette scène d’horreur, sentit le mur de froideur qu’elle avait construit entre elle et la situation s’effondrer aussi facilement qu’elle l’avait construit, et elle se rendit compte que sa mère n’était plus.
La main de Galatée se referma sur son épée, la leva sans plus attendre et, pris par surprise, l’homme qui venait de tuer sa mère ne prit aucunement conscience de sa propre lame qui s’enfonça dans sa cage thoracique. Sans s’attarder, elle se tourna vers les autres rebelles, échangea quelques coups d’épée avec eux, sentit sa couronne glisser légèrement sur ses cheveux, et sentit une certaine rage monter en elle.
Elle poussa un cri, poussa sur ses pieds pour contrer le coup, mais elle fut forcée de se rendre compte après quelques poings reçus, qu’elle ne faisait pas le poids face à cinq hommes entraînés. Le chef lui donna un coup de pied dans le ventre, elle se sentit brutalement haleter et fut forcée de reculer de quelques pas.
Ces quelques pas manquèrent de lui coûter la vie.
Galatée se retrouva juste en face d’un de ces criminels qui, avait un sourire dérangé, dirigea son épée vers son ventre qui n’avait aucune protection autre que sa fine robe. La Princesse, animée d’un nouvel instinct qu’elle identifia comme étant celui de la survie, leva son épée pour contrer le coup : seulement, elle ne fit que le dévier. La lame du criminel rencontra certes la sienne, mais elle finit son chemin sur le bras de Galatée, qui poussa un cri quand cette dernière s’enfonça dans son épaule.
Dans un bref réflexe, elle eut la présence d’esprit de profiter de cette ouverture pour enfoncer son épée dans le ventre de l’homme, jusqu’à sa garde, mais n’eut cependant pas le force de résister quand celui qui l’avait premièrement blessée la saisit par son épaule blessée pour la maintenir au sol. Sans qu’elle ne puisse rien faire, les traits figés dans une douleur tant émotionnelle que physique, sa seule arme lui fut arrachée ainsi que sa couronne qui tomba, quelques mètres plus loin, dans un fracas qui résonna dans ses oreilles.
Les yeux noirs du mercenaire la fixaient avec une satisfaction perverse et elle sentit une colère sourde dans ses veines quand il glissa ses mains sur ses hanches, puis sur ses fesses. Immédiatement, Galatée agita ses pieds, réussi à lui décrocher son talon dans son visage, et alors qu’elle se retournait tant bien que mal pour se relever, le criminel attrapa sa belle chevelure blonde pour la retenir :
- Espèce de salope !
- Lâchez-moi, cria-t-elle du ton qu’elle utilise contre ses suivants. Je vous ordonne de me lâcher !
La main plaquée contre son épaule saignante, le regard rivé sur le corps de sa mère, elle avait le sentiment que tout était en train de filer entre ses doigts. Si elle s’était toujours montrée méprisante et cynique avec sa cour, Galatée n’avait cependant aucune envie de l’abandonner : elle était née Princesse, elle devait secourir son peuple, il s’agissait de sa mission.
Un ricanement retentit derrière elle :
- On la tient… On la tient !
Des exclamations résonnèrent et une nausée la saisit en voyant un mercenaire appuyer son pied contre le crâne de sa mère, de l’ancienne Reine. Son épaule la brûlait certes terriblement mais ce n’était rien face à la morsure de l'humiliation qu’elle ressentait en ce moment même : Galatée, toujours sûre d’elle, inébranlable, se sentait dépassée par la situation et ses émotions.
Le rebelle qui la tenait la releva sans le moindre effort et ne manqua pas de lui donner un coup dans le ventre pour se venger de son pied qui avait rencontré son visage crispé par la haine envers la famille royale. Une brève claque sur son épaule blessée suivit et si la douleur se répandit dans tout son corps, Galatée se força à n’émettre aucun bruit.
Elle avait envie de se battre, de se venger, mais elle ne pouvait rien faire, alors qu’un deuxième homme venait lui attraper son second bras pour l'emmener hors de la salle du trône sous les exclamations de joie et de fierté :
- Je vous jure sur la couronne, trouva-t-elle cependant le courage d’annoncer. Que je me vengerai, que je vous traquerai, jusqu’au dernier, et que votre mort sera lente et douloureuse.
- Je ne pense pas, siffla le rebelle. Ma petite chérie, tu vas mourir sur la place publique.
Elle le savait, elle le savait depuis qu’ils l’avaient attrapée par le bras pour la conduire dans un autre endroit à la place de la massacrer sur le sol. Cependant, il était hors de question qu’elle leur montre sa peur de mourir, elle périrait d’une façon digne, les yeux figés sur la foule, sans jamais les lâcher du regard pour leur montrer qu’elle ne les abandonnait pas.
Cela ne l’empêcha pas de se débattre comme elle le pouvait sur tout le trajet, les menaçant, ne prenant cependant pas la peine de les insulter, et en leur faisant des promesses de mort lente et douloureuse qu’ils ne prirent pas le temps d’écouter. Lorsque le soleil de l'extérieur frappa ses yeux ainsi que les cris de terreur de la foule, Galatée prit seulement réellement conscience que ce jour serait son dernier.
La Princesse haleta un instant, eut le sentiment que la douleur dans son épaule était en train de disparaître et elle redressa le visage pour observer la foule qui la fixait avec une telle terreur qu’elle en eût envie de mourir. Mais elle ne leur montra rien de sa peur, elle redressa le menton, le regard émeraude intransigeant et lorsqu’elle arriva devant un autre groupe de criminels, devant le lieu où elle aurait la tête tranchée, elle s’empressa de leur cracher aux pieds.
Galatée les défia du regard :
- Vos péchés vous conduiront en enfer.
- Vos péchés vous conduiront en enfer, répéta une femme aux cheveux de jais et au visage tuméfié.
La Princesse poussa un rire dément, qu’elle se força à faire surgir hors de sa gorge pour leur montrer son dégoût et son indifférence face à eux.
Mais quand ils la forcèrent à se mettre à genoux sous les pleurs du peuple, son sourire supérieur quitta ses lèvres. Quand sa tête se déposa sur une pierre, Galatée se rendit compte qu’elle n’avait pas envie de mourir, qu’elle avait tant de choses à accomplir et qu’elle ne pouvait pas abandonner son peuple, la seule mission qu’elle n’avait jamais eu.
La fureur grandit dans ses veines.
Elle tourna légèrement sa tête et posa un regard rempli de haine sur les rebelles :
- Je vais vous arracher la tête, je vais vous éventrer, et jamais, vous m’entendez, jamais vous n’aurez aucun pouvoir sur mon peuple. Je vous souhaite les pires souffrances au monde et observez, observez, comment je ne baisse pas le regard devant vous.
Elle sourit :
- Vous ne me faites pas peur. Tranchez-moi la tête si cela vous chante, mais je reviendrai. Je ne sais sous quelle forme, mais je reviendrai vous hanter et vous détruire. Et ce jour là, je vous sourirai de la même façon que je suis en train de le faire.
- C’est ça, railla la même femme. Adieu Princesse.
Galatée sera la mâchoire quand un des rebelles la força à poser totalement sa tête sur la pierre froide. De cette façon, elle ne pouvait désormais que regarder la foule, impuissante, entourée de criminels, horrifiée par la situation. Elle aurait aimé leur adresser un sourire rassurant mais elle ne parvenait pas à enlever cette expression de rage pure sur son visage. Etrangement, elle ne tenta pas de se rappeler de ses derniers instants, d’en profiter, elle ne voulait pas tomber dans la fatalité de l’existence.
Elle allait mourir la tête haute, sans aucune peur.
Derrière elle, Galatée entendit le bruit d’une épée qu’on tirait : sa mort ne serait pas immédiate, elle allait souffrir, la nuque entaillée, la bouche ouverte dans un cri silencieux. Elle sentait ses boucles blondes flotter autour de son crâne, ses yeux se plisser en observant un enfant se mettre à pleurer, et, subitement, elle se mit à attendre le coup.
Qui ne vint jamais.
L’homme qui l’avait forcée à allonger sa tête sur la pierre glacée se tourna subitement. Avant de trancher la tête à celui qui allait couper la sienne. Avec des yeux ronds, elle l’observa entamer un nouveau mouvement pour trancher la tête du suivant :
- Venez, hurla-t-il alors.
Dans la foule, des cris retentirent, et des personnes, toutes habillées de noir, surgit, armes à la main, et Galatée comprit sans avoir besoin de réfléchir : il s’agissait de l’armée du royaume ennemi au sien.
Valia.
La Princesse releva la tête, alors libre de tout mouvement et manqua de perdre l’équilibre lorsqu’une jeune femme s’effondra dans ses bras, sans vie, la bouche grande ouverte dans un cri silencieux. Elle la laissa tomber à terre et tira un couteau qui dépassait de sa poche.
Seulement, elle n’eut pas le temps de s’en servir que le monde se mit à tourner au-dessus de sa tête et qu’une violente douleur surgissait à l’arrière de son crâne.
Franchement, très belle scène de combat. Il y a beaucoup d'actions différentes, qui s'enchaînent, mais sans se ressembler, avec un vocabulaire varié... Tous les ingrédients pour s'imaginer sans problème la scène.
On s'attache facilement à Galatée qui est bien moins manichéenne que ce que l'on pourrait penser au tout début de ce chapitre. Je serais ravie de voir comment elle va évoluer, parce que je suis sûre que ses prochaines aventures au milieu des complots va changer sa personnalité déjà très forte.
Le rythme est très bon, avec quelques moments de suspens qui nous accrochent jusqu'à la fin. On oublierait presque qu'on est en train de lire !
Pour ma part, je continuerai ma lecture de cette histoire avec plaisir
Hâte de voir où son voyage va nous mener !
Merci beaucoup pour ton commentaire qui me fait très plaisir !
En espérant que la suite te plaise
Je trouve que tu décris très bien les actions et les enchaînements tout en plaçant les dialogues au bon moment pour faire rebondir la situation. J'ai beaucoup aimé ce passage :
"Derrière elle, Galatée entendit le bruit d’une épée qu’on tirait : sa mort ne serait pas immédiate, elle allait souffrir, la nuque entaillée, la bouche ouverte dans un cri silencieux. Elle sentait ses boucles blondes flotter autour de son crâne, ses yeux se plisser en observant un enfant se mettre à pleurer, et, subitement, elle se mit à attendre le coup. "
Tu pourrais peut être raccourcir quelques phrases pour donner plus de vie. J'avoue avoir dû relire plusieurs fois certains passages et j'avais du mal à savoir exactement où tu voulais en venir. Exemple : "Devant l’homme ,à la tête du petit groupe qui venait d’entrer, qui ne cessait pas d’avancer malgré son ordre, la jeune fille saisit que cette rencontre allait très certainement se terminer en une catastrophe." Peut être réduire les subordonnées ou tout simplement couper cette phrase en deux pourrait aider le lecteur.
En ce qui concerne Galatée, quel personnage ! Je n'ai eu aucune difficultés à l'imaginer et à comprendre sa force de caractère. Je trouve que c'est un bon personnage à suivre et j'espère qu'on découvrira par la suite quelques unes de ses faiblesses car on dirait presque un personnage divin tant elle est forte !
Hâte de lire la suite,
A bientôt !
Tout d'abord, merci beaucoup pour ton message et pour ton avis ! Je suis ravie que tu te sois plongée directement dans l'action et l'intrigue. Je dois avouer que les phrases à rallonge sont un peu ma bête noire, mais merci beaucoup d'avoir relevé ce défaut, il faut que je travaille dessus ! Egalement très ravie de savoir que Galatée t'as fait forte impression et que sa force de caractère se soit bien transmise dans le récit, j'espère que les prochains aspects de sa personnalité te plairont également !
En espérant que la suite te plaise et encore merci :)