Chapitre 1
L’Ainée regarda sa petite avec de grands yeux, sous le choc. Elle ne réalisa pas tout de suite ce qu’elle venait d’entendre et surtout, ne voulut pas en croire un traite mot mais la réalité était là et elle la frappait de plein fouet.
Sa petite fille devenait orpheline et son cœur était meurtri. Qu’allait-elle faire désormais, qu’allait-elle devenir à présent ? La personne âgée n’avait pas la capacité de s’occuper de ce bout de femme. C’est pour ça qu’elle vivait dans cette vieille baraque depuis des années. Elle n’avait plus assez d’énergie pour se confronter au monde.
- J-je vais te faire une tisane, répliqua Odile, la grand-mère de la jeune femme.
Odile s’était éloignée de sa petite fille afin de confectionner un petit remontant à base d’herbes tandis qu’Olympe était resté devant la cheminée, observant les flammes se déchainer.
Le drame tournait en boucle dans sa tête. Elle revoyait tout ce sang, entendait tous ces cris, sentait la peur. Son père était le Comte Fiennes et possédait de l’or ainsi que plusieurs biens. Il faisait déjà nuit lorsque trois individus avaient pénétré le manoir des Fiennes alors que la jeune femme était couchée, son père isolé dans son bureau. Aussitôt ils avaient commis un massacre, plusieurs domestiques avaient déjà péri sous leurs coups. Olympe s’était réveillée en entendant tout ce grabuge. Les hommes avaient gagné du terrain et s’était dirigés vers le bureau du Comte, sans doute à la recherche d’un butin. Un face à face illégal s’était produit, mettant le Comte en mauvaise posture. Olympe avait arpenter les couloirs avant de distinguer de la lumière. Elle ne comprenait pas bien ce qu’il se passait et blêmit alors en voyant ces trois hommes dans un accoutrement particulier. Elle les reconnu directement : c’étaient des pirates avec leurs vêtements crasseux, une épée dans chaque main et les visages dégoulinants de sang. Ses yeux s’écarquillèrent et elle poussa un cri strident en voyant son père se faire embrocher par l’un d’eux. Mortifiée, elle se laissa tomber à genoux. Elle qui avait toujours vécu une vie paisible se retrouvait en plein cauchemar.
Le Comte tomba sous l’assaut et cracha un peu de sang, le regard dirigé vers sa fille. La vie s’évapora de ses yeux. Une domestique arriva en courant et désirant protéger sa maitresse, empoigna vivement son bras et la tira. Celle-ci du se lever de force, une main sur la bouche alors que des larmes ruisselaient déjà sur son visage.
- Berthe… I-Il est mort…, avait-elle soufflé entre deux sanglots.
Berthe ne pipa mot et ignora la scène macabre. Malgré leur présence, les pirates étaient bien trop occupés à dévaliser les buffets à la recherche de bien précieux. La domestique en profita pour s’enfuir en compagnie de sa jeune maitresse. Elle la força à la suivre et à courir, dévalant les escaliers. Olympe était livide et semblait sur le point de s’évanouir à tout moment. Bien trop sous le choc, elle se laissa entrainer et les deux femmes atterrirent rapidement à l’extérieur du manoir. Pendant leur brève course, elles avaient pu remarquer quelques corps inertes sur le sol, des meubles renversés et certains objets brisés.
- Attends, attends ! Il y a peut-être encore des survivants, il faut aller les chercher, sanglota à demi-mot la jeune femme.
- Ils sont tous morts.
Olympe se liquéfia à sa sentence et redoubla ses pleurs. Elle leva la tête vers le ciel : noir, sans nuage, où même les étoiles étaient absentes. La douleur avait un gout amer, sa gorge se serra et elle s’écarta pour vomir. Fatiguée, elle s’agenouilla et posa une main sur sa bouche. Berthe lui rattrapa vivement le bras.
- Mademoiselle, nous ne pouvons pas rester là. Il faut partir, vite !
- Je reste, souffla doucement Olympe, les yeux rivés au sol.
- Mademoiselle vous ne pouvez…
- Je reste. Pars, enfuis-toi. Je reste. Je dois régler cela. Père est mort.
La domestique lâcha la jeune femme et recula de quelques pas, ahurie. Sa maitresse était devenue folle, c’était le choc qui la faisait délirer. Elle balaya furtivement les horizons. Le calme était revenu mais pour combien de temps ? Très peu semblait-il. Une explosion à faire percer les tympans déstabilisa les deux femmes. L’air s’emplit d’une fumée noire qui arracha une toux à Olympe. Des débris de bois volèrent près des deux femmes et leurs vues se posèrent sur un feu flamboyant qui prenait de l’allure dans le manoir. Olympe se leva et recula, une main sur la poitrine et le visage déformé par la surprise. Elle tendit une main dans le vide et s’écria.
- PEEEEEEEEEEEERE !
Prise sous l’émotion de voir tout ce qu’elle possédait partir en fumée, elle releva les pans de sa robe de nuit et s’apprêta à courir en direction du manoir. Berthe tenta de l’intercepter mais elle n’était plus très sûre de pouvoir la sauver. Un coup de feu arrêta les deux femmes. La balle passa près d’Olympe, faisant voler ses cheveux par la même occasion. Sa lèvre trembla et ses larmes se stoppèrent net. Les pirates venaient de sortir du manoir et l’un d’eux avait tiré. Il n’avait pas visé la jeune femme mais sa domestique qui tomba raide sur le sol. La balle s’était logée entre les deux yeux de la vieille femme. Ils apparaissaient impétueux aux yeux d’Olympe, avec leurs sourires triomphants, leurs démarches victorieuses ; vils et cruels, ils étaient fiers de leurs prises.
La tristesse envolée, Olympe ne ressentit que la haine. Une émotion étrange qui ne l’habitait jamais. Elle la ressentit si profondément que ses ongles s’enfoncèrent dans les paumes de ses mains, que son visage devint cramoisi et que si ses yeux pouvaient tirer, ces hommes seraient déjà morts. Sa colère était si grande qu’elle avait du mal à la canaliser. Ils venaient de tuer Berthe. Elle était désormais la seule survivante. Était-elle la prochaine sur la liste ? Pourquoi ? Ils avaient eu tout l’or qu’ils voulaient, pourquoi s’acharner ?
- Vous êtes des monstres, siffla la jeune femme entre ses dents, les poings serrés.
Celui qui avait tiré releva la tête. Son sourire carnassier restait en suspens. Il rangea son pistolet dans sa veste et répliqua tout en s’approchant de son cheval qui était près d’une haie.
- Tu devrais commencer à courir. Les chevaux, ça galope vite.
Il ricana en montant sur scelle. Ses deux acolytes firent de même sans se préoccuper de la conversation. Ils étaient plus intéressés par le butin qu’ils avaient volé.
Bien que folle de rage, Olympe reprit ses esprits. Seule contre eux, elle n’avait aucune chance. Elle n’était ni armée ni protégée. C’était une proie facile et face aux propos du scélérat, ils comptaient bien lui faire la peau. Les Fiennes devaient être anéantis.
Son instinct de survie se mit en alerte et elle ne chercha pas à comprendre. Elle fit volte-face, l’effroi sur le visage et courut vers les bois. Et elle courut, courut, courut…
Une détonation l’arracha de ses pensées. Son corps sursauta et elle regarda aussitôt la vieille dame qui parut intriguée par ce son. Ces hommes étaient encore dans les parages ? Ne désirant point qu’un nouveau drame se produise, Odile ouvrit un placard et sortit un fusil de chasse. Elle actionna la gâchette, prête à charger. Lentement elle se dirigea vers la porte et attendit. Olympe resta muette. Son corps blessée se remit à trembler comme s’il appréhendait un nouvel assaut. Heureusement pour elles, le silence reprit sa place. Ils avaient sans doute dû partir.
Odile posa le fusil près de porte et après avoir récupéré la tisane, revint vers sa petite fille. Elle s’assit à ses côtés et lui tendit la boisson. Olympe la prit entre ses mains, livide. La vieille dame demanda doucement.
- Que s’est-il passé, ma douce ?
Olympe lança un regard vers la porte puis souffla.
- Des hommes se sont introduit dans le domaine. Tout s’est déroulé très vite. Ils ont assassiné père ainsi que tous les domestiques puis peu après, ils ont mis feu au manoir. J’ai réussi à m’enfuir et je suis venue ici.
- Connais-tu leurs identités ? demanda Odile en fronçant les sourcils.
- Non, hélas. Mais je crains qu’ils ne soient des pirates.
- Vraiment ?
- Ça m’en avait tout l’air.
Odile se mordit la lèvre. Elle se leva et une main sur la taille arpenta la petite pièce tamisée. Son beau-fils était donc mort. Le Comte Fiennes avait rendu l’âme au même titre que sa demeure.
Le père et la fille Fiennes vivaient non loin de la baraque, à quelques minutes de marche à peine. Ils vivaient dans un charmant domaine éloigné de la ville, préférant la tranquillité de la campagne anglaise.
Le Comte avait principalement élevé sa fille depuis la disparition de sa femme, avec l’aide de nombreuses gouvernantes. Il avait réussi malgré tout. Olympe Fiennes était devenue une femme remarquable. Malgré son tempérament fougueux et intrépide, elle avait su s’adapter à la bonne société et se qualifier dans tous les domaines. Sport, culture, éducation. Une Lady comme chaque famille rêverait d’avoir. Hélas, elle n’était toujours pas mariée alors qu’elle avait atteint la majorité depuis déjà quelques années.
Son père s’était toujours inquiété de son avenir. Non bien qu’aucun homme ne s’interdît de la courtiser, elle n’en voulut guère. Le mariage ne lui procurait que très peu d’intérêt. Elle n’y voyait qu’une prison à barreaux dorés. Et telle une colombe, elle aurait volé pour s’échapper à la recherche de sa liberté.
Secrètement, elle avait toujours nourri l’espoir de vivre plus librement, par ses propres moyens. Découvrir le monde, rencontrer d’autres cultures, prendre la mer et peut-être ne jamais revenir.
Le poids de la famille l’avait forcée à refréner ses envies et à acquiescer aux plaisirs de son paternel. Car ils n’étaient qu’eux deux depuis toujours.
Mais à présent elle était seule, sans repaire et surtout, libre.
Au petit matin, Olympe était profondément endormie. La nuit avait été mouvementée et elle eut du mal à trouver le sommeil, tiraillée par ses démons. Le drame lui revenait sans cesse en boucle. Il la rongeait jusqu’aux profondeurs de son âme. La jeune femme émergea avec une tête des mauvais jours. Son teint terne n’arrangea rien à son état psychologique. Etendue sur un petit lit de fortune, elle contempla le plafond en laissant quelques larmes rouler sur ses joues. Doucement elle se releva et son corps endolori lui rappela la chute de la veille. Un gémissement sortit de sa bouche. Elle traina des pieds vers un buffet où était disposé un récipient d’eau ainsi que des serviettes. Son regard se porta sur le miroir accroché au-dessus. Sans surprise, elle constata du sang séché sur le haut de son crâne. Dans sa course, elle n’avait pas remarqué sa blessure due au tronc d’arbre. La jeune femme porta sa main sur sa tête et grimaça de douleur.
Alertée, Odile fit son apparition. Elle se posta près de sa petite fille et humidifia un linge pour le porter au sommet de son crâne. La jeune femme empestait la sueur, sa robe de chambre était tout aussi sale que déchirée et ses ongles étaient recouverts de terre.
- On va nettoyer tout ça… souffla la vieille femme en essorant le tissu. Elle entreprit de nettoyer le visage et le cou de la jeune femme.
L’orpheline gardait le silence tandis que la vieille dame lui enroulait un bandage autours de la tête. Bien que d’apparence calme, son cerveau fusait. Le choc était toujours présent. Odile la contempla un instant nostalgique, repensant à sa propre progéniture. Les mêmes traits fins du visage, la longue chevelure châtaine, les yeux noisette. Depuis combien de temps ne l’avait-elle pas vue ? Dix, quinze ans ? Elle était partie alors qu’Olympe n’était qu’une enfant. Elle avait abandonnée titre et famille.
- Grand-mère… ? répliqua doucement la jeune femme, la tête penchée sur le côté et ses yeux fixant la vieille dame.
La grand-mère sortie de ses pensées en sursautant.
- Ah mon enfant… Excuse-moi, j’étais perdue dans mes pensées. Je pensais à ta mère. Tu lui ressembles beaucoup.
L’expression de la demoiselle changea. Elle fut rapidement contrariée par ses propos. Elle ne voulait pas parler de sa génitrice. Surtout pas maintenant.
La vieille dame fit une petite grimace de douleur en s’installant sur un fauteuil.
- Je dois t’avouer certaines choses, Olympe. Après ces événements, je pense qu’il est temps que tu connaisses l’histoire de notre famille.
- C’est-à-dire ? répliqua la jeune femme en s’asseyant à ses côtés.
Odile émit un petit soupire en croisant les mains.
- Je ne suis pas vraiment étonnée que des pirates vous aient attaqué, ton père et toi. Je me doutais que ça arriverait un jour.
- Pourquoi dîtes-vous cela, grand-mère ? questionna la jeune femme, interloquée.
- Je sais que tu ne veux pas entendre parler de ta mère mais il va falloir que tu écoutes ce que j’ai à dire à son sujet.
- Si c’est pour me rappeler qu’elle nous a abandonné et fui ses responsabilités, je le sais déjà, railla-t-elle.
- Je crains que ça ne soit pire que cela mon ange. Ta mère, bien avant ta naissance, était une pirate.
Olympe laissa un petit rire nerveux de sa gorge en portant une main sur sa tête.
- Je crois que le coup sur la tête a été plus violent que je le croyais.
- Je me doute que ça ne soit pas facile à entendre mais c’est la vérité. Ecoute-moi bien Olympe.
Odile se releva et décida de préparer deux tisanes. Les herbes apaiseraient peut-être son esprit. Elle reprit calmement.
- Tes parents m’avaient formellement interdit de te parler de ces choses. J’ai donc gardé le secret pour préserver ton enfance et assurer ta sécurité. Mais à présent, tu es seule et livrée à toi-même. Tu vas devoir prendre tes propres décisions. Je veux que tu agisses en toute connaissance de cause, asséna Odile avant de reprendre : Lorsque tes parents se sont mariés, ton père ignorait quelques petites choses au sujet de ta mère. Il ne savait pas encore qu’elle était très indépendante et qu’elle n’avait jamais voulu se marier. Encore moins fonder une famille…
La vieille dame roula des yeux en prononçant sa phrase.
- Ta mère tomba rapidement enceinte et décida de lui avouer la vérité, sur ce qu’elle était et la vie qu’elle avait vécue auparavant. Elle lui raconta son passé sulfureux, ses aventures rocambolesques, sa passion pour l’Océan et son amour pour la piraterie, répliqua-t-elle en se pinçant les lèvres.
- Je ne vous crois pas, c’est impossible, trancha la jeune femme en se renfrognant sur son fauteuil.
- Olympe je n’ai aucune raison de te mentir.
- Ma mère, une pirate ? O grand Ciel, je n’ai jamais entendu de telles sottises ! s’emporta-t-elle en se levant subitement.
- Libre à toi de ne pas me croire mais c’est la vérité. Ne t’es-tu jamais demander pourquoi ta mère avait fui cette famille ?
- Evidemment, elle est partie car elle n’était tout simplement pas capable d’assumer son rôle de mère et d’épouse. Elle a dû se trouver un paysan et partir vivre à Paris, que sais-je ! Ce n’est qu’une infame égoïste.
Odile tilta aux propos de la jeune femme. Bien entendu, Constance était réputée pour avoir toujours fait preuve d’égoïsme. Pourtant, cette-fois, sa mère n’avait pas agi pour son propre intérêt. Elle avait pensé à sa fille avant tout.
- Elle n’a pas fui pour revivre sa jeunesse : elle est partie pour vous protégez, toi et ton père.
- Ça n’a pas de sens. Pourquoi se ranger et prétendre vivre une vie heureuse dans ces cas-là ?
- Je lui ai quelque peu forcé la main. Elle était jeune et je voulais lui donner une existence paisible, un avenir prometteur. Se marier à un homme d’éducation et lui donner un héritage. Vivre comme le veut la bonne…
- Société. Je ne pensais pas que vous pourriez avoir ce genre de discours, vous, recluse dans votre maisonnette et éloignée du monde.
- La vie en mer à ses risques. Je voulais la protéger de ce monde cruel, lui épargner des souffrances inutiles, souffla-t-elle en tendant la tisane à la jeune femme.
Olympe prit la tisane et commença à faire les cent pas dans la pièce. Elle était contrariée par ces révélations et son cerveau refusa d’y croire. Pour elle, sa mère n’était qu’une lâche qui avait fui ses responsabilités. Un trop plein d’émotion l’envahit et elle s’appuya contre le mur de la cheminée qui crépitait. Elle porta une main sur sa bouche en laissant le chagrin l’envahir. Ses larmes ne cessèrent de couler et son cœur se brisa une nouvelle fois. Son père était décédé et sa mère n’était pas celle qu’elle prétendait être. Son corps eut un spasme et lui rappela qu’elle était seule désormais. Son existence subissait un nouveau tournant et elle n’était pas prête pour tout cela.
Odile ne put qu’assister à la scène impuissante, rongée par la culpabilité. Elle aurait aimé lui dire la vérité plus tôt et éviter tous ces désagréments. Elle se leva et prit dans une étreinte sa petite fille. Doucement, elle la berça.
- Je suis désolé. J’aurais aimé que ton existence soit plus paisible.
Olympe prit le temps de calmer ses émotions. Elle essuya son visage mouillé et passa une main dans ses cheveux ondulés.
- Quelle était la véritable raison de son départ, grand-mère ?
La vieille dame ramena la jeune femme vers le fauteuil. Elles se rassirent. Odile répliqua calmement.
- Lorsque tu avais neuf ans, tes parents et toi étiez parti en balade à Londres. Te souviens-tu de l’agression que vous avez subi ?
- Brièvement, répliqua la jeune femme en l’écoutant.
- Des soldats sont venus interceptez ta mère. Jusqu’alors, on avait prétendu que c’était un malentendu. En réalité, ils l’ont menacé. Elle a également reçu des lettres. J’ignore la raison mais elle a pris peur et est partie peu de temps après. Il s’est passé quelque chose, c’est certain. Même si elle avait souvent eu envie de retrouver sa vie d’avant, elle ne t’aurait jamais abandonnée sans une bonne raison.
Olympe tenta de rester stoïque. Il est vrai que l’histoire prenait forme et paraissait plus crédible ainsi. Pourtant, elle n’arrivait pas à faire taire la haine qu’elle lui portait. Elle était trop forte, trop puissante.
- Est-ce que Père était au courant ?
- Je ne crois pas.
- Je vois, souffla-t-elle en observant le feu de la cheminée.
- Il avait accepté ces anciennes activités en pensant qu’elles appartenaient au passé. Le reste est flou.
Olympe hocha la tête pour approuver ses dires. Elle demanda, tout de même intriguée par une chose.
- Mais… Comment Mère a pu devenir une pirate ? Vous ne l’êtes pas vous-même.
- Oh ça, chérie, c’est une autre histoire ! répliqua-t-elle d’un ton plus enjoué.
- Autant tout apprendre d’un coup, non ? Ménagez-moi tout de même, je vous en prie, murmura-t-elle en se préparant mentalement à ce qu’elle allait entendre.
Odile voulut rire mais le moment était mal choisi. Elle but un peu de sa tisane et répliqua, tout d’un coup nostalgique.
- Tu n’as jamais eu l’occasion de le savoir mais ton grand-père faisait partie de cette communauté. George était un pirate.
Olympe manqua de s’étouffer. Elle déglutit. Encore une nouvelle surprise. Sa grand-mère était décidément remplie de mystères. Odile fit la grimace.
- Lorsque nous nous sommes rencontrés, George n’était qu’un simple marin. Nous n’avions pas beaucoup d’argent. Je suis tombé rapidement enceinte et il fallait nourrir ces trois bouches. Un beau jour il est revenu d’une longue mission et m’a affirmé qu’il comptait devenir officier. Il continuerait à prendre la mer mais son statut aurait évolué. Nos bourses seraient plus volumineuses. Ainsi, la famille se porterait mieux.
Elle s’arrêta quelques instants pour reprendre une gorgée et reprit en fronçant doucement les sourcils.
- Les mois passaient et il s’était avéré que notre situation financière s’améliorait. Je pouvais envisager de donner une bonne éducation à notre fille. Un jour, il est revenu blessé et fou de rage. Il haïssait les agissements de ces supérieurs qui abattaient des navires innocents et transportaient des noirs pour ensuite les revendre à des hommes fortunés sous couverture de bonnes actions. Il m’a expliqué que la Marine n’était que corruption et faisait honte à nôtre si bonne Angleterre. Alors il a pris une décision…Devenir pirate. Il a quitté la Marine, acheté un navire, monté un équipage et prit la mer. J’ai acquiescé à tout cela. J’avais confiance en lui. Alors j’ai commencé à prendre la mer avec lui. Bien sûr en ma présence et celle de notre fille, qui n’était encore qu’un bébé, il n’a jamais opté pour la violence lors de certaines confrontations. J’ai pu… Disons… profiter des bons côtés de la vie qu’il me proposait.
Elle esquissa un sourire nostalgique en repensant à ces jolies aventures.
- Mais vois-tu ma chérie, ma place était sur terre. J’aimais ma petite maison, mon petit village. Et je ne voulais pas élever Constance dans un univers uniquement masculin, remplit de violence. Alors je l’ai gardé auprès de moi. Bien entendu son père venait la voir régulièrement et lui faisait découvrir son monde. Nous avions trouvé un compromis. Et nous étions heureux.
Olympe écoutait attentivement, étrangement calme. Elle buvait les paroles de la vieille dame. Cette histoire semblait visiblement lui plaire. Elle avait l’air d’avoir accepté les choses.
La jeune femme n’avait jamais connu son grand-père mais se douta qu’il devait être un homme de caractère. Emprunter ce genre de chemin n’était pas destinée à toutes les personnalités. Appartenir à cette lignée de pirate ne l’enchantait guère mais elle comprenait mieux pourquoi elle avait toujours eu ce sentiment d’oppression. La vie dans un manoir ne l’avait jamais satisfaite, elle s’attardait toujours lorsqu’elle marchait près d’un port et les discussions entre aristocrate ne l’intéressait jamais. Elle n’avait jamais été faite pour cette vie mais à présent elle comprenait et cela remit tout en question.
Balayant tous ses doutes et toutes ses peines, elle leva la tête vers la vieille dame. Les traits impassible et le menton relevé, elle déclara.
- Je vais me venger. Je vais retrouver ces pirates et laver l’honneur de Père. Je vais prendre la mer et devenir pirate à mon tour, comme l’ont été mes prédécesseurs.
Son regard était déterminé. Elle respirait la confiance et quelque chose de profond émanait d’elle. Était-ce par pure vengeance qu’elle décidait de changer de vie ? Ou bien la mort de son paternel l’avait poussé à réaliser un rêve enfoui au plus profond d’elle ? Sa décision était prise. Elle prendrait la mer et peu importe ce qu’il fallait sacrifier désormais. Elle n’avait plus rien à perdre.
Effectivement, Olympe n’est pas de ce genre là !
J’ai arrêté d’écrire la suite pour le moment pour me concentrer sur un autre roman, totalement différent de celui-ci mais je reviendrais bientôt reprendre l’Horizon!
On pourrait croire que l'histoire de ce roman est un cliché : celui de la jeune fille riche mais indépendante qui veut se faire sa place dans un monde réservé aux hommes. Mais il en est tout autrement dès ce premier chapitre, on se rend compte qu'Olympe est une jeune femme pleine de courage, qui oui est en avance sur son temps et qui va devoir murir très vite. Elle est attachante et on souhaite connaitre la suite, qui j'en suis sure sera pleine d'aventure !
son coeur était meurtit -> meurtri
Des minutes s’étaient écoulé -> écoulées
revivant la scène qui s’était déroulé -> déroulée
Le père et la fille Fiennes vivait -> vivaient
Mais elle n’était toujours pas mariée alors que la majorité l’avait atteint depuis déjà quelques petites années…-> alors qu'elle avait atteint la majorité depuis déjà quelques années ?
Le poids de la famille l’avait forcé à refreiner ses envies et acquiescer -> refréner et à acquiescer ?
ses roulades rocambolesque qui s’était terminé -> rocambolesques qui s'étaient terminées
Alerté par un son nouveau, la personne âgée -> alertée
Elle lui faisait tant pensée à sa fille -> penser
des criminels s’étaient introduit dans le domaine -> introduits
des objets se brisé -> briser
Son épée la transperçait -> l'a transpercé
J’ai vu ce sang s’empourprait -> s'empourprer
Je voulais prendre son sabre et l’enfonçait -> l'enfoncer
La pièce était animée par ses deux battements de cœur. -> ces
Elle s’était murée de silence -> dans le silence
le dernier pirate est sorti in extrémiste -> in extremis
La vieille dame émit un soupire attrister. -> soupir attristé
tu es livré à toi-même -> livrée
alors que tu n’étais même pas encore né -> née
transporter des nègres -> transportaient
la fierté la tenue -> l’a
Son regard était déterminant -> déterminé ?
Voilà :) Bonne continuation