Calixte Savage est extrêmement belle, les gens se retournent sur son passage, sa famille s'extasie :
« Quels yeux magnifiques ! »
« Quelle chevelure ! »
« Quelle allure ! »
Calixte a les cheveux noirs ébène, le soleil semble jouer avec elle et crée des reflets bleutés sur ses boucles. Elle a de grands yeux verts qui semblent vous captiver dès qu'elle vous regarde. Elle est grande et mince, elle se déplace comme un chat, sans bruit, avec élégance et grâce.
Un jour, une jeune fille vient habiter dans son village. Elle a les yeux bleus marine. La mère de Calixte dit à sa fille :
« Tu as vu les yeux de la nouvelle locataire de Célestine ? Je n'ai jamais vu des yeux pareils, ils sont couleur saphir. »
Calixte n'a jamais eu de concurrence dans le village. C'est elle qui a les plus beaux yeux. Cette attitude peut paraître puérile, mais notre demoiselle est « belle » comme on est « humain ». Lui enlever cet attribut serait comme l'amputer d'un membre.
Un jour elle croise sa concurrente dans la rue. Les yeux de la jeune fille sont en effet d'un bleu si profond qu'on ne peut que s'extasier. Au détour du pâté de maison, Calixte pousse sa rivale dans un jardin désert, et l'étrangle avec un fil à couper le beurre. Les yeux de la belle se ferment à jamais.
Le lendemain en se promenant près du canal, Calixte croise Linda la fille du boulanger. Elle a bien grandi et ses cheveux sont magnifiques. Elle les porte longs jusque dans le bas du dos, ils sont d'un blond vénitien tout à fait remarquable. C'est insupportable pour notre héroïne qui la pousse dans l'eau, et voit la chevelure de Linda disparaître dans un tourbillon.
Sur le chemin du retour, c'est Anita qui a la mauvaise idée de passer par là. Elle est grande et très jolie, elle dépasse Calixte de quelques centimètres. Sur une photo, ou dans la foule, cette dernière disparaîtrait complètement derrière Anita. C'est intolérable ! Calixte lui tranche la carotide à l'aide d'un petit couteau offert par son père.
La jeune fille rentre chez elle, en se sentant plus jolie que jamais. En traversant la rue, elle n'a pas vu une voiture qui arrivait assez vite, elle se fait renverser. A son réveil, Calixte a complètement perdu la vue. Ses yeux, ses cheveux, tout son corps est intact, mais elle ne pourra plus jamais se contempler dans un miroir, ni voir les jeunes filles plus jolies qu'elle...
Calixte a finit sa vie heureuse parmi les siens, sans aucun remord pour les trois meurtres qu'elle avait commis. Personne ne l'a jamais soupçonné. Qui est le plus coupable ? Ceux qui lui ont fait croire qu'elle devait être la plus belle pour exister à leurs yeux, ou Calixte elle-même qui ne pouvait pas imaginer que la beauté est aussi éphémère que la vie, et pour qui l'existence de trois jeunes filles ne pesait rien.
Ton histoire me fait un peu penser à la méchante sorcière dans Blanche-Neige.
Pour les coupables, il serait facile d'accuser les autres. C'était à Calixte de ne pas se résumer à paraître au lieu d'être !
Défi relevé !
Merci.
J'aime bien ce conte. Il est un peu rapide (j'aurais pas dis non à plus long :p), mais au moins, le message reste percutant ^^ Même si la morale (la beauté est éphémère, ne fait pas le bonheur, etc.), la chute et la conclusion sont très bien je trouve ^^
J'aurais juste une petite critique à faire, c'est le présent. Pour un conte, j'ai plus l'habitude du passé, donc ça m'a fait un peu bizarre. Mais je pense que ça peut rendre aussi très bien, c'est peut-être la grosse utilisation du verbe avoir qui ressort plus au présent et m'a fait tiqué.
En tout cas, un conte sympatique ^^ Pluchouille zoubouille !