Chapitre 1

 

J’ai 4 ans, je ne connais pas très bien mon père, il est marin et part six mois de l’année sur son bateau. C’est grâce à lui que nous pouvons acheter à manger et aussi des vêtements, c’est ce que me dit ma mère. Quand il revient à la maison il me fait un peu peur, il est très grand, parle avec une très grosse voix, pique quand on l’embrasse, ce que je suis obligée de faire le matin, le soir et à chaque fois que je sors ou que je rentre.

-       Pourquoi est-ce que tu n’emmènerais pas ta fille se promener ?

Qu’est-ce que raconte ma mère ? Je n’ai pas du tout envie de sortir avec ce monsieur ! Je ne suis jamais sortie sans Maman.

 

-       Bonne idée ! Je vais l’emmener au cinéma, il y a le dernier De Funès à  l’Omnia.

-       Tu n’as pas peur qu’elle soit un peu petite ?

-       Mais non ! Tous les enfants y vont, c’est un film pour les jeunes. Papa t’emmène voir un film Dimanche, tu es contente ?

Mon sort est scellé, les grands ont décidé ! Je vais voir un film avec une espèce d’ogre que j’appelle papa et en plus je dois manifester mon contentement !

-       Tu n’as pas l’air heureuse, je t’achèterai un Esquimau à l’entracte.

Ça s’achète les Esquimaux ? Il aura un igloo ?

 

Le temps passe, je vais à l’école, je joue, je regarde la télévision mais, rien. Mon père a dû oublier qu’on devait sortir tous les deux. De temps en temps j’entends ma mère dire :

-       Clothilde va au cinéma avec son père dimanche.

Ses amies s’extasient :

-       Tu en as de la chance ! J’aimerais bien aller au cinéma moi aussi !

Je leur laisse ma place si elles veulent !

Un après-midi alors que je ne m’y attends pas du tout, je vois mon père se préparer, mettre sa grosse canadienne marron, ses chaussures bien cirées, ses gants en cuir :

-On va au cinéma tous les deux en amoureux !

 

La peur m’envahit, j’aimerais tellement que ma mère vienne avec nous, mais elle doit rester avec ma petite sœur. Cet homme me fait peur.

 

Nous partons. Le cinéma n’est pas très loin de chez nous, mais pour mes petites jambes c’est un peu compliqué. Je bute et m’affale sur le trottoir.

-Nom de Dieu, rugit l’ogre qui me tient par la main. Tu t’es fait mal ?

 

Je pleure, la tension est trop forte.

 

-Quelle idée j’ai eu de t’emmener !

 

Il me relève en m’attrapant le bras avec sa main de géant.

 

Je n’ose rien dire et je ravale mes larmes.

 

Il y a la queue devant le cinéma. Mon père a pris des places au balcon, nous montons le grand escalier avec son tapis rouge. Il n’y a pas d’enfants de mon âge, ils sont tous très grands, ils ont l’air très heureux d’être là, ils rient et plaisantent avec leurs parents. Je me sens toute petite au milieu de cette foule excitée.

Nous nous asseyons sur de beaux fauteuils en velours grenat,  je ne vois absolument rien, la personne qui se trouve devant moi cache ce qui semble intéressant à voir. Des dessins animés se succèdent, ils sont très loin et je dois me pencher à droite et à gauche pour apercevoir quelque chose. Tout à coup les lumières se rallument, je n’ai pas vu Louis De Funès, c’est bizarre le cinéma.

 

-       C’est l’entracte, tu veux un esquimau ?

Je pense qu’il vaut mieux que je dise oui.

 

Une dame transporte un grand panier en osier à son cou, ça doit être amusant pour jouer à la marchande ! Mon père lui achète un petit paquet enveloppé dans du papier. Je ne sais pas trop quoi en faire, j’essaie d’enlever le papier mais ça n’est pas très facile. Mon père m’aide un peu énervé. En fait c’est une glace, j’adore les glaces ! Les lumières s’éteignent à nouveau avant que j’aie le temps de finir ma crème glacée, ça coule partout. Un autre film est projeté, c’est vraiment long le cinéma. Les personnages crient, se poursuivent, gesticulent, je ne comprends absolument rien.

 

Soudain mon père me touche et me dit :

 

-       On s’en va, tu as bien dormi, si j’avais su on serait restés à la maison ! Tu t’es mis de la glace partout ! Tu n’as même pas fini de la manger!

Je n’ai pas dormi ! Le film n’était pas très bien, mais j’ai tout regardé !

 

Le lendemain, je suis  très fière de dire à mes amis que je suis allée au cinéma avec mon père. Je ne peux pas dire le titre du film, mais par la suite j’ai toujours adoré les salles obscures. Ce film c’était Oscar d’Edouard Molinaro https://www.youtube.com/watch?v=GVMwIawdN9E

Je l’ai revu par la suite, et je ne pense pas qu’il soit très adapté pour un enfant de 4 ans.

 

Mon père n’était pas très doué avec les enfants, mais je sais maintenant que c’était aussi impressionnant pour lui que pour moi de sortir avec sa petite fille.

FB arielleffe 

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Fannie
Posté le 03/01/2018
Oui, je sévis encore, pour la quatrième et dernière fois de la journée.
Cette petite histoire, apparemment autobiographique est charmante. Elle semble avoir été écrite rapidement et un peu moins soigneusement que les autres textes que j’ai lus de toi ; c’est dommage.
Mais en tout cas, les difficultés que cette petite fille et ce grand gaillard ont à s’apprivoiser sont bien exprimées et les rendent touchants.
Coquilles et remarques :
Quand il revient à la maison il me fait un peu peur, il est très grand, parle avec une très grosse voix [J’ajouterais une virgule après « maison » et je mettrais un autre signe de ponctuation qu’une virgule après « peur » : un point-virgule ou deux points.]
Papa t’emmène voir un film Dimanche, tu es contente ? [dimanche ; il n’y a pas de majuscule aux jours de la semaine / je mettrais plutôt un point après « dimanche ».]
une espèce d’ogre que j’appelle papa [Papa (avec une majuscule) pour être cohérente]
je t’achèterai un Esquimau à l’entracte [esquimau ; pas de majuscule pour la glace]
Ça s’achète les Esquimaux ? [J’ajouterais une virgule avant « les ».]
je regarde la télévision mais, rien [Je mettrais la virgule avant « mais ».]
De temps en temps j’entends ma mère dire [J’ajouterais une virgule avant « j’entends ».]
Un après-midi alors que je ne m’y attends pas du tout [J’ajouterais une virgule avant « alors ».]
Quelle idée j’ai eu de t’emmener ! [eue]
Tout à coup les lumières se rallument, je n’ai pas vu Louis De Funès, c’est bizarre le cinéma. [Je mettrais plutôt un point après « De Funès ».]
Mon père m’aide un peu énervé [J’ajouterais une virgule avant « un peu énervé ».]
Un autre film est projeté, c’est vraiment long le cinéma [J’ajouterais une virgule après « long ».]
On s’en va, tu as bien dormi, si j’avais su on serait restés à la maison ! [Je mettrais plutôt un point après « dormi ».]
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