Nitrate et Glycérine. Ils se mélangent, s’enrobent et s’avalent jusqu’à former cette substance explosive.Cette vision me rappelle à elle, c’est un réflexe. Son corps lové contre le mien, et moi dans le sien tels deux serpents.
Je suis Nitrate, elle est glycérine. C’est joli comme prénom, Glycérine. C’est ainsi que je l’appellerais à présent.
Mes explosifs prêts, je la rejoins. Je la regarde dormir étendue sur les draps et je me rends compte que je ne veux pas la perdre. Je n’ai pas le choix, quoi qu’on fasse, on sera séparé. Et quitte à l’être, je préfère qu’on parte ensemble. Notre amour finira dans le sang et la chair, car notre amour est maudit, pour elle, pour moi. Nitrate et Glycérine.
Notre rencontre est peut-être une erreur mais depuis ce temps, ma vie a enfin pris sens. Nous vivons notre amour pleinement, intensément. Bonnie and Clyde, c’est comme ça qu’on vit. De studios en chambres d'hôtel. Pas d’endroits fixes, pas de frontières ni de limites. Une liberté totale.
La chaleur monte en moi. Elle est belle nue, sur le ventre, sous la lumière tamisée qui épouse ses formes. J’ai envie d’elle. Encore. Et toujours. Je la veux contre moi. Sa peau moite exalte ce parfum félin qui me rend fou.Je vais crever de cet amour maudit ! Et je le veux ! Qu’on m’ouvre le bide, qu’on me saigne à froid je m’en fous ! Jamais rien ne me séparera de Glycérine !
Je grimpe sur le lit, elle se retourne et ouvre les yeux. Ma Vénus endormie. Parfaitement au dessus d’elle, je plonge mon regard d’obsidienne dans le sien.
Aucune parole, nous nous comprenons ainsi, par le seul regard.
Je m’unis à elle. On sait secrètement que ce sera notre dernière fois. Alors on prend notre temps, et cette langueur en est que plus délectable. Mes jambes entremêlées dans les siennes, son corps ondulant contre le mien. Je possède sa bouche, capte son souffle, caresse son corps.
Ce temps est le notre et nous formons qu’une seule entité.
C’est notre dernière nuit de paix, car demain, ce sera l’apocalypse.
***_***
C’est l’apocalypse.
Une vingtaine de corps tremblent sur le sol et me procurent une jouissance infinie. Les sacs remplient de frics trônent à mes pieds, et Glycérine contre moi… qu’elle est belle ! On est plein aux as. De quoi se prendre une petite retraite anticipée. Faut dire qu’on a tapé haut cette fois ! C’est la plus grande banque du pays ! Les vigiles se vident sur le sol. La liberté est là, devant nous, à quelques mètres, obstruée par une horde de flics armés jusqu’aux dents. Ils n’osent pas bouger. Que c’est bon d’avoir le pouvoir ! Ils ne veulent pas prendre de risques pour leurs petits otages !
Mon seul regret… non ! Je n’ai aucun regret !
Je tâte la ceinture d’explosifs attachée autour de mon buste, sous ma veste. Elle me rassure.
Puis je la regarde, Glycérine, comme toujours.
Toute ma vie dépend de la sienne. Elle est mon existence, mon oxygène. On se complète. Elle est ma lumière, et moi je suis sa part d’ombre.
Je l’ai aimée au premier regard, admirée à la première parole, vénérée au premier baiser.
Que faire ? Sortir et mourir ou rester et sauter ? Transformant ainsi nos corps en un seul amas de chairs sanguinolent. Je ressers mon étreinte. Il faut bien que l’explosion se passe. Glycérine lit dans mes pensées et se serre contre moi. Ma guerrière est soudainement anxieuse. Je n’aime pas ça…
Alors pourquoi l’entraînes-tu dans tout ça ?
Tait-toi conscience ! La ferme ! C’est pas le moment, non du tout même ! Il me faut être lucide.
Ce n’est jamais le moment avec toi ! Et pourtant, ce n’est pas la première fois que tu te poses cette question.
Mais ta gueule !
Il est déjà trop tard. On a commis l’erreur fatale. Au premier regard, elle m’a aimé, maudit, elle va mourir.
Par ma faute. Par mon égoïsme.
Parce que je l’ai dans la peau, et où que j’aille, elle ira.
Fais chier ! Des points rouges sillonnent l’open-space de la banque. C’est pas bon signe, ça veut dire que ça va bouger de l’autre côté de la vitre et que les flics vont tirer.
L’attaque va pas faire long feu.
Glycérine est pleine de surprise. Elle a l’air soudainement sûre d’elle, comme si elle venait de prendre conscience de quelque chose. Je le vois, je le sens au plus profond de mes tripes.
Elle m’embrasse comme un soldat s’en va en guerre. C’est doux, c’est chaud et je ne veux pas que ça cesse.
- Serre-moi dans tes bras.
Je m’exécute. Ses désirs sont des ordres. Elle ouvre le pan de ma veste et prend la télécommande des explosifs dans sa main. Je la redécouvre. Ses beaux yeux mordorés brillent de malice, ressortant de sa crinière auburn en cascade et de sa peau diaphane, sans imperfections… Ma poupée de lait, ma princesse.
Je ne peux pas lui faire ça.
Elle doit vivre et être heureuse. Pour elle. Pour moi. Je suis persuadé qu’elle s’en sortira.
- Pars et vis.
- Si je pars, je suis condamnée. Tu es ma vie, je suis la tienne. Ensemble, jusqu’à la fin.
Pauvre folle ! Oh merci à toutes les divinités d’avoir mis votre enfant sur mon chemin.
- Je suis Clyde.
- Je suis ta Bonnie.
- Tu es Glycérine.
- Et toi Nitrate.
- Ne me laisse pas mourir seul.
- Jamais. Je veux exploser avec toi.
- Un dernier orgasme.
- A très vite mon amour.
Je tiens la télécommande avec elle. Mon pouce et le sien, sur le bouton rouge fatal.
Je l’embrasse une dernière fois.
- Je t’aime William.
- Je t’aime Amélia.
Clic…
L’avenir décide du reste.
Quelques fautes ici et là, si ça t'intéresse, je peux te les envoyer par mail quand j'aurai deux minutes. :)
a l'origine c'est une fanfiction que j'ai réécrite en changeant tous les personnages un peu comme Will you be. C'est mon truc du moment ça ^^