Chapitre 1

Notes de l’auteur : Bienvenue sur le premier chapitre de ce roman !
J'ai choisi de les faire d'une taille moyenne que l'on peut trouver en librairie, toutefois cela peut-être relativement lourd à lire sur un écran. Je suis ouverte à séparer mes prochains chapitres en plusieurs parties si vous préférez.
Il est à noter que je vise un public âgé entre 16 et 30 ans, ayant moi-même tout juste 18 ans. Merci pour vos futurs retours !


— Beverly Wranmaer.  


Eh merde.  


Mon cœur manque un battement quand la voix de l’Appeleur annonce mon nom. Je suis le premier nom de cette foutue liste, le premier visage que les cent personnes massées devant l’obélisque retiendront. Autour de moi, on cherche cette Beverly Wranmaer, une inconnue pour eux, et un murmure parcourt la foule. Je grimace.  


Tous sont des aristocrates, des familles pleines de fric qui se connaissent parfaitement entre elles. Alors, entendre un nom qui leur est inconnu ne peut signifier que deux choses : soit je suis une étrangère, soit du bas-peuple. Dans les deux cas, ils me méprisent déjà.  


Je prends une profonde inspiration et commence à jouer des coudes pour me frayer un chemin à travers la foule qui me sépare de l’obélisque. Chaque regard posé sur moi déborde de mépris, parfois même de dégoût. Je les emmerde. J’ai le droit d’être ici.  


Je serre les doigts autour de mon col, maintenant ma capuche en place, et je baisse les yeux. Mon cœur tambourine contre ma poitrine, mais je continue d’avancer.  


Les marches de marbre qui mènent à la haute flèche blanche et scintillante apparaissent enfin. Les jambes tremblantes, je les gravis une à une, sentant le poids des regards rivés sur moi. L’Appeleur, cet homme vêtu de noir qui se découpe fièrement devant l’obélisque, me toise lui aussi.  


Arrivée à sa hauteur, je m’arrête et tends la main, priant pour qu’il ne remarque pas son léger tremblement. Un silence pesant s’installe, s’étirant au fil des secondes. Je sens mon corps se raidir sous la tension. Finalement, l’Appeleur prend la parole.  


— Tu n’es pas une Haut-Sang, lâche-t-il, son dédain suintant dans chaque syllabe.  


Je déglutis et me fais violence pour ne pas laisser ma peur transparaître dans ma voix.

 
— Non, en effet.  


Je me force à affronter son regard. Ses yeux gris percent les miens avec une intensité glaciale. À côté de son imposante carrure, je me sens minuscule, un sentiment auquel je ne suis pas habituée du haut de mon mètre soixante-dix.  


Les lèvres de l’Appeleur se pincent.  


— L’Académie est exclusivement réservée aux Haut-Sang, siffle-t-il.  


Je m’efforce de rester impassible, maîtrisant chaque muscle de mon visage pour ne rien laisser paraître.  

— D’après l’Article 6 de l’Académie, l’Art ne fait pas de distinction, récité-je avec une pointe de fierté. Seul le talent décide de notre place. Aucune règle n’impose un rang social pour accéder à cette éducation. La seule exigence est la sensibilité à l’Art. Le reste n’est qu’une tradition ancrée dans les esprits, et les frais de l’Académie de Solace se sont adaptés au statut de ses élèves.  


Le visage de l’Appeleur se durcit. Il est furieux. Et je peux comprendre pourquoi.  


L’Académie de Solace est une école où l’on forme secrètement des Mages, des Prêtres et des Combattants depuis des décennies. Secrète, car l’Art — ou magie — est supposé être banni depuis le Désastre de Néfistos, une guerre sanguinaire qui a bien failli rayer notre empire de la carte.


Toute personne testée sensible à l’Art lors de l’Examen est immédiatement condamnée à mort. Ou du moins, c’est ce que l’Empire raconte aux familles des victimes. En réalité, elles sont envoyées ici, à l’Académie de Solace, pour être formées, et leur famille reçoit une somme colossale en compensation.


Sauf que l’Art est réputé pour ne se manifester que chez les descendants d’une lignée pure. Des Haut-Sang. Toujours des nobles. Jamais dans le Bas-Peuple.


Le fait que personne ici ne connaisse mon nom vient d’ébranler leur précieuse fierté et leur sentiment de supériorité. Cela brise un mythe et met en danger l’équilibre fragile de leur hiérarchie. Ma présence ici menace toutes les familles de haut rang. Car si une Bas-Rang comme moi est sensible à l’Art, alors n’importe qui peut l’être.


Pire encore, si ma famille a touché une petite fortune grâce à moi, alors d’autres familles modestes pourraient espérer la même chose. Et si l’Académie n’est plus un privilège réservé aux nobles, c’est toute leur structure sociale qui vacille.


Mais ce n’est pas tout. Je suis aussi une menace pour leurs héritiers, ceux qui visent un poste à la cour de l’Empereur. Je dérange leur petit confort. Et leur hostilité me dégoûte.
Nous nous jaugeons du regard, l’Appeleur et moi. Je serre les poings, tentant en vain de calmer les battements furieux de mon cœur. Toute l’assemblée retient son souffle.


— Espèce de… commence l’homme.


— Assez, Bralbard.


La voix éraillée résonne derrière lui, tranchante comme une lame bien aiguisée.


Derrière la flèche de marbre, une femme d’un certain âge descend lentement vers nous, d’une démarche étonnamment assurée pour quelqu’un de son âge. Ses traits sont secs, ses cheveux argentés tirés en un chignon strict à l’arrière de son crâne. Elle est voûtée, drapée d’une longue robe grise ornée de motifs à peine perceptibles.
Je ne peux m’empêcher de la comparer aux crevettes grises qu’on trouve en bord de côte.


Munie d’une canne, elle pousse Bralbard de son extrémité et avance à petits pas vers moi. Ce n’est que lorsqu’elle est assez proche que je réalise qu’elle est aveugle.
D’un geste sec, la vieille femme tend la main et attrape mon visage, me pinçant les joues comme si elle testait la fermeté d’un fruit. Après un instant de réflexion, elle se tourne vers l’Appeleur, désormais figé.


— Cette jeune fille aurait-elle quelque chose de défectueux, Bralbard ?


Soudainement mal à l’aise, l’homme bégaye :


— Non, Lady Mirya… mais… mais ce n’est pas une Haut-Sang, souffle-t-il précipitamment.


Lady Mirya fait claquer son bâton sur le sol en marbre. Le bruit résonne dans l’assemblée, qui reste muette.


— Il me semble pourtant bien voir la marque de l’Art, Appeleur, accuse la vieille dame. En quel honneur devrions-nous la refuser dans notre Académie ?


Bralbard me jette un regard noir auquel je réponds par un léger sourire.


Lady Mirya se tourne de nouveau vers moi et me scrute de ses yeux voilés. Je pourrais jurer qu’elle voit plus qu’elle ne le laisse paraître, et cette pensée me dérange profondément.


— Tu peux monter jusqu’à la cour de l’Académie. Lorsque les autres te rejoindront, nous vous classerons par dortoir, m’annonce-t-elle d’une voix plus douce.


Je souffle un « merci » avant de poursuivre mon ascension, soulagée d’avoir trouvé un peu de douceur dans ce monde.


J’ignore combien de marches je grimpe, mais lorsque je me retourne en arrivant tout en haut, l’Appeleur et Lady Mirya ne sont plus que deux silhouettes floues. Essoufflée, je lève les yeux vers ce qui se dresse devant moi, et mon cœur manque un battement.


Un immense bâtiment aux traits gothiques perce les nuages noirs de ses tours menaçantes. Les gargouilles aux expressions horrifiées me donnent froid dans le dos. Rien ici n’est accueillant, et tout me pousse à fuir dans la direction opposée.


Et je vais passer les quatre prochaines années de ma vie ici. Génial.


Je soupire. Impossible de faire machine arrière maintenant. Alors, je franchis les hautes portes noires et dorées et pénètre dans une cour aux proportions aussi démesurées que le reste.
L’endroit empeste l’Art. Rien n’est naturel. Les plantes forment des motifs trop précis pour qu’une main humaine ait pu les tailler ainsi. En arpentant les allées couvertes d’un sable immaculé, j’observe des fleurs créées de toutes pièces. Une sorte de rose pourpre, saupoudrée de taches d’or, bat au rythme d’un cœur. De quel cœur s’agit-il ?


Des voix me tirent de mes pensées. Les autres élèves sont arrivés. Préférant rester discrète, je me glisse derrière eux.


Bientôt, la cour est remplie d’une centaine de jeunes, et un brouhaha constant s’élève dans les airs. Certains élèves, excités, ont les yeux brillants d’impatience, tandis que d’autres se retiennent de pleurer.


La majorité des présents sont des garçons. Une douzaine de filles se tiennent à l’écart, piaillant et poussant des petits cris effarouchés. La noblesse féminine me désespère. Quant aux garçons, s’ils semblent plus calmes, leurs yeux ronds trahissent leur manque de cervelle.


Un énième soupir m’échappe, et je lève les yeux au ciel.


— Salut.


Surprise, je tourne la tête vers le jeune homme qui s’est approché par ma droite sans que je m’en aperçoive. Grand, blond aux yeux bleus et d’une carrure athlétique, il me tend la main avec un sourire amical.


Son blason en forme de cerf me suffit pour savoir qui il est.


Kaeton Hupmal.


Fils unique d’une famille aristocratique réputée pour la qualité de son vin et ses vastes hectares de chasse. Par politesse, j’accepte de serrer la main qu’il me tend, mais je ne réponds pas à son salut. Il pouffe.


— Pas du genre bavarde, hein ? conclut-il. Relax, je ne te veux aucun mal.


Facile à dire, difficile à croire. Je reste muette.


— Je ne peux pas en dire autant d’eux, souffle-t-il en désignant un groupe de quatre hommes.


Je suis son regard et je n’ai d’autre choix que d’admettre qu’il a raison. Chacun d’eux me dévisage avec une haine qu’ils ne cherchent même pas à masquer. Mon pouls s’accélère, alors je détourne les yeux et fixe un autre point dans la foule.


— Je n’aurais jamais cru qu’il y avait autant d’enfants de Haut-Sang, continue Kaeton en balayant l’assemblée du regard.


C’est parce qu’il n’y a qu’une dizaine de familles Haut-Sang à la cour. Les autres restent en province à gérer leurs affaires avec le monde extérieur. Alors, on ne retient que ceux dont parle l’Empereur. Après tout, sa parole fait loi. Les autres ne sont que des accessoires.


Cette simple pensée me laisse un goût de bile dans la bouche. Je serre la mâchoire.


Kaeton finit par se taire, comprenant probablement que je ne dirai rien de plus. Pourtant, il reste à mes côtés, l’air nonchalant.


Finalement, après quelques minutes d’attente, les lourdes portes d’ébène de l’Académie s’ouvrent dans un grincement. Trois personnes s’avancent.


La première est une femme d’une vingtaine d’années, probablement en troisième année. Ses cheveux sont coupés à la garçonne et ses yeux verts vifs nous passent en revue. À sa droite, un homme plus petit qu’elle, brun, affiche un sourire chatoyant. Il nous adresse un clin d’œil qui se veut rassurant.


Le dernier d’entre eux me glace le sang.


Je me fige.


Il est grand, et les muscles de son corps sont finement dessinés sous les vêtements de cuir noir qu’ils portent tous. Ses cheveux sont presque noirs, mais ses yeux le sont entièrement.
Mon regard tombe sur la marque dans son cou, et mon estomac se noue violemment.


Une marque de chasseur.


Mais pas n’importe laquelle.


Celle d’un chasseur de dragons.


Merde.


C’est un Altearos. Un putain de membre de l’Ordre du Feu Purifié, issu de ceux qui ont massacré les derniers dragons il y a quarante ans.


Je baisse aussitôt les yeux.


À côté de moi, Kaeton pousse un soupir admiratif.


— C’est Aiden Altearos, me glisse-t-il, les yeux écarquillés. Je ne savais pas qu’il était dans cette école.


Aiden.


C’est ça.


Le fils du couple Altearos, récompensé par l’Empereur lui-même pour leurs services durant le Désastre de Néfistos.


— On raconte que c’est son père qui a tué le Dernier Dragon, souffle Kaeton. Celui qui a assassiné sa mère et son frère, Jacqob.


J’ai envie de lui dire de la fermer. Je sais ce que sa famille a fait. Je le sais trop bien.


Chaque mot sur lui ne fait qu’empirer mon état nauséeux.


Je dois reprendre mon souffle. Faire comme si tout allait bien. Comme si je ne connaissais rien de lui.


— Ça va ? s’enquiert Kaeton en se penchant vers moi.


Il sent le jasmin.


Je chasse immédiatement cette pensée et hoche la tête. Il jette un regard suspicieux à Aiden avant de hausser les épaules.


— C’est vrai qu’il est vachement beau, lâche-t-il. Normal qu’il te fasse de l’effet.


Je me retiens de lui casser le nez.


À la place, je lui jette un regard noir.


Je culpabilise aussitôt en voyant la peine passer dans ses yeux bleus.


Merde. Il est mignon.


On me tire brusquement de mes pensées.


La première élève à être entrée se racle la gorge et prend la parole d’une voix étonnamment forte.


Amplifiée avec de l’Art.


— Bienvenue à l’Académie de Solace ! dit-elle avec un léger sourire. Si vous êtes ici aujourd’hui, c’est parce que lors de votre Examen, vous avez été jugés sensibles à l’Art.


Un murmure de fierté parcourt l’assemblée.


— Toutefois, continue-t-elle d’une voix plus sombre, cela ne signifie pas que vous êtes capables de le manipuler. C’est pourquoi vous vous confronterez à plusieurs épreuves durant cette année scolaire, chacune régie par des règles très strictes. Si vous êtes jugés inaptes lors de ces épreuves, vous le paierez de votre vie.


Un silence de mort s’abat sur la salle. Aiden s’adosse à la porte, impassible. J’évite désespérément de poser les yeux sur lui, voire même sur sa botte.


— Tout au long de cette année, vous serez continuellement en compétition. Les places dans la cour sont limitées et précieuses. Seuls les plus forts et courageux d’entre vous y parviendront. Ici, c’est tuer ou être tué.


La violence de l’Académie me frappe en plein fouet. Moi qui pensais que les Artistes étaient rares et précieux, je me trompais totalement. L’Académie n’existe que pour nous tester et éliminer les plus faibles. Sympa. Même Kaeton, à côté de moi, ne dit plus rien.


La femme reprend la parole :


— Nous allons donc vous répartir par dortoir. Ce sera votre équipe pour le reste de votre scolarité ici. Vous ne pouvez pas vous assassiner entre vous, ajoute-t-elle d’une voix blasée, comme si cela n’avait aucune importance.


Parce qu’on peut s’entretuer ?


La peur me tord l’estomac, et je ne suis visiblement pas la seule. Un nouvel élève pousse un cri et détale vers les escaliers de marbre. À peine franchit-il la porte noire et dorée qu’un craquement sonore résonne dans toute la vallée. Le jeune homme s’effondre brusquement, la nuque brisée.


Plusieurs élèves hurlent et pleurent. Kaeton et moi restons bouche bée devant le cadavre du Haut-Sang. Nous échangeons un regard. Notre vie, quel que soit notre rang, ne tient qu’à un fil. Ce sont eux qui détiennent désormais le pouvoir.


— On se calme, tonne la supposée troisième année. Comme vous le voyez, l’enceinte de l’Académie est protégée par un champ magique. Vous ne pouvez en sortir qu’avec une autorisation de la directrice et pour des cas exceptionnels.


Elle marque une pause, savourant visiblement les regards horrifiés des nouveaux élèves.


— Les règles de l’Académie sont barbares, et vous comprendrez vite pourquoi, poursuit-elle. Toutefois, ce lieu vous changera et révélera votre vraie nature. Enfin, si vous survivez, bien évidemment.


En résumé, je suis coincée dans cette prison, aux règles brutales et sanguinaires, entourée de personnes qui me considèrent comme une menace. Mes chances de survie s’amenuisent.
Notre oratrice reprend la parole et commence à nous classer par dortoir. Je suis dans le troisième, avec dix autres camarades, dont Kaeton. Nous nous regroupons en attendant que les autres dortoirs soient désignés.


— Aiden sera le chef du dortoir numéro trois, annonce finalement la femme aux cheveux courts.


Je déglutis, et mon cœur se met à battre aussi vite que les ailes d’un colibri. Sur onze dortoirs, il fallait que ce soit lui, mon chef de dortoir.


Putain.


Pour me changer les idées, j’observe les autres membres de mon groupe. Nous ne sommes que deux filles. L’autre est de ma taille, avec des cheveux bleu foncé, presque noirs, et de jolis yeux noisette. Quand elle croise mon regard, elle me sourit timidement. L’écusson du cygne sur son épaule m’indique qu’elle fait partie de la maison des Cylus, connue pour ses parfums haut de gamme. Contrairement aux autres filles que j’ai aperçues, elle est discrète, mais son regard vif inspecte tout ce qui l’entoure.


Les autres sont des hommes. L’un a la voix bourrue et une carrure de buffle. Un autre, frêle, tremble comme une feuille. Aucun ne retient vraiment mon attention.


La Cylus s’approche timidement de moi.


— Bonjour, murmure-t-elle. Je m’appelle Cyndra. Et toi ?


Malgré son ton timide, elle soutient fièrement mon regard. Kaeton s’avance et lui sourit largement.


— Tu es la première à me le demander, figure-toi, siffle-t-il, comme un reproche à mon égard. Je m’appelle Kaeton, de la maison Hupmal.


Je ne prends pas la peine de lui dire que je savais déjà qui il était.


Cyndra lui adresse un petit sourire poli avant de reporter son attention sur moi.


— Et toi, tu es Beverly, si j’ai bien retenu ?


J’hoche la tête. Tous ont mémorisé mon nom.


— D’où viens-tu ? demande-t-elle avec une curiosité non feinte.


J’inspire profondément.


— D’une petite ferme au sud du Lac Saphiré, réponds-je.


Kaeton me lance un regard noir, vexé que je lui aie caché cette information.


— Et pourquoi l’Art s’est-il déclenché chez toi ? Je croyais que ce n’était réservé qu’aux lignées pures, continue Cyndra.


— Pourquoi pas ? marmonné-je en haussant les épaules. Je n’en sais rien, et je n’ai rien demandé à personne.


Je touche le petit anneau bleu sur le haut de mon oreille droite. Nous avons tous ce bijou. Il prouve notre sensibilité à l’Art. Sinon, il deviendrait noir.


— Je parie que c’est un faux, s’esclaffe le taureau derrière nous. Elle a forcément triché, et maintenant qu’elle est ici, elle ne peut plus faire marche arrière. Elle va… mourir…


Sa voix siffle à mes oreilles et je vois rouge.


— Pourquoi aurais-je menti lors de l’Examen alors que je pensais mourir si l’Art se manifestait en moi ?


Il claque la langue et ricane.


— Pour débarrasser ta famille d’un poids mort, qui sait ?


Mon sang ne fait qu’un tour, et je me retiens de lui sauter dessus. Soudain, ma peau picote. Aiden s’approche de nous, le visage sombre.


— Vous avez fini de rire ? gronde-t-il.


Plus personne n’ose prononcer un mot. Nous attendons ses ordres comme de bons petits soldats.


— Je vais vous emmener à votre dortoir, annonce-t-il, visiblement ennuyé. Ensuite, vous irez manger. Un premier entraînement suivra. Je vous conseille de ne pas trop manger… à moins que vous ne vouliez vomir vos tripes sur le tapis.


Il hausse les épaules et s’enfonce dans le couloir. Kaeton et Cyndra le suivent. Je reste légèrement en retrait. L’homme-taureau me bouscule d’un coup d’épaule, un sourire railleur aux lèvres.


Qu’ils me prennent pour une moins que rien… Parfait.


Il faut qu’ils me voient ainsi. Ils ne doivent rien savoir.


Rien.


Je dois oublier qui je suis.


Je dois oublier que je suis la fille de l’Empereur.

 

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ZAODJA
Posté le 05/02/2025
Salutations,

Je suis le premier à te laisser un commentaire, il faut qu’il soit à la mesure de ton travail.

Premièrement, wow, j’ai lu ton texte d’une seule traite. J’aurais aimé avoir ton talent à mes 18 ans ! Je suis bluffé !

Ton premier chapitre est excellent à mes yeux, bien ficelé. Avec une sacrée bombe à la fin, du genre « il est ou le deuxième chapitre ?».

Ton récit est fluide, pas de longues phrases. Franchement, tu as un vrai don pour l’écriture. Bravo !

Bonne continuation et à bientôt,

Zao
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