Chapitre 1

Notes de l’auteur : “D'une rencontre pourrait naître une autre vie.”
Vincent Thomas Rey
  • Anna, attends ! Cria Noah.

Je continuais d’avancer jusqu’à l’ascenseur, ignorant sa voix. Je ne voulais rien entendre, la douleur montait un peu plus à chaque instant et mes larmes menaient de tomber mais devant lui, jamais. Jamais je ne le laisserai voir le mal qu’il m’avait fait. Avant sa mort, mon père me répétait toujours de ne jamais montrer mes faiblesses face à mes ennemies, je devais garder mes larmes, penser à la haine que je ressentais et la laisser jaillir sur mon visage et à travers mes yeux. 

Quand Noah m’attrapa le bras, il eut un hoquet de surprise me relâchant presque immédiatement lorsqu’il croisa mon regard. Ma haine et mon dégoût étaient visibles. 

  • Anna, s’il te plait, écoute-moi, implora Noah. 
  • T’écoutais ? Pourquoi devrais-je t'écouter ? Tu vas m’expliquer comment tu m’as trompé ? Comment cette pétasse s’est retrouvée sur ta bite ?  Tu veux vraiment que je t'écoute.
  • Ce n’est pas ce que tu crois, elle n’est rien pour moi. Je t’aime bébé. 
  • Noah… soupirais-je en secouant la tête. Tu ne comprends pas qu’à l’instant où l’on se parle, la seule chose que je désire c’est te tuer. Alors sois-tu me laisses partir, soit je te tue. A toi de choisir. 

Noah recula d’un pas, comprenant que je ne rigolais plus. Noah connaissait mon passé et il savait ce que j’étais capable de faire. Je saisis ma valise et je partis, cette fois-ci Noah ne me courut pas après me laissant le quitter. 

Lorsqu’enfin je fus sorti de son immeuble, les larmes commencèrent à couler à flot me consumant un peu plus à chaque pas que je faisais pour m’éloigner de lui. 

Je marchais dans la rue en pleurant tirant ma valise. La rue était bondée, les individus se pressaient dans tous les sens, certains au téléphone d’autres avec un café à la main. On avait l’impression de se retrouver dans Gossip Girl sauf cette fois-ci c’était ma réalité. J’étais seule dans une ville que je ne connaissais pas, sans argent et sans logement. J’avais l’impression de me retomber cinq ans en arrière quand j’ai fui Chicago pour venir à Dallas. J'étais perdu et désemparé livré à moi-même encore. 

 

              Déambulant dans les rues de New York, mon ventre finit par gargouiller réclamant quelque chose à manger. Je me rendis dans le premier café que je trouvais. Alors que j’ouvrais la porte, une délicieuse odeur de café similaire me frappa aussitôt accompagnée d’une douce odeur de gâteaux. Mon ventre répondit à cet accueil enveloppant. Je m'avançai et observais autour de moi. Le café était assez moderne avec des peintures dans les tons bleu paon et de jaune miel. Le lieu semblait chaleureux et agréable. Je me rendis au comptoir pour commander quelque chose mais en lisant le menu, je me rendis compte qu’avec le peu d’argent qu’il me restait, je ne pouvais pas commander grand-chose d’autre qu’un café et un cookie. Je commandais et partis m’installer à une table. La serveuse me rejoint quelques instants plus tard et me déposa ma commande avant de reprendre son travail. J’observais la salle analyser les personnes qui m'entouraient, essayant de deviner leur métier, leur vie ou encore ce qu’ils pensaient. J'ai commencé mon observation par un groupe de jeunes filles. Toutes avaient un téléphone et par rapport à leur taille, je pouvais deviner qu’elles étaient au lycée. Elles rigolaient en faisant des messes basses, je supposais qu’elles devaient discuter de garçons. Je fis pareil en observant plusieurs tables jusqu’à ce que je tombe sur une table à l’écart. Je ne l’avais pas vu avant. Je commençai à regarder plus attentivement, il y avait trois garçons et une jeune fille, ils devaient avoir à peu près le même âge. La jeune fille avait de long cheveux blond bouclé et un visage doux, elle souriait aux hommes en face d’elle. Deux autres garçons avaient également des cheveux blonds comme la jeune fille, ils avaient de larges épaules et une carrure athlétique. Quand je me décidai à regarder le dernier des garçons, celui-ci me regardait droit dans les yeux sans se cacher. Son regard était dur et froid, il se tenait à côté de la jeune fille, elle qui ressemblait à un rayon de soleil à coté, il semblait si sombre vêtu tout de noir avec ses cheveux blonds et ses yeux sombres. On avait l’impression de voir un démon à côté d’un ange tellement le contraste était important. Je détournais le regard et je fis mine de regarder ailleurs mais malgré cela je pouvais sentir son regard lourd sur moi. Je me sentais de plus en plus mal à l’aise. Je le regardais à nouveau et cette fois-ci toute la tablée me fixait. Quatre paires d’yeux me détaillaient de haut en bas. Mon malaise grandissait un peu plus. D’habitude quand les personnes se rendaient compte que je les regardais elles détournaient le regard m’ignorant mais eux non. Le temps semblait s’être arrêté, fixant le moment présent juste pour nous car le monde autour ne semblait pas être témoin de ce qu’il se passait. Je passais mon regard d’une personne à une autre mais je ne pouvais pas m'empêcher de revenir vers lui, quelque chose en lui m’attirait. 

                On continuait de se fixer comme des animaux en cage alors j'ai pris la décision de cesser ce duel de regard. Je n’avais pas de compte à leur rendre, je pris mes affaires et me dirigeais vers la sortie du café. Alors que je passais à côté d’eux, le jeune homme se leva brusquement et m’attrapa le bras avant de me tirer vers lui. Je me retrouvais face à lui, beaucoup trop prêt à mon goût, je pouvais sentir son souffle sur mes lèvres. L’homme me lança un regard froid, il s’attendait peut-être à ce que je baisse les yeux mais je ne lui donnerai pas cette satisfaction même si l’angoisse montait en moi. 

  • Je ne sais pas qui tu es mais tu devrais apprendre à baisser les yeux, ordonna-t-il. 

Je compris aussitôt, il marquait son territoire, encore un gosse de riche qui se croyait tout permis. Je me redressais face à lui, me tenant droite malgré sa main sur mon bras. Je sortis mon sourire le plus méprisant et confiant, celui qui faisait fuir les ennemies autrefois. 

  • Mon chéri, sache une chose, je ne baisse jamais les yeux, répondis-je. 

Son visage passa de la colère à la surprise aussitôt, cet homme n’avait pas l’habitude que l’on lui tienne tête, cela se voyait à sa réaction. 

  • Tu as perdu ta langue, chéri ? demandais-je sarcatissement. 

Ma question le fit sortir de sa torpeur. Il affiche un sourire si magnifique et envoutant que si ce n’était pas un idiot fini, je l’aurai embrassé sur le coup. Oui, je craignais pour lui totalement. 

  • Tu es du coin ?  Demanda une voix féminine derrière nous. 

Je m’écartais du jeune homme et je m'aperçus que c’était la jeune fille qui me parlait. 

  • Non, je viens d’arriver, répondis-je simplement. 
  • Tu es venue pour l’université ? 
  • Oui. 

Je ne voulais pas risquer d’en dire trop, je préférais rester discrète. 

  • Laquelle ? Nous sommes à Columbia. 
  • Alors on va être amené à se revoir, lançais-je en regardant le jeune homme. 
  • Tu as un logement, on a encore une chambre de libre chez nous ? 
  • Charlotte !  Crièrent les trois garçons en cœur. 

Je les observais tous, ils étaient clairs qu’ils devaient être frères et sœurs, ils se ressemblaient trop. 

  • Quoi ? Elle a l’air cool et n’a pas peur de Mickaël, on cherchait un ou une coloc, elle est parfaite. 
  • Charlotte, tu ne peux pas proposer au premier inconnu de vivre avec nous. 
  • Pourquoi pas ? 

Ils discutaient ensemble comme si je n’existais pas, cela avait le don de m’agacer mais je cherchais un logement donc cela pouvait être parfait pour moi surtout que j’allais pouvoir faire chier ce Michael mais je n’avais pas d’argent, je ne pouvais pas prendre un logement. 

  • C’est très gentil mais je dois refuser la proposition. 
  • Vraiment ? 
  • Oui, merci encore. 

Je ne lui laissais pas le temps de répondre que je franchis la porte du café en tirant ma valise derrière moi. A l’aide du GPS de mon téléphone, je pus me rendre jusqu’à l’université pour récupérer mes manuels et mon emploi du temps, les cours commençaient dans deux jours. Je profitais de l’occasion pour demander si je pouvais avoir une chambre mais sans grand étonnement, on me refusa une chambre universitaire. Je devais impérativement trouver un travail, je pouvais rester quelques nuits dehors, cela ne serait pas la première fois mais je ne pouvais pas rester dehors indéfiniment. Je continuais de déambuler de commerces en commerces, cherchant désespérément un emploi désespérément mais personne ne souhaitait engager quelqu’un dans la rue, ils me prenaient tous pour un toxico ou une alcoolique cherchant de l'argent à voler. 

La nuit venait de tomber. Désespéré, je finis par m’installer sur un banc devant l’université, je sortis une bouteille d’eau et une barre céréales de mon sac et je dégustais mon dîner tout en observant les alentours.  Quand mon maigre repas fut fini, je sortis de ma valise un épais manteau avant de l'enfiler. J’installais mon sac à dos comme cousin, je passai mon bras dans le manche de ma valise pour éviter que l’on me la vole et je m’allongeai pour dormir. Le sommeil ne venait pas, j’étais sans cesse réveillé par le bruit de la rue, des passants mais je devais essayer de me reposer un peu. Alors que j’essayai de me rendormir, j’entendis des pas venir dans ma direction, je me relevai aussitôt et aperçut un individu venir vers moi. Je me redressai m'apprêtant à m’enfuir quand celui-ci cria : 

  • Attends, je suis Liam, on s’est rencontré au café tout à l’heure. 

Je me retournais pour le regarder et je parvins à reconnaître son visage malgré l’obscurité. Il s’approcha de moi doucement. 

  • Je peux savoir ce que tu fais là ? demanda-t-il. 

Je ne lui répondis pas, je regardais autour de moi, nous étions seuls. Je me soulageais un peu, personne ne saurait que j’ai dormi dehors hormis lui. C’est alors que je me rendis compte que ses frères et sa sœur le sauraient également, c’était sûr. 

  • Que fais-tu si tard sur ce banc ? demanda-t-il à nouveau en s’approchant de moi. 
  • Je… Rien, j’attendais quelqu’un, lançais-je. 
  • Ton nez va s'allonger Pinocchio. Ce n’est pas bien de mentir. 
  • Je ne sais pas de quoi tu parles, répondis-je en baissant les yeux.
  • Allez viens, lança-t-il en s’emparant de ma valise.

Je me précipitai derrière lui. 

  • Où vas-tu avec ma valise ? demandais-je
  • Je t’emmène chez nous, il est clair que tu n’as pas de logement et d’argent. Je refuse qu’une jeune fille dorme seule dans la rue, tu n’es pas en sécurité. 
  • Et chez toi, je le serai ? 
  • Plus qu’ici, en tout cas. 

Il n’avait pas tort et je ne disais pas non à un peu de confort et de sécurité. Nous marchâmes jusqu’au pied d’un immense immeuble, je paraissais si petit à côté de lui. Je devais me faire un torticolis si je voulais regarder le haut de la tour face à moi. 

Nous rentrâmes dans le bâtiment puis nous montâmes dans l’ascenseur qui s’ouvrit quelques instants plus tard sur un magnifique salon chic et moderne, le sol était en marbre, les canapés en cuir. Un lustre en cristal pendait au plafond. 

  • Mais vous êtes riches, lançais-je en me retournant face à Liam.
  • Nos parents le sont, répondit-il en souriant. Viens, je vais te montrer où tu peux dormir. 

Je le suivis au fond dans couloir, Liam ouvrit la porte sur une chambre simple mais magnifique et elle possédait sa propre salle de bain. Parfait ! Liam s'apprêtait à me laisser mais je devais lui demander quelque chose avant. 

  • Liam, est-ce que tu peux éviter de dire que je dormais sur un banc, s’il te plait. 
  • Je n’en parlerai pas mais si mes frères et ma sœur me demandent, je ne le cacherais pas. 
  • Tu ne peux pas éviter de leur en parler ? demandais-je. 
  • Non, aucun mensonge entre nous. 

Je soupirai et Liam ferma la porte. Je me retrouvais seule dans cette grande chambre. Je déposais mes affaires et je me rendis dans la salle de bain pour me laver. L’eau chaude me réchauffa, cela faisait du bien. Quand je fus enfin propre, j’enfilais un pyjama composé d’un short assez court qui laissait entrevoir le bas de mes fesses et d’un débardeur. L’ensemble était tellement confortable. Je me blottis ensuite dans les draps luxueux qui recouvraient le lit. Je me repassai la journée dans la tête, ma colère contre Noah ne me quittait pas, j’avais besoin de me défouler. Quand j’étais plus jeune, je passais mes nerfs dans la salle d'entraînement de mes parents mais aujourd’hui, je devais canaliser cette énergie si je voulais dormir. Au bout d’une heure, je ne pouvais pas dormir, je regardais mon téléphone, il était une heure du matin, le calme régnait dans l’appartement.  Je n’en pouvais plus, je devais bouger, faire quelque chose. La seule chose qui pourrait me calmer, c’est allé courir. J’avais l'habitude de ne pas dormir et de partir courir dans la nuit. Je me changeais et enfilais un short de sport, un débardeur et des baskets et je sortis discrètement de la chambre. Je m'avançais vers le salon, c’est alors que j'aperçus à travers les fenêtres, la ville de nuit remplie de lumière, la vue était magnifique. Aussitôt, la rage en moi se calma face à ce spectacle. Je m'approchais de la baie vitrée et je m’assis à même le sol en tenant mes genoux contre moi. Je me perdais dans la contemplation du paysage. Je posais ma tête sur mes genoux et je ne sais je finis par m’endormir ainsi.

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