08h47_
Les coquelicots, mélangés aux marguerites ainsi qu'aux fleurs des champs, dansaient joyeusement autour de moi. Leur senteur venait me frôler les narines, et apaiser mon corps. L'arbre contre lequel j'étais appuyée me gardait à l'ombre, et m'empêchait de succomber à la forte chaleur de ce mois de juin. L'écorce rugueuse et fraîche me tenais au frais. La fine brise naissante faisait tournoyer mes cheveux bruns autour de mon visage, et l'instant était si parfait que j'aurai voulu qu'il dure inlassablement.En poussant un petit soupir d'aise, je basculai ma tête contre le grand arbre, et fermai les yeux. Je me concentrai uniquement sur les chants des oiseaux, me créant une petite berceuse plus que plaisante. - Amélie. La voix masculine et rauque me paraissait toute proche. Elle était tellement douce qu'elle semblait être faite pour se mêler à l'ambiance environnante. Cette intonation m'était familière, aussi. J'avais l'impression de l'avoir toujours connue.J'ouvris légèrement les yeux. Maxime se tenait devant moi, esquissant un léger sourire sur ses lèvres pleines. Ses cheveux châtains trop longs flottaient au vent, et ses yeux émeraude semblaient briller de mille feux. Il avait bronzé depuis la dernière fois que je l'avais vu. Il semblait avoir prit quelques centimètres, aussi. Et pourtant, à mes souvenirs, il avait toujours été plus grand que moi. Et plus âgé, aussi. De deux ans seulement.Je refermai les yeux. Au bout de quelques secondes, le son de ses pas sur l'herbe fraîche me parvînt. Il s'approchait certainement. Je l'entendis soupirer, puis s'asseoir lentement à mes côtés. - Excuse-moi. Je ne répondis rien. Je restais muée dans mon silence, voulant m'accrocher à tout prix à mon moment de quiétude. Il dû le comprendre, puisqu'il ne continua pas.Trois ans. Je ne l'avais pas revu depuis trois ans. Il était parti, du jour au lendemain, sans même un au revoir. Cet homme, que je ne pouvais même pas nommer comme en tant qu'ami. Qui était-il réellement ? Je n'aurai pu répondre. Nous avions pourtant passé une année entière à parler, au pied de ce même arbre. De tout et de rien. Et souvent, nous nous contentions de ne rien dire, pour mieux écouter la vie, rayonnante dans cette prairie. Nous profitions. Et pourtant, nous nous connaissions ni d'Eve, ni d'Adam. Et il avait tout abandonné. Il m'avait abandonné.Je rouvris discrètement les yeux. Maxime était à ma droite, et fredonnait une mélodie. Il regardait obstinément au loin, et ses yeux semblaient perdus. Il avait pourtant l'air à l'aise, et tripotait du bout des doigts une marguerite, qui paraissait désormais unique pour lui. - Je comprends ton silence. Mais laisse-moi au moins m'expliquer. Je me renfrognai sur moi-même. S'expliquer, mais pour quoi ? Il n'avait aucun compte à me rendre. Et, je me devais de l'avouer, peu m'importais le pourquoi du comment. La raison de ma rancœur, n'était autre que sa disparition, en expulsant l'étape des adieux. Je lui en voulais de ne pas m'avoir dit au revoir, et d'être parti sans me le dire. Résultat, j'avais passé ces trois dernières années au pied de cet arbre, tous les jours, à me demander si il comptait rentrer un jour. L'idée qu'il revienne, et qu'il ne me voit pas dans la prairie, me terrorisait. J'avais eu peur qu'il craigne que je l'aie oublié. Depuis mes seize ans, je ne pensais qu'à lui, tous les jours. Et je ne me demandais pas la raison de son départ. Je me demandais pourquoi il m'avait abandonné ainsi.Mais aujourd'hui, maintenant, tout ce que je souhaitais, c'était le serrer dans mes bras, et profiter chaque jour de sa présence. Ma fierté cependant, m'empêchait de l'accepter aussi vite. Je me disais qu'après toute l'attente que j'avais fourni, il pouvait patienter quelques secondes.Qui durèrent une heure.Durant ces soixante minutes, j'avais gardé les yeux obstinément clos, et nous étions restés dans le silence le plus total. Sa respiration calme berçait mon cœur endolori, comme autrefois.Durant ces trois mille six cents secondes, nous nous étions contentés d'écouter la prairie en pleine animation d'été. Cela m'avais manqué.J'ouvris alors les yeux, puis regardai à mes côtés. Je rencontrai les yeux de Maxime. Il n'avait pas beaucoup changé, en toutes ces années. Il avait surtout gardé ses yeux, d'un vert émeraude chatoyant, nous berçant de toute la bonté du monde.Ses yeux aujourd'hui, semblaient heureux. Il savait qu'il avait gagné la partie. Qu'il lui suffisait d'un peu de patience, que je ne lui en voudrais pas infiniment. Et il avait raison. Je ne lui en voulais déjà plus. Mon petit organe vital semblait de nouveau en marche, et j'étais désormais d'humeur plus joyeuse qu'à l'accoutumé.Ses yeux se rembrunirent quelques instants, signe que la prochaine phrase qu'il allait prononcer, était quelque chose qui lui peinait. Qu'il en avait presque honte. - Je n'ai pas osé te dire mon départ. Amélie, tu es certainement la seule personne à qui je n'ai rien dis. Le fait de t'abandonner ici me tuait déjà. Te le dire, aurait été signer mon arrêt de mort. Je n'y arrivais pas. Et pourtant, je me disais que tu étais bien la seule méritant des explications. Et j'ai essayé de tout te dire. Mais au dernier moment, je me suis dégonflé. J'espère que tu m'excuseras. J'ai dû partir pour... Ma main sur sa bouche le stoppa. Il me regarda, les yeux surpris. - Tais-toi. Je me fiche de la raison de ton départ. Ce sont tes affaires, pas les miennes. Je t'en veux juste de ne pas m'avoir dis au revoir. Tu sais que j'ai passé ces trois dernières années à t'attendre ? Je laissai tomber ma main, puis le regardai. Il leva sa main, puis captura une larme sur ma joue. Je n'avais pas remarqué, que je pleurais. J'avais honte, de lui exposer ainsi ma faiblesse. Je baissai alors la tête, cachant ma vulnérabilité.Ses bras m'entourèrent presque instantanément. J'avais oublié à quel point la chaleur de son corps était réconfortante. Je m'abandonnai alors à son étreinte, séchant mes larmes sur son haut, et nichant ma tête dans son cou. Son odeur non plus n'avait pas changé : un mélange étrange entre la vanille et le muguet. - Tu pars plus ? Demandai-je, toujours dans ses bras.- Non. C'est promis.
C’est une jolie nouvelle romantique et pleine de douceur. On ne sait pas grand-chose au sujet des personnages, mais ce n’est pas important. C’est dommage que tu n’aies pas choisi un titre plus évocateur, plus attrayant.
À mon humble avis, il y a trop de virgules, ce qui hache un peu le texte. J’ai remarqué un tic d’écriture qui consiste à mettre systématiquement une virgule avant « et » quand il relie deux propositions. Tu as fait la même chose avec « aussi » dans deux phrases proches l’une de l’autre : ça donne une impression de répétition.<br /> Je trouve que ce récit contient les germes d’une histoire plus longue, que tu pourrais développer un jour.
Coquilles et remarques :
L'écorce rugueuse et fraîche me tenais au frais [tenait]
l'instant était si parfait que j'aurai voulu qu'il dure inlassablement [j’aurais / éternellement plutôt qu’inlassablement]
à mes souvenirs, il avait toujours été plus grand [dans mes souvenirs, d’après mes souvenirs]
Il semblait avoir prit quelques centimètres [pris]
le son de ses pas sur l'herbe fraîche me parvînt [parvint ; c’est le passé simple, pas le subjonctif imparfait]
Je restais muée dans mon silence [murée, peut-être ?]
Il dû le comprendre, puisqu'il ne continua pas [il dut ; à ne pas confondre avec « il a dû »]
que je ne pouvais même pas nommer comme en tant qu'ami [« comme en tant qu’ami » n’a pas de sens ; considérer comme un ami ?]
Qui était-il réellement ? Je n'aurai pu répondre [n’aurais ; c’est le conditionnel]
ni d'Eve, ni d'Adam [d’Ève ; l’Académie française recommande de mettre les accents sur les majuscules]
Il m'avait abandonné [abandonnée ; c’est Amélie qui s’exprime]
peu m'importais le pourquoi du comment [peu m’importait]
à me demander si il comptait rentrer un jour [s’il]
L'idée qu'il revienne, et qu'il ne me voit pas dans la prairie [qu’il ne me voie pas ; c’est le subjonctif présent]
Je me demandais pourquoi il m'avait abandonné ainsi [abandonnée ; c’est Amélie qui s’exprime]
qu'après toute l'attente que j'avais fourni [fournie (je ne pense pas que le verbe « fournir » soit adéquat ici) ; consentie, peut-être ?]
dans le silence le plus total [« le plus total » est redondant]
Cela m'avais manqué [m’avait]
Ses yeux aujourd'hui, semblaient heureux [il faut enlever cette virgule ou mettre « aujourd'hui » entre deux virgules]
que je ne lui en voudrais pas infiniment [indéfiniment]
d'humeur plus joyeuse qu'à l'accoutumé [à l’accoutumée]
signe que la prochaine phrase qu'il allait prononcer, était quelque chose qui lui peinait [il faut enlever la virgule ; elle sépare le verbe de son sujet / qui le peinait]
Je n'ai pas osé te dire mon départ [t’annoncer, plutôt]
la seule personne à qui je n'ai rien dis [dit]
Te le dire, aurait été signer mon arrêt de mort [il faut enlever la virgule ; elle sépare le verbe de son sujet]
de ne pas m'avoir dis au revoir [dit]
Je n'avais pas remarqué, que je pleurais [la virgule est de trop]
Tu pars plus ? Demandai-je [demandai-je ; il ne faut pas mettre de majuscule aux incises]