Chapitre 1

Mon corps était froid, je tremblais légèrement et mes yeux étaient humides. Le stress montait et faisait exploser mon cœur comme j’étais tant habitué lors de mes oraux, mes évaluations ou encore lorsque j'avais le pressentiment que quelque chose qui changerait le cours de ma vie allait se produire. J'avais souvent des bouffées de chaleur assez désagréable. Des sueurs froides les accompagnaient. Pour moi c'est un début de crise d'angoisse même si elles sont assez limitées. D'autres subissent bien pire. N'empêche, je sentais mon corps frissonner et grelotter sous ses 25° de ce mois de septembre. La seule source de chaleur était la main moite de mon amie qui pressait mes doigts avec force.

Je jetai un coup d'œil à Keshia. C'était sans doute l'amie la plus proche de moi niveau stress. Je pressai sa main. Son visage noir luisait au soleil ce qui ne l’empêchait pas d'être toujours aussi belle avec son visage bien dessiné et ses lèvres pulpeuses. Je tournais la tête pour regarder le reste de mon groupe d'amies. Des filles géniales et magnifiques à la foi sans gêne, calmes et intelligentes sans oublier la folie qui nous habite. Folie que l'on adore cultiver. Je croisais le regard d'Alice et souris à Nabila. Wanda, Leila, Dalila et Lise formaient un petit groupe compact pour seul but: se rassurer. Mes yeux dérivèrent vers les 200 autres élèves qui possédaient chacun une forme de stress retranscrit différemment selon la personnalité de l'adolescent. Je vis quelques groupes que je ne connaissais que de vue ou d'autres simplement de connaissance. Je croisai le regard dont j'étais tombé amoureuse il y a quelques années. Amour voué à l'échec, et amour qui m'avait appris que ce n'était pas de lui pour qui mon ventre papillonnait mais plutôt pour l'idée que je m'étais faite de sa personne . Et oui, c'est bien le problème quand on regorge d'imaginations, on regorge aussi d'illusions. Je détournai les yeux de ce passé à présent oublié. Ce fus le nez très légèrement aquilin, presque classique, du meilleur ami de Nathan – un de mes fidèles amis de classe- qui attira mon attention. Alexis. Il me paraissait calme contrairement au reste de ses camarades qui commençaient s'agiter. Je pense que c'était le groupe de garçon qui m'enviait le plus. Il y avait de tous les genres, des gamers, des sportifs, des lecteurs… Ils s'étaient tous retrouvés dans le même quartier et était dans le même collège. Ils n'avaient pas les même options langues et n'étaient donc pas dans la même classe, ce qui ne nous empêchait pas de les voir à chaque récréation en groupe dans la cour et à la cantine. Alexis tourna ses yeux bleus dans ma direction. Je plongeais mon regard dans le sien quelques secondes puis les rédigerait vers le point regardé par tous, incapable de soutenir ses yeux qui me faisaient palpiter. Je clignai des paupières : j' étais beaucoup trop sentimental : mon cœur était artichaut.

Un bruit strident retentit. Le bruit. Le bruit qui annonce le début. Un simple son qui nous fait tous monter sur nos grands chevaux. Je respirai profondément et la voie que j'entendais à la télé petite retentit de deux enceintes pour annoncer le début du jeu. Le présentateur ne se trouvait pas là mais dans une pièce du bâtiment qui nous faisait face. Les années qui précédaient celle-ci, nous attendions tous que l'émission commence pour que l'on se retrouve ensemble et que l'on s'installe sur le canapé ou à même le sol, captivé par les images qui défileront. Si seulement nous avions su que cette année se serait notre école et notre niveau qui serait sélectionné, notre joie n’aurait pas été si hardi.

« Bonjours à tous et à tout, petit et grand nous voici de retour pour le grand jeu Tiersbrigades après un peu plus d’un an de compétition pour de nouveaux candidats ! Comme vous le savez, nous avons sélectionné cet établissement et se niveau de 3ème après de nombreux tests. C'est donc l'école Falisse qui a été choisi. Ses élèves ont de grandes capacités et nous sommes tous certains que cette année nous serons tous simplement impressionnés, bien plus que les années précédentes ! Intelligence, logique, force, rapidité et de nombreuses autres qualités parcourent les jolis visages de ses adolescents. »

Il se tut. Nous nous regardâmes tous, emplis de nervosité. Peut-être que cela était censé nous rassuré, mais nous avions plus l'impression du contraire.

« Après 50 ans de pratique, mes chers téléspectateurs, vous connaissez tous les règles mais je vais les rappeler pour toutes pertes de mémoire ! Il y a exactement 198 élèves présents, 66 équipes de trois ont été formé de façon à ce qu’ils ne se connaissent pas. Elles seront annoncées dans quelques heures, lorsqu’ils seront arrivés à destination ! Au lieu de passer leurs week-end, leurs vacances et leurs nuits dans leurs maisons avec leurs familles ils seront dans le même appartement. Ils devront apprendre à se connaître et à s'apprécier. Ils s'affronteront lors d'épreuves et gagneront des points. Il y aura à chaque fin de semaines un bilan des points gagnés. Le dernier du classement sera éliminé et sera envoyé dans la ville qui abrite tous les candidats perdants depuis des années. Là-bas, ils apprendront de nombreuses choses et continuerons à développer notre ville du futur. Au bout de 66 semaines de compétition en tout genre et 8 semaines de repos, une équipe gagnante ressortira, et vous savez tous ce qu'ils deviendront : ils constitueront notre avenir. »

Le générique si connu retentit. J'imaginai mes parents, mon frère et ma sœur assis sur le canapé. Moi qui pensais que les larmes viendraient : mes yeux restèrent sec. Quand des hommes en vert nous emmenèrent dans 2 gros cars, j'entendis des sanglots jaillir de çà et là, chacun prenant conscience qu’ils ne reverraient jamais leurs parents. Que c’était finis. Lorsque nous les avions chacun quitté le matin même, personne n’avait mesuré l’impact qu’était cette cérémonie. Mais moi je n’avais pas pleuré et je ne pleurais pas. Le monde que je m’étais formé autour de moi avait beau s’effondrer, je ne pleurai pas. Pourtant je m’étais imaginé tant de fois cette nuit tomber dans les bras de mes amies sous le coup de la douleur. J’étais plutôt remplis d’assurance et je me sentais forte, capable de contrôler mes émotions, bien que ce n’était pas mon point fort.

Nous avancions tous ensembles, les nouveaux participants à ce jeu, avec tous une manière si différente de représenter notre ressentis en ce moment si important. Lise m’attrapa le bras avec force. Je tournais tête pour la regarder et vit les larmes ruisselées sur ses joues parsemées de bande de son. C’était la première à craquer de nous toutes. Ses yeux d’habitude si joyeux et brillant étaient à présent rouge et emplis de chagrins. Non. Ce n’était pas du chagrin, c’était du désespoir. Je la pris dans mes bras. Aucune de nous n’avais demandé à partir et à accomplir toute ses épreuves. Je la serrai fort et regardai au loin la foule d’élève qui marchait. Un regard bleu m’interpela. Son regard bleu. Il me contemplait, les yeux humides et je lui souris. Quand ses yeux se mirent à pétiller je pris conscience de l’initiative que je venais de prendre. Le rouge monta à mes joues et je relâchais Lise pour me placer à ses coté dos à Alexis.

- « Regardez ! » s’écria Wanda.

Nous nous tournâmes toute vers les deux gros cars qui se dressaient fasse à nous. Lise serra mon bras encore plus fort et Wanda s’approcha de nous.

- « hé, faut pas pleurer ma belle, on est ensemble: tout se passera bien, » murmura-t-elle.

J’avais toujours admiré cette fille à la carrure puissante. Elle faisait beaucoup de sport et je voyais ses muscles se dessiner sur son T-shirt. Wanda avait une ténacité d’enfer et je sentis tout de suite que Lise c’était légèrement calmer, rien que de petit mot susurré par cette fille sûre d’elle pouvait ramener à la confiance un bataillon entier.

Nous nous assîmes avec Lise vers le fond du bus. Je m’étais installé du coté fenêtre : cela me permettait d’imaginer et de penser plus qu’à l’accoutumé. Je sentis mon siège vibrer dès que le moteur ce lança. Pour une raison que j’ignore, nous passâmes devant presque tous les habitats des sélectionnées et j’entendais à chaque fois des sanglots jaillir de part et d’autre du cars. Mais personne ne se débattait pour descendre : quand l’on avait été choisis, on ne pouvait pas reculer. Quand je vis le trottoir que je foulais chaque matin et chaque soir pour me rendre au collège, mon cœur se pinça. Et quand je vis apparaître ma maison blanche mes yeux s’humidifièrent mais aucune larme ne coula. Nous quittâmes la ville sans que je ne pleure. J’étais bien la seule. Nous roulâmes pendant de longues heures et le bus monta sur un bateau quand nous fûmes au bassin d’Arcachon. Je connaissais un peu cet endroit. Ma famille et moi avions passé nos vacances d’été là-bas. J’avais adoré. Mais il n’y avait aucune joie dans mon cœur à revoir ce joli paysage aujourd’hui. Juste une peine qui grandissait éperdument. Ce fut quand je ne vis plus le territoire français, que les larmes coulèrent.