Chapitre 1

Quand l’année de ma 3e s’acheva, et que j’avais réussi avec brio mon brevet, ma famille décida d’organiser une petite fête. Il y avait ma mère Alice, mon père Nicolas, mon grand frère Zacharie et ma grande sœur Madeleine. Parmi nous, il y avait aussi deux invités que j’estimais énormément : le Père Grégoire du Mellier et ma meilleure amie Lucie. Bref, nous étions tous convenablement assis, à bavarder et à jacasser de tout et de rien. Du moins, c’était ce qu’ils faisaient eux : moi, je restais silencieuse et discrète. Je m’éloignais le plus loin possible de ces divertissements sans valeur.

À un moment donné, Lucie remarqua mon assiette : je n’avais que du pain, de l’huile d’olive et de l’eau, alors que ma mère avait préparé un gigantesque festin. 

— Mais meuf t’es pas sérieuse là ? Ta daronne fait un buffet à volonté et toi tu manges juste du pain et de l’huile ? T’es vraiment chelou toi, dit-elle d’une voix taquine

— Non, c’est juste que je me prive de tout ce dont j’ai pas besoin. Un peu de pain et un peu d’huile me suffit amplement pour servir Jésus, dis-je calmement

— Tu n’étais pas au courant Lucie ? dit ma sœur. Marie a décidé depuis peu d’embrasser à grand cœur la Croix. 

— Je m’éloigne de tout ce qui détourne notre regard de notre condition mortelle et de notre misère. On a pas besoin de beaucoup pour vivre : il faut juste assez pour pouvoir vivre pour le Seigneur, ajoutai-je.

— Mais qu’est-ce que tu racontes meuf ? J’avais remarqué que t’avais changée avant l’exam, mais nous fais pas ta sainte s’teu plaît.

— Non, je joue pas la sainte, je veux juste me consacrer à mon Seigneur Jésus-Christ et à notre sainte Église. C’est pour ça que je veux devenir bonne sœur, comme ma sœur, et que je ne me dérange plus des choses qui détournent de Dieu. 

Lucie n’en croyait pas ses oreilles. Elle me lança un regard qui semblait empli de colère et de tristesse. « Avant, on faisait les folles toutes les deux, depuis le début du collège. Et aujourd’hui, tu veux devenir la pute du Pape et de ton Dieu. Très bien. Je m’en vais. Moi, au moins, je suis libre et heureuse sans avoir besoin d’illusions ! », cria-t-elle avant de partir. Je n’y compris rien du tout : je ne voyais pas le mal à se priver du futile pour notre sauveur Jésus-Christ. Quoi qu’il en soit, je désirais plus que tout devenir nonne, afin de me purifier de mes péchés. 

Pour briser le silence, le Père du Mellier se leva et déclara : « Puisse notre Seigneur la guider ! Très chers amis, je m’engage devant Dieu à aider notre petite Marie à devenir une pieuse et vertueuse nonne de Dieu ! Elle est une bénédiction du Ciel ! Puisse-t-elle faire prospérer le nom des de Dieuleveult comme son frère et sa sœur ! ». Ma mère poursuivit euphoriquement : « Que Dieu bénisse ma petite Marie Christine Geneviève de Dieuleveult ! ». J’étais émue, profondément émue. Même si je venais de perdre Lucie, ma meilleure amie, elle aurait fini par devenir un poids pour moi dans mon chemin vers Jésus. Ma seule prière était la suivante : « Que Dieu fasse que nous nous retrouvons, et que cela ouvre les portes du Salut ». 

 

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Imaginatis
Posté le 30/07/2025
L'ambiance est posée, c'est bien écrit, mais la famille de Dieuleveult fait un peu peur par son côté un peu "bigot". Je ne suis pas croyant moi-même, j'imagine que c'est voulu ?
Plume_jasmin
Posté le 22/07/2025
Saluut !

Je suis là un peu pour voir le résultat et le long processus que ça entamé Marie. mais je dois dire que ce premier chapitre est très bien écrit avec des expressions très actuelles "Meuf" etc.

Je ne comprends pas trop le problème de Lucie mais bon chacun sa folie.

Sinon hâte de lire la suite !!
Zouki Muslin
Posté le 22/07/2025
Merci !
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